SUZUKI Hirofumi - Actualité manga

SUZUKI Hirofumi 鈴木 博文

Interview de l'auteur

Publiée le Lundi, 04 Janvier 2016

En octobre dernier, Paris Manga accueillait Hirofumi Suzuki, animateur-clé sur de nombreuses séries animées, mais surtout connu pour son travail de character designer sur le Portrait de Petite Cosette et surtout sur la saga Naruto, de la série animée jusqu'au film Boruto !

Nous avons pu le rencontrer pour une série de questions-réponses, autour d'une entrevue commune avec le site La folie des mangas.




Vous exercez vos talents sur Naruto depuis très longtemps ! Etiez-vous présent dès les débuts de l'anime Naruto en 2002 ?

Hirofumi Suzuki : Je ne suis pas présent depuis la naissance du projet, mais je suis arrivé dessus avant le début de sa diffusion.


Masashi Kishimoto a-t-il eu un rôle à jouer sur l'anime ?

Personnellement, je n'ai pas eu la moindre relation avec Mr Kishimoto puisque je ne l'ai pas rencontré une seule fois. Je me contentais de lui envoyer mes épreuves pour qu'il les valide. C'était un échange sans rencontre.


Quelles sont les plus grosses difficultés quand on travaille sur une série animée aussi longue et qui doit être produite rapidement ?

A grand difficulté est de garder le même design sur toute la série. Chaque artiste étant différent, chacun peut avoir tendance à dévier un peu vers une patte plus personnelle, ce qu'il ne fallait surtout pas faire pour conserver un design cohérent et constant. La peur que j'avais toujours, c'est qu'on me dise que le design a changé.



Le film Boruto vous a demandé de travailler sur de nouveaux personnages. Quel challenge cela a-t-il représenté pour vous ?

C'était un énorme challenge, dans la mesure où il fallait réussir à implémenter une nouvelle saveur tout en restant fidèle à l'esprit Naruto. Il fallait réussir à bien faire la part des choses.


Quels ont été les critères de création des personnages pour ce film ? Quelles recommandations avez-vous eues ?

Le réalisateur du film étant encore jeune, il a préféré nous laisser faire et nous a juste demandé de bien suivre les critères donnés par Masashi Kishimoto. C'est ce que nous avons fait et ça a visiblement plu. A part ça, nous n'avons eu aucune directive bien précise.


Considérez-vous que Boruto a donné une nouvelle tournure à la saga Naruto ?

Je ne sais pas si l'oeuvre va encore perdurer longtemps, mais avec Boruto je pense qu'un vrai renouvellement a été fait, et que de nouvelles voies peuvent être explorées.


Entre la série et les films, est-ce que votre façon de travailler diffère ?

Oui, il y a des perceptions très différentes, notamment au niveau du temps passé dessus. En ce qui concerne Naruto, j'aurais voulu avoir toujours plus de temps.


Certains personnages ont-ils été plus difficiles à travailler que d'autres ?

Les beaux mecs ! J'ai souvent du mal à les cerner.



Sur toute la saga Naruto, avec-vous un personnage préféré ?

Dans Naruto, j'ai toujours préféré Shikamaru.


Quelle était votre marge de liberté sur la saga Naruto ? Avez-vous eu plus de liberté au fil du temps, étant donné que vous travaillez sur la saga depuis quasiment le début ?

J'ai toujours eu une assez grande marge de liberté dessus. On m'a toujours donné des contre-indications plutôt que des indications.


Quand vous regardez en arrière et que vous vous rendez compte que vous avez travaillé pendant de nombreuses années sur l'un des plus importants succès manga de ce début de siècle, que ressentez-vous ? Quels ont été les moments les plus stimulants ?

Au début je n'avais pas d'attente particulière concernant cette série, et pour être franc je pensais même qu'elle ne durerait pas très longtemps ! Lorsque j'ai vu le succès grandissant de l'oeuvre, j'ai été surpris, surtout parce que je ne pensais pas qu'une histoire de ninja pouvait autant intéresser un public non-japonais. Ca a été pour moi une vraie révélation et une bonne surprise.


Vous avez aussi été très impliqué sur l'anime Le Portrait de Petite Cosette, notamment en tant que character designer et directeur de l'animation. Comment avez-vous abordé ce projet ?

J'avais déjà eu l'occasion de travailler avec le réalisateur Akiyuki Simbo pour donner de petits coups de main, si bien qu'il a fini par me proposer de concevoir le chara design du Portrait de Petite Cossette. J'ai trouvé l'idée intéressante, mais j'ai rencontre une difficulté : je n'aime pas trop les froufrous et les costumes un peu « d'époque », donc dessiner le look de Cossette fut pour moi très difficile !



Akiyuki Simbo est assez réputé pour être un réalisateur un peu à part. Comment s'est passée votre travail avec lui ?

Au moment de la conception de l'oeuvre, en voyant ce qu'il faisait je n'arrêtais pas de me poser des questions. « Pourquoi prend-il cet angle de vue bizarre à ce moment-là ? », « Pourquoi insiste-t-il tant sur telle chose ? », etc... C'était à la fois très intéressant et très troublant. Mais quand j'ai vu le résultat final, mes interrogations se sont estompées et j'ai été ravi, parce qu'il allait hors des sentiers battus tout en conservant son fil conducteur et en mettant en valeur le travail de l'équipe.


Lors de notre rencontre avec Akio Watanabe à Japan Expo, celui-ci nous disait que Mr Simbo est un homme qui aime bien entretenir une sorte d'aura de charisme autour de lui. Avez-vous ressenti la même chose ?

C'est un personnage naturellement charismatique à travers sa patte propre et unique. Il a un style bien à lui, et est clairement impressionnant.


Quand on regarde en détail votre carrière, on constate que vous avez travaillé sur de nombreux animes, mais très souvent en tant qu'animateur-clé. Pouvez-vous nous parler un peu plus de ce poste ? Quel est votre meilleur souvenir à ce poste ?

Le poste d'animateur-clé est à mes yeux une partie de moi dans le domaine de l'animation. Je ne considère pas vraiment le character design comme un travail d'animation, c'est évidemment une étape primordiale, mais ce n'est pas de l'animation en tant que telle.

Mon meilleur souvenir restera toujours mon travail d'animateur-clé sur Ranma ½, où on m'a laissé très libre et où j'ai donc pu m'exprimer comme je le souhaitais.



Pour finir, auriez-vous une anecdote amusante à nous raconter sur votre carrière ?

C'est plutôt le souvenir d'un moment très stressant : mon tout premier poste d'animateur-clé, sur l'épisode 119 de Ranma ½, lorsque toute la famille va au parc d'attraction. J'ai tenu le poste d'animateur-clé d'un bout à l'autre et ai été totalement libre dans mon travail, mais au final tout a été refusé et j'ai dû tout refaire ! Mais envoyant après l'épisode à la télé, j'ai été d'autant plus fier.


Remerciements à Mr Suzuki, à son interprète et manager Emmanuel Bochew, et au staff de Paris Manga pour la mise en place de cette rencontre.
  
Mise en ligne le 04/01/2016.