Asuka - Actualité manga

Interview

Entretien avec Jérôme CHELIM - Responsable presse chez Asuka





Manga news: Pourrais tu revenir sur la naissance d’Asuka, comment cela s’est-il déroulé?

Asuka était d’abord une structure indépendante, fondée par Renaud Dayen et Raphaël Pennes. Ensuite, par une volonté de développement, nous nous sommes associés à Soleil. Maintenant Asuka fait partie du groupe Kaze, éditeur sur le marché du DVD.


MN: Comment définiriez vous votre politique éditoriale et comment choisissez vous vos titres?

En fait, les éditions Asuka sont une petite structure. Nous n’avons peut-être pas les moyens financiers de grands groupes comme Kana ou Delcourt, mais notre objectif est de représenter tous les différents courants de titres que l’on retrouve au Japon. Nous ne sommes pas dans ce qu'on appelle le «mainstream», mais on essaie d’obtenir les droits de petits titres qui ont leur impact et leur importance!

La première collection Yuri en France, c’était Asuka. La première collection Yaoi, c’était Asuka. Bien que Tonkam est sorti les premiers titres Yaoi, nous avons la première collection Yaoi à part entière. Donc l’objectif, c’est vraiment le «manga autrement»; de sortir des séries qui représentent bien tout le panel du marché Japonais.


En effet, vous sortez de plus en plus de Yaoi, et même si les autres éditeurs suivent le mouvement, comptez vous restez dans ce créneau?

Oui, on va continuer à développer des secteurs, des collections qui ne sont peut être pas très abordées. Nous avons la collection Pulp, une collection Hentai que nous allons essayer de développer. On va faire des titres très pointus dont notamment «Junk Stories» de Oh Great, «Peach»  de U-Jin qui est du Hentai avec de l’humour et des situations complètements hallucinantes. Nous avons 2 histoires très différentes réalisées par deux mangakas de renom.  Au final la collection PULP! propose des mangas sans demi-mesure.

Femmes pulpeuses, intrigues amoureuses … Le sexe est soit traité sous l’angle de la comédie (Peach !) soit de manière intense (Naked Star). Deux titres au traitement différents dans une même collection. Nous avons pour objectif de développer les autres collections sur ce modèle. Par exemple, dans la collection «Boy’s love», on a «Color» qui est une histoire d’amourette entre collégien, très fleur bleue et «Pure Love» qui est beaucoup plus «sexplicite»!


Récemment vous avez été acheté par Kaze, est ce que cela change quelque chose pour vous?

Pas du tout, on garde notre indépendance au niveau de la politique éditoriale. Là dessus il n’y a pas de souci, mais il vrai que cela nous apporte des opportunités que l’on aurait peut être pas eues auparavant, comme le «cross marketing», de la promotion croisée. Par exemple, pour «Le chevalier d’Eon», on offre le premier épisode de l’anime avec le manga, «He is my master» de même. Il y a «Ken» où l’on fait une sortie simultanée du manga qui sort le 15 et du film qui sort le 14. Tout ceci nous permet d’avoir une visibilité beaucoup plus forte!


Récemment vous avez particulièrement mis en avant Hokuto no Ken…

C’est le plus gros titre d’Asuka historiquement, c’est le plus gros tirage, c’est notre plus grosse licence, notre petit bébé, on en est fier, on est vraiment content de l’avoir!



Et vous avez beaucoup investi pour le mettre en avant!

Absolument! Là on essaye de faire un maximum. L’espace Ken sur le Japan Expo en est un parfait exemple, c’est une centaine de mètres carrés avec ses décors totalement «destroy» de l’univers «Hokuto no Ken». Même si il s’agit plus d’un travail de Kaze, nous en sommes très fier.


Pensez vous qu’Internet soit devenu un média déterminant dans la promotion des titres?

C’est une évidence! Surtout pour notre marché, le milieu du manga. Hormis Animeland, Coyote et Japan Vibes il y a peu de supports qui s’intéressent à la culture pop Japonaise de manière générale, aux mangas, à la Japanime…C’est sur Internet que l’on trouve des blogs sur les fans de Yaoi, on en trouve nulle part ailleurs. Dans la presse on en parle beaucoup moins.

C’est beaucoup plus difficile d’obtenir un article sur le Yaoi, même dans la presse manga, sans même parler de la presse généraliste, alors que sur Internet on peut trouver des supports qui sont très intéressés pour parler de ces titres. Ils sont content que le Yaoi arrive enfin en France!
Donc oui, pour moi Internet permet une exposition incroyable! Il est évident que des sites comme Manga-News sont vitaux pour nous!


Mais en contre partie, on y trouve du scantrad…

C’est sûr qu’il y a ses dérives, le scantrad, le fansub. Ca joue contre nous et ça joue pour nous: ça permet de faire découvrir des séries mais en même temps il y a certaines personnes qui ne sont pas prêtes à réinvestir de l’argent dans quelque chose qu’ils ont déjà lu!


Hormis Ken, vous ne sortez pas de gros titres très médiatisés, est-ce que vous ressentez les effets du scantrad de le même manière?

Non, mais l’effet reste indéniable, notamment pour le Yaoi. Les fans sont tellement contents que les titres sortent en France qu'ils foncent dessus et les l’achètent! Nous avons un blog dédié aux «Boy’s love». Je prends cet exemple parce que je trouve qu’il s’agit d’un exemple très concret au niveau d’Internet.

C’est quelque chose qui n’existe pas sur le marché mais on en trouve juste des milliers à télécharger! Nous avons des commentaires sur notre blog dédié aux «Boy’s love» qui nous disent qu’ils ont lu les scans en versions japonaise, en anglais, qu’ils possèdent le titre en version américaine mais qu’ils vont l’acheter en français quand même! Il y a une demande très forte.
Après, je ne dis pas qu’il ne faut pas se méfier de tout ça, il faut être à l’affût, les nouvelles technologies dans le milieu du livre peuvent être un danger...


Asuka a ouvert des portes, il y a de quoi être fier!

Tout à fait, nous sommes plutôt fier du travail accompli. Asuka à été le premier éditeur en France à utiliser le format Bunko, à avoir fait une collection Yuri, et là la collection Boy’s Love qui est une collection à part entière... Le chemin parcouru depuis la création a effectivement de quoi satisfaire ! 


Quel bilan tirez vous de ces cinq années d’existence?

Je ne suis pas là depuis le début, mais je pense qu’Asuka s’est fait une place dans le marché du manga! A l’époque où Renaud (Dayen) et Raphaël (Pennes) ont lancé Asuka, je ne suis pas certain qu’ils s’imaginaient qu’à un moment donné nous aurions Ken dans notre catalogue! Mais nous restons encore un petit éditeur. Nous n’avons pour le moment aucun titre se trouvant régulièrement dans le Top 20 des meilleures ventes. Par contre nous arrivons dans le Top 50 avec des titres comme «Shinobi life»


Pour conclure, pouvez vous nous annoncez quelques surprises à venir?

Nous voulions annoncer, sur le salon, Dorothea, qui va sortir en Octobre 2008, mais l’info est déjà sur le net, notamment sur Manga-News. Mais je peux annoncer qu'Asuka a récupéré les droits d’un autre Tezuka, et pas des moindres, à savoir «Le roi Léo», donc début 2009 on pourra le retrouver chez Asuka!


Quelque chose à rajouter?

J’espère que tous les lecteurs de manga sont contents de notre travail. En tout cas, tout le travail effectué, c’est pour eux qu’on le fait!


Merci beaucoup!


Entretien réalisé à Japan Expo - juillet 2008 par Erkael