YAMANE Ayano - Actualité manga

YAMANE Ayano やまねあやの

Interview de l'auteur

Pour la onzième édition de la Japan Expo, les éditions Asuka/Kazé Manga pouvaient compter sur leur invitée, Ayano Yamane, auteure du très sulfureux Viewfinder. La série, qui a fait les beaux jours du magazine de prépublication Be x Boy, est maintenant disponible en volumes reliés depuis mars dernier. Manga-News a trouvé ici l'occasion de revenir sur le phénomène yaoï, avec l'une des maîtresses du genre.
 



Manga-News: Bonjour Ayano Yamane, merci de prendre le temps de répondre à nos questions.
Ayano Yamane: Bonjour, c'est moi qui vous remercie. Je suis très contente d'être ici à Paris !
 
 
Comment avez-vous débuté votre carrière de mangaka?
J'ai toujours adoré dessiner, j'ai même fait mes premiers dessins alors que j'étais en crèche ! (rires) Dans ma jeunesse, j'ai fait de nombreux doujinshis, et c'est grâce à eux que des éditeurs m'ont remarquée.


Le yaoï est un phénomène très développé au Japon, et qui grandit de plus en plus en France. Est-ce qu'il y a des règles à respecter lorsqu'on dessine ce genres d'histoires ? Dans Viewfinder, cela va parfois assez loin. Vous-même, vous imposez-vous des limites ?
Pour Viewfinder, il est vrai que la série démarre de manière très forte, mais en fait ce premier chapitre est d'abord destiné à un numéro du magazine spécial sadomasochisme. Je différencie tout de même l'érotisme et la violence dans la série. De plus, ces séquences sont celles qui me prennent le plus de temps de travail, et j'essaie aussi de ne pas oublier l'histoire. Sans elle, mes histoires plairaient beaucoup moins...
 

 
 
Le yaoï a tendance à choquer le public français en général, qui a du mal à comprendre pourquoi les filles peuvent aimer ces histoires.  A votre avis, qu'est-ce qui les attire vers ce genre ?
Pour moi, les romances hétérosexuelles ont tendance à êtres trop réalistes, trop crues. Les lectrices ont tendance à se projeter elles-mêmes dans les personnages féminins. Ainsi, le yaoï apporte au contraire une part de  rêve et de fantaisie... ce qui est alors le summum du romantisme !
 
 
A l'origine, Viewfinder devait être un simple one-shot. Comment est-elle devenue une série longue ?
Une fois le one-shot publié, nous avons reçu énormément de lettres de réactions des lecteurs, qui voulaient savoir ce qu'allaient devenir les deux personnages. Devant un tel engouement, nous avons décidé de faire une suite.
 

 
 
Parmi les deux héros, lequel préférez-vous ?
J'adore Akihito, le uke (le passif). Quand je les dessine, je ne peux m'empêcher d'être plus soigneuse pour ce personnage-là. Mais je sais qu'en réalité, c'est Asami qui a le plus de succès parmi les fans ! (rires)
 
 
Est-ce que, quelque part, on met une part de ses propres fantasmes lorsqu'on écrit ce genre d'histoires ?
Effectivement, il y en a une partie, mais en tant que femme, cela reste uniquement du fantasme et de l'imaginaire.


Vous avez d'abord été publiée chez l'éditeur Biblos, qui a malheureusement fait faillite et a failli entrainer l'arrêt de Viewfinder. Comment avez-vous vécu cette période ? La reprise n'a-t-elle pas été trop difficile ?
Biblos était une maison d'édition majeure, qui existait depuis très longtemps. Sa disparition était donc inimaginable, impossible. En réalité, c'est une de leurs filiales qui s'est écroulée, donc la faillite n'était pas due aux mangas. J'étais néanmoins décidée à continuer la série Viewfinder. Il y a cependant eu un mois de creux entre les deux, où beaucoup de mangakas, ainsi que leurs assistants, vivaient dans l'inquiétude de ne pas retrouver d'éditeurs et de ne pas être payés. C'était une période assez difficile. Heureusement le département de Boy’s love chez Biblos devint ensuite indépendant et créa l’édition Libré. La série Viewfinder renait dans le magazine (Be Boy GOLD) dans lequel je publiais originellement, et même d’autres auteurs qui dessinaient pour Biblos travaillent actuellement chez Libré.
A cette époque, j'ai gardé mon énergie en étant aidée par mes lecteurs, très compréhensifs par rapport à la situation.
J’ai reçu des message des fans comme « j’attends la suite de la série viewfinder avec impatience ». Ils m’ont beaucoup soutenu moralement, je ne sais pas comment leur remercier. Je n’oublierai jamais leur soutien.
 



Cela fait un moment qu'il n'y a pas eu de nouveaux chapitres de publiés. Êtes-vous en train de travailler sur la suite ?
Je suis en train de publier la suite de la série Viewfinder, « ESCAPE and LOVE » dans le magazine BE BOY GOLD. J’essaie de faire mon mieux.
 
 
Remerciements à Ayano Yamane, aux éditions Kaze Manga, Asuka et Shueisha.