Femme fatale jp - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 21 Septembre 2017

En France, nous n'avons pu découvrir Shuzo Oshimi qu'à partir de 2015, grâce aux éditions Akata qui ont publié l'excellente série Dans l'intimité de Marie (Boku wa Mari no Naka), puis aux éditions Ki-oon qui ont enfin permis de découvrir dans notre langue son oeuvre la plus célèbre, Les Fleurs du Mal (Aku no Hana). Mais l'artiste exerce ses talents au Japon depuis déjà plus d'une quinzaine d'années (sa carrière a démarré en 2001 avec l'histoire courte Superfly), et compte plus une dizaine de séries plus ou moins longues au fil desquelles son style a constamment évolué. Dès lors, il était inévitable et indispensable qu'un premier artbook de cet auteur aux différentes facettes naisse un jour. Et c'est chose faite depuis le 12 septembre 2017, date de sortie au Japon aux éditions Futabasha de Femme fatale, un condensé d'illustrations qui permet réellement d'entrevoir tout le talent de l'artiste.


S'étalant sur 128 pages, Femme fatale est proposé en format d'environ 189x258mm, soit des dimensions suffisamment grandes pour profiter au mieux de la richesse visuelle dont l'artiste est capable. Et dès sa couverture, l'ouvrage attire l'oeil grâce à la présence des trois plus célèbres "muses" d'Oshimi : de gauche à droite, Marie de Dans l'intimité de Marie, Sawa des Fleurs du Mal, et Kaho de Hyouryuu Net Cafe.


A l'intérieur, cet ouvrage a pour grand mérite de vraiment couvrir quasiment toute la carrière d'Oshimi, et toutes ses principales oeuvres sont représentées. 


Etrangement, l'artbook ne suit pas un déroulement strictement chronologique. Il démarre sur 30 pages consacrées à la plus célèbre et la plus longue oeuvre de l'auteur, Les Fleurs du Mal (publiée au Japon de 2009 à 2014), puis enchaîne sur sa série longue la plus récente Happiness (en cours depuis 2015) pendant 20 pages, et propose ensuite 2 pages sur Shino-chan wa Jibun no Namae ga Ienai, un one-shot publié en 2011-2012. C'est seulement après cela que la suite de l'ouvrage adopte un fonctionnement chronologique plus classique. On découvre alors 3 pages sur le one-shot Avant-garde Yumeko (2003), une page sur Sweet Poolside (one-shot paru en 2004), 6 pages sur la série Devil Ecstasy (2005-2006), 4 pages consacrées à Yuutai Nova (une série démarrée en 2007, mise en pause en 2008, puis reprise et bouclée en 2013), 22 pages sur Hyouryuu Net Cafe (2008-2011), 24 pages sur Dans l'intimité de Marie (2012-2016), et 3 pages mettant en avant Chi no Wadachi (une série très récente puisqu'elle a été lancée en mars 2017). A cela viennent ensuite s'ajouter quelques pages supplémentaires autour d'autres projets (comme Shingeki no Kyojin Joshi Chuugakusei Pinup Nemesisters) et de petits croquis couleur.


Une très grosse partie de ce qu'a pu faire Shuzo Oshimi en matière d'illustrations voire de pages couleur (il y en a quelques-unes ici, par exemple sur Dans l'intimité de Marie) est au rendez-vous, et le fait que le livre couvre une assez longue période de la carrière de l'artiste permet au fan d'observer au mieux toutes les évolutions de son style depuis ses débuts. De ce côté-là, Oshimi est un artiste qui ne se cantonne pas à une seule technique, et c'est surtout vrai sur ses oeuvres publiées depuis les Fleurs du Mal, Les Fleurs du Mal compris. En particulier sur ce dernier, sur Happiness ou sur dans l'intimité de Marie, on peut apprécier des choses très variées : effets crayonnés, effets plus "numériques", aquarelle, gouache, crayon, feutre... témoignent d'un artiste de plus en plus complet. 


Et au fil des pages, on profite aussi pleinement de plusieurs de ses spécificités, comme son don pour les personnages féminins fascinants, pouvant être sensuels voire érotiques, ou son soin dans l'installation d'atmosphères immersives, propices à l'envoûtement ou à la contemplation, grâce à un superbe travail sur les fonds (que ceux-ci soient réalistes, qu'ils offrent plus un parfum d'évasion, ou qu'ils proposent des explosions de couleurs captivantes). Parmi toutes les illustrations, on retrouve souvent les jaquettes des séries concernées quand lesdites jaquettes ont été très travaillées. C'est notamment le cas des jaquettes des derniers volumes des Fleurs du Mal, qui sont un régal à parcourir dans leur entièreté et en grand format. D'autant que les illustrations sont très souvent proposées en pleines pages ou en doubles pages, ce qui est idéal.


Pour chipoter : on aurait pu aimer davantage d'illustrations en noir & blanc, car c'est également un domaine où Oshimi régale en variant les styles. Peut-être que ce sera pour un prochain artbook ?


Le papier est légèrement cartonné et un peu brillant, la qualité d'impression est exemplaire : rien ne gâche les illustrations. Le livre est beau, et pour un prix très correct de 2 400 yen (entre 15 et 20€ à l'heure où cette chronique est écrite, sans compter les frais supplémentaires bien sûr) il est vivement conseillé à tout amateur de Shuzo Oshimi et de ses oeuvres.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs