Alice on Border Road Vol.1 - Actualité manga
Alice on Border Road Vol.1 - Manga

Alice on Border Road Vol.1 : Critiques

Imawa no Michi no Alice

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 20 Septembre 2017

Un peu plus de deux mois après la fin quasiment parfaite de l'excellent Alice in Borderland, les éditions Delcourt/Tonkam nous font le plaisir de publier en France le spin-off de ce qui est sûrement le manga survival le plus intelligent qui soit paru ! Démarré au Japon en 2015 chez Shogakukan dans le magazine Sunday GX , Alice on Border Road est toujours scénarisé par Haro Asô, mais cette fois-ci l'auteur original d'Alice in Borderland cède la place de dessinateur à un autre, comme c'est souvent le cas pour les spin-off. On découvre donc au dessin Takayoshi Kuroda, un jeune mangaka qui s’est fait connaître avec le manga Tadashii Kodomo no Tsukurikata (inédit en France).


Kina Sano est le genre de lycéenne qui ne trouve aucun intérêt dans la vie. On ne lui demande jamais rien, elle n'a jamais rien demandé à personne, elle se contente de subir son existence en n'en attendant rien, si ce n'est qu'elle s'achève. Pour elle, la vie n'est qu'un long jeu pathétique auquel on est forcés de jouer. Mais pensera-t-elle toujours la même chose quand elle se retrouvera soudainement projetée dans un autre monde ? En effet, sans savoir comment, elle vient de se réveiller dans ce qui semble être une ville de Kyôto du futur, où l'espèce humaine a disparu et où la nature a repris ses droits. Elle n'a absolument aucun souvenir de la manière dont elle s'est retrouvée là, et ses derniers souvenirs remontent à la date restée sur son téléphone, le vendredi précédent. Forcément, elle se pose quelques questions : que fait-elle là ? Est-ce un rêve ? Dans ce cas, se réveillera-t-elle ? Ou alors tout ceci est bien réel ? Très vite, ses pas l'amènent à croiser une autre adolescente, elle aussi coincée dans ce monde et n'ayant aucun souvenir proche. Elle s'appelle Alice Kojima, et semble plus vivante qu'elle. Alors qu'elles se demandent si elles vont rester toutes les deux dans ce monde, elles font bientôt la connaissance de 10 autres personnes, réunies pour s'interroger sur la marche à suivre. Doivent-ils rester là ? Ou prendre la route vers Tokyo, où ils habitent quasiment tous (en tout cas, ils y étaient tous présents dans leurs derniers souvenirs) ? Et que doivent-ils faire des cartes qui sont mystérieusement en leur possession ? Chacun d'eux en possède une, correspondant à un Roi, une Reine ou un Valet, de Coeur, de Carreau, d'As ou de pique... Tandis qu'ils prennent la route en tentant de rester soudés, déjà un parfum de mort s'immisce...


Avec ce premier volume, on est clairement dans de la mise en place, une mise en place qui se lit globalement assez vite, car Takayoshi Kuroda préfère surtout soigner son immersion dans ce monde aux allures apocalyptiques. Ainsi, il y a d'assez nombreuses vues immersives sur des paysages à la base réalistes (comme Kyôto et certains de ses recoins), mais où la nature a repris ses droits, et dans l'ensemble le résultat est très convaincant. Par ailleurs, signalons tout de suite que le mangaka a un trait agréable, qui se veut très proche de celui de Haro Asô. Visuellement, il n'y a donc pas de grosse différence avec Alice in Borderland, si ce n'est une insistance un peu plus marquée sur les paysages, qui devraient avoir leur importance dans ce qui s'annonce pour l'instant comme une sorte de road trip (d'où la présence du mot "road" dans le titre, sans doute).


De nombreuses autres questions viennent titiller l'esprit des personnages et du lecteur. Où sont passés tous les autres ? Quel est ce monde qui a visiblement vécu très longtemps sans humains ? Pourquoi se sont-ils retrouvés à Kyôto alors qu'ils viennent tous de Tokyo ? Et que sont devenus leurs proches, leur famille, leur ville ? Autant d'interrogations qui se posent plutôt bien et qui conditionnent les premières décisions du groupe.


Globalement, les personnages se mettent bien en place, à commencer par Kina et Alice qui campent deux jeunes héroïnes assez prometteuses dans leurs différences et dans le lien qu'elles nouent. Forcément, vu qu'il y en a déjà 12, certains ont plus de présence que d'autres, mais tous sont aisément reconnaissables, et il n'y a plus qu'à attendre de voir ce qu'ils réservent... s'ils ne meurent pas avant. Car déjà dans ce premier volume la mort s'installe peu à peu, un tueur se cachant visiblement au sein du groupe.


Notamment grâce au parfum de road trip, mais aussi parce que chacun des personnages possède une carte de Roi/Reine/Valet, ce spin-off parvient facilement à se démarquer de la série mère, et on semble alors se diriger bel et bien vers quelque chose de différent d'Alice in Borderland. Il ne devrait pas s'agir d'une redite, mais ça reste à confirmer. A part ça, pour celles et ceux n'ayant pas lu Alice in Borderland, pour l'instant on tient un spin-off qui semble indépendant et lisible sans connaître la série mère, même si certains noms de personnages pourront très rapidement rappeler des choses aux lecteurs de Borderland.


Dans l'ensemble, ce premier volume est une bonne introduction, immersive, où il ne se passe pas encore grand-chose, mais où Asô et Kuroda prennent le temps d'installer plusieurs interrogations et une menace mortelle qui frappe déjà. On aurait presque aimé que l'éditeur publie le tome 2 simultanément, pour pouvoir se faire une meilleure idée de l'oeuvre.


Du côté de l'édition, la principale déception vient du format seinen, là où Alice in Borderland était en format shônen. Ce spin-off étant publié au Japon dans un magazine plutôt considéré seinen (ce qui n'était pas le cas d'Alice in Borderland), peut-être que Delcourt/Tonkam n'a pas eu le choix, mais dans tous les cas c'est très très frustrant, puisque vouloir ranger le spin-off à côté de la série mère signifie avoir une collection dépareillée. Pour le reste, on a pourtant une édition soignée, où en premier lieu on est heureux de retrouver à al traduction Ryôko Sekiguchi, qui était déjà la traductrice d'Alice in Borderland et qui connaît donc déjà bien l'univers. Le papier est suffisamment souple et épais, et il n'y a rien à redire concernant la qualité de l'impression effectuée chez Aubin. Sur la jaquette, on a un logo-titre qui, s'il reste dans le ton d'Alice in Borderland, est malgré tout différent.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs