Monster Musume no Iru Nichijô - Actualité anime
Monster Musume no Iru Nichijô - Anime

Monster Musume no Iru Nichijô : Critiques

Critique de l'anime : Monster Musume no Iru Nichijô

Publiée le Vendredi, 20 Octobre 2017

Depuis quelques années, le sous-genre des "monster girls", filles monstrueuses, semble avoir le vent en poupe au Japon, et cela commence petit à petit à se ressentir en France, avec des titres comme Freaky Girls ou A Centaur's Life qui sont arrivés cette année. Cela dit, l'oeuvre la plus populaire du genre est à chercher quelques années auparavant, avec Monster Musume, sans doute le nom auquel les fans d'animes pensent le plus quand on évoque le phénomène des "monster girls".



A l'origine de Monster Musume, on trouve un manga démarré en 2012 et signé Okayado, un artiste qui ne s'est pas arrêté là dans ce registre puisqu'on lui doit aussi le one-shot Deadline Summoner ou le manga 12 Beast (inédits en France). En plus d'acquérir assez vite une certaine popularité au Japon, l'oeuvre s'est taillée une place de choix dès le début de sa publication aux Etats-Unis, et s'y est classée dès lors de façon régulière dans les tops vente tous types littéraires confondus, en faisant alors un étonnant best-seller. Jusqu'à présent inédit en France, ce titre atypique arrivera enfin très bientôt grâce aux éditions Ototo Manga, qui le publieront à partir de début novembre.



Bien que populaire dès l'arrivée du manga original, Monster Musume est une oeuvre qui s'est réellement faite connaître à l'international à parti de 2015, année de diffusion de son adaptation animée. Diffusés de juillet à septembre cette année-là, les 12 épisodes qui composent la série ont eu droit à une diffusion en simulcast vostf sur la plateforme Crunchyroll, où ils sont toujours disponibles.
A la production de cette version animée, on retrouve le studio Lerche, auquel on doit notamment Assassination Classroom, Re:Hamatora, DanganRonpa 3 ou encore Classroom of the Elite. La réalisation a été confiée à Tatsuya Yoshihara (Black Clover), l'écriture à Kazuyuki Fudeyasu (Black Clover, Bleach, Ippo, plusieurs épisodes de Jojo's Bizarre Adventure...), le character design à Takaya Sunagawa (qui a signé ici son premier travail à ce poste), et la direction artistique à Hiroko Tanabe (un artiste surtout habitué au travail sur les backgrounds, il a notamment tenu ce poste sur Death Note).



Monster Musume nous plonge dans notre réalité... à ceci près que depuis trois ans, a été révélée par le gouvernement l'existence de créatures jusque-là considérées comme fantastiques ou mythiques ! Sirènes, slimes, harpies, centaures, lamias, cyclopes, ogres... ne sont que quelques-unes des créatures avec lesquelles les humains doivent apprendre à coexister. Même si cette coexistence n'est pas toujours facile, des efforts sont faits depuis trois années pour intégrer ces êtres souvent mi-humains mi-monstres au sein de la population humaine, notamment à travers la mise en place d'un système de famille d’accueil. C'est dans le cadre d'un programme de rapprochement entre humains et monstres que Kimihito Kurusu, un jeune homme classique, se retrouve plus ou moins forcé par la coordinatrice Madame Smith d’héberger Miia, une lamia, une femme ayant le haut du corps humain et le bas en queue de serpent. Alors que le garçon doit s'habituer à la présence de cette fille qui lui voue très vite une profonde affection, il ne se doute pas encore que de nombreuses autres demoiselles monstrueuses vont à leur tour débouler les unes après les autres dans sa vie, non sans créer nombre de problèmes et de situations à la fois coquines et délirantes !



Sur le plan de l'histoire, Monster Musume suit un schéma on ne peut plus classique, en reprenant la bonne vieille recette du harem : à chacun des premiers épisodes de la série, Kimihito se retrouve à devoir accueillir chez lui différentes "monster girls" qui, pour x raisons, vont très vite s'attacher à lui, vouloir faire de lui leur époux, et donc rester habiter chez lui. Bien sûr, au bout d'un moment, un tout petit fil rouge s'installe, autour d'une lettre de menace de mort que le jeune garçon reçoit, mais cela reste mince, car le récit joue surtout sur d'autres choses : la tranche de vie, l'humour et l'érotisme, tout ceci permettant en filigranes d'évoquer des thématiques intéressantes. Et sur ces points-là, la série a tout bon.



Monster Musume joue en premier lieu la carte du harem et de l'érotisme, mais le fait différemment en exploitant la principale originalité de l'oeuvre : la nature des demoiselles. Ici, pour diverses raisons (par exemple, la tradition de son espèce pour la centaure Cerea), ces demoiselles pas comme les autres sont toutes vouées à s'attacher très vite au héros, et dès lors qu'elles sont amenées à cohabiter à plusieurs avec lui, les jalousies se créent forcément, et leur comportement est souvent si extrême qu'il va jusqu'à mettre la vie de Kimihito en danger ou à le plonger dans des merveilles d'érotisme décalé. La qualité de l'aspect coquin est qu'il est complètement exagéré, décomplexé et humoristique. Rien que par la nature des filles, l'oeuvre imaginée par Okayado se déconnecte habilement d'un trop fort réalisme, pour surtout jouer sur le caractère improbable des événements, où Kimihito se fait constamment malmener par le caractère de filles toutes bien différentes. Ainsi, les moments les plus coquins, bourrés de sous-entendus qui vont parfois loin, s'avèrent surtout très drôles, car impossibles à prendre totalement au sérieux. Mieux, le récit, plus d'une fois, joue volontiers sur la parodie en détournant des scènes on ne peut plus classiques du genre harem (le meilleur exemple est sans doute la scène du bâtonnet glacé avec Papi la harpie). Le résultat peut flatter l'oeil, mais se présente surtout comme un bon gros délire assumé.



Mais résumer Monster Musume à un titre harem coquin et délirant serait une erreur, car l'oeuvre peut compter sur d'autres atouts, à commencer par sa galerie de personnages vraiment excellente. Jeune homme plutôt lambda qui se retrouve pris dans un quotidien complètement fou, mais qu'il apprécie malgré tout, Kimihito campe bien son rôle. Tout comme Madame Smith, coordonnatrice qui, quand elle ne force pas la main, s'avère un peu laxiste. Mais le principal intérêt vient évidemment des différentes filles monstrueuses qui viennent les unes après les autres, enrichir et aimer le quotidien du jeune homme ! Et sur ce point, l'auteur original Okayado a su tirer parti de plusieurs choses : il détourne les stéréotypes habituels en utilisant les caractéristiques des monstres qu'il se réapproprie. Par exemple, Céréa, en tant que centaure, possède une fierté tout à fait chevaleresque ainsi qu'un respect des traditions de son espèce, elle est ainsi le stéréotype de la fille droite et sérieuse... mais capable aussi d'être très maladroite, surtout quand ses sentiments s'en mêlent. La mignonne Papi, harpie de son état, est un peu le stéréotype de la petite soeur ingénue... mais du fait de son statut mi-femme mi-oiseau, elle a une cervelle de moineau, oublie facilement les choses et est complètement étourdie. Pour Rachnéa, la fille arachnée, l'auteur a imaginé une demoiselle pouvant faire d'abord peur physiquement (après tout, c'est une sorte d'araignée géante avec plusieurs yeux...), mais ayant un bon fond, même si elle a tendance à utiliser ses fils pour jouer les dominatrices et s'adonner au bondage. Quant à Suu, son statut de slime, être insaisissable, fait qu'elle ne cerne pas tout du bon sens humain et qu'elle a tout à apprendre. Mero, la sirène, est le prototype de la demoiselle élégante et bien élevée, mais également clichée dans ses élans romantiques. Enfin, Lamia, la première fille à s'installer chez Kimihito, régale surtout pour ses excès de jalousie, pour sa passion et ses moments de maladresse, où son corps de serpent joue souvent un rôle. Toutes ces "colocatrices" sont très bien campées, car elles sont toutes très différentes et amènent au quotidien beaucoup de situations farfelues que Kimihito doit apprendre à gérer (trouver la bonne réaction quand Miia mue, quand Papi se met à pondre, ou quand Suu manque de le noyer dans son corps par inadvertance, par exemple). A ces figures s'ajoutent les filles du MON, unité d'élite gérée par Smith et chargée de vieller à ce que tout se déroule bien dans la coexistence entre humains et monstres. Au programme, une zombie bien vivante, mais qui a tendance à perdre ses membres, une adorable cyclope qui joue le rôle de sniper, car elle a une vue de lynx de loin (par contre, de près, c'est une catastrophe !), mais qui est extrêmement timide, une ogresse qui cache sous son physique imposant un coeur bien féminin, ou une doppelganger qui adore se jouer des autres. Ces figures sont elles aussi très bien campées, même si l'on regrette de ne pas les voir autant mises en avant que les "colocatrices" de Kimihito.



Inutile de dire que la variété de ces nombreux personnages hauts en couleur et bien campés permet d'animer beaucoup un récit jamais statique, où l'humour et la vivacité sont toujours de mise. On s'amuse bien, on s'attache facilement à ces différentes "monster girls" que l'on apprend à connaître petit à petit... Au-delà de son atmosphère propice à l'humour et à l'érotisme, pourtant, le récit distille un certain regard sur la société qu'il propose. Un regard pas forcément très poussé, mais qui existe bel et bien et a des choses à dire. Car forcément, malgré les efforts faits pour intégrer parmi les humains ces espèces différentes que sont les "monstres", il existera toujours des gens pour les rejeter, les dénigrer, se moquer d'eux comme si leur vie avait moins de valeur. Cet aspect passe essentiellement par la présence récurrente d'une bande de jeunes qui se moque allègrement des créatures monstrueuses voire les martyrise psychologiquement. On pense par exemple aux scènes aux Céréa, à cause de sa forte poitrine et de son corps de cheval, se mange des réflexions irrespectueuses. Mais loin d'être pesants, ces passages finissent par devenir une sorte de running gag où les intolérants finissent toujours par s'en manger plein la face de façon amusante, l'ambiance restant alors positive. On peut aussi évoquer, par exemple, le cas du passé de Rachnéa au sein de sa première famille d'accueil qui l'a rejetée en bloc à cause de son physique d'araignée géante, sans même chercher à apprendre à la connaître.



C'est en ayant tout ça en tête que l'on comprend plus facilement pourquoi toutes les filles monstrueuses de la série s'attachent très facilement à Kimihito : loin de les rejeter ou de les juger, il les accepte facilement, sans préjugés ni réflexion malvenue, tout simplement des filles tout à fait normales (toutefois, avec ce que ça peut impliquer en lui de gêne masculine lorsque ces demoiselles dégagent de l'érotisme). Dès lors, sa cohabitation très agitée avec elles, malgré les nombreuses fois où il subit les choses voire frôle la mort, ne peut que se dérouler dans la bienveillance, l'optimisme et la tolérance.



La réalisation est, dans l'ensemble, soignée et largement suffisante pour une série de ce type. On peut noter par-ci par-là quelques relâchements assez flagrants, mais globalement l'animation s'en sort bien, est appliquée côté mise en scène (notamment pour faire ressortir le manque de sérieux de la caution érotique), offre quelques effets de caméra bienvenus pour empêcher que ce soit parfois trop statique. Les décors sont soignés, et le design des personnages se veut un peu plus fin que le manga d'origine, mais aussi plus coloré afin de bien servir l'ambiance. Enfin, on a droit à une bande-son efficace, soulignant sans trop en faire les différentes atmosphères, entre tranche de vie, érotisme et humour.



Loin de n'être qu'une oeuvre harem un peu originale, Monster Musume est surtout une comédie débridée très drôle dans son utilisation des personnages et dans ses aspects exagérés ou un peu grotesques. Au-delà de ça, l'oeuvre a surtout pour elle une galerie de caractères très attachants, et sait aborder en filigranes des thématiques intelligentes sans jamais se dépareiller de sa bonne humeur. Une jolie réussite dans son genre, même s'il faut bien avoir conscience qu'il n'y a pas de réelle histoire ni de vraie fin (c'est de la tranche de vie, après tout). La série est avant tout une bonne porte d'entrée vers le manga original... ce qui tombe bien, puisque celui-ci arrivera en langue française le mois prochain.
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

15.5 20