TAKEYA Shûji - Actualité manga

TAKEYA Shûji 竹谷州史

Interview de l'auteur

Auteur du très intéressant Astral project, l'une des toutes nouvelles séries des éditions Casterman, nous avons eu le plaisir de passer quelques minutes en compagnie de Syuji Takeya son dessinateur présent à l'occasion de Japan Expo. Ce sympathique jeune homme, toujours souriant a pris le temps de répondre à quelques unes de nos questions...





MN -  Pouvez-vous nous dire en quelques mots comment vous êtes devenu mangaka et qu’est-ce qui vous a amené à faire ce métier.

ST – J’ai voulu devenir auteur de manga depuis l’école maternelle, à l’époque je dessinai déjà beaucoup. A l’âge de 19 ans, j’ai envoyé à divers magazines des histoires que j’avais écrites, et c’est comme ca que j’ai commencé.

MN – Vous faites ce métier depuis 10 ans déjà, mais c’est Astral Project qui a finalement attiré l’attention public et qui rencontre un véritable succès, pour quelles raison selon-vous et qu’a-t-il de différent par rapport à vos anciennes séries ?

ST – On ne peut pas vraiment dire qu’Astral Project a beaucoup de succès, Il est plus juste de dire qu’il est très apprécié par certaines personnes mais aussi décrié par d’autres. Tout simplement parce que ce n’est pas un manga de pur divertissement. A sa lecture, ce manga suscite beaucoup de questions et surtout fait réfléchir. Ce que nous avons essayé d’exprimer Marginal et moi-même au travers de cette série, était que la distance entre deux être pouvait connaitre de nombreux errements, et de cela j’en suis très fier.

MN – Sur ce titre vous avez collaboré avec Marginal (Garon Tsuchiya de son vrai nom), qui n’est autre que le scénariste de « Old Boy », connu notamment pour son adaptation cinématographique et son prix au Festival de Cannes en 2004. Comment fonctionne votre collaboration ?

ST – Notre façon de travailler est assez simple, Mr Tsuchiya en tant que scénariste me fait parvenir les grandes lignes du scénario ainsi que les dialogues, sur cette base là je suis complètement libre pour la création des personnages, leur sensibilité, leur caractère, et leurs actions. Je pouvais ainsi improviser comme je le souhaitai, je lui soumets ensuite mes planches et en général ca l’influençait dans sa manière de poursuivre le scénario.

MN – Dans la série le héros Masahiko et la jeune fille, sont sur la même « longueur d’onde » car c’est la solitude et le malheur qui les réunissent dans le monde astral. Est-ce comme cela que vous percevez la jeunesse actuelle ?

ST – Quand on regarde la jeunesse japonaise actuelle et plus précisément celle de Tokyo, il semble qu’en apparence celle-ci soit très sociable, qu’ils aient énormément d’amis, qu’ils aient de la facilité pour communiquer grâce au téléphone portable ou à l’internet. Mais paradoxalement, il s’avère qu’ils se sentent bien souvent très seuls et très malheureux.

MN – L’élément central de ce premier tome, est un cd de musique Jazz, qui permet au héros de sortir de son corps. Pour le Jazz en particulier ?

ST – Plus que du Jazz, il s’agit d’un artiste en particulier Albert Ayler dont la musique exprime à merveille le thème de la solitude.

MN – Et vous quel genre de musique écoutez-vous et qu’écoutez-vous en ce moment ?

ST – J’écoute beaucoup de musique mais je ne me cantonne par a un genre en particulier j’écoute énormément de choses, tout ce que je retiens c’est ce qui me touche personnellement cela peut-être dans n’importe quel genre. En ce moment j’écoute un groupe des années soixante dont je ne connais plus le nom, désolé…

MN – Quels sont les ingrédients pour faire un bon manga.

ST – Je n’aime pas mettre d’étiquette, mais si j’y réfléchis bien, je pourrais simplement dire que la seule chose qui peut mettre un frein à la création d’un bon titre, c’est que l’auteur lui-même se dise avant de commencer que ca sera un bon manga. Il faut d’abord écrire ce que l’on a envie d’écrire.

MN – Astral project  d’abord été prépublié dans le magazine Comic Bean, combien de planche deviez vous rendre par mois et qu’elle est votre façon de travailler.

ST – Je devais rendre 24 pages par mois, ensuite ma façon de travailler change selon le titre que j’écris, pour Astral project par exemple je travaillai de nuit. Je me levai un peu après midi, et dès que la nuit tombait (au alentour de 17h, au Japon) je pouvais m’imprégner de l’atmosphère calme ambiante et ainsi fournir un bon travail. A l’image de mon personnage dont tous les sentiments se révèlent pendant la nuit, je pourrais dire que moi aussi j’avais l’impression de mieux m’exprimer durant ces moments là.

MN – La série s’est terminée au Japon il y a peu, travaillez vous déjà sur un autre projet, si oui nous en dire quelques mots ?

ST – Effectivement, je travaille déjà avec mon éditeur à l’élaboration de mon nouveau manga, qui sera lui aussi prépublié dans le même magazine. Le thème abordé est aussi celui de la communication entre les être humains.

MN – Vous avez commencé votre carrière très jeune et vous avez lu beaucoup de manga, qu’elle est celui que vous auriez aimé écrire ?

ST – Il y a évidement énormément de manga que j’aurais aimé écrire moi-même, mais ceux dont je me sens le plus proche serait ceux de Mizuki Shigeru par exemple.

MN – Beaucoup d’auteurs et de mangaka son très étonné du succès que rencontre le manga en dehors du Japon, qu’en pensez-vous ?

ST – Je suis en France depuis peu, mais j’ai déjà pu rencontrer quelques personnes notamment lors des séances de dédicaces. Et quand j’ai pu un peu parler avec eux, j’ai noté que mon manga les avaient fait réfléchir et c’est justement ce que je recherchai quand j’ai créé Astral Project donc je suis plutôt fier que mon travail soit lu et apprécié ailleurs qu’au Japon.

MN – Merci beaucoup et bonne continuation pour la suite.

ST – Merci à vous.

Nous remercions également M.T Vierra Et K.Degreff des 2ditions Casterman ainsi que Wladimir Labaere pour la traduction.