10 count Vol.5 : Critiques

Critique 2

Après deux mois passés sans se voir, Shirotani et Kurose se recroisent par hasard dans un ascenseur où ils se retrouvent coincés tous les deux. Embarrassé et perdu dans ses sentiments, le jeune homme mysophobe se met alors à pleurer quand le psychologue lui affirme qu'il le soutiendra quoiqu'il arrive s'il décide d'avancer vers lui de son plein gré. Le premier pas arrive quand Shirotani parvient à toucher la main de Kurose, mais ce bref moment d'intimité s'achève soudainement quand les portes de l'ascenseur s'ouvrent et qu'ils prennent un taxi pour rentrer. Mais Shirotani n'en a pas eu assez. Il sait que s'il souhaite guérir de sa maladie, il doit prendre lui aussi les devants, prendre des initiatives par lui-même, et c'est ainsi qu'il décide de suivre Kurose jusque chez lui...

Ce cinquième tome de 10 Count est d'abord marqué par un acte amoureux qui voit Rihito Takarai s'écarte plus que jamais du style platonique qui était jusqu'à présent sa marque de fabricant, avec ici un moment érotique assez long et surtout très explicite visuellement, sans doute le plus explicite de la carrière professionnelle de la mangaka à ce jour. Loin d'être gratuit, ce passage est bien mené : bien préparé petit à petit et concrétisant toute l'évolution de Shirotani au fil des tomes, doté d'une sensualité légèrement déviante due au caractère plutôt maso de Shirotani et à la pointe de sadisme de Kurose... et, surtout, intrigant quant au caractère si particulier du psychologue.

Ainsi, plus que jamais, les interrogations se font sentir sur  le comportement parfois difficile à cerner et presque inquiétant de Kurose. Pourquoi est-il ainsi ? Qu'a-t-il voulu dire en affirmant à Shirotani qu'il est tombé amoureux de lui parce qu'il est mysophobe ? Que cachent ses allures au premier abord sadiques ? L'heure est sans doute venue de le découvrir un peu plus, car ce passage à l'acte semble rappeler au psychologue bien des choses...

La suite du tome est alors essentiellement marquée par un focus sur le passé de Kurose, qui permet de beaucoup mieux comprendre ce qui l'a conditionné. On découvre un petit garçon terne pour des raisons bien difficiles, peut-être les pires possible pour un enfant : l'indifférence de son plus proche entourage presque comme s'il n'existait pas, le sentiment de n'être aimé par personne et d'être rejeté par tout le monde... Dès lors, on comprend mieux son caractère profond, ainsi que l'importance que Shirotani a pour lui. Une importance telle qu'il lui demande même de ne pas le rejeter, lui aussi.

Comme on pouvait déjà le deviner, Shirotani n'était donc pas le seul à être profondément tourmenté, et suivre la suite de l'histoire de ces deux hommes meurtris promet alors d'être passionnant, entre un Shirotani souhaitant mener une vie "normale" et un Kurose espérant se débarrasser aussi de ses propres blessures. 

Critique 1

Lors de leur dernière rencontre, Kurose a été très entreprenant envers Shirotani tout en lui dévoilant la raison pour laquelle il est tombé amoureux de lui. Shirotani a mal vécu ce moment que ce soit vis-à-vis de leur rapprochement intime que des révélations. Deux mois se sont écoulés depuis et aucun contact n’a eu lieu l’un envers l’autre. C’est donc par hasard qu’ils se retrouvent coincés dans un ascenseur. Devant la froideur et la distance de Kurose, Shirotani essaye de faire un geste vers lui pour arranger la situation.

Même si deux mois se sont écoulés, Shirotani et Kurose ne peuvent lutter contre l’attraction qu’ils ont l’un envers l’autre. Kurose est en proie à ses propres démons et pour protéger Shirotani, il s’est interdit de retourner vers lui dès la première occasion. Cette fois-ci c’est au tour de Shirotani de montrer ce qu’il ressent. Et surtout, même s’il est enchainé par sa maladie et ses répulsions, il prend également conscience de ses désirs et surtout de ses envies. Cette fois-ci l’auteur ira loin dans leurs ébats intimes tout en n’oubliant pas de mettre en avant le côté sadique de Kurose en opposition au côté masochiste de Shirotani. D’ailleurs nous pouvons souligner la ligne directrice que Rihito Takarai suit et ne lâche pas. Elle ne rentre pas dans la simplicité d’une simple scène érotique. Mais au contraire, elle prend le temps de livrer les émotions et les ressentis des deux personnages soient par la pensée soit par le faciès. Car Shirotani vit là une expérience intense entre ce qu’il désire et ce que la maladie provoque en lui tel un douloureux plaisir. Au fil de notre lecture, une question nous taraude : pourquoi Kurose va-t-il se penchant sadique ? Quel est son vécu ? A ces questions, l’auteur commence à nous en dévoiler un peu plus. Des révélations qui ont le mérite de nous tenir en haleine et de vouloir en connaître encore plus sur sa personnalité ambiguë.

Avec ce tome à la fois intense sensuellement et émotionnellement, Rihito Takarai réussit à nouveau à nous faire vibrer. Elle continue à nous emmener dans les méandres de la psyché à la fois de Kurose et de Shirotani. Ne se limitant pas à une simple romance, elle développe en profondeur la personnalité de chacun tout en prenant en compte leurs divers troubles.