Ghost in the Shell - Film (2017) - Actualité anime
Ghost in the Shell - Film (2017) - Anime

Ghost in the Shell - Film (2017) : Critiques

Critique de l'anime : Ghost in the Shell - Film (2017)

Publiée le Lundi, 28 Août 2017

Les adaptations live de manga et de séries d’animation ont plus que jamais le vent en poupe, aussi bien du côté des Japonais que des Américains. De son côté, le pays du Soleil Levant prépare bon nombre d’adaptations dont certaines sont d’ampleur, par exemple FullMetal Alchemist et Jojo’s Bizarre Adventure, des projets qui ont de quoi laisser sceptique étant donné quelques films désastreux comme le diptyque L’Attaque des Titans.
En Amérique, on note la mise en chantier de films issus de franchises phares, souvent dans le genre de la science-fiction, comme Akira ou Gunnm, mais c’est le très attendu Ghost in the Shell qui a pointé le bout de son nez en premier. Après la mauvaise blague que fut Dragon Ball Evolution en 2009, le film était attendu au tournant et non sans inquiétude, ayant subi au passage quelques polémiques par rapport à son casting.
Et pourtant, ce Ghost in the Shell est à ranger dans la catégorie des bonnes adaptations, et des bons films tout simplement.


À l’instar du manga ou de la fresque animée éponyme, l’histoire nous propulse dans un futur où la technologie est devenue un fondement de notre société. Celle-ci est partout, il est même monnaie courante que les humains soient mécanisés, voire connectés par la pensée. Dans ce futur visionnaire existe le Major Mira Killian, un humain victime d’un accident et dont le cerveau et l’esprit, le « Ghost », furent sauvés in extremis et connectés à un corps entièrement mécanique, plus puissant qu’une enveloppe corporelle traditionnelle. Désormais, le Major travaille pour la Section 9, en charge des affaires criminelles liées aux nouvelles technologies, avec son acolyte Batou. Mais lorsqu’une affaire de terrorisme se présente à eux, le Major ne s’attend pas à devoir se confronter à son passé et sa véritable identité…


Pour un film comme Ghost in the Shell, la question qui se pose en premier lieu est celle de l’adaptation. Le projet de Rupert Sanders a le mérite de sonner comme un cri d’amour aux films de Mamoru Oshii, mais aussi à certains chapitres des séries éponymes. En mixant de nombreux éléments des œuvres adaptées du manga de Masamune Shirow, le réalisateur a élaboré un long-métrage qui montre un grand respect pour le matériau d’origine, notamment dans le but de caresser les fans dans le sens du poil. Outre l’univers qui se rapproche le plus possible de celui des anime, les personnages clefs sont bien présents et globalement très fidèles aux originaux, aussi bien dans leurs apparences que dans leurs caractères.


Mais surtout, ce sont différentes scènes ainsi que des intrigues des films et des séries qui sont repris, parfois au plan par plan. Malgré quelques divergences de l’intrigue, quelques séquences constituent un bel hommage, notamment la scène de fin qui permettra au fan de faire un agréable parallèle avec le film sorti en 1995. Par cette fidélité, certains pourraient même y voir une absence de prise de risque sur certains aspects, reprocher au film de Rupert Sanders un manque d’identité serait donc logique. Néanmoins, étant donné certains échecs commerciaux et critiques déjà cités précédemment, la formule choisie par le réalisateur et les scénaristes est sans doute la meilleure pour redorer le blason des adaptations live.


L’avantage de cette fidélité, par exemple dans son introduction similaire au film de 95, est de rendre le film accessible à un large public, aussi bien les initiés à l’univers créé par Masamune Shirow que les nouveaux spectateurs. Le seul requis sera alors le goût de cet univers futuriste, un véritable monde d’anticipation, régi par la machine et qui amène quelques thématiques aussi parfois très classiques, comme l’ascendant prit par la machine sur l’être humain, mais aussi très intéressantes et prometteuses comme la manipulation des formes de vie, largement accrues et parfois barbares, par ces nouvelles technologies. Le tout constitue aboutit néanmoins à un univers cohérent et marquant, notamment par son imagerie si chargée en éléments divers qu’elle procure une immersion immédiate et convaincante, preuve d’un hypothétique monde futur bien pensé. Et paradoxalement, l’image développe un constat plutôt triste de cet univers où le climat se fait terne et les couleurs fades, très typique de l’idée qu’on peut se faire d’un tel monde.


L’intrigue de ce Ghost in the Shell, outre les thématiques abordées, est un prétexte à de nombreuses scènes d’action efficaces. Le pitch de départ sonne classique et il faudra attendre la dernière partie du film pour voir une ligne narrative différente être développée et donner un tout autre intérêt au film, abordant alors le sujet de la quête d’identité. À partir de cette idée, le scénario confirme un film directeur qu’on ne soupçonnait pas forcément et va surtout donner de l’envergure à de nombreux personnages, le Major en premier lieu. Cette trame vient aussi justifier nombre de points qui pouvaient être reprochés au film quant à son occidentalisation, que ce soit par le nom de « Mira Killian » du Major ou tout simplement le choix d’une actrice occidentale pour symboliser sa nouvelle enveloppe corporelle et marquer davantage le décalage identitaire et culturel par rapport à ce que le personnage était à l’origine. Reste alors à voir si ces développements sont la cause du choix de casting pour l’héroïne ou si, au contraire, l’histoire sert aussi à légitimer Scarlett Johansson en tête d’affiche…


Mais Scarlett Johansson n’est pas la seule à être présente dans le film, bien au contraire. Pilou Asbaek campe ici un Batou convainquant, moins bourru physiquement que dans les films qui accomplit bien le rôle d’accompagnateur de l’héroïne tout en livrant une prestation qui rend le personnage bien vivant. Les autres acteurs, bien qu’incarnant des personnages importants des récits originaux, sont largement plus en retrait, par exemple Togusa (interprété par l’acteur Chin Han), qui est presque invisible à l’écran mis à part quelques séquences de réunion. Fort heureusement, Takeshi Kitano est bien plus présent, notamment dans le dernier acte du film, logique puisqu’il incarne Daisuke Aramaki, le leader de la Section 9. Moins excentrique que le personnage d’origine, Kitano offre une prestation convaincante, à l’honneur de l’acteur riche en charisme, bien qu’on pourrait lui reprocher de se contenter de jouer du Kitano, tout simplement. Notons qu’un choix a été fait autour de lui, à savoir le laisser parler en japonais durant le film, décision totalement logique et raccord avec l’univers du film.


Ghost in The Shell était un pari risqué. Mais au final, et malgré les polémiques qui ont entouré le film avant sa sortie, l’adaptation de Ruper Sanders se montre convaincante. Fidèle aux matériaux d’origine tout en innovant parfois, il s’adresse aussi bien aux fans de la franchise qu’au grand public. Si le projet manque d’identité par rapport aux productions GITS qui l’ont précédé, le film ne manque pas de charme par son imagerie, son intrigue et ses acteurs qui livrent des prestations de très bonnes factures, notamment Scarlett Johansson dont le jeu est raccord avec la psychologie du personnage de Motoko.


Si le film en lui-même est de qualité sans être un chef d’œuvre, l’adaptation est probablement l’une des meilleures parmi les projets live adaptés d’une licence nippone exploitant les univers de l’imaginaire, comme la fantasy ou la science-fiction. Faire une adaptation de bonne facture est donc possible, Ghost in the Shell en apporte la preuve par le soin qui entoure le projet.
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

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