YAMATOGAWA - Actualité manga

YAMATOGAWA 大和川

Interview de l'auteur

Publiée le Mardi, 16 Juin 2015

A l'automne 2014, le salon Japan Touch de Lyon proposait parmi ses thématiques un sujet assez peu courant en exposition : l'érotisme japonais, celui-ci pouvant prendre bien des formes, comme nous l'avons déjà évoqué brièvement dans notre dossier sur le salon.

Et parmi les grands événements de la convention, on notait la présence de Yamatogawa, fer de lance de la collection Hentai sans interdits de Taifu Comics ! Invité par l'éditeur, celui à qui l'on doit How good was I ?, Witchcraft, Power Play, Tayu Tayu et Aquabless fut lui-même un peu étonné de rencontrer un tel succès pendant ses séances de dédicaces. De notre côté, nous avons eu la chance de pouvoir lui poser nos questions ! Compte-rendu.




Yamatogawa, un grand merci d'avoir accepté cette entrevue ! Pour commencer, pouvez-vous nous dire ce qui vous a amené dans le milieu du manga et plus spécifiquement du hentai ?

Yamatogawa : C'est tout bête : Comme, depuis tout petit, j'étais entouré de mangas et en lisais beaucoup, un jour je me suis dit que ce serait super si je devenais moi-même mangaka !

Après avoir suivi des études d'art en université pendant 4 ans, je suis devenu assistant auprès d'un mangaka professionnel, et c'est sans doute cette expérience qui m'a appris le plus de choses sur le métier.

Et si j'ai initialement choisi le genre hentai, c'est en partie parce qu'il s'agit du genre lançant le plus facilement les auteurs. Beaucoup de mangakas aujourd'hui reconnus dans d'autres genres ont commencé par le hentai. Mais je tiens à préciser que ce n'est pas la seule raison pour laquelle j'ai choisi cette voie : je dessine du hentai parce que j'aime beaucoup mettre en scène des jolies filles.


Ca se comprend (rires). Etant donné ce que vous venez de dire, aimeriez-vous vous-même vous affranchir du genre hentai, ou comptez -vous rester dans ce genre parce que vous vous y épanouissez parfaitement ?

Ce n'est pas que je n'ai pas envie de m'essayer à d'autres styles, mais pour l'instant je vous avoue que j'ai toujours envie de faire du hentai et que je vais rester dans ce genre.

Et je ne pense pas que je serais capable de travailler dans plusieurs genres  à la fois. Je préfère me concentrer sur un genre jusqu'à devenir très très bon, puis pourquoi pas passer à un autre genre une fois que je me jugerai suffisamment bon.


Qu'est-ce qui vous attire le plus dans le genre hentai ? En plus des jolies filles...

Le hentai est un genre qui me paraît très libre. On peut y exprimer quasiment tous ses délires, toute son inventivité, toutes les idées qui nous passent par la tête, et ça c'est quelque chose que j'apprécie beaucoup.

Mais dans tous les cas, je suis désolé, mais ce que je préfère dans ce genre c'est décidément les jolies filles (rires).


Quels outils utilisez-vous pour dessiner ces si jolies demoiselles ?

J'effectue la première esquisse au crayon, puis je scanne la planche pour faire l'encrage à la tablette.

Jusqu'à il y a peu de temps, je faisais l'encrage à la main et passais à la tablette seulement après, pour faire les trames et le reste. Puis j'ai appris à maîtriser l'encrage par tablette, ce qui offre un certain gain de temps.

Ma première esquisse peut me prendre beaucoup de temps. Il me faut une esquisse suffisamment précise et détaillée, sans quoi je me sens un peu incapable. Du coup, je dessine très lentement !


Et comment procédez-vous pour coloriser vos pages couleur ?

Exactement de la même manière, puis je colorise là aussi avec les outils informatiques. Je n'utilise pas du tout d'encre pour les couleurs.




Concernant vos récits longs, grâce à votre postface dans le tome on sait comment sont nées les idées de Tayu Tayu. Par contre, on ne sait pas vraiment quelle est la genèse de Witchcraft. Comment est née cette série ? Quelles ont été vos inspirations pour créer cet univers ?

Je souhaitais dessiner des personnages ayant des pouvoirs surnaturels, et la magie était un excellent moyen pour ça.


D'autant que ce concept de pouvoir magique était peut-être un bon moyen d'apporter des scènes de sexe variées et inventives ?

Merci pour cette remarque, ça me fait plaisir. Oui bien sûr, ce genre d'univers est pour moi plaisant et stimulant, car on peut faire faire aux personnages des choses qui sont normalement impossibles. Ca ouvre beaucoup de possibilités.


Dans vos oeuvres vous avez déjà pris beaucoup de cadres et de thèmes très variés : l'occultisme dans Witchcraft, les jeux vidéo dans Power Play, la campagne dans Tayu Tayu... sans oublier vos nombreuses histoires courtes. Quels autres univers aimeriez-vous exploiter ?

J'ai encore énormément de thèmes en tête, que je n'ai pas encore eu l'occasion de dessiner ou sur lesquels j'aimerais revenir.

J'aimerais notamment réexplorer l'univers des jeux vidéo. Etant moi-même un assez gros joueur, je me suis souvent imaginé reprendre en hentai des situations vues dans les jeux. J'ai déjà pu un peu explorer cette voie dans Power Play, mais pas encore assez à mon goût !


Vous dessinez des filles qui sont très variées, que ce soit dans leur physique ou dans leur caractère. Parmi toutes les demoiselles que vous avez mises en scène, y en a-t-il une qui a votre préférence ? Ou un type précis de fille que vous aimez particulièrement ?

Tous les styles de filles que je dessine, sans exception, sont parmi mes idéaux (rires).


Vous avez beaucoup d'idéaux !

Oui ! (rires)

Plutôt que de dire que j'ai beaucoup d'idéaux, en fait je dirais plutôt qu'à partir du moment où je dessine un type de fille, ça veut dire que je l'aime.


Revenons un peu sur celle qui est à ce jour le seul personnage à être apparu dans plusieurs de  vos oeuvres : Sarah, jeune demoiselle caractérielle de Witchcraft, devenue une succube dans Power Play et ayant donc un comportement assez différent. Pourquoi avez-vous choisi de reprendre ce personnage ?

Quand j'ai commencé à dessiner Witchcraft, j'ai créé le personnage de Sarah pour les besoins du récit, et un peu en personnage secondaire. Mais plus je la dessinais, plus je l'aimais. Seulement, la façon dont je l'ai présentée dans Witchcraft ne me permettait pas de présenter ses facettes que j'aimais le plus. J'ai donc décidé de lui offrir une sorte de seconde vie, dans un univers complètement différent, où elle pourrait s'exprimer totalement et où je pourrais l'explorer de façon totalement différente.

Finalement, même si ça reste le même nom et le même physique, le personnage est en soi très différent entre Witchcraft et Power Play. C'est un procédé qu'on retrouve assez fréquemment au Japon. Par exemple, Osamu Tezuka considérait ses personnages un peu comme des acteurs, des interprètes auxquels il faisait jouer des rôles différents selon les oeuvres.

Dans le cas de Sarah, je me sentais mal envers elle, car c'était un personnage que j'aimais vraiment beaucoup et que je souhaitais pouvoir développer plus.


Reprendre un personnage d'une autre de vos oeuvres, est-ce quelque chose que vous comptez refaire ?

Pour l'instant, je ne ressens pas pour d'autres personnages le même besoin de développement que pour Sarah, donc dans l'immédiat je ne compte pas réitérer cette expérience. Mais ça se reproduira peut-être un jour.



Vous avez autant officié sur des histoires courtes que sur des récits en plusieurs chapitres. Quelles sont les grandes différences de conception entre les deux ?

Dans les histoires les plus courtes, on n'a que peu de pages pour arriver jusqu'à la conclusion, donc on peut montrer moins de choses.

Les récits plus longs permettent d'aller plus loin dans certaines idées, d'exploiter plus en profondeur les personnages, de les développer et d'amener les choses en prenant plus de temps. Les avantages sont sans doute plus nombreux, à condition d'avoir suffisamment de matière pour tenir sur plusieurs chapitres.

Et pourtant, les histoires les plus courtes sont les plus difficiles à élaborer, parce qu'il faut réussir à tout bien amener le plus vite possible, et qu'il faut donc penser dès le début à tout son récit et à l'ensemble de son découpage, à la case près.


Qu'est-ce qui vous demande le plus de travail quand vous réalisez une oeuvre ? Le storyboard, l'écriture, la conception de l'univers, le dessin... ?

Le plus difficile, c'est toute la période qui s'écoule jusqu'à ce que je me décide à enfin prendre mon crayon en main (rires).

Une fois que je prends le crayon et que je commence à dessiner, ça va tout seul et les idées viennent facilement. Mais tant que je n'ai pas les idées de mise en place, j'ai du mal à me mettre à mon bureau et à travailler... Et du coup, il y a l'appel des jeux vidéo qui se fait sentir ! (rires)


Et qu'est-ce qui vous paraît le plus compliqué dans la peinture des scènes de sexe ?

Veiller à toujours varier la mise en scène. Ce n'est pas toujours facile, mais d'un autre côté c'est à mon avis le plus important. Dénicher de nouveaux angles de vue, trouver comment placer la caméra selon les scènes pour faire ressortir le meilleur de chaque position, de chaque ambiance...


Depuis Power Play, vous n'avez fait que des histoires courtes. Pensez-vous avoir bientôt suffisamment de stock pour publier un nouveau recueil ?

J'ai fait plusieurs histoires courtes ayant des personnages différents mais étant centrées dans un même univers, et j'ai évidemment l'intention d'en faire un tome relié. Touts ces récits se déroulent dans la même école, où l'on va suivre un couple faisant certaines choses, puis un autre s'adonnant à d'autres loisirs, et ainsi de suite. C'est un univers qui va se construire autour de plusieurs histoires courtes.


Pour finir, pouvez-vous nous dire d'où vient votre pseudonyme Yamatogawa ?

Il s'agit tout simplement du nom d'une rivière qui coule près de chez moi !


Remerciements aux éditions Taifu Comics, à l'interprète, à Japan Touch, à Yamatogawa et à son éditeur !
  
Mise en ligne le 16/06/2015.