Persona 4 - The Animation - Actualité anime

Critique de l'anime : Persona 4 - The Animation

Publiée le Vendredi, 06 Février 2015

Sorti en Juillet 2008 au Japon, Persona 4 est le quatrième épisode de la saga vidéo-ludique d’Atlus, dérivée de la franchise Shin Megami Tensei. Le jeu a connu un grand succès, si bien que la nouvelle se dévoile en Mars 2011 : le titre aura droit sa propre adaptation animée. Diffusée d’abord en simulcast via la plateforme V.O.D de Kazé, la série a ensuite connu son édition DVD et Blu-ray, à travers trois coffrets « combos ».

Persona 4 The Animation, comme dans le jeu, nous mène au cœur d’Inaba, petite ville rurale entourée de brouillard. C’est ici que va vivre Yû Narukami, plus précisément chez son oncle et sa jeune cousine, et ce durant un an. A peine le héros se fait à sa nouvelle vie lycéenne qu’un drame frappe la bourgade : une série de meurtres a lieu, dans des circonstances très étranges. Au même moment retentit la légende de la Midnight Chanel : En scrutant un écran de télé éteint à minuit, un soir pluvieux, chacun pourrait voir apparaître son âme-sœur. Seul bémol, les visages qui apparaissent sont ceux des victimes, peu avant leur décès.
Yû et ses compagnons découvrent rapidement un monde parallèle au-delà des écrans de télévision, un monde où sont projetées et tuées les victimes, un monde peuplé de créatures hostiles nommées « Shadow », et un montre où nos héros sont capable d’invoquer des entités issues de leur inconscient : les Personae.

Adapter un jeu de plus de 70 heures en une série de 25 épisodes (26 si on compte l’OAV conclusive), le pari était risqué. Le plus dur étant de donner à la série une tonalité satisfaisante car au-delà du simple RPG se cache une double identité : d’une part la quête principale, une intrigue sombre et complexe, sur fond d’enquête et de combats surnaturels, mais aussi une dimension tranche de vie où Yû (le joueur en l’occurrence) forgeait des liens sociaux qui venaient appuyer le gain d’expériences et servaient parfaitement le gameplay. Nous nous retrouvons alors avec deux catégories d’épisodes : ceux plutôt sombres qui font avancer l’intrigue, et des épisodes plus légers, très axé humour et fan-service, adaptant les events du jeu et les liens sociaux, jouant principalement dans la tranche-de-vie. Les deux ambiances étant nettement différentes, certains auront du mal avec la transition, sans compter que si dans le jeu les liens noués par le héros ont un impact sur le gameplay, ce n’est pas le cas dans l’anime où les personnages issus de ces relations n’ont aucun vrai rôle dans l’intrigue. Leur présence résulte uniquement d’un souci de fidélité au soft d’origine, mais aussi pour satisfaire le joueur qui retrouve les personnages avec lesquels il a noué de puissants liens dans le jeu.

Intéressons-nous d’abord à l’intrigue elle-même, cette enquête surnaturelle mêlée à une aventure à travers le monde de la télé. Nous avons affaire à du polar surnaturel où se côtoient investigations et combats d’entités. Au départ, la recette est simple et répétitive : nos héros partent secourir une potentielle victime du tueur dans le monde de la télé, victime qui éveillera sa propre Persona et rejoindra l’équipe d’investigation. Les protagonistes sont ainsi introduits au compte-goutte, l’avantage étant que le récit peut insister longuement sur eux. Chacun se retrouve donc correctement développé.
Puis, une fois les principaux personnages présentés, l’enquête fait un immense bon en avant et le scénario dévoile tout son potentiel. Fausses pistes, rebondissements à tout va, manipulations, entités maléfiques… tous ces concepts forment la véritable intrigue de Persona 4, d’ailleurs difficilement prévisible. Ceux qui ont joué au jeu n’auront aucune surprise mais prendront plaisir à retrouver un des récits les plus complexes du RPG de ces dernières années. La mise en scène, détonante, retranscris au mieux l’atmosphère mystérieuse, parfois tragique, mais aussi intense de l’histoire. En revanche, le format assez court de la série a poussé scénaristes et réalisateur à ne pas perdre de temps, si bien que le rythme est peut-être trop rapide pour celui qui n’a pas fait le jeu. Parfois, la traversée d’un donjon prend un demi-épisode, autant dire que c’est peu.

Dans cette grande intrigue, le concept phare est celui des Personae, les entités issues de l’inconscient de chacun, une fois que l’individu a accepté sa part d’ombre. Le concept peut paraître complexe mais il n’en est rien et rapidement, le spectateur se sera familiarisé avec ces entités rappelant les Stand de Jojo’s Bizarre Adventure (saga qui a inspiré Persona, de par ses entités et leur lien aux cartes de tarot). Chaque Persona a ses attributs, permettant d’apporter des combats survoltés et explosifs en général. Les fusions sont aussi de la partie et pour retranscrire justement cette caractéristique des jeux au format de série TV, les scénaristes ont trouvé la bonne combine. A chaque lien social forgé (dans l’arcane adéquate est présentée systématiquement dans le générique de fin), Yû se voit doté d’une nouvelle entité qu’il pourra combiner avec d’autres pour en former des plus puissantes. La formule est classique mais fonctionne bien, permettant de rester fidèle à l’esprit du jeu tout en donnant à la série un côté nekketsu marqué par cette montée en puissance des Personae.

Puis, en parallèle se trouve une intrigue purement lycéenne narrant le quotidien de Yû dans la ville d’Inaba, ponctué de petits boulots, des journées de cours et de rencontres diverses et variées. Le récit joue souvent la carte de l’humour et tente de dépeindre le mieux possible les personnages secondaires du jeu, les fameux « Social Links » avec lesquels le joueur nouait des liens. On découvre alors des personnages ordinaires au background relativement simple mais qui ne part jamais dans le mélodramatique, soulevant des problèmes du quotidien. Dans le jeu, cet aspect jouait beaucoup à la dimension conviviale du quatrième opus sans compter que la découverte d’un individu se faisait progressive. Mais ici, un épisode se consacre à un ou plusieurs personnages qui finissent presque aussitôt aux oubliettes, mise à part une apparition rapide à l’écran en fin de série. Néanmoins, jongler ainsi entre les deux aspects du jeu n’était pas chose évidente, surtout sur ce format. A moins que l’anime ait compté une cinquantaine d’épisodes, le choix d’adaptation est ici l’un des plus judicieux. Sur un nombre d’épisodes plus conséquent, il est évident que le traitement de ces personnages aurait été autre.
Soulevons aussi que ces épisodes permettent d’apprécier le petit groupe de héros dans des séquences plus légères, appuyant les liens entre les protagonistes, tout en apportant beaucoup d’humour et surtout pas mal de fan-service. Avant d’entamer le grand rush de la fin de l’histoire, l’anime nous propose quelques épisodes très centrés sur la troupe d’amis, narrant kermesse scolaire, auberge et bains collectifs… tout pour satisfaire le fan !

Visuellement, la série est des plus réussies. Le choix des couleurs est particulier, moins chaleureux que dans le jeu vidéo. Du point de vue visuel, il existe un contraste entre le jeu et l’anime, notamment sur le plan du chara-design. Kazuaki Morita a pris le relais de Shigenori Soejima et force est de constater que le trait a perdu de sa finesse et de son élégance. Néanmoins, la série se rattrape par une animation très bien réalisée et de superbes effets visuels autour des entités et leurs assauts, donnant lieu à des combats réellement attractifs.
L’ambiance sonore du jeu est conservée puisque de nombreux thèmes musicaux sont directement repris. Shoji Meguro étant toujours en charge de la bande sonore, les nouvelles compositions entrent en phase avec les anciennes. Aussi, les trois chanteurs phares des épisodes 3 et 4 de la saga que sont Yumi Kawamura, Shihoko Hirata et Lotus Juice sont de la partie pour de nouvelles chansons servant soit de générique, soit d’insert song. Une nouvelle fois, l’ambiance pop et légère est la bienvenue, il est rare que de telles compositions aient un tel effet et desservent aussi bien l’ambiance d’une série. A titre d’exemple, la chanson « Honto no Kimochi » de Shihoko Hirata donne toute sa beauté au happy end de la famille Dôjima.

Pour l’édition, Kazé nous propose trois coffrets, chacun d’entre eux comprenant deux DVD et un blu-ray. Ainsi, les deux supports sont proposés dans une même édition, un mal pour un bien car si les futurs possesseurs de plateforme blu-ray y verront un avantage, la conséquence sur le prix est bien là, et plus de 100 euros un anime de 26 épisodes sans doublage français n’est pas à la portée de toutes les bourses.
Du côté du contenu, seulement une VOSTFR donc, avec une adaptation de bonne facture. L’édition est pauvre en suppléments, proposant seulement les génériques et quelques épisodes bonus sans aucun rapport avec la série, autour d’un étrange ninja. Néanmoins, le troisième coffret propose l’OAV adaptant la vraie fin du jeu et permet ainsi au spectateur d’avoir accès aux dernières révélations, mettant un point final à la série. Si Kazé n'a pu proposé le film condensé de la série intitulé Persona 4 The Animation : The factor of hope, gageons que ce dernier est très discutable dans son utilité, n'étant en réalité qu'une version longue de l'OAV conclusive.

Globalement, Persona 4 The Animation est une très bonne adaptation du jeu vidéo quasi éponyme. Malgré les difficultés de porter à l’écran ce soft à double facette, l’équipe des studios A.I.C ASTA s’en est sorti avec brio. Les fans prendront plaisir à retrouver à l’écran ce brillant scénario et ses personnages attachants ainsi que cette réalisation aux petits oignons, malgré quelques légères lacunes. Néanmoins, étant donné le rythme un poil rapide de la série, il est conseillé de faire le jeu en premier lieu. Persona 4 The Animation est en effet réservé avant tout aux fans et doit compléter l’épopée vidéo-ludique.

Cette première adaptation directement issue des jeux vidéo (Persona –Trinity soul- étant un scénario original bien que faisant suite à Persona 3) est une réussite. Depuis, d’autres montures animées ont vu le jour, ou ont été annoncées. Persona 3 fait ainsi l’objet d’une saga de films d’animation, et le remake de Persona 4, intitulé Persona 4 The Golden, aura aussi droit à sa version animée, par les studios A-1 Pictures cette fois, et portera le nom de Persona 4 The Golden Animation. La comparaison entre ce futur anime et celui traité ici sera donc inévitable, et très certainement intéressante !

Chroniqueur: Takato

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