Jeu Video - Actualité manga

Le test du jeu video:

Publié le Jeudi, 17 Septembre 2015


La recette

Pour créer un FPS, il faut d'abord un contexte, une histoire à raconter. Nous sommes en 2027, la Corée du Nord s'est emparé de la Corée du Sud et continue son invasion du monde sous le nom de « Corée réunifiée ». Pour toute dictature en pleine expansion, l'eldorado est forcément incarné par la puissance n°1 mondiale, les États-Unis. On incarne donc un américain lambda, qui se trouve très vite embringué dans la résistance contre l'envahisseur asiatique. L'introduction du soft raconte la progression du régime coréen a travers le monde, jusqu'à la prise de pouvoir sur le doux et paisible sol américain. Si l'on cache à peine l'ironie cachée derrière cette phrase, c'est bien parce qu'Homefront met mal à l'aise d'office. Il faut savoir qu'au départ, les développeurs ont pensé nous faire combattre des Chinois, mais se sont finalement ravisés puisque selon eux, les Chinois « ne sont pas si effrayants ». Les Nord-Coréens ont donc naturellement endossé le rôle de « nation capable d'envahir un jour les États-Unis ». Aucune relation entre les deux pays, une dictature ignoble et un endoctrinement dès l'enfance ont confirmés ce choix d'adversaire, et tant pis si le peuple crève de faim.

La honte

La mise en bouche d'Homefront est véritablement à vomir. Elle rappelle d'ailleurs celle du premier Call of Duty Modern Warfare, avec une dose de talent en moins. Dès le départ, on est arrêté par la force coréenne et conduit dans un bus, pour une visite guidée de scripts sur-joués et indignes de mauvais-goût. Couple séparé, cris de femmes, de bébés, parents fusillés sous les yeux d'un enfant : rien ne nous est épargné. On a aussi le droit au vocabulaire typique de l'occupation, comme par exemple « il paraît qu'ils creusent des fosses pour entasser les corps », ou « ces gens sont conduits vers des camps de travail, on ne les reverra probablement jamais ». Homefront cultive encore et toujours son aspect sulfureux, limite trash, mais ne réussit que rarement à nous faire oublier les rouages d'un système émotionnel éculé depuis des lustres. Dans le havre de paix des résistants, les oiseaux chantent, le soleil brille : une véritable utopie que même notre ami Bale de l'Empire du Soleil jalouserait. Pathétique.

Tu sauveras le monde, mon fils

Dans cette ambiance réaliste mais peu crédible, le héros que l'on incarne est à la fois un pilote d'hélicoptère, mais aussi un dieu vivant, et le mot est faible. Plus encore qu'un scénario moyen, Homefront offre la possibilité de sniper avec un simple pistolet, la faute à une physique d'arme totalement risible. Que ce soit avec une mitrailleuse lourde, un pistolet-mitrailleur ou tout autre pétoire, le recul de chaque arme est inexistant. Si le viseur remonte sensiblement lorsqu'on exécute un tir prolongé, celui-ci se remet automatiquement en position dès qu'on enlève le doigt de la gâchette. On lance les grenades comme des balles de baseball, on donne des coups de couteau à la vitesse de la lumière : Homefront embarque une physique à la ramasse, mais pas que. Jacques Prévert disait « quelle connerie la guerre » : l'IA est absolument atroce, les alliés passent leur temps à répéter les mêmes directives jusqu'à l'ivresse, foncent dans le tas. Enfin et pour terminer ce flot de défauts, sachez qu'Homefront est un jeu particulièrement buggué : les textures peinent à s'afficher, autant que les scripts mettent du temps à se déclencher. Les PNJs se fondent dans les murs, répètent les mêmes phrases... en somme, une belle mise à jour est à prévoir !

Rayon de soleil

Avec une campagne d'environ cinq heures, Homefront propose tout de même quelques moments épiques. Piloter un hélicoptère, ou encore viser l'ennemi à l'aide d'un véhicule blindé incarnent de vrais instants de grâce, notamment au milieu d'un scénario relativement bas de gamme. On se tournera alors vers le multijoueur, hybride entre Call of Duty Black Ops et Battlefield Bad Company 2. Jusqu'à 32 joueurs peuvent s'affronter sur des maps certes peu nombreuses, mais de qualité. Quelques trouvailles sont également les bienvenues, comme le commandant de bataille, qui nous donne en temps réel des objectifs à remplir sur le champ de bataille. Chaque frag ou position capturée nous fait gagner des points, qu'on peut ensuite distribuer dans l'achat d'armes, ou d'équipement plus lourd comme des véhicules ou autre bonus.

Home is where the war is

Malheureusement pour Homefront, la guerre face à la concurrence est déjà perdue. Avec un Online pass facturé 9,99 €, le dernier bébé de THQ ne peut rivaliser face à des ténors du genre comme Call of Duty, Killzone 3 ou Battlefield Bad Company 2. Ce dernier est d'ailleurs bien plus jouissif en multijoueur, avec la possibilité de détruire les bâtiments et un maniement d'arme beaucoup plus poussé. Au final, Homefront ne peut compter que sur sa capacité à réunir une communauté de joueur et surtout, espérer la conserver. Autrement, il ne lui restera plus que sa bande son correcte pour pleurer. Une chose est sûre, Gameloft s'en sort bien mieux dans la copie sur nos portables que THQ dans notre salon... Un ersatz.


par Argod Argam


Note de la rédaction