Jeu Video - Actualité manga

Le test du jeu video:

Publié le Mercredi, 09 Septembre 2015

Oeuvre mature

Tout d'abord, et afin de ne pas vous emmêler les pinceaux, sachez que Epic Mickey n'est clairement pas destiné aux enfants. En effet, le scénario ainsi que l'univers présenté dans cette aventure sont d'une teneur relativement sombre, aux antipodes de l'image du héros « bankable » que nos chères têtes blondes connaissent. Sous la coupe d'un Warren Spector (papa de Deus Ex) à qui on ne la fait plus, Epic Mickey se veut d'incarner un certain équilibre entre jeu d'aventure et jeu de plateforme. Tout est d'ailleurs fait dans ce sens, puisque chacun des quarante niveaux recensés peut se parcourir de différentes manières. Ainsi, on pourra aller rapidement à la fin du stage en remplissant la mission principale, ou prendre le temps d'explorer et remplir quelques objectifs annexes.



Un coup de pinceau par ci...

Véritable cheval de bataille d'Epic Mickey, l'utilisation du pinceau magique, comme seule arme, amène à un gameplay fort intéressant. Il est possible de tirer un jet de diluant ou de peinture à l'aide du viseur de la WiiMote, chaque option possédant évidemment sa propre jauge. Là où le titre marque des points, c'est dans la façon dont il amène cette dualité : l'utilisation excessive de diluant écorchera l'image de Mickey auprès des autres personnages, tandis que la peinture le fera aimer de tous. On comprend très vite qu'il faut réfléchir à ses actions, puisqu'une mauvaise réponse ou un acte maladroit peuvent faire échouer une mission secondaire. Ce combo diluant/peinture couplé aux quatre fins possibles font d'Epic Mickey une expérience rafraîchissante. Du grand art... de rue ?



… et un pâté par-là !

Malheureusement, le gameplay pourtant impeccable d'Epic Mickey est alourdi par un placement de caméra désastreux. Malgré la possibilité d'orienter l'objectif à volonté à l'aide de la croix directionnelle, de le replacer automatiquement derrière le personnage avec le bouton C, rien n'y fait. Toujours au mauvais endroit, cette caméra de malheur arrive même à rendre quelques passages de plateforme complètement imprécis. On note également de gros soucis de précision avec le curseur de la WiiMote, Mickey aspergeant souvent le sol – ou lui-même – plutôt que le mur situé juste en face. Heureusement qu'une option de vue à la première personne est disponible, mais elle ne fait que ralentir la progression. Si dans certaines productions, on parle de caméra « hésitante », celle d'Epic Mickey est véritablement handicapante, c'est un fait.



La lumière...

Epic Mickey débute sur une magnifique séquence animée, où l'on voit la souris s'intéresser d'un peu trop près aux plans du magicien Yen Sid. Mickey renverse par mégarde le contenu d'une fiole sur les travaux du mage et crée en même temps le Fantôme noir. Quelques années (et millions de dollars) plus tard, notre héros est rattrapé par son erreur et se voit plongé dans le monde de Wasteland, un univers peuplé de tous les héros oubliés de Disney. Cette entrée en matière débouche sur un scénario de haute volée. Par exemple et pour ne pas spoiler le reste de l'aventure, la rencontre avec Oswald dit « le lapin Chanceux » est un grand moment : on ressent presque la détresse du héros en mal de reconnaissance, principalement grâce à un travail d'écriture saisissant.



… divine.

Epic Mickey passe du statut de bon jeu à celui d'immanquable grâce à une technique et un level-design fabuleux. La musique tient un rôle capital dans cette épopée, tant elle noircit un peu plus la progression de notre héros. Parfois le malaise est palpable, partageant le joueur entre ses propres souvenirs d'enfance et les fantômes des gloires passées. Graphiquement, la Wii est exploitée plus que de raison et on est réellement bluffé du résultat à chaque nouvelle découverte. Si Epic Mickey est un jeu adulte, il ne se prive pas pour autant de faire résonner la fibre nostalgique qui sommeille en nous. Les clins d'œils sont nombreux et souvent bien cachés, à l'image des cartouches de NES croisées en début d'aventure. De plus, chaque niveau se termine la majeure partie du temps par une séquence de gameplay en 2D, qui retrace certains métrages cultes de Mickey ou d'un héros présent dans le jeu.



Sentiments partagés

Une quinzaine d'heures, c'est ce qu'il vous faudra pour découvrir une des quatre fins possibles de ce Epic Mickey définitivement hors norme. On aimerait pouvoir dire qu'il s'agit d'un chef d'œuvre et sur le papier même, tout y est. Malheureusement, la caméra crispante et les quelques défauts de gameplay nous font revoir la copie du jugement à la dernière minute. Il serait pourtant dommage de passer à côté de cette pépite de narration, de mise en scène. Epic Mickey perd des points, mais reste une des plus belles expériences au niveau ludique de l'année 2010. Un titre à posséder, sauf pour ceux qui ne peuvent pas voir Mickey... même en peinture !

Chroniqueur : Argod Argam

Note de la rédaction