Doki Doki - Actualité manga

Doki Doki

Interview

Interview n°3

A l'occasion de Japan Expo, nous avons le plaisir de rencontrer une nouvelle fois Arnaud Plumeri, responsable éditorial chez Doki Doki. Ce label des éditions Bamboo fête ses 10 ans cette année, l'occasion pour nous de revenir avec Arnaud sur l'histoire de Doki Doki, mais aussi faire un premier bilan sur cette année en cours.

Compte rendu !


Manga-News : Bonjour Arnaud ! Doki Doki fête ses dix ans cette année !! Félicitations pour cet anniversaire ! Que représente cet anniversaire pour vous ? Avez-vous un souvenir qui vous  est cher et que vous souhaiteriez partager ?
Arnaud Plumeri : Ces 10 ans représentent beaucoup de travail, beaucoup de séries publiées et de belles rencontres avec nos lecteurs qui nous donnent beaucoup d'enthousiasme. D'ailleurs Japan Expo est vraiment pour nous la concrétisation du rapport entre l'éditeur et ses lecteurs, car c'est le seul moment où on peut les rencontrer.
Si je devais évoquer un souvenir, ça serait la venue de Boichi en 2015. Cette venue était réclamée depuis longtemps par nos lecteurs, et lorsque Boichi est arrivé en France, on a constaté que la rencontre entre lui et les lecteurs de Sun-Ken Rock a été magique. Ça a été un véritable coup de foudre mutuel, et pour nous ça a été une grande fierté d'avoir facilité et rendu possible la rencontre entre ce mangaka et son lectorat... Il faut dire que Boichi est une vraie bête de travail, il n'a pas trop l'habitude de sortir de chez lui et de s'ouvrir au monde, mais il a quand même accepté de venir, et pour nous sa présence à Japan Expo 2015 restera un moment inoubliable !
 
 
Vous avez édité des titres divers et variés depuis le lancement de Doki Doki il y a 10 ans. Si aujourd'hui vous deviez définir en quelques mots votre ligne éditoriale, quels termes utiliseriez-vous ?
Aujourd'hui en grande majorité nous faisons majoritairement du seinen et shonen d'action ou fantastique. Cette tendance ne concerne pas l'ensemble de ce que nous proposons mais c'est ce qui se dégage en premier lorsqu'on jette un œil à notre catalogue actuel.

 
Quel est le titre que vous êtes le plus fier d'avoir publié en France?
C'est vraiment compliqué comme question ! (rires)
Si je ne devais citer qu'une série ... Je dirai Full Ahead ! Coco. C'est une très longue série qu'on a publiée à nos débuts et qui a été un vrai pari éditorial. Le scénario est vraiment bien ficelé et les personnages attachants. Malgré son succès très mitigé, nous sommes contents d'avoir pu publier cette série jusqu'à son terme en France.
 

 
 
 
Vient de paraître en France Dédale, un série survival. Ce genre est de plus en plus populaire en France. Qu'est-ce qui selon vous distingue cette série des autres titres du même genre ?
Comme vous l'avez dit ce genre est vraiment devenu populaire en France, et il l'est depuis plusieurs années au Japon. Très souvent, le genre survival est assez oppressant ou gore... mais avec Dédale les choses sont assez différentes. L'histoire est vraiment bien fichue, et se renouvelle dans le deuxième opus... on ne s'ennuie pas une seule seconde ! On pensait avoir tout vu dans ce style et bien non, Dédale est vraiment un survival positif et intelligent, avec deux héroïnes attachantes, et on ressort rempli de bonne humeur après la lecture des deux volumes.
 
 

 
L'autre nouveauté de Doki Doki a pour titre The Rising of the shield Hero, qui est l'adaptation d'un light novel à succès au Japon. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a plu dans cette série et pourquoi vous l'avez choisie ?
Dans notre catalogue nous avons beaucoup de titres de l'éditeur de cette série, à savoir Media Factory. Nous avons donc toujours un œil sur le catalogue de cet éditeur qui est un bon partenaire. Cette série revisite le thème assez courant de l'otaku plongé dans un monde de jeu-vidéo d'heroic fantasy, mais à l'inverse des autres titres du même genre, le protagoniste de The Rising of the shield hero incarne un peu une image d'anti-héros.
Par exemple pour mieux se défendre dans un monde hostile, il va acheter une esclave alors qu'habituellement le héros de ce genre d'histoire trouve ses compagnons par des rencontres, notamment en les sauvant d'un danger. Cette approche est très intéressante et le récit est plus complexe qu'il n'en a l'air de prime abord.
 
 
Plusieurs titres de votre catalogue sont des adaptations de light novel, d'animé ou de jeux vidéo. Est-ce que choisir ce genre de titre est une stratégie pour vous ou ça n'entre pas en ligne de compte dans vos choix ?
Acquérir un titre adapté d'un autre support peut être un bonus, à condition que le support d'origine soit connu en France, ce qui n'est souvent pas le cas. Cependant quand le support d'origine est connu, cela peut donner un coup de pouce à la popularité du manga. Mais ce n'est pas notre critère de sélection numéro 1 lorsqu'on choisit un titre. Nos choix éditoriaux sont d'abord le reflet de nos goûts : nous ne choisissons d'éditer en France que des séries que nous avons appréciées.


Parlons un peu de Sun-Ken Rock. Cette série, qui est votre bestseller, va bientôt s'achever en France. Selon vous quel titre de votre catalogue pourrait prendre le relais de cette série ?
Peut-être Servamp, cette série fonctionnait bien avant le lancement de l'animé, et la diffusion a clairement boosté nos ventes, notamment sur Japan Expo où nous avons été rapidement en rupture du premier tome de la série. Nous avons également beaucoup d'espoir pour Les six destinées, qui sera notre gros lancement de la rentrée. Pour cette série nous avons mis à disposition des petits livrets promotionnels sur notre stand, et ils sont tous partis assez rapidement, ce qui est bon signe !

Pour revenir sur Sun-Ken Rock, tout au long de sa parution cette série a sans cesse recruté de nouveaux lecteurs, on espère donc que sa fin ne signera pas une chute de ses ventes, mais au contraire que ces dernières continueront d'être stables, au moins un certain temps.

 
 
 
L'année dernière pour la venue de Boichi vous avez édité un magnifique artbook aux couleurs de Sun-Ken Rock. Comptez-vous réitérer ce genre d'expérience ?
Fabriquer ce genre d'ouvrage se fait selon nos rencontres et nos coups de cœur. Les contacts que nous avions avec l'auteur avant le lancement de l'artbook étaient très bons et Boichi nous a envoyé des centaines d'illustrations... cela a clairement facilité la création de l'ouvrage ! Nous ne nous interdisons pas de réitérer ce genre d'expérience à l'avenir, à condition que nous ayons de bonnes relations avec l'auteur et que la série soit un succès commercial.



Vous êtes l'éditeur qui a fait connaître Boichi en France. Aujourd'hui cependant, on retrouve beaucoup d’œuvres de cet auteur chez vos concurrents. Vivez-vous cela avec amertume ou avec philosophie ?
Nous avons été un peu déçus de voir que certaines séries de cet auteur; sur lesquelles nous avions fait une offre; ont été éditées par certains de nos concurrents. Néanmoins, les liens très forts que nous avons tissés avec Boichi nous font espérer que nous avons toujours nos chance concernant l'acquisition de ses futures séries.


Quel bilan tirez-vous de ce premier semestre 2016 ? Quels sont vos meilleurs et moins bons lancements ? Comment se porte Hawkwood, un titre lancé cette année et qui a pour particularité d'avoir un scénario qui s'ancre dans l'histoire de France ?
Les six premiers mois de l'année ont été bons pour Doki Doki. Le lancement de Rising of the shield hero a été très bon, le tirage du premier tome a été totalement écoulé et nous avons dû lancer une réimpression. Gurren Five et Black Bullet ont également très bien marché. Lost Seven, sans être un grand succès, n'a pas pour autant été une déception au niveau des ventes. Dédale, qui est sorti il y a quelques jours, est également plutôt bien
accueilli, notamment sur Japan Expo où tous nos tomes 1 ont été vendus.

Concernant Hawkwood, je m'attendais à un public plus mature et donc moins vaste pour ce titre, mais finalement les ventes ont été une fois de plus satisfaisantes.
 
   
 
 
En 2017, vous comptez lancer une nouvelle collection qui aura pour nom "Kids". Pouvez-vous nous en dire plus ? Comptez-vous éditer des mangas kodomo ou allez-vous orienter ce label vers la publication d'ouvrage jeunesse hybrides comme le fait nobi nobi par exemple ?
Ça sera clairement du kodomo. Nous souhaitons pour le moment diversifier notre public et essayer d'atteindre une cible plus jeune, tout en profitant de la force de frappe de notre maison-mère Bamboo qui publie beaucoup d'albums pour les plus jeunes. Dans cette optique, les ouvrages de ce nouveau label auront un sens de lecture français et seront en couleurs. Le lancement du premier titre, qui sera réalisé par un auteur qui n'a jamais été publié en France, est prévu pour le premier semestre 2017.


Quel bilan tirez-vous de cette Japan Expo ? Tout au long de l'interview vous m'avez dit que plusieurs de vos titres étaient en rupture donc je pense que le bilan est plutôt positif ?
Le bilan est en effet positif pour nous !


On a pourtant l'impression qu'il y avait moins de visiteurs cette année...
Cette année était assez étrange concernant l'affluence sur le salon. Le stand a été pris d'assaut jeudi, et samedi a aussi été une très bonne journée. Par contre vendredi et dimanche ont été des journées plus calmes pour nous. Peut-être est-ce l'effet de l'Euro de football...


Remerciements à Arnaud Plumeri et à toute l'équipe de Doki Doki pour cet entretien.

Interview n°2

La Japan Expo a été l'occasion pour notre équipe de rencontrer Arnaud Plumeri, co-directeur éditorial chez Doki Doki. Une interview enrichissante durant laquelle M. Plumeri nous présentera les nouveaux titres à venir dans le catalogue de "l'éditeur qui palpite"...
  



   
  


Manga-news: Cette année, Doki Doki a sorti beaucoup de nouvelles licences. Votre stand pour la Japan Expo est plus grand que l’année dernière... Est-ce qu’on peut dire que tout marche bien pour Doki Doki?
Arnaud Plumeri: En tout cas, la collection marche de mieux en mieux. Je rappelle que nous n’avons que trois années et demi d’existence et pourtant,  nous avons des titres comme Sun-Ken Rock qui commencent à décoller très fort, donc c’est de bon augure pour le reste de la collection ! À titre d’information, on a un taux de progression en volume depuis le début de l’année de + 65%.



     
    
Sun-Ken Rock: beaucoup de communication, beaucoup de publicité. C’est votre titre phare?
Effectivement, dès le début on a senti qu’on tenait quelque chose, ne serait-ce que par son graphisme hors normes et ce mélange d’humour, d’action et de filles sexy. On a également vu que beaucoup de gens étaient complètement  fous de ce manga.
Sur notre stand, vous voyez que nous avons misé beaucoup sur le titre. C’est notre série phare et nous allons continuer à la pousser. Sun-Ken Rock vous réserve bien des surprises... en effet, le héros va prochainement partir en Italie pour d’autres aventures !





   
     
La parution française est très rapprochée de la version française. N’est ce pas un risque pour vous?
C’est vrai que l’on commence à rattraper la parution japonaise, ce qui va peut-être occasionner un espacement au rythme de sortie des prochains tomes... Mais l’attente n’est pas encore insoutenable !
Nous allons publier le volume 6 en septembre et le 7 en décembre.
   


         
Sur quel autre titre misez-vous pour pallier à la parution plus rare de Sun-Ken Rock?
Il y a une série complètement différente que nous avons lancée en avant-première à Japan Expo et en laquelle nous croyons beaucoup: Otaku Girls.
Si ce titre pouvait devenir notre Sun-Ken Rock au féminin, j’en serais très fier! Il s’agit d’une comédie sur les fans de mangas et de yaoi en particulier. L’héroïne, qui est complètement imprégnée par ses lectures de yaoi, imagine des histoires d’amour entre ses camarades de classe. Ce qui n’est pas sans poser problème puisque l’un de ses camarades est amoureux d’elle et se plie à tous ses désirs, allant même jusqu'à porter des oreilles de chats ! On retrouve dans cette série toutes les grandes thématiques du manga (cosplay, animé…).

         




    
    
Justement, la publication d'Otaku Girls est-elle une façon d'entrer dans le monde du yaoi par une voie détournée? Allez-vous publier des licences yaoi dans un avenir proche?
Non. En fait, nous sélectionnons nos titres selon nos coups de cœurs. Nous n'allons pas faire du yaoi parce que ce genre est dans l'air du temps et qu'il marche actuellement. Il y a beaucoup d’éditeurs qui font du yaoi, et qui le feraient de toute façon mieux que nous. Chez Doki-Doki, nous sommes deux hommes à choisir les titres et le yaoi n’est pas ce qui nous attire le plus, tout simplement. Nous essayons de sortir des titres que nous apprécions et dont nous sommes capables de parler avec conviction. Nous nous retrouvons davantage dans des comédies comme Otaku Girls, qui nous ont bien bidonnés, ou des titres à la Sun-Ken Rock. C’est plutôt cela, la direction dans laquelle on ira.


Avec l’Académie des ninjas, vous semblez également apprécier l'humour potache chez Doki Doki!
Oui. Ce qui nous a plu c’est le souvenir du dessin animé de notre enfance ainsi que l’humour old school. L'Académie des ninjas est une série de pur divertissement. Pas de quoi s’en relever la nuit mais on passe un bon moment ! C’est de plus une série courte (7 volumes), et je pense que les lecteurs sont assez avides de séries qui ne s’éternisent pas...
      

  
   
Pour une fois, vous avez une série qui a un “background”, ce qui n’est pas le cas de la plupart de vos titres. Comment arrivez-vous finalement à assurer la communication sur des titres que personne n’attend?
Justement, c’est peut-être ça aussi l’axe de communication : « Doki-Doki va vous proposer quelque chose d’un peu différent ». Le contre-pied est intéressant dans la communication.
Pour Otaku girls, nous avons communiqué sur  « la parodie des fans de yaoi ». Rien qu'avec cette petite phrase, on raconte beaucoup de choses. Je l’ai déjà vu aux réactions sur le forum de Manga-news et dans les commentaires du site: les filles ont tout de suite été enthousiastes. Et ça se confirme, car je fais face à des réactions similaires sur le stand Doki Doki durant cette Japan Expo !


Doki-Doki a commencé dans le manga avec des séries traitant des yokais. Nous avons ainsi eu Otogi Matsuri qui est sur le point de se terminer, le cortège des 100 démons qui a été arrêté, et enfin Shiori et Shimiko qui a rattrapé la publication japonaise. Comptez-vous publier d’autres séries du genre?
Pas dans l’immédiat. Il faut savoir que lorsqu’on lance une collection, on sélectionne les titres que l’on aime, mais sans avoir nécessairement un large éventail de choix. On a fait quelques erreurs de jeunesse dans la façon de communiquer, commercialiser ou distribuer certains mangas. Ces sujets ont déjà largement été évoqués l’année dernière… Notre ligne directrice en 2010 concernera des mangas qui ont un animé ou qui ont une forte propension à devenir « animables ». Je peux vous en présenter quelques uns:
En février 2010 paraîtra Break Blade, un seinen dont on sortira simultanément les 2 premiers numéros. L’éditeur Flex Comix vient d’ailleurs d’annoncer son dessin animé.
L’intrigue se situe dans un monde rétro-futuriste. Il s’agit d’une histoire de potes ayant effectué leurs études ensemble. Leur formation accomplie, ils regagnent leurs royaumes respectifs, L’un d’entre eux devient le roi d’une de ces nations, un autre militaire, un troisième retourne à la ferme et devient paysan. Par un jeu d’alliance, les différentes nations se retrouvent confrontées les unes aux autres et les amis d’enfance se retrouvent dans des camps opposés. Dans ce monde, les gens utilisent les méchas pour se défendre. L'histoire prendra très vite une tournure dramatique avec le fait que les amis d’hier soient devenus les ennemis d’aujourd’hui.
Deuxième titre à vous présenter, qui aura également droit à une adaptation animée: The Sacred Blacksmith, prévu pour avril 2010. Le personnage central est une apprentie chevalière qui part à la recherche d’un forgeron capable de  réparer l’épée dont elle a héritée de son père. Dans sa quête, elle va rencontrer différentes  personnes aux pouvoirs assez étonnants. Le tout se passe dans un monde loin d’être pacifique ! Graphiquement, c’est très sympa, et si vous avez l’occasion de voir le trailer de l’animé (qui doit paraître en octobre au Japon, ndlr), vous comprendrez tout de suite pourquoi ce titre, tiré à la base de romans à succès, nous a plu.
Pour finir, voici un titre assez atypique par rapport au courant traditionnel : Needles. Le titre japonais est « 7 milliards d’aiguilles », les aiguilles représentant les humains. C’est l’histoire d’une lycéenne un peu introvertie qui est frappée un jour par une boule de feu venue du ciel... Lorsqu'elle se réveille, elle retrouve en elle une entité extra-terrestre. Cette entité a pour mission de pourchasser le maelström,  une autre entité extraterrestre malfaisante cachée dans un des sept milliards d’humains, mais lequel ?  La sortie du premier tome de Needles est prévue pour mars 2010.
     

   
  
Parlons de Shiori & Shimiko. Le tome 6 est sorti au Japon. Est-il prévu chez vous prochainement?
Nous sommes obligés de caler nos plannings très longtemps à l’avance et la sortie au Japon du sixième opus de Shiori & Shimiko nous a pris au dépourvu. Je ne vous cache pas que cette série a un succès d’estime mais ne se vend pas très bien. Nous n’avons donc pas forcé pour la faire rentrer prochainement dans nos plannings... La série est plutôt en stand-by pour le moment.
   



On n’entend plus parler non plus de Geobreeders...
Pour mémoire, Geobreeders est un des quatre premiers titres que nous avons publiés.
Nous publierons le volume 13 de Geobreeders en août et vu que le volume 15 vient de sortir au Japon, nous avons un rythme assez approprié, il me semble. Sans parler que les ventes ne sont pas très bonnes en France.
     
 


 

Que pensez-vous de la rumeur persistante d’implantation des éditeurs japonais en Europe et surtout en France?
Pour l’instant nous travaillons avec une douzaine d’éditeurs japonais, mais pas avec les quatre très grands (Shueisha, Shogakukan, Kadokawa, Kodansha, ndlr). Je ne suis donc pas sûr que cela change grand-chose pour nous. De toute façon, tant que ce n’est pas fait, il est difficile d’en évaluer les conséquences. Nous considérons surtout le taux de progression atteint avec les éditeurs actuels.
 
   
Voulez-vous parler un peu du scantrad?
Certaines séries dont je vous ai parlé existent en scantrad. Pour un petit éditeur comme nous, il est certain que c’est à double tranchant. Le scantrad est utile dans une certaine mesure, car il permet de développer la notoriété de certaines séries peu attendues, de créer un buzz jusqu’à leur lancement. Quand la série est publiée en France, je suis moins convaincu de leur utilité…
Il m’est arrivé de contacter des équipes de scantrad pour leur dire que nous respections leur enthousiasme, mais que nous avions des contrats pour l’exploitation de certains titres et pour leur demander d’en arrêter la diffusion. Cela s’est toujours bien passé. Les gens nous sont reconnaissants de publier le manga qu’ils avaient également repéré et sont contents d’avoir contribué à le faire connaître. Une fois que le titre est publié légalement, le scantrad s’arrête et c’est très bien ainsi.
  
 
Vous avez sorti beaucoup de mangas culinaires, avec dernièrement Café Dream. Est-ce que la publication de ce genre de titres va devenir une case récurrente à remplir dans votre catalogue?
Nous avons toujours cherché à avoir des titres un peu différents. Nous avons pensé que le culinaire était une façon de se démarquer un peu. En 2010, des séries comme Café Dream se poursuivront, mais pour l’instant, pas d’autre série culinaire n'est prévue.
    

   


    


Vous travaillez sur des créneaux de séries très étroits…
Comme nous nous sommes fixés pour règle de ne pas dépasser cinq sorties par mois, avec des séries au rythme de parution bimestriel, il arrive un moment où l’on ne peut plus ajouter d’autres séries au planning. Pour nous, 2010 est verrouillé, donc si culinaire il y aura, ce sera en 2011. Cinq mangas par mois, c’est la limite pour travailler correctement les titres.


Après Full ahead! Coco, vous avez sorti Dämons du même auteur. Yonehara est un auteur sur lequel vous miser beaucoup...
C’est un auteur que nous avons déjà bien défendu puisque Full ahead! Coco était notre première longue série. Preuve que l’on apprécie cet auteur, nous avons signé Dämons en 13 volumes et nous avons réalisé des spots TV pour le promouvoir.
Donc oui, nous misons beaucoup sur Yonehara!
      

   
    
Le fait de publier Dämons est un peu votre façon de toucher au patrimoine de la BD japonaise, alors que ce n’est probablement pas votre ligne éditoriale?
Il est évident que le nom de Tezuka est un plus pas du tout négligeable si l’on peut toucher quelques milliers de fans supplémentaires. Publier est un tel titre est donc commercialement intéressant. Mais ce que nous avons préféré, c’est l’histoire qui nous parlait et nous plaisait. 
   
 

Otogi Matsuri se termine et l’auteur commence une nouvelle série, Btooom!, est-elle prévue dans votre programme?
Avec les échos positifs suscités par Otogi Matsuri, Junya Inoue va devenir un auteur convoité et dans ces cas-là, on ne peut rien vous promettre. Nous sommes très attentifs à son parcours quoiqu’il arrive. Nous avions suivi Osada sur C :[si :], Magara et Gear rally. Il se trouve qu’il avait fait le spin-off sur Raoh, le frère de Ken le survivant. La série à logiquement été publiée par un autre éditeur. Il se peut que d’autres choses du même ordre se passent à l’avenir...
   


Nous vous laissons conclure avec votre message aux lecteurs de Manga-news.
J’espère que les lecteurs de Manga-news qui ne nous connaissent pas encore bien auront envie de découvrir notre catalogue. Même si vous n’êtes pas réceptifs à tout, il y a des titres pour chacun d’entre vous. Je vous remercie de votre enthousiasme et des messages que vous laissez. Nous le voyons sur notre stand, la relation directe avec le public est très importante et, mine de rien, vos commentaires nous apportent des idées. Le fait de noter le nombre total de tomes à paraitre au dos des volumes, au dessus du code-barres vient de vos commentaires. C’est un exemple parmi  tant d’autres qui prouvent que nous tenons compte des remarques de nos lecteurs !


Merci beaucoup!
Merci à vous !

Interview n°1

C'est après de bonnes vacances bien méritées et surtout à l'occasion des 10 ans de Bamboo Editions, qu'Arnaud Plumeri, responsable manga et communication pour leur label Doki Doki, s'est prêté au jeu des questions/réponses et nous a accordé cet entretien.







Mangas-news: Pour commencer, pouvez-vous nous dire comment sont nées les éditions Doki-Doki et vous présenter?

Arnaud Plumeri: Bonjour à tous et toutes. Doki-Doki est le label manga de Bamboo Edition, le 6e éditeur de BD en France, qui a fêté ses 10 ans cette année.
Comme tout éditeur qui se veut généraliste, Bamboo souhaitait avoir une branche manga depuis quelques années mais ce n’est qu’après une rencontre entre Jean-David Morvan et Olivier Sulpice, le patron de Bamboo, que cela a été possible. Nous cherchions un bon directeur de collection et Jean-David nous a conseillé Sylvain Chollet, traducteur émérite et bon connaisseur de mangas. Le courant est très bien passé avec Sylvain et la collection Doki-Doki a pu naître en avril 2006. Et moi dans tout ça? Eh bien, je suis avant tout fan de BD au sens large (je tenais même un site de chroniques dès la fin des années 90), j’ai rejoint Bamboo en 2002 et depuis le début je prends beaucoup de plaisir à essayer de développer Doki-Doki, notamment au niveau de la communication. Je suis en quelque sorte le correspondant français de Sylvain Chollet, puisqu’il réside à Tokyo.   


Que signifie Doki-Doki?


C’est l’onomatopée utilisée en japonais pour exprimer une forte émotion, quand le cœur s’emballe. Un terme qui correspond parfaitement à notre envie de partager nos coups de cœur avec les lecteurs.


Pouvez-vous définir votre politique éditoriale?


Notre ligne directrice générale est de créer des surprises aux lecteurs français en leur faisant découvrir des titres de qualité souvent méconnus car un peu en marge de la grosse artillerie commerciale et ne bénéficiant donc pas d'une grande notoriété préalable.
Nous avons un fort axe shônen – seinen qui constitue la majeure partie du catalogue, avec cependant de belles nuances entre les titres, qui vont par exemple du manga gore (Reiko the zombie shop) au manga de loubards (Ping Pong Dash!! ou Sun-Ken Rock), en passant par le genre coquin (GCU).





Nous essayons aussi de publier de titres qui brillent par leur originalité, je pourrais citer, dans deux registres très différents, Shiori & Shimiko (de l’horreur très décalé, y compris dans son graphisme) ou Aya, conseillère culinaire (avec ses fiches cuisine).
Et par petites touches, nous publierons des shôjo que nous jugerons dignes d’intérêt.
Nous sommes très sensibles aux mangas qui dévoilent des pans de la culture japonaise. C’est pourquoi nous avons publié Morohoshi, auteur très respecté au Japon mais méconnu en France, ou plusieurs titres autour des yôkai (Yamikagishi, Otogi Matsuri).





Cela fait trois années que les éditions Doki-Doki ont été créées. Quel bilan en tirez-vous aujourd'hui?


Nous avons clairement fait du chemin mais la route est encore longue pour devenir un gros éditeur. Au niveau des ventes, nous avons des taux de progression de l’ordre de 80 à 100%. Les mauvaises langues diront que c’est parce que nous partions de bas mais ce sont des chiffres particulièrement encourageants. Au niveau du catalogue, je pense qu’il gagne en qualité chaque année. De nouveaux éditeurs japonais nous ouvrent leurs portes, signe que nous commençons à faire nos preuves. Nous travaillons aujourd'hui avec un peu plus d'une dizaine d'éditeurs, ce n'est pas rien.
En apprenant le métier d’éditeur de manga, nous avons fait quelques erreurs de jeunesse. C’est très dommageable mais c’est aussi comme cela que l’on progresse. Et 2009 s’annonce comme une belle année pour Doki-Doki, au moins du point de vue éditorial.


Actuellement, quelles sont vos forces dans un marché du manga qui tend à se stabiliser?


Posez la question à tous les éditeurs de manga. La plupart vous répondront la pertinence de leurs choix éditoriaux. C’est notre cas. Je pense qu’il y a une cohérence entre nos titres, on peut passer d’un manga Doki-Doki à un autre sans tomber des nues.
Autre atout: Sylvain Chollet. Avoir un directeur de collection qui parle couramment japonais et qui réside à Tokyo est un plus indéniable. Nos partenaires japonais, en particulier, apprécient d'avoir un interlocuteur proche d'eux.

Doki-Doki est une petite structure au sein d’une grande maison d’édition, Bamboo. Cela nous confère une certaine flexibilité et une certaine aisance financière et commerciale.
Je pense aussi que nous sommes proches de nos lecteurs. J’estime que, quelle que soit sa taille, un éditeur doit garder une dimension humaine, que le lecteur sente qu’il y a quelqu’un derrière le livre. Nous essaierons de garder ça à l’esprit.


Pensez-vous qu'Internet soit un média déterminant pour la promotion de vos titres? A ce sujet, quelle est votre politique actuelle et à venir?


Déterminant, c’est le mot pour un petit éditeur comme Doki-Doki! D’abord, parce qu’il n’y a pas énormément de média de presse écrite, radio ou encore moins TV qui traitent du manga. Ensuite, pour l’instantanéité du web: on poste une information et on sait tout de suite si ça plaît, par le nombre de visiteurs ou les commentaires de ces derniers. C’est hyper important d’avoir le retour de nos lecteurs.
Le lectorat manga est le plus dynamique et inventif de tous les publics BD, cette chose moderne que l’on appelle « web » leur correspond donc à merveille.
Enfin, n’oublions pas l’aspect économique: publier un chapitre de manga en ligne coûte moins cher qu’imprimer des extraits sur papier.
Nous avons plein de projets pour le web, le premier sera la refonte de  www.doki-doki.fr pour le rendre davantage participatif (sans vouloir plagier Ségolène) et améliorer son contenu et son référencement.


Quel bilan tirez-vous de la Japan Expo?


La Japan Expo est un bon indicateur pour un jeune éditeur comme nous. En 2006, c’était notre première participation, nous avions à peine trois mois d’existence et personne ne nous connaissait. L’année suivante, notre notoriété était meilleure mais il fallait souvent raconter le contenu de nos mangas. Et cette année, nous avons eu la bonne surprise de recevoir beaucoup de visiteurs qui savaient précisément quels titres ils voulaient. Pourvu que ça continue !
Au niveau du festival en lui-même, on peut toujours trouver à redire mais je suis content de l’ambiance qui s’en dégage. Le public est bon enfant et l’ambiance plus agréable que dans bien des salons de BD franco-belge


De quelle manière choisissez-vous vos licences?


En résidant à Tokyo, notre directeur de collection a une position privilégiée. Il est le premier au courant des nouvelles séries et peut se déplacer à tout moment pour rencontrer les éditeurs japonais. Il fait une première sélection de titres qui lui paraissent intéressants (chose importante : il lit tous les volumes disponibles pour savoir si l’histoire tient la route) et nous en discutons. Nous essayons de prendre en compte les aspirations du public français et de voir ce qui pourrait faire office de bonne surprise. Il est aussi primordial, à mon avis, de croire en ce que l’on publie. Nous sommes les premiers lecteurs de nos titres, et je ne m’imagine pas devoir défendre une série que je déteste…
    


Après Aya, conseillère culinaire, vous publiez Le restaurant du bonheur. Comment fut l'accueil du public face à ces titres et comptez-vous continuer à éditer des séries "gastronomiques"?


Oui, nous avons un autre manga culinaire sur les tablettes en 2009. Ce qui est intéressant avec ce genre de titres, c’est qu’ils amènent au manga de nouveaux lecteurs, habituellement habitués au franco-belge (rendez-vous compte, ma mère a lu Aya, conseillère culinaire!).

 


Peut-on espérer des mangas qui nous parlent d'autres professions? Par exemple, a quand un manga sur les salary men?


Des professions, il y en aura, oui. Dans l'immédiat, il y a Tokyo Toybox (qui vient de paraître en septembre) qui vous propose de suivre un studio de développement de jeux vidéo. La série se poursuivra en 2009 avec Giga Tokyo Toybox. C'est un titre très séduisant par différents aspects et nous avons en particulier beaucoup aimé l'attitude du personnage principal qui est animé par sa passion sans concession pour son travail.
Désolé mais je ne peux pas vous en dire plus. Il faut que je garde des cartouches pour la prochaine interview ;-).



Doki se caractérise également par la présence de titres à l'univers très atypique. Je pense notamment à "Shiori & Shimiko" et "Reiko the zombie shop". Comptez-vous éditer d'autres séries de Mikamoto Rei? Pouvez-vous nous en dire plus sur la parution japonaise de Shiori & Shimiko? Le dernier volume de cette série est sorti il y a quatre ans... Morohoshi prend son temps ou a mis la série en pause pour se consacrer à d'autres projets?

Désolé, mais pas nouveau titre de Mikamoto en 2009. Peut-être en 2010 !
Quant à Shiori & Shimiko, le volume 6, « Histoires à frémir », vient de sortir au Japon il y a quelques mois. Morohoshi a fait une pause d'un an ou deux pour se consacrer à d'autres travaux avant de reprendre la série, mais son rythme de parution est très lent, ce qui n'est pas très gênant dans la mesure où les histoires sont toutes auto-conclusives.
De notre côté, il sera difficile d’ajouter ce titre à notre planning 2009, qui est déjà quasiment bouclé. Nous veillons en effet à ne pas dépasser un certain nombre de titres par mois, de peur que cela se fasse au détriment de la qualité des ouvrages.


Votre catalogue s'enrichit de titres très déjantés comme "Sun Ken rock" ou "Ping pong dash"... Vos lecteurs peuvent-ils espérer des titres du même genre prochainement?

Oui, c’est clairement dans nos centres d’intérêt. Vous devriez à mon avis entendre beaucoup parler de Sun-Ken Rock dans les mois à venir, ce titre est une tuerie dans tous les sens du terme!
En octobre, nous aurons Les Triplées qui n'est pas mal non plus dans le genre déjanté. Et en début d’année 2009, nous ouvrirons une page rétro et potache avec L’Académie des ninjas, dont le dessin animé a eu son petit succès dans les années 1990.




Pouvez-vous nous en dire plus sur Les Triplées? Cette série cartonne au Japon...


C’est un manga d’humour complètement déjanté. Il met en scène 3 sœurs aux caractères bien différents qui multiplient les catastrophes partout où elles passent. Il s’agit d’une des séries phares de l’éditeur Akita Shoten (Full Ahead ! Coco, Ping Pong Dash…) et du magazine Champion, avec cet humour ravageur dont les Japonais ont le secret.
La série compte pour l’instant 5 volumes.

Après GCU et We need kiss, comptez éditer d'autres oeuvres de Saitani, ou plus généralement des titres un peu "sexy"?

Tout à fait. Nous publierons en 2009 un titre gentiment coquin, dans la veine de Bambina que vous avez pu découvrir récemment. Pas de Saitani en 2009, cependant.

At laz meridian est votre premier titre clairement destiné à un public féminin. Pourquoi se mettre au shojo maintenant? Allez-vous enrichir votre catalogue d'autres séries shojo?

Nous avons tout de même lancé notre collection avec Le Cortège des cent démons qui, au Japon, s'adresse au départ à un public féminin. D'ailleurs Shiori & Shimiko qui est publié dans le même magazine, s'adresse lui aussi en priorité à des jeunes femmes.
En revanche, si nous n'avons pas encore développé de ligne shôjo au sens « comédie romantique pour adolescentes », je crois d’abord que cela vient du fait que ce sont des hommes qui choisissent les titres de Doki-Doki! Nous avons plus de mal à rentrer dans les titres shôjo s'adressant par exemple à une cible collégienne. Nous cherchons des histoires qui nous parlent, donc sans doute relativement matures, et ça a été le cas avec At Laz Meridian.



Outre ses magnifiques dessins, nous avons apprécié l’atmosphère qui se dégageait de ce manga où l’héroïne est propulsée au temps des Chevaliers de la Table Ronde et se lie d’amitié avec un certain Lancelot. C'est un shôjo qui peut être suivi par les filles comme par les garçons.
2009 verra l’apparition d’un autre shôjo dans notre catalogue, une comédie qui devrait particulièrement parler aux fans de manga…


Pour conclure, une question un peu personnelle... Quel est le titre de votre catalogue dont vous êtes le plus fier?

Arg! Pour moi, c’est comme devoir choisir entre ses enfants !
Si je prends les trois premiers qui me viennent à l’esprit: Full Ahead ! Coco, parce que c’est vraiment de l’aventure comme j’aime, avec des rebondissements, des personnages qui s’étoffent au fil des volumes  et un humour omniprésent (je ne me suis jamais remis de la bataille à coup de pincettes avec les doigts de pied du volume 8) ; Sun-Ken Rock, jubilatoire avec ses bastons spectaculaires, ses femmes aux formes généreuses et ses moments de délire total ; Otogi Matsuri, tout simplement magnifique, avec ses yôkai monstrueux.
J’invite vivement les visiteurs de Manga News (que je salue au passage) à découvrir ces titres!




Interview réalisée par shinob.