Adekan Vol.1 - Actualité manga

Adekan Vol.1 : Critiques

Adekan

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 03 Octobre 2017

Critique 2


Edité par Ototo, maison d'édition créée grâce aux ventes de BL par Taifu (sa petite sœur, quoi), Adekan est la première série de la mangaka Nao Tsukiji. Loin de sa précédente œuvre à « froufrous », comme elle la nomme, elle nous entraîne dans un monde teinté d'humour, mais avant tout sombre et malsain.


Le lieutenant Yamada Koujirou est un jeune officier de police. Il fait tout son possible pour remplir son devoir, qu'il s'agisse d'aider une grand-mère avec ses bagages ou son travail d'enquêteur. Alors qu'il entame une enquête sur une série de meurtres concernant des jeunes femmes dépecées, au détour de ses investigations, il croise le chemin de Yoshiwara Shirou, un marchand et créateur de parapluies très originaux. Si ce n'est autant que lui. Peu enclin à porter des sous-vêtements et totalement paumé, Koujirou va se prendre d'affection pour lui et tenter de le ramener sur le droit chemin de la bienséance.


Les deux jeunes hommes vont alors se rapprocher afin de résoudre plusieurs enquêtes qu'elles concernent de jeunes hommes de bonne famille assassinés, une femme-chat, ou bien Anri, le frère aîné de Shirou.


Adekan est un ovni poétique dans le ciel du manga, mélangeant steampunk et culture nippone. Généralement, le steampunk se situe dans l'époque victorienne. Ici l'auteure semble avoir choisi l'ère Shoowa, période où l'Occident avait déjà bien influencé l'île, expliquant pourquoi les personnages portent autant des kimonos que des pantalons ou des chemises. L'architecture, elle, est un étrange empilement de quartiers et de bâtiments sans que cela ne choque personne, contrant toutes les normes de construction et de sécurité. Cela donne un design unique et une ambiance bien particulière.


Par contre, il est difficile de le caser dans un genre tant se côtoient. On retrouve la baston pour le côté shounen, de beaux éphèbes et du fanservice pour le côté BL, des histoires d'amour compliquées pour le shoujo et un contexte très sombre pour le seinen. Cependant, l'histoire et le dessin auraient tendance à nous pousser vers ce dernier genre, ce qui est d'ailleurs le choix de l'éditeur.


Les personnages sont attachants et nous transmettent autant leurs peines que leurs joies. On s'amuse des situations grotesques dans lesquelles Shirou entraîne Koujirou, ne semblant pas avoir une once de bon sens. Et le pire étant le manque total de méchanceté dans ce qu'il fait. Contrairement à Anri, son frère, qui éprouve presque du bien-être à faire souffrir autrui.


Autant que le dessin c'est la colorisation qui est plaisante. L'auteure y fait fourmiller des tas de détails dans lesquels on se perd, se laissant aspirer dans un tourbillon de couleurs chatoyantes et vibrantes. 


Pour ce qui est de l'édition, il est plaisant de retrouver à chaque début de volume une illustration dépliante et en couleur, s'il vous plaît.


Critique 1


"Cet homme risque sa vie pour ses convictions... Je ne pensais pas qu'il existait des hommes comme lui. Mais ça me plait..."



Féru de justice et loyal envers son métier, Kojiro Yamada est un lieutenant de police très dynamique qui enquête sur d'étranges crime secouant la ville. Alors qu'il travaille sur une sombre histoire de meurtres de femme en série, son chemin croise celui de Shirô Yoshiwara. Ce jeune homme, insouciant et constamment débraillé, travaille comme vendeur de parapluie. Mais, alors qu'il se retrouvera impliqué dans l'affaire du "pont de la mariée", Shirô dévoilera sous les yeux de Kojiro d'autres talents époustouflants. Ancien maître d'armes de l'ombre, Shirô manie les lames comme personne ! Kojiro vient de trouver un allié de poids pour ses investigations, même s'il lui faudra supporter les extravagances de son nouvel acolyte...

Paru chez le jeune éditeur Ototo, petit frère de Taifu, Adekan est le premier titre de son label seinen, bien qu'il s'agisse... d'un shojo ! Si le choix peut paraitre étrange au premier abord, on comprendra rapidement ce positionnement : plutôt de le cataloguer à tort parmi les romances à foison, l'éditeur cherche à mettre en avant le côté mature du titre, porté par sa thématique d'enquêtes policières. Première œuvre de la prometteuse Tsukiji Nao, Adekan ne s'affranchit d'aucune contrainte familière, se voulant assez inclassable... mais qu'en est-il réellement ?

Pour y voir plus clair, on pourrait rapprocher la construction de cette série à celle de Comte Cain/God Child de Kaori Yuki, l'Angleterre Victorienne étant remplacée par un Japon de l'époque moderne plus ou moins fantasmé. Chaque histoire débute par une mise en bouche laissant planer un soupçon de fantastique, avant que le mystère ne s'éclaircisse peu à peu par les investigations de nos protagonistes, rencontrant de nombreux acteurs parfois très dérangés. On regrettera néanmoins quelques faiblesses dans la narration, pouvant gêner la compréhension de certains tenants et aboutissants. Si le schéma scénaristique peut paraitre répétitif, il sert, dans un premier temps, à la bonne installation des personnages et de quelques intrigues flottant au-dessus de leurs têtes... En effet, la fin du volume présente déjà une trame plus consistante, offrant quelques pistes sur le passé de Shirô, retenant principalement l'attention du lecteur. L'apparition d'un redoutable ennemi, possédant apparemment des liens filiaux avec notre héros, offre une dualité très intéressante que l'on espère explorer d'avantage dans les prochains épisodes...

La relative gravité des enquêtes est contrebalancé par un certain humour, se basant essentiellement sur le contraste entre le sérieux de Kojiro et l'insouciance de Shiro, mais aussi par de nombreuses séquences exhibant leurs corps dans le plus simple appareil, ou presque. Bien qu'elle serve avant tout de support comique et qu'il n'aille jamais dans le (trop) graveleux, cette abondance de fan-service risque hélas de segmenter le lectorat d'Adekan, s'attirant les faveurs de la caste yaoïste et repoussant les anti-BL convaincus. Le titre peut pourtant se lire en occultant ce fait (à moins que la vue d'éphèbes dénudés vous fasse vraiment tourner de l'oeil), d'autant que pour l'heure, aucun sentiment amoureux ne soit vraiment mis en cause. Tsukiji Nao reste encore dans le domaine des allusions légères et du simple plaisir esthétique.

Niveau esthétisme, il faut d'ailleurs souligner le graphisme remarquable de la mangaka. Les visages sont fins et réalistes, les corps élancés et certaines tenues fourmillent de détails. Le trait se veut souvent discontinu, offrant une étrange sensation de fragilité, tandis que le tramage est discret mais pertinent, pour un résultat assez aérien. On sera en revanche moins convaincu sur des décors peu présents, et sur un découpage de cases assez confus. Du côté de l'édition, Ototo nous gratifie d'un papier et d'un encrage correct, avec en prime une illustration couleur dépliable en début de volume. Bref, du tout bon.

Série très énigmatique à l'univers envoutant, Adekan a de quoi attirer les regards curieux vers lui, tandis qu'il propose une série d'enquêtes convenues mais intéressantes. Malgré quelques problèmes de narration, Tsukiji Nao tisse une toile scénaristique intéressante, laissant le temps au lecteur de s'attacher à ses protagonistes. Cependant, son côté fan-service pour filles pourrait lui causer autant de bien que de mal, s'orientant vers un public aux contours flous. Mais après tout, c'est aussi cette ambigüité qui pourrait faire son charme...


Tianjun


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Persmegas

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs