Ki-oon - Actualité manga

Interview

Interview n°3

Interview n°2

A l'occasion de cette rentrée 2012 nous avons eu le plaisir de visiter les nouveaux locaux des éditions Ki-oon. C'était l'occasion pour nous de prendre le temps de poser quelques questions aux deux fondateurs de Ki-oon: Cécile Pournin et Ahmed Agne. Compte-rendu !



Manga-News : Bonjour ! Comment se portent les éditions Ki-oon, à l'heure de cette rentrée 2012 ? En 2011, vous étiez cinquième éditeur du marché, qu'en est-il aujourd'hui ?

Cécile: En fait, nous étions techniquement sixième éditeur de France en 2011 car quand on comptait les ventes cumulées des labels Kaze et Asuka, qui appartiennent au même groupe,  ça les plaçait devant nous. Mais aujourd’hui nous sommes cinquièmes en parts de marché, devant le groupe Kaze-Asuka, on peut donc dire que la situation est encore meilleure !


Comment expliquez-vous ce succès, qui vous a propulsé dans le top 5 ?

Ahmed : Dans le monde de l'édition, la croissance est liée au catalogue de la maison. Nous avons d'une part profité de l'élan des sorties de l'an dernier, notamment Judge. Le début 2012 a été fulgurant avec le retour d'Ubel Blatt, les débuts de The Arms Peddler, qui est le deuxième meilleur lancement au tome de l'année, le meilleur étant celui de Prophecy,... Avec tous ces excellents démarrages, nous sommes sur une progression de 25% depuis le début d'année !


Cécile : Plus l'année avance, et plus cette tendance se confirme, ce qui est très rassurant. Et l'année est loin d'être finie, avec l'arrivée de nouveaux volumes pour ces trois dernières séries. Nous misons autant sur les lancements que les retours d'anciennes séries, les hits de l'an dernier continuent de cartonner... Bref, 2012 aura été une année vraiment énorme ! Nous avons dépassé nos perspectives de croissance, alors que nous avons essayé d'être raisonnable au vu d'un marché qui se stabilise, sans augmenter notre rythme de parution.

 
                    



Pensez-vous qu'avoir maintenu un tel rythme de sorties est l'une des clefs de votre réussite ?

Cécile : C'était effectivement notre volonté dès le départ. Nous arrivions sur un marché en surproduction, où il y avait déjà trop de titres. Nous nous sommes dit que cela ne servait à rien à rajouter à la saturation, et nous avons rapidement décidé de choisir nos séries avec attention, de les pousser individuellement pour que leur sortie ne passe pas inaperçue en librairie. Cela nous a également permis de nous faire connaitre du public et des libraires comme une maison d'édition prudente, aux choix raisonnés, plutôt que de lancer des titres au hasard sans les soutenir. Petit à petit, un cercle vertueux s'est mis en place, les premiers titres se sont vendus suffisamment pour qu'on puisse faire croitre leur nombre, mais nous y sommes allés très progressivement. Nous avons pris le temps de grandir, et de continuer à nous occuper de nos nouveautés les unes après les autres, en faisant les choses proprement, et sans nous laisser dépasser.


                    


Vous fonctionnez beaucoup aux coups de cœur. Avez-vous connu des déceptions sur les ventes de certains titres ?

Ahmed : Sur 2012, nous avons eu la chance d'avoir des résultats satisfaisants sur la plupart de nos titres. A l'exception d'un seul qui n'a pas décollé, Wolfsmund, et c'est bien dommage au vu de ses qualités. Nous avons pourtant fourni le travail habituel de communication presse/web et publicitaire... Mais il faut reconnaitre que le graphisme est assez particulier, ce qui a dû rebuter pas mal de gens, malgré son succès critique et les bons retours de ses quelques lecteurs. Tout ne peut pas marcher, mais c'est dommage. En 2011, nous avons eu les mêmes difficultés sur Run Day Burst et Amanchu, deux titres qui méritent aussi qu'on se penche dessus.

                     



Suivez-vous un schéma-type pour promouvoir chacun de vos titres (trailer, preview, encarts publicitaires) ? Quels médias visez-vous ?

Cécile : Nous élargissons peu à peu le panel des nos partenaires pour notre publicité au fur et à mesure de notre croissance. Nous nous orientons aujourd'hui vers les sites de BD généralistes, à l'occasion du lancement de notre collection Latitudes, par exemple. Nous allons également prochainement lancer Roji !, un titre important pour nous et orienté jeunesse, ce qui va nous amener à faire une communication beaucoup plus atypique. Comme c'est une création Ki-oon sur laquelle nous travaillons depuis plusieurs années, nous souhaitons vraiment qu’il trouve son public en le ciblant correctement.




Pouvez-vous nous en dire plus au sujet de ce titre ? A quel âge se destine-t-il ?

Cécile : Roji ! se destine principalement aux enfants à partir de six-sept ans, ou aux parents qui souhaiteraient le lire aux plus petits. C'est un manga jeunesse, qui peut se lire comme un Yotsuba, avec des héros mignons et intemporels, des chats, des fées... Le fait que ce soit une publication tout en couleurs pourra séduire les lecteurs de titres comme Chi, une vie de chat. Bref, c'est un titre jeunesse, mais à vocation universelle !

                                     


Il y a déjà quelques collections jeunesse qui sont apparues chez d'autres maisons d'édition. Suivez-vous cette tendance, ou cette idée est-elle née depuis beaucoup plus longtemps ?

Ahmed : Nous avons déjà fait une tentative en 2006 avec Kamisama, un titre du même auteur que Roji, Keisuke Kotobuki, avec qui nous sommes en contact. Il s'orientait plus sur un aspect de conte, en grand format, cartonné... C'était déjà une manière de tester les chances d'une collection Jeunesse. Mais à l'époque, nous n'avions pas les moyens de le lancer correctement, et les ventes n'ont pas été satisfaisantes. Roji s'inscrit donc dans cette continuité-là. Nous voulions poursuivre la collaboration avec Keisuke Kotobuki, et nous retentons aujourd'hui d'aller vers ce secteur. Cela nous permet également de développer nos propres créations, comme nous l'avons fait avec Prophecy. L'année prochaine, nous aurons d'ailleurs un shonen dans nos créations originales. C'est un aspect très important du catalogue pour nous.



Comment se déroule le travail sur une création originale ? Proposez-vous vous-même des scénarios ?

Cécile : Rappelons que l'on s'adresse à des auteurs japonais, qui ont déjà l'habitude de travailler en étroite collaboration avec leurs éditeurs. Cependant, c'est très variable : Par exemple, Tetsuya Tsutsui pose seul ses histoires, toutes les idées sont issues de lui dès le départ.


Ahmed : En fait, il vient nous dire de lui-même "J'ai ça à vous proposer, qu'est-ce que vous en dites ?" (rires) Il peut arriver de lui donner un ou deux conseils, mais généralement nous n'avons pas vraiment à intervenir.


Cécile :
C'est un très bon auteur, qui aime rester aux commandes. Nous suivons un peu le modèle franco-belge, où les auteurs ont une grande autorité sur le contenu de leur œuvre. Le lien direct que nous avons avec lui nous permet de lui indiquer rapidement nos demandes, par exemple quand nous avons besoin de matériel publicitaire. Mais dans l'ensemble, nous le laissons libre sur l’histoire en elle-même, et vu son talent, c’est sûrement la meilleure chose à faire ! (rires)
En revanche, Keisuke Kotobuki est plus habitué aux relations du système japonais, et il est beaucoup plus demandeur d'orientations pour ses histoires. Il a besoin de beaucoup de répondant de notre part, et qu'on ne le laisse pas seul devant son œuvre. Après, nous restons très souples, toujours dans le dialogue sans être autoritaire, pour ne pas étouffer sa créativité.
 
                         
  
 
Manga-News: Du fait que ces séries soient destinées à un public français (même si Prophecy est publié dans le Jump Kai), est-ce que cela peut orienter les directives et l'établissement du scénario ?

Ahmed : Avec Keisuke Kotobuki, la première contrainte a été de s'adapter au sens de lecture français, le titre étant destiné aux enfants qui n'ont pas l'habitude de lire de droite à gauche. Il a déjà travaillé ainsi pour Kamisama, où il a réalisé directement les planches en sens français ainsi que les bulles à l'horizontale. Mais ça n'a pas été trop dur pour lui, d'ailleurs c'était une suggestion de sa part dès le début du projet.
Après, Roji ! se passe dans une ville de campagne typiquement japonaise, notamment avec des panneaux couverts de kanjis. C'est sur ce genre de détails que nous pouvons le conseiller : lorsque l'univers est trop référencé, les jeunes lecteurs risquent de s'y perdre. Beaucoup de titres font déjà office de très bons ambassadeurs pour la découverte du Japon et de ses coutumes en direction des adolescents, ici nous n'avons pas les mêmes motivations et il convient de bien cerner le public.


                  

Cécile : Dans le même ordre d'idée, on peut aussi travailler sur l'humour : on leur demande de ne pas abuser des blagues trop référencées, qui nous obligeraient à mettre des explication en bas de page. Le but étant que l'humour passe de manière fluide et naturelle.


Pouvez-vous nous donner un avant-goût des titres à venir d'ici la fin de l'année, notamment de Barakamon qui sort en octobre ?

Cécile : Barakamon est un de nos coups de cœur, pour lequel je vais faire à nouveau un parallèle avec Yotsuba. A la lecture, c'est un titre tout mignon, dynamique, plein de vie,... Son charme du titre tient beaucoup sur les rapports entre les personnages, les blagues qu'ils peuvent se faire,... Il y a aussi le fait que le héros est irritant et craquant à la fois ! C'est l'histoire d'un jeune calligraphe qui a asséné un coup de poing à un maître en la matière, et à qui on a demandé d'aller s'exiler sur une île pour réfléchir à son comportement. Il va ainsi profiter de sa retraite pour se consacrer à son art... mais va vite se rendre compte qu'au travers des portes et des fenêtres de sa nouvelle demeure passent les habitants du village de l'île, petits comme grands, et qui vont bien sûr se mêler de ses affaires ! Ainsi, d'un habitant des villes renfermé sur lui-même et un brin arrogant, il va peu à peu s'ouvrir aux autres et trouver bien plus que ce qu'il est venu chercher.


Ahmed : Le meilleur argument de vente pour cette série : lorsque les personnes chargées de valider les planches avant impression ont vérifié le contenu, elles étaient mortes de rire devant leur écran !

                                                   
 
 

Il y a Gisèle Alain, également ?

Ahmed : C'est un titre publié chez Enterbrain, dans le Fellows!! magazine où l'on retrouve également Bride Stories. Cette série est un peu dans la même mouvance que ce dernier ou qu'Emma, car l'histoire se place dans un pays type France-Angleterre époque victorienne. Sui Kasai, qui est une auteure plus jeune que Kaoru Mori, a néanmoins un souci du détail assez similaire. C'est l'histoire de Gisèle, une fille de haute naissance qui a coupé les ponts avec sa famille pour une raison que l'on ignore au début de l'aventure. Elle devient logeuse puis décide alors de devenir une femme à tout faire, venant à l'aide des gens qui ont besoin de ses services. Cela va l'amener à faire de nombreuses rencontres et découvertes, en particulier sur son passé et sur sa discorde familiale. C'est un manga à la fois très optimiste, puisque l'on suit une héroïne généreuse et souriante, mais qui peut devenir un peu plus sombre, voire tragique dès lors qu'on plonge dans son passé.

Cécile : On s'attache très rapidement à elle, car elle a une personnalité extraordinaire : elle est née avec une cuillère en argent dans la bouche, puis elle découvre la vie simple des gens du peuple avec sa naïveté confondante. En même temps elle est bien déterminée à ne jamais se laisser faire, à prendre les choses en main dès que le besoin s'en ressent, sans jamais renoncer. C'est donc une dichotomie très intéressante, sans parler de son passé très intriguant.



Quel en sera le rythme de publication, vu le faible nombre de tomes au Japon ?

Cécile : Nous la publierons en trimestriel pour le lancement, puis nous l'espacerons ensuite.


                      
 
 
Revenons sur Kaoru Mori : après le succès de Bride Stories, vous avez acquis Emma pour une nouvelle publication française. Qu'est-ce qui a motivé cette réédition ?

Ahmed : Nous l'avons acquise en vue du lancement de Latitudes, qui est notre première véritable collection. Il s’agit de proposer des grands formats seinen, un peu dans l'idée d’Écritures chez Casterman. Notre constat de base, c'est que jusqu'ici Taniguchi est en France le seul auteur véritablement "mainstream", dans le sens où il est apprécié de nombreux lecteurs qui ne lisent aucun autre manga. Combien de fois a-t-on entendu : "Je ne lis pas de mangas, mais je lis du Taniguchi !" ? Cela tient autant au talent de Taniguchi, que l'on ne remettra pas en cause, mais aussi au format des titres qui est tout aussi important. Ce que nous avons découvert avec Bride Stories, même s'il se vend très bien, c'est qu'il y a une vraie résistance du grand public, et même de certains libraires, par rapport au "format manga". Les adultes ne s'y tournent pas facilement : c'est trop petit, il faut lire à l'envers...

Cécile : Sans compter qu'ils associent ce format à des lectures exclusivement pour enfants ou ados !


                                   

Ahmed : Les habitudes vont plus vers le format BD traditionnel, mais aussi de plus en plus vers le roman graphique, type Les Chroniques de Jérusalem. Ainsi, on nous a souvent demandé de les adapter en grand format pour pouvoir convaincre un nouveau public de s'y essayer. Kaoru Mori a justement pour objectif de ne pas cibler un public limité avec ses histoires, mais de chercher à écrire des récits universels et accessibles à tous. Elle nous paraissait être l’ambassadrice idéale pour lancer Latitudes. Dans ma propre famille, Bride Stories est le seul titre que j'ai pu faire lire sans problème à mes sœurs !
En partant de ce constat-là, nous nous sommes dit qu'il y a un public potentiel vraiment plus important et diversifié à atteindre. Pour en revenir à Emma, nous étions déjà très intéressés par le titre en 2006, au moment où son acquisition française était en cours de négociation. Mais à cette époque-là, nous n'avions pas encore les moyens de rivaliser avec les plus gros éditeurs, et nous avons dû nous résoudre à le laisser filer, ce qui était resté comme un de nos plus gros regrets éditoriaux…

Cécile :
Je me permets de prendre le relais sur ce titre que j'adore. C'est simple : Emma, c'est génial !


Ahmed :
Voilà, point ! Fin de l'interview, au revoir ! (rires)


Cécile :
C'est vrai qu'Emma, au départ, est né pendant la montée de la mode des soubrettes au Japon puis en France. Tous les éditeurs se l'arrachaient, et comme l'a dit Ahmed, nous étions encore trop petits. Mais nous suivons vraiment Kaoru Mori depuis ses débuts, et ce n'est pas un hasard si nous avons ensuite acquis Bride Stories. Nous nous sommes battus pour l'avoir, cette fois il était hors de question de le laisser passer ! (rires)
Après avoir travaillé pour faire de Bride Stories un succès en France, nous avons repensé à Emma, en regrettant le fait qu'il soit passé complètement inaperçu à sa sortie. A présent, il y a toute une génération de lecteurs qui aura la possibilité de le redécouvrir. Emma évoque des romans victoriens type Orgueil et Préjugés, les Jane Austin, ou la série Downtown Abbey dans sa première saison,... Il y a un grand souffle historique, et c'est aussi très romanesque, avec des moments où l'on est pris à la gorge par l'émotion. Et puis, il y a tout ce qui fait le succès de Bride Stories, du moins "en devenir". On sent peu à peu grandir le style graphique inimitable de l'auteur, avec le développement du souci du détail. Pour la réédition en grand format, nous aurons la chance de proposer des couvertures inédites, à partir d'illustrations que nous avons pu sélectionner librement. Pour faire simple, c'est l'œuvre avec laquelle Kaoru Mori a explosé, alors qu'elle n'écrivait que des fanzines jusque là. Au fur et à mesure d'Emma, qui est déjà un petit bijou en soi, on découvre tout ce qui fera le talent d'une très grande auteure.



Comment s'organisera la publication des titres de la collection Latitudes ?

Ahmed : Nous lancerons Emma et Bride Stories simultanément à la fin du mois d'octobre, le 25. Pour Bride Stories, il s'agira du même chapitrage que sur l'édition classique, tandis qu'Emma sera regroupée en volumes doubles, soit 384 pages pour les premier volumes.


Cécile : Le tout sera donc en grand format, avec une couverture souple avec rabats, mais sans jaquette, le style de la collection Écritures ou d’autres supports qui se sont imposés en librairie depuis dix ans. Nous voulons que la collection soit rapidement et facilement identifiable pour ce lectorat. Pour l'instant, nous nous appuyons sur Kaoru Mori exclusivement, du fait du prix reçu à Angoulême qui a boosté sa notoriété auprès du grand public. Beaucoup de gens l'ont repéré de loin, et cela a motivé ces rééditions, mais nous prévoyons déjà de publier d’autres auteurs.
Dernière chose : nous voulons mettre en avant les titres de la collection Latitudes tout autant que nos sorties mangas classiques. Il n'y a pas de raison, sous prétexte que l'on va vers une thématique d'auteur, de limiter l'effort de communication.

Ahmed : Après, ça peut quand même se planter, mais au moins on aura fait le maximum !

 
                          
 
 
 
Nous voudrions revenir sur une série un peu oubliée: Asagiri, les prêtresse de l'aube. Qu'en est-il de sa situation au Japon, et en France ?

Ahmed : Asagiri, c'est un dossier compliqué, car l'auteur n'est plus publié dans son magazine de prépublication : il travaille seul et rend ses chapitres quand il peut. L'éditeur japonais de la série, Shonengahosha, ne sait pas lui-même si la série se terminera un jour. Dans ce conditions, il serait cruel de pousser la série en France et que les lecteurs finissent par s'apercevoir qu'ils n'auront jamais de fin après avoir acheté quatre tomes de plus. Pour l'instant, nous attendons donc de voir comment la situation évolue, et nous la relancerons si les choses se débloquent.

        




Quelle est la position de Ki-oon sur le marché de l'édition numérique ?

Cécile : Notre avis est assez clair : le numérique, c'est l'avenir. Mais les droits numériques sont pour l'instant encore massivement bloqués par les éditeurs japonais. Ils hésitent encore sur le fait de les exploiter eux-mêmes ou de les confier à des éditeurs sur place. La piste est donc encore en attente, mais nous ne sommes pas pressés pour autant : le public n'est pas encore prêt, les ventes actuelles sont très marginales,... Nous étudierons ça le moment venu. En revanche, nous ferons peut-être un premier essai sur nos propres créations.


Ahmed : Le numérique a énormément progressé du côté des romans. En revanche, pour le manga, nous allons être confrontés au fait qu'une partie du lectorat est déjà habitué à lire du manga en numérique via les scans, donc gratuitement. Il va être difficile d'imposer un contenu identique de manière payante, surtout s'il est jugé trop cher, malgré le cachet officiel.

Cécile :
Sans compter qu'à l'âge moyen d'un lecteur de manga, on n'a pas encore forcément le support pour pouvoir lire convenablement en numérique.


Ahmed : Il y a ainsi un ensemble de problématiques qui font que l'éclosion de ce marché ne sera pas encore pour tout de suite. On donne souvent l'exemple des lecteurs japonais qui auraient massivement franchi le pas, mais ce n'est qu'une légende : 85% des titres lus en numérique sont des titres hentai que les gens n'osent pas acheter en version papier !
Ce n'est pas représentatif du marché du manga.

Cécile : C'est d'ailleurs la même problématique aux États-Unis avec les livres : ce format numérique est surtout dopé par les ouvrages scientifiques, qu'il est plus facile d'explorer ainsi.


Pour vous qui travaillez beaucoup avec Square Enix, avez-vous peur que cette maison décide aussi de franchir le pas ? Qu'est-ce que cela changerait pour vous ?

Ahmed : Pour reprendre une phrase d’un de nos confrères : les éditeurs français ne sont que des locataires dans un appartement qui ne leur appartient pas, et si le propriétaire décide de réinvestir les lieux, on n’aura plus qu’à plier bagages !
Nous en sommes bien conscients, et ce serait d'ailleurs une démarche tout à fait compréhensible de leur part. C'est aussi pour ça que nous avons développé des relations directes avec des auteurs japonais. Le succès de Prophecy nous montre qu'il est possible de lancer des projets de création et d’en faire des réussites. Quelque part, cela nous ferait un matelas de sécurité si les choses tournaient mal !

        


Pour finir, pouvez-vous nous donner un avant-gout de 2013 ?

Cécile : Nous avons un certain nombre de titres déjà prêts dans nos cartons, mais nous ne pouvons pas en dire plus pour le moment. Cependant, nous resterons sur le même rythme de lancement que sur les années précédentes, tout en gardant notre cap d'environ 8-9 sorties mensuelles.



Doit-on s'attendre à des ralentissements sur certaines séries, du moins s'il y en a qui se portent mal ?

Cécile : Nous n'arrêterons rien, c'est une question de principe. Il est vrai qu'Amanchu se vend très mal, mais il n'est pas question de l'oublier.


Ahmed : Un échec avec un auteur ne nous arrête pas forcément. Par exemple, Run Day Burst ne s'est pas beaucoup vendu, mais nous surveillons déjà la nouvelle série de son auteur ! Il s'agit cette fois de l'histoire d'un garçon dont la meilleure amie au lycée vit un drame terrible. Le héros se décide alors à vouer sa vie à la faire rire, en s'inventant une nature comique qu'il ne se connaissait pas ! Les débuts sont très drôles jusque-là, et nous sommes déjà emballés.

 
Merci à tous les deux!

 

Interview n°1

Difficile de s'entretenir avec Cécile Pournin et Ahmed Agne lors du 9e impact de Japan Expo, tellement ils furent occupés durant cette neuvième édition de la Japan Expo! Mais avec un stand idéalement placé et très joli, et des auteurs talentueux en dédicace, c'est un peu normal!




Manga-news: Pouvez-vous m'en dire plus sur votre parcours ?


Ki-oon a été créé en octobre 2003. Le temps de trouver nos premiers titres et de nous initier aux secrets de la fabrication entre autres, et notre premier bébé, Element Line 1, est sorti en mars 2004. Ki-oon compte deux associés, Cécile Pournin et Ahmed Agne. On était fans de manga et d'animation, ce qui nous a conduits à étudier le japonais à la fac.

Après ça, on a travaillé et étudié plusieurs années au Japon pour approfondir notre connaissance de la culture nippone. À notre retour en France, on a travaillé (dans la pub pour l’un, et la traduction pour l’autre), mais on avait tous les deux envie de travailler dans l’édition et d’être nos propres patrons, et c’est là que la décision de lancer Ki-oon a été prise.



MN: Votre politique éditoriale, basée au départ sur la publication de titres "fantasy" se diversifie de plus en plus...

On s’est rencontrés sur les bancs de la fac entre autres parce qu’on aimait lire de l’héroic fantasy, et donc logiquement on a voulu privilégier ce genre dans notre catalogue. Mais comme on publie avant tout ce qui nous «tape dans l’œil», on ne se limite pas du tout à un genre: la preuve, on aime beaucoup lire du seinen, et ça se voit dans notre line-up!

MN: Vous êtes des précurseurs en matière de communication via internet, notamment en créant une section "mangas en ligne". Cette politique porte-t-elle ses fruits aujourd'hui ?

Plus que jamais! On a la chance de faire partie de la première génération pour qui Internet fait partie intégrante du quotidien, et ça nous a paru tout naturel de monter le site le plus complet possible, avec des illustrations issues de nos séries, des présentations des auteurs, etc., et surtout de proposer le plus de lecture en ligne possible (jusqu’à 68 pages pour Element Line).

Aujourd’hui, les internautes peuvent se balader sur notre site, choisir ce qui les attire et lire au minimum 20 pages de la majorité de nos mangas (plus de 65% des titres de notre catalogue à ce jour). Ça faisait longtemps que ça nous trottait dans la tête, et c’est fait depuis mai 2007!

MN: De nos jours, est-il facile de s'imposer auprès des éditeurs japonais lorsque l'on est une structure indépendante comme Ki-oon?

C’est vrai qu’on est une des dernières structures indépendantes du marché (enfin il y a aussi IMHO, Cornélius, …). C’était déjà difficile il y a quatre ans quand on s’est lancés, mais de nos jours ce serait sans doute quasi impossible, parce que le nombre d’éditeurs français est considérable et que beaucoup sont adossés à des structures éditoriales aux moyens importants.

Toujours est-il qu’avec le temps, les éditeurs japonais nous font de plus en plus confiance, parce qu’ils ont remarqué qu’on soignait particulièrement la fabrication de nos mangas, et qu’on mettait un point d’honneur à faire de la promotion pour tous nos titres. Aujourd’hui, on collabore avec des éditeurs japonais de premier plan comme Square Enix (Jackals, Übel Blatt, Jusqu’à ce que la mort nous sépare, Kurokami, Reset, Manhole), Kadokawa (nos premières licences chez eux seront annoncées prochainement) ou Mediaworks… Notre capacité à négocier directement en japonais nous aide aussi beaucoup à nouer des relations étroites avec nos partenaires nippons.

MN: Après une hausse constante des sorties et des ventes de manga en France, on parle aujourd'hui de stagnation du marché. Quelles sont selon vous les forces d'un éditeur indépendant comme Ki-oon et comment lutter contre cette crise annoncée par certains médias?

Quand un secteur qui n’existait tout simplement pas dans le paysage culturel français s’impose en 15 ans (pour tout un tas de raisons mais sans doute en particulier parce que le public français a un rapport privilégié avec le Japon, un rapport où le rêve et l’admiration jouent un grand rôle) – autrement dit quand on part de zéro -, ça donne forcément des taux de croissance impressionnants, qui attirent beaucoup de nouveaux acteurs. Une fois le secteur installé – ce qui est le cas maintenant – la croissance ralentit mais ça ne retire rien au phénomène: il y a maintenant des centaines de milliers de Français pour qui lire un manga c’est un mode de divertissement usuel et normal, ce qui, quoi qu’on en dise, reste un sacré bouleversement.

Certes, les nombreux acteurs dont on parlait plus haut ont aussi publié de nombreux mangas… Trop, malheureusement. Pas dans le sens où ces titres ne sont pas intéressants car le manga est un médium aux ressources encore insoupçonnées, qui permet d’explorer des myriades de genres et d’univers, mais simplement parce que le lecteur ne peut plus suivre le rythme intense des nouveautés qui paraissent. Le lectorat est important, certes, mais la production est tout de même trop abondante pour lui.
Toutefois, comme pour le marché de la bande dessinée franco-belge il y a quelques années, on ne serait pas étonnés que les choses se régulent progressivement d’elles-mêmes…
Reste à savoir quand!

Nos forces?
Le fait d’être une petite structure nous contraint à être plus réactifs et plus inventifs que les autres si on veut aller quelque part… Notre maîtrise du japonais nous permet de lire plus tôt et plus vite les nouveautés, de choisir nos titres en totale connaissance de cause et vraiment en fonction de nos goûts.

Pour finir, dans un contexte de surproduction où les lecteurs sont noyés sous l’abondance des sorties, on essaie de sélectionner des titres qui sortent du lot, et de s’impliquer pour qu’ils se fassent remarquer. Quand on a un titre au scénario et aux graphismes solides, c’est logique d’en faire lire le plus possible en mettant des extraits à disposition des lecteurs sur Internet, en librairie et dans la presse.
Quand les visuels sont beaux, c’est une évidence et un plaisir de faire des habillages sur Internet pour mettre les qualités du manga en valeur.

MN: Ce premier semestre de l'année 2008  fut-il positif pour Ki-oon ?

Ce semestre s'est extrêmement bien passé pour nous, notamment avec le très grand succès d’Übel Blatt, qui est notre premier véritable hit. On est d’autant plus contents que ce titre ne bénéficiait d’aucune notoriété avant sa sortie, qu’il n’avait pas d’anime pour le soutenir, et que c’était donc loin d’être un succès programmé.

MN: Pensez-vous que le manga est encore sous-représenté dans la presse  généraliste?

Comme on le disait tout à l’heure, le manga s’est imposé en 15 ans, en partant de rien. Pour l’instant, c’est encore une «contre-culture», un truc un peu subversif, comme la BD ou le rock en leur temps, mais à mesure que les lecteurs prendront de l’âge, ils contribueront à l’imposer partout et dans toutes les couches de la société!

MN: Quels sont vos projets pour fin 2008 ?

On en a plein! Mais évidemment, on ne peut pas encore tout vous dire. Dans un premier temps, on a décidé de marquer le coup cette année à Japan Expo, en particulier pour le lancement de notre grosse nouveauté de la rentrée 2008, Jackals, qui y est présenté en avant-première.
Pour le reste, il faudra encore attendre un peu pour savoir ce qu’on vous prépare!

MN: Un petit mot pour les membres de manganews qui vont lire cette interview ?
Euh… Salut les gars? (rires) Plus sérieusement, on espère que les titres qu’on aime trouveront grâce à vos yeux!


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Japan Expo 2009 a été pour nous l'occasion d'interviewer un grand nombre d'éditeurs. Aujourd'hui, nous vous proposons le compte-rendu de notre entretien avec Cécile Pournin et Ahmed Agne, co-fondateurs des éditions Ki-oon.
   
 
Manga-news: Avec les affiches de Bamboo Blade et Doubt aux abords de la Japan Expo, les éditions Ki-oon frappent très fort pour cette dixième édition. Avez-vous eu un retour positif de la part de vos lecteurs?
Ahmed Agne : En fait, quand Cécile et moi, on allait au Tokyo Game Show ou au Comiket, au Japon, il y avait toujours des affiches à proximité du salon, ça faisait partie intégrante de l’événement en question.
Cécile Pournin : Jusqu’à il y a deux ans, en allant à Japan Expo, on passait tous les matins devant les emplacements vides disponibles aux abords du festival et dans la gare, et on se disait que c’était dommage de ne pas faire ça « à la japonaise ». Ce que nous avons tenté l’an dernier, et à nouveau cette année avec notamment Doubt et Bamboo Blade. D’ailleurs dès le samedi soir, la plupart des exemplaires de ces deux titres disponibles sur notre stand étaient déjà épuisés.
    

                        
                 
Qu'est-ce qui vous a plu dans Bamboo Blade et Doubt ?
Cécile Pournin : On a toujours été fans de thrillers à suspense relativement courts (Doubt est une série terminée en 4 volumes, ndlr), maîtrisés du début à la fin, avec rebondissements et retournements de situation à la clé, un peu comme ce que Tetsuya Tsutsui a réussi avec Duds Hunt, Reset ou Manhole. L’ambiance « huis clos » pesante de Doubt nous a tout de suite séduits.
Ahmed Agne : Quant à Bamboo Blade, si ce manga a retenu notre attention, c’est que tout en ayant pour thème le kendo, qui est un sport fascinant et un aspect passionnant de la culture japonaise, la série est avant tout drôle et rafraichissante, et présente une galerie de personnages réellement attachants – du professeur sans le sou aux élèves toutes différentes les unes des autres.
       

       
   
Question sur Jackals. Lors de son acquisition, saviez-vous que cette série allait faire sept tomes au total ? Au vu du succès du titre aujourd'hui, la brièveté de ce récit est-elle une déception pour vous?
Cécile Pournin : Au moment où on a acquis les droits de Jackals, on savait déjà que la série touchait à sa fin et qu’elle ferait au final 7 ou 8 tomes. Mais ce n’est pas la longueur d’une série qui nous motive dans le choix de l’acquérir ou dans le choix de lui faire beaucoup ou peu de promotion. Cette année par exemple, nous avons mis l’accent sur Doubt, entre autres, à Japan Expo, et pourtant la série ne fait que 4 tomes!
Ahmed Agne : Dans la structure même de Jackals, on voit bien que l'auteur ne souhaitait pas faire durer son récit bien longtemps. Il y a en effet beaucoup de personnages très charismatiques dans chacun des clans, qui vont pourtant mourir très vite... À ce rythme, c'est sûr que la série ne pouvait pas tenir 20 tomes! (rires)
   

         
                         
Un nouveau titre de Tetsuya Tsutsui est-il prochainement prévu chez Ki-oon?
Ahmed Agne : On nous pose souvent cette question ! (rires) Tout ce qu’on peut dire, c’est que nous sommes aussi impatients que nos lecteurs de découvrir sa nouvelle série, mais Tetsuya Tsutsui (l'auteur de Manhole, Duds Hunt et Reset, ndlr) est un perfectionniste et il n’hésite pas à repartir de zéro même quand il a beaucoup avancé dans un projet s’il estime que celui-ci n’en vaut finalement pas la peine.
     

            
                               
Quelle est votre opinion sur l'arrivée des éditeurs japonais en France ?
Ahmed Agne : L’arrivée des éditeurs japonais en France nous paraît logique et inévitable, d’autant qu’ils se sont déjà installés aux Etats-Unis. Ça ne se fera probablement pas sans peine parce que le marché français est assez spécifique.
Cécile Pournin : Il est donc fort probable que les éditeurs japonais s'allient avec un éditeur français pour mieux s’implanter en France et faciliter le processus. (Ki-oon a vu juste, car quelques temps plus tard le groupe Shueisha Shogakukan a acheté le groupe Kaze, ndlr).
          
                        
Mais la présence des éditeurs japonais en France n'est-elle pas un sujet d'inquiétude pour vous ?
Cécile Pournin : Pour commencer, il faut relativiser, tous les éditeurs japonais ne vont pas venir s'installer en France. Pour l'instant, seul le groupe Shueisha-Shogakukan est susceptible de le faire. Étant donné que nous ne travaillons pas avec ces éditeurs, ça ne changerait pas grand-chose pour nous.
Ahmed Agne : Ensuite, il est indéniable que les éditeurs français qui travaillaient principalement avec la Shueisha jusqu’alors risquent de taper « un peu plus fort » à la porte des autres éditeurs japonais, et notamment de ceux avec qui nous travaillons. Bref, la concurrence risque d'être plus rude, mais nous avons des relations solides avec nos partenaires japonais, qui sont contents de notre travail, et nous sommes relativement confiants pour l’avenir...
  
    
Hitoshi Ichimura est la grande invitée des éditions Ki-oon pour cette Japan Expo. Comment avez-vous découvert cette mangaka ?
Ahmed Agne : En fait, j’avais déjà joué au jeu Tales of Symphonia lorsque je vivais au Japon. À l’époque, j’avais adoré ce RPG. Plus tard, nous avons découvert l’adaptation en manga du jeu, que nous avons lue et appréciée.
Cécile Pournin : On s’est fixé une règle simple : quand on sort une adaptation de jeu vidéo, il faut non seulement qu’elle plaise au fan du jeu d’origine, mais aussi à celui de nous deux qui découvre cet univers. Bref il faut que ce soit aussi un manga qui tienne la route tout seul. Dans ce cas précis, moi qui n’avais pas fait le jeu, j’ai beaucoup aimé le manga Tales of Symphonia.
   

                   
      
D'autres séries dérivées de jeux vidéos sont-elles prévues chez Ki-oon ?
Cécile Pournin : Oui, mais il est encore un peu tôt pour en dire plus !
  
  
Quel est le titre de votre catalogue que vous appréciez le plus?
Ahmed Agne : Question difficile...
Cécile Pournin : On ne peut pas donner plusieurs réponses? (rires)
   
Après quelques secondes de réflexion, Cécile Pournin et Ahmed Agne se lancent.
   
Ahmed Agne : Si je ne devais en choisir qu'un seul, ça serait probablement Duds Hunt. C'est le titre dont je suis le plus fier parce que nous avons trouvé son auteur sur Internet, alors qu’il n'était pas encore publié au Japon. C’est aussi celui qui nous a ouvert les portes de Square Enix. Et puis j’adore ce manga et son auteur!
Cécile Pournin : Je vais me limiter aux titres sortis cette année, sinon je n'arriverai pas à faire un choix... Parmi ceux-là, c’est Vampire Chronicles que j’aime le plus. Je suis une grande fan d’œuvres à rebondissements, avec plusieurs couches de lecture, qui prennent le lecteur au dépourvu sans arrêt.
    

                 
                             
Il y a peu de shojo dans votre catalogue. Comptez-vous vous pencher sur ce genre qui devient de plus en plus à la mode en France?
Ahmed Agne : Là encore, notre politique éditoriale est très simple: nous publions un titre uniquement parce que nous l’avons lu et qu’il nous a plu, pas parce qu’il fait partie d’une catégorie éditoriale définie.
Cécile Pournin : On ne fera pas du shojo juste pour faire du shojo ou du yaoi juste pour faire du yaoi, mais si un titre nous plaît, on le publiera, que ce soit un shonen, un seinen ou un shojo. Reste que naturellement, nous lisons plus de seinen, donc on aura tendance à en publier plus souvent.
Ahmed Agne : Chaque titre choisi est avant tout un coup de cœur, c'est d'ailleurs pour ça que notre catalogue n'est pas structuré par genre...
  
     
Quel bilan faites-vous du premier semestre 2009 et de la Japan Expo?
Cécile Pournin : Le premier semestre 2009 s'est très bien passé pour nous. Jusqu’ici, Vampire Chronicles et Tales of Symphonia par exemple ont su trouver leur public. Le bilan de Japan Expo est également très positif !
Ahmed Agne : À quelques heures de la fin du festival, nous n'avons plus beaucoup de livres à vendre sur notre stand, et n'avons plus que quelques cartons dans nos camions... C'est bon signe! (rires)
Cécile Pournin : Et puis c’est surtout toujours un plaisir de sortir du bureau pour rencontrer nos lecteurs. Ça nous change du quotidien !
   
  
Interview réalisée par shinob et Koiwai.