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Persona 4 : Dancing All Night - Disco Fever Edition

Le test du jeu video:

Publié le Jeudi, 20 Avril 2017

Initialement un spin-off aux Shin Megami tensei, la saga Persona a su voler de ses propres ailes depuis son troisième épisode, devenant une franchise à part entière. Le succès a grandi avec Persona 3 et ses airs sombres, mais il a littéralement explosé après le quatrième opus, son aura de thriller fantastique et son ambiance hautement conviviale qui rendait le jeu particulièrement immersif. Bien conscient du succès de cet épisode, qui a eu pas moins de deux adaptations animées et une belle fournée de mangas, Atlus a eu du mal à se séparer de la joyeuse bande de Persona 4 avant de se tourner vers le récent et quasi-parfait Persona 5. C’est donc une série de spin-off aux épisodes 3 et 4 qui a été lancée dès 2012 : le diptyque Arena, le cross-over Persona Q, et l’OVNI qu’est Persona 4 : Dancing All-Night. Présenté comme un jeu de rythme proposant de nombreux remix des thèmes phares du quatrième opus et ses dérivés, cet ultime volet de Persona 4 va plus loin que ça et est à considérer comme une suite scénaristique à part entière, un concept audacieux avec ses forces et ses faiblesses.




Ainsi, ce Dancing All-Night n’est pas qu’un simple jeu de rythme et propose une véritable intrigue. Quelques mois après la résolution de l’affaire des meurtres d’Inaba, l’ancienne équipe d’enquête est restée très proche mais chacun a pris sa propre voie, dont Rise Kujikawa qui est redevenue une idole. A l’occasion du « Love Meets Bonds Festival », un évènement qui regroupera différentes idoles de la même société de production, Rise est autorisé à faire participer ses chers camarades qui doivent désormais exercer leurs chorégraphies. Au même moment, une étrange rumeur prend de plus en plus d’ampleur : En regardant le site à minuit, une vidéo montrera une idole décédée et transportera son spectateur de l’autre côté. Pour l’ex équipe d’enquête, la rumeur prend davantage d’importance quand les membres du groupe Kanamin Kitchen sont portées disparues. Témoins d’un événement similaire, Yû Narukami et les siens sont aspirés dans une autre dimension, semblable au monde de la télévision et regroupant un nombre incroyable de Shadows. Seule différence : les Personae semblent inutiles pour le combat, et la seule manière de vaincre ces ennemis est de danser !


Atlus ne fait donc pas les choses à moitié et quitte à créer un jeu de rythme pour permettre aux fans de la franchise de profiter d’une manière différente des pistes de Persona 4, autant y mettre les moyens et créer une intrigue digne de l’aventure précédente de Yû et ses comparses. Ainsi, le mode histoire du jeu n’est clairement pas destiné aux simples amateurs de jeux musicaux traditionnels puisqu’il s’adresse aux fans de la franchise qui connaitraient au moins l’intrigue des opus trois et quatre, de nombreux (et parfois surprenants) liens étant fait ici. Outre cette direction de ce mode de jeu, il faudra aimer le style des récents Persona pour s’adonner à Dancing All-Night et donc aimer la très grande quantité de dialogues qui permettront à l’intrigue d’évolution vers une dimension insoupçonnée et de voir les nouveaux personnages gagner un développement appréciable.





On notera donc que l’intrigue, plus que de simplement faire du Persona, s’amuse à réutiliser toutes les thématiques phares de la franchise dont les concepts jungiens comme la place sociale de l’individu, le masque qu’il porte face à autrui (le « Persona ») afin de gagner au sein de la société, et l’inconscient collectif. Ainsi, le scénario est donc plaisant à suivre et appréciable dans les proportions démesurées que prennent l’intrigue, bien qu’on notera une petite absence de prise de risques dans la première partie de l’histoire avec un schéma repris de Persona 4, opposant de nouveaux personnages à leurs « Shadows », la part sombre de leur cœur, celle qu’ils refusent d’accepter, le masque social qu’ils ne veulent reconnaître. La dernière ligne droite, en revanche, apporte davantage d’originalité et de satisfaction, utilisant aussi plus habilement des figures bien connues comme Ryotarô et Nanako Dôjima.




Une histoire dans la ligne droite des derniers opus en date donc, mais qu’en est-il du gameplay ? Pour créer son jeu de rythme, Atlus a utilisé à bon escient les touches de la Playstation Vita, aussi bien les boutons de chaque extrémité de la console que les joysticks. La prise en main peut même rebuter sur les premiers essais, aussi il est conseillé de rester attentif sur les tutoriels et de ne pas s’adonner d’emblée sur le mode de danse libre qui nécessite une certaine prise ne main. Le mode histoire est donc un bon moyen de se familiariser avec ce gameplay grâce à une difficulté qui monte progressivement mais qui s’avère toujours modérée. Les joueurs les plus acharnés pourront alors choisir un mode de difficulté plus élevé et s’acharner sur le mode de danse libre qui leur permettra de débloquer bien d’autres chansons et de tenter un score parfait sur chacune des pistes du jeu. Et il faudra même, parfois, passer à des niveaux plus difficiles pour jouer sur un rythme cohérent. En mode facile, la rythmique de certaines chansons est délicate à saisir et nécessite une attention optimale.





Dancing All-Night étant un jeu fortement orienté fan-service, chaque chorégraphie (ou presque) s’accompagne d’un personnage qui danse, assez déstabilisant pour les fans acharnés qui auraient tendance à trop contempler la danse de leurs personnages favoris. Dans cette orientation fan-service, on notera alors un très grand nombre de reprises, de plus ou moins bonnes qualité, et un nombre incroyable de DLC allant de nouvelles tenues aux pistes supplémentaires issues des adaptations animées. Pour le coup, Atlus a un peu pris ses fans pour des vaches à lait, et c’est un peu dommage… Fort heureusement, ces achats sont loin d’être indispensable puisque le jeu propose, à lui seul, une difficulté honnête grâce aux nombreux suppléments à débloquer grâce à l’argent gagné lors des parties. Il faudra donc recommencer de nombreuses fois certaines chorégraphies pour être sûr de rendre accessible tous les suppléments classiques du jeu.


Sorti en juin 2015 au Japon, Persona 4 : Dancing All-Night n’aura pas mis très longtemps à paraître en Europe, le jeu étant sorti le 6 novembre de la même année chez nous. Comme d’habitude, seul un texte anglais est proposé, ce qui représentera un frein encore plus important pour les non-adeptes de la franchise, tout en sachant que ce choix éditorial était légitime pour un jeu aussi mineur dans la saga. On notera qu’une édition collector dite « Disco Fever » a aussi touché l’Europe, bien que distribuée de manière très discrète via Amazon. Outre le jeu (en boîte), cette version limitée comprend une boîte des plus élégantes, une trousse destinée à ranger la console, un sticker pour customiser la Vita, un porte-clef à l’effigie de Teddie, une bande originale et un code de téléchargement de DLC. Rien d’indispensable, mais des suppléments toujours appréciables pour les collectionneurs et intéressants financièrement, surtout pour ceux qui comptaient investir dans les DLC…




Graphismes :

Là n’est pas l’atout essentiel de Persona 4 Dancing All Night, sans compter qu’Atlus n’a pas eu fort à faire de ce côté. Le jeu ayant souvent l’interface d’un visual-novel, les plans sont fixes lors des séquences de narration mais trop peu variés. On retiendra une réutilisation excessive de certaines images, notamment celle de l’apparition des Shadows. Du côté des moments de danse, les personnages sont correctement modélisés et leurs mouvements sont fluides, le tout rend très bien sur la Vita.

Durée de vie :

Comptez une dizaine d’heures pour terminer le mode histoire, un peu plus si vous vous attardez plus longtemps sur les très nombreux textes anglais. La durée de vie de P4D est assez courte pour celui qui se contenterait du mode scénario mais en s’attardant sur la danse libre et les possibilités de débloquer tout un tas de suppléments, de s’adonner aux DLC (payants) ou en cherchant à parfaire ses scores, on a de quoi passer des dizaines et des dizaines d’heures sur le jeu.

Jouabilité :

Seul le gameplay des phases de rythme nécessite une certaine prise en main. Le didacticiel du mode histoire est bien pensé et permet d’accompagner doucement le joueur sur les quelques subtilités de ces phases. Une fois la prise en main effectuée, s’adonner à ses pistes préférées est plaisant mais le rythme maladroit de certaines chansons rendent la pratique parfois peu intuitive. Pour le reste, c’est de la narration de type visual-novel qui n’implique qu’un choix de réponses à certains moments.

Bande-son :

L’un des atouts des Persona est souvent la bande sonore et en étant un jeu de rythme, P4D met davantage en avant cette particularité. Les pistes présentes étant très souvent des remixes, chaque composition sera à l’appréciation de chacun. Le joueur pourra alors trouver à son goût les reprises de ses pistes préférées du quatrième opus comme il pourra les détester. On notera, en guise de composition inédite, l’excellente chanson d’ouverture par Shihoko Hirata qu’est « Danse ! ».

Scénario :

L’un des gros points forts du jeu est son scénario, digne d’un épisode de Persona malgré une absence de prises de risques dans la forme. Atlus a parfaitement su justifier la direction de cet épisode canon à la saga à travers un scénario cohérent qui joue intelligemment avec la mythologie de l’épisode 4. Bien-sûr, l’histoire séduira surtout les initiés de la saga, les nouveaux joueurs pourraient trouver ce scénario capillotracté.

En conclusion :

Persona 4 : Dancing All Night est un épisode à part dans les Persona, à la fois une suite au quatrième épisode et un spin-off destiné avant tout aux grands fans qui aimeraient une expérience nouvelle et une histoire qui lui permettrait de retrouver les membres de l’équipe d’enquête. Les inconditionnels des jeux musicaux pourront y trouver leur compte dans le mode de danse libre, mais seront sûrement rebutés par l’histoire. A l’heure de sortie du jeu, fin 2015, P4D constituait un apéritif agréable pour patienter jusqu’au grandiose Persona 5.

Chroniqueur: Takato


Note de la rédaction