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Marvel vs. Capcom 3 : Fate of Two Worlds

Le test du jeu video:

Publié le Jeudi, 13 Août 2015

Au printemps 2010, les fans de Marvel VS Capcom s'émeuvent: l'éditeur nippon annonce un troisième épisode de son cross-over culte. Voici aujourd'hui le verdict, intense comme un Hyper-Combo, griffant de Wolverine. À l'instar de la série, on ne se refait décidément pas.



Here comes an old challenger !

Plusieurs années après l'apparition d'un Marvel VS Capcom 2 anthologique, il était temps pour Capcom de changer les piles de son moteur à bourre-pifs. Qui évoque un passage à la nouvelle génération de l'époque PS3/360 invoque aussi un lifting graphique en profondeur, et justement,  Marvel VS Capcom 3 s'accommode d'un gameplay 2D avec des graphismes en 3D de toute beauté. On se souvient pourtant de l'accueil bifide du nouveau look de Street Fighter, mais Marvel VS Capcom 3 tonne comme un soir d'orage. On éprouve l'envie de rejoindre le cœur du cyclone, au risque de ne pas pouvoir tout contrôler.



Agile comme Spiderman…

Marvel VS Capcom 3 reprend comme force de bataille le gameplay accessible et immédiat de son ancêtre. Dans cette optique d'instantanéité, il est donc possible d'envoyer des coups plus ou moins appuyés, répartis en trois catégories correspondant chacune à une puissance : coup léger, moyen ou fort. Cette simplicité de façade offre ainsi à tout à chacun un amusement immédiat, à l'inverse d'un Super Street Fighter  IV, immensément plus technique sur le plan du combat pur. Aussi faciles à déclencher qu'un Hadoken, les combos s'enchaînent à une vitesse folle et sans effort. Une constatation qui ne fait qu'amenuiser la barrière entre connaisseurs de toujours et néophytes du premier jour : là où Marvel VS Capcom 2 entrouvrait la porte de la facilité, son fils l'enfonce.

Technique comme Ryu…

Dans cette surenchère gratuite et gratifiante, le système de "tag" revient en force avec la possibilité de switcher entre trois personnages choisis. Que ce soit en plein combat à l'aide d'une simple touche ou même lors de furies démentielles, l'accumulation de styles entraîne une débauche d'effets visuels très hypnotique. La projection aérienne, au bout d'un combo de six ou sept coups, passe d'abord inaperçue, et devient ensuite pure humiliation pour l'adversaire : même dans les airs, vos coéquipiers peuvent intervenir dans l'instant et continuer l'enchaînement. C'est à peine si l'on ose avouer ce plaisir primaire qui consiste à défoncer littéralement son opposant (alors qu'on sait qu'il prépare déjà la contre-attaque avec sa jauge d'Hyper-Combo remplie au maximum). Comme il n'est jamais bon d'être spectateur de sa défaite, le gameplay donne des outils pour se défendre, et la technique du Cross Over Counter sonne comme une vraie délivrance. La possibilité d'interrompre l'enchaînement d'un joueur, dans un timing moyen, donne une dimension défensive à Marvel VS Capcom 3. Appréciable, mais se réservant aux joueurs plus avancés. Toujours au chapitre de la protection dans ce monde de fous furieux, le système d'X-Factor, véritable booster de capacité, est également bienvenu.

… et abusé comme Dante.

Devant un tel spectacle, fait d'une myriade de couleurs, d'effets visuels et d'animations survoltées, l'épilepsie n'est pas loin. Frénétique, la tornade Marvel VS Capcom 3 l'est plus que de raison et son casting en témoigne tout autant, si ce n'est plus encore. En effet, parmi les trente-six personnages jouables (dix-huit de base pour chaque licence), on trouve véritablement tout et n'importe quoi. Les habitués se voient rejoints par des guests légèrement à côté de la plaque comme Arthur ou Thor. Non pas que ceux-ci ne méritent pas leur place dans cette liste de stars, mais certains combattants sont si surpuissants que le déséquilibre est inévitable. Il suffit de poser les mains sur ce qu'on aime à surnommer "les monstres", en tête Sentinel, suivi de près par Dante ou encore Phœnix, pour s'en convaincre. Un mélange aux airs d'impromptu qui, à notre grand regret et à défaut de mise à jour corrective, devrait souvent voir les mêmes têtes combattre en Versus. Au final et sur la balance universelle, Marvel VS Capcom 3 ne tient malheureusement pas la même ligne de conduite que son ainé : avec de tels abus, difficile d'imaginer des tournois aussi pointus qu'auparavant.



Maestria

On l'a évoqué, Marvel VS Capcom 3 est un régal sur le plan technique. Les sprites 2D vieillissants du deuxième opus nous reviennent transformés, après un bain de jouvence, pour un résultat 3D d'exception. Les graphismes forment une grande partie de l'aura du titre, il suffit de voir Amaterasu - héros d'Okami - lancer sa furie aussi naturelle que destructrice pour s'en convaincre. Définitivement, Marvel VS Capcom 3 est la parfaite symbiose des univers de chaque licence. Pour ainsi dire, l'austérité graphique emmenée par Street Fighter IV, qui a tant déplu, se voit sublimée par de nombreux détails propres aux comics américains. Entre vigueur nippone et rondeur étasunienne, Marvel VS Capcom 3 détermine son existence avec des clins d'œil aux allures de fan-service à outrance. L'amusant Deadpool se déplace en moonwalk, tandis que Viewtiful Joe chevauche Amaterasu : la tempête bat son plein, et donne lieu aux rencontres les plus délicieuses et improbables qui soient.



Prêt à l'emploi

On distingue l'impact de la foudre à la vue du peu de modes disponibles. Malgré une galerie et quelques personnalisations online bien senties, le reste du contenu incroyablement spartiate démontre que Marvel VS Capcom 3 est fait pour être joué immédiatement. Si le mangeur de planètes représente un challenge en soit à la fin du mode Arcade, les sirènes du Versus Fighting ne mettent pas longtemps à nous happer, même au prix de quelques lags de jeunesse.

Fulgurant

Les cieux ne grondent plus, la tempête est terminée. C'est un combat entre les dieux auquel nous venons d'assister, et les séquelles tremblantes et moites sont encore présentent dans nos mains. Impressionnant que ce déchaînement d'éléments, on s'y était préparé pourtant. Certains ont mal choisi leurs étoiles, n'ont pas été épargnés et sont tombés en chemin. Sous un ciel grisonnant, les amis sont là, fatigués, mais prêts à relancer la partie. D'accord pour cette fois, c'est Phœnix qui s'y colle... en attendant les premiers rayons de soleil.


Chroniqueur : Argod Argam

Note de la rédaction