Jeu Video - Actualité manga

Le test du jeu video:

Publié le Mardi, 28 Avril 2015

Aux portes de l'enfer, un épais brouillard empêche de voir ce qui attend notre héros. Des cris inhumains déchirent le calme apparent, irradient les parois froides de la tour au sommeil lugubre. Des herbes de soins dans la besace et une jauge de magie réduite de moitié, le chevalier pénètre les lieux. Quelques minutes plus tard, le combat fait rage entre l'homme et le gigantesque démon de feu. Coincé entre deux piliers, il ne peut plus reculer, l'ennemi le roue de coups, brise sa garde. Le héros voit les âmes qu'il a récoltées lors de ses précédentes batailles s'envoler et se retrouve privé de son enveloppe corporelle. C'est le coup de grâce, il... vous êtes mort. Bienvenue dans Demon's Souls.




Royaume effacé

Le monde de Boletaria est en proie à un mal qui aurait pu être évité, excès d'imprudence de la part d'un roi vite dépassé par ce qu'il a engendré. Après l'installation des forces maléfiques sur les terres du royaume, de nombreux héros sont arrivés pour tenter de repousser les ténèbres en dehors des frontières ; beaucoup ont échoué. On incarne alors le chevalier désigné pour affronter les pires démons, et rétablir la paix en ce monde. Pour nous aider dans cette tâche désespérée, on pourra compter sur quelques compagnons de fortune à l'image d'un forgeron ou d'un vendeur de sortilèges. Un scénario de RPG classique, illustré par des cinématiques et des artworks de toute beauté, suffit à rentrer pleinement dans l'expérience que propose Demon's Souls. Fantômes, squelettes et instruments de torture... Plongé en plein cœur d'une époque médiévale sombre et sans pitié, le joueur devra dépasser ses propres craintes pour commencer l'aventure en bonne et due forme.




« Vous êtes mort »

Le titre s'ouvre par notre propre mort, ce qui permet directement de découvrir l'une des subtilités du jeu : pas de "Game over". En cas de décès, nous réapparaissons sous forme spectrale, avec des capacités vitales réduites de moitié. Pour retrouver notre corps, divers moyens s'offrent à nous : affronter et défaire un boss, utiliser un item spécial aussi rare que précieux, retourner sur les lieux de notre mort ou encore tenter d'anéantir un autre personnage en mode multijoueur. Petite précision : si le joueur périt avant d'avoir récupéré son enveloppe charnelle, toutes les âmes (monnaie d'échange du jeu) qu'il aura récoltées jusqu'alors disparaîtront à jamais. Exigeant, ce système s'avère être le centre névralgique de Demon's Souls dès l'instant où l'on comprend que les âmes permettent à la fois d'acheter, réparer ou améliorer l'équipement, mais aussi d'augmenter son niveau.




Pas de place pour le hasard

Plusieurs classes de départ sont disponibles, allant du simple soldat au magicien en passant par l'archer. On peut évidemment personnaliser son avatar, même si le résultat s'avère approximatif. Pour s'en sortir dans Demon's Souls, il faudra bien réfléchir à quel type de gameplay s'en tenir. Ainsi, les amateurs du combat au corps à corps auront tout intérêt à maîtriser le timing des coups du bout des doigts, entre attaque normale ou puissante, roulade sur le côté et couverture au bouclier. Il faudra compter sur des ennemis agressifs, qui n'hésiteront pas à jouer avec la rapidité de leurs offensives pour rendre impossible une parade ou une esquive. Par ailleurs, une jauge d'endurance limite nos attaques, mais aussi notre capacité à retenir les coups avec le bouclier, le temps que ladite jauge se remplisse automatiquement. Si un contre épuise notre énergie, l'ennemi disposera d'un certain temps pour nous asséner un coup, qui, une fois sur deux, s'avérera fatal. Heureusement, l'interface des menus (intégralement en français) est très claire et les raccourcis paramétrables sauveront la mise à nombre de joueurs en détresse.


Compagnon de galère

En coopération, pour défaire un boss ou au contraire en affrontement joueur contre joueur, le mode multijoueur est une bonne surprise. Dans l'optique d'établir une vraie identité communautaire au monde de Boletaria, on pourra même lire des inscriptions visibles au sol, laissées par d'autres joueurs pour nous aider, ou nous induire en erreur. Avec cette possibilité d'en écrire ou d'attribuer une note (qui sera à son tour visible par d'autres joueurs), ces bribes d'expériences passées sont un véritable coup de pouce, mais aussi un moyen d'immersion supplémentaire. En effet, on peut facilement se représenter d'autres chevaliers morts au combat bien avant qu'on découvre nous-mêmes ce qu'ils ont dû endurer. De manière générale, on imaginerait presque Boletaria avant l'arrivée des démons, qui n'est aujourd'hui plus qu'un champ de ruines peuplé de fantômes et de monstres.




Boletaria la vivante

Graphiquement, Demon's Souls fait pâle figure en comparaison aux standards actuels. En revanche, l'atmosphère rattrape bien vite quelques défauts de collisions ou de rigidité dans les déplacements. La musique participe à cette forte personnalité que possède le soft de From Software avec des morceaux inquiétants, emmenés par un tambour présent d'un bout à l'autre de l'aventure. Les niveaux sont découpés en cinq grands chapitres, tous disponibles dès le début du jeu et qui se verront étoffer de sous-niveaux au fil de la progression. Les environnements sont variés, même si le quasi-totalité du jeu se déroule toujours de la même manière : avancée dans un donjon, combat de boss et retour au Nexus, la base de départ du titre. Des cachots lugubres gardés par des monstres dont le tintement des clochettes provoque encore des frissons, en passant par le plus classique et classieux dragon cracheur de flammes : tous les ingrédients sont réunis pour faire de Demon's Souls un RPG traditionnel.


Paradis empoisonné

Avec la version collector, un guide en anglais est offert dans certaines boutiques, et on avouera volontiers s'en être servi plus d'une fois. Ceux qui auront le courage de s'attaquer au jeu sans aide aucune doivent s'attendre à un challenge corsé. Pour être clair, Demon's Souls se destine à une tranche de joueurs bien définie et les non initiés aux RPG à l'ancienne ne trouveront aucun plaisir à parcourir ce titre, c'est dit. Difficile, exigeant, frustrant, injuste, précis, intolérant : la moindre erreur sera sanctionnée immédiatement dès lors qu'on ira plus en avant dans l'histoire contée par Demon's Souls. On déteste ce jeu, on voudrait qu'il n'ait jamais existé tant il veut nous induire en erreur pour provoquer la mort de notre avatar. Et pourtant, force est de constater qu'au bout d'une cinquantaine d'heures de jeu et arrivée au dénouement final, on s'empresse de recommencer à zéro avec une autre classe. Le titre transforme cette frustration en moteur de rejouabilité, le mode New Game + en atteste largement : les ennemis y sont plus coriaces, l'aventure plus difficile.




Le démon au corps, le corps au démon

Le jeu n'est pas impossible à terminer. L'adage « qui aime bien, châtie bien » illustre parfaitement Demon's Souls. Il faudra mériter la victoire, aller souvent chercher le petit réflexe ou le facteur chance qui nous sauvera la mise. Si certains abandonneront prématurément les terres de Boletaria, d'autres se feront violence tant l'ambiance du titre est unique. Avec un mode multijoueur complet, une aventure longue et prenante et un gameplay profond, on ne peut que féliciter From Software pour le travail accompli et saluer la sortie de ce donjon-RPG en Europe. Un jeu à ne pas mettre entre toutes les mains, qui se rendra certainement coupable de nombreux lancers de manettes. On le recommande, sous réserve d'aimer le challenge !

Chroniqueur : Argod Argam

Note de la rédaction