YAMAMURA Kôji - Actualité manga

YAMAMURA Kôji 山村浩二

Interview de l'auteur

C'est lors du CarrefourKoji Yamamura du cinéma d'animation 2013 à Paris, que nous avons la chance de rencontrer Yamamura Kôji, animateur japonais, afin de parler avec lui de son parcours et de ses projets à venir.

    Quelles sont vos influences en terme d'animation ?

Le premier grand choc dont je me souviens, ce sont les films de l'ONF (Office Nationale du Film) que j'ai découvert à l'âge de 15 ans. Ces courts-métrage étaient totalement différents de ceux que j'avais pu voir jusqu'alors. C'est à ce moment que j'ai découvert un autre versant du cinéma d'animation.

    Pourquoi vous orientez-vous vers le court-métrage ou la publicité ? Est-ce un choix ?


J'ai découvert il y a longtemps que j'avais de l'intérêt pour le court-métrage d'animation et pas seulement pour la pratique du dessin.
A l'université j'ai découvert avec beaucoup d'intérêt le film en prise vue réelle. Ces centres d'intérêt, se sont conjugués pour développer une narration cinématographique en utilisant le dessin.
C'est tout naturellement que le court-métrage est une catégorie qui m'est apparu comme la plus proche de moi, et qui me permettait de conjuguer ces différents centres d'intérêts.

    Votre nomination aux Oscars en 2002 pour Mont Head, a-t-elle changé votre carrière ?

Mont Head Il y a eu bien sûr, des changements. Il faut dire que ce court-métrage se présente sous un genre un peu différent de ce qu'on voit au Japon. De part son côté un alternatif, je n'étais pas connu du grand public. Cette nomination a amené différents médias à venir à ma rencontre. Les médias japonais ont présenté cette actualité, me donnant l'occasion d'expliquer mon approche. Les gens qui ont découvert mon travail ont par la suite pu me proposer des travaux.Je n'ai donc pas eu à démarcher ici ou là. Beaucoup de gens ont pu découvrir, comprendre, quelle était ma sensibilité en terme d'animation. Et ça, c'est une grande chance.

    Avec le déclin des méthodes traditionnelles, comment animez-vous vos courts ? Continuez-vous à expérimenter ?

The Hyuga episode of KojikiAu moment où j'ai réalisé ce film sur iPad (five fire fish), je n'avais pas de réel projet de développement, mais c'est quelque chose qui m'intéressait. Aujourd'hui on a des moniteurs qui ont une définition très élevée, et grâce à ce système de manipulation, on créé vraiment de manière tactile, on peut manipuler les éléments que l'on va animer. Cette expérience m'a conforté dans l'idée, qu'il y avait sans doute là, quelque chose à expérimenter d'avantage. L'idée d'utiliser ce type de support, m'a donné une idée de film qui en tirerait éventuellement parti. Ce projet est à l'étape d'ébauche et reste encore à concrétiser. J'espère bien réaliser un film dans cette veine à l'avenir, ce ne sera pas mon travail principal, mais simplement une expérimentation qui en entraîne une autre.

    On lit un peu partout que vous êtes un maître de l'animation. Qu'en pensez-vous ?

Je n'ai pas du tout cette conscience ! (rires) Ce que je peux vous dire, c'est que l'idéal que j'ai formulé à un moment de mon parcours, et que je continue de poursuivre, est loin d'être atteint. C'est vraiment quelque chose qui est très clair pour moi. Cette envie qu'on peut avoir étant jeune, de dire « Le prochain film sera le bon ! ». Cette énergie, je l'ai toujours. Pour moi tout reste à jouer, en ce qui concerne mon avenir. Je n'ai pas le sentiment d'être un « Maitre ».

    Y a-t-il un événement marquant qui vous a amené à l'animation ?

Ishu PatelL'été de 1985, eut lieu la première édition du Festival International du film d'animation d'Hiroshima, et parmi les invités figurait un auteur indien, qui a travaillé à l'ONF du Canada, qui s'appelait Ishu Patel. Il faisait parti du jury et il y a eu une rétrospective de ses films. Ma rencontre avec cet homme, son œuvre, a vraiment été le déclic, qui m'a déterminé à mon tour à devenir un auteur du film d'animation. J'ai pu voir ce que signifiait, être auteur, de travailler sur ses films de manière indépendante, de créer des films personnels. Et c'est ce qui m'a poussé dans cette voie.

    Quel regard portez-vous sur l'avenir de l'animation japonaise ? De l'animation en général ?

Mont Head(Rires) C'est difficile ! On peut dire au sujet du Japon, et de manière mondiale, que ceux qui souhaitent faire de la création animée, sont de plus en plus nombreux. Cela a pour conséquences, toutes sortes d'approches très différentes. C'est d'autant plus difficile de prévoir la suite des événements. Mais il me semble que l'uniformisation des films produits aujourd'hui, est allée trop loin, dans le sens où autrefois on avait d'avantage de spécificités territoriales. Des enjeux plus locaux, des caractéristiques qui pouvaient prendre forme de manière locale. Aujourd'hui on a quelque chose de beaucoup plus plat. Les films se ressemblent de plus en plus d'une partie à l'autre du monde. S'il s'agissait de formuler une attente à l'égard du cinéma d'animation, je dirai que cette uniformisation a permis une amélioration technique des films d'animation, mais j'espère qu'il y aura toujours de la place pour des productions, dans des communautés plus fermées, et qui présentent peut-être d'avantage de couleurs spécifiques.

    Des projets à venir ?

J'ai deux ou trois projets de films sur lesquels je travaille, et qui sont encore en cours de conception. Donc il est difficile de vous en parler. Mais j'ai un projet de court-métrage, qui aura sans doute une forme plus longue, peut-être celle d'un long métrage. Ce sont des choses qui sont en cours de gestation et qui vont se décanter dans les prochaines semaines.