SARUWATARI Tetsuya - Actualité manga

SARUWATARI Tetsuya 猿渡哲也

Interview de l'auteur

Après la conférence il y a quelques semaines, place enfin à l'interview de Tetsuya Saruwatari, réalisée à l'occasion de sa venue à Japan Expo. Une rencontre passionnante durant laquelle le mangaka, créateur de Tough, Free Fight Origins ou encore Free Fight, s'est livré sur ses différents travaux et sa passion pour les sports de combat.
     


TOUGH © 2003 by Tetsuya Saruwatari/SHUEISHA Inc.
ANOTHER STORY OF TOUGH -OTON- © 2001 by Tetsuya Saruwatari / Shueisha Inc.



Manga-News: Bonjour Monsieur Saruwatari, et merci de nous avoir accordé cette interview. Dans un premier temps, pouvez-vous nous dire comment vous est venue votre passion pour le dessin ?
Tetsuya Saruwatari: Depuis tout petit, je dessinais des mangas pour m'amuser. C'est à 22 ans que j'ai réellement commencé à dessiner de façon professionnelle, en devant l'assistant de Shinji Hiramatsu. Un an plus tard, je recevais un prix qui m'a été décerné pour mon travail. Six mois après l'obtention de ce prix, je devenais mangaka à part entière... c'était il y a environ 30 ans !


La saga formée par Tough et Free Figh est votre plus longue série publiée à ce jour. Considérez-vous ce titre comme l’œuvre la plus marquante de votre vie, sur un plan personnel aussi bien que professionnel ?
Effectivement, on peut dire que cette série est mon œuvre maîtresse à ce jour. C'est également celle qui compte le plus pour moi !
 

KOKO TEKKENDEN TOUGH © 1993 by Tetsuya Saruwatari/SHUEISHA Inc.

 
Kiichi est le héros de Tough / Free Fight. Au début de Tough, c'est un bagarreur plutôt impétueux mais petit à petit il a évolué et aujourd'hui c'est un grand combattant, capable de rivaliser avec son père adoptif et ses oncles. Ce personnage est-il encore capable d'évoluer ?
Oui je pense que Kiichi peut encore évoluer car le but ultime de ce personnage est de devenir le plus grand héritier du style Nadashinkagé. Il faut donc qu'il continue dans cette voie pour y parvenir ! Le fait d'être le plus grand héritier ne consiste pas uniquement à gagner contre tous ses adversaires, c'est aussi être reconnu par tous, y compris par ses ennemis et son entourage proche.
 
  
Justement, dans le 31ème tome qui vient de sortir en France, l'oncle de Kiichi, Son-O, le reconnait comme héritier du Nadashinkagé. Pourtant, la présence de son père adoptif et de son autre oncle, Kiryu, est encore très pesante. On a presque l'impression que ces deux personnages font de l'ombre à Kiichi... Est-ce que la disparition de Seiko, Kiryu, voire même des deux, n'est pas une étape obligatoire permettant l'épanouissement total de Kiichi ?
Pour moi, il n'est pas nécessaire que l'un des trois frères meure pour que Kiichi soit reconnu comme l'héritier ultime du Nadashinkagé. La reconnaissance de Kiichi comme héritier ultime passe par une victoire contre un certain personnage (lors de l'interview, nous ne savons pas encore qui, ndlr) qui est reconnu par tous comme le plus grand combattant !
 
TOUGH © 2003 by Tetsuya Saruwatari/SHUEISHA Inc.


A la lecture du 31ème tome, nous avons une piste concernant l'identité de ce grand combattant... Ne serait-ce pas le vrai père de Kiichi, le grand maître du Yudenshinkagé, l'école rivale du Nadashinkagé ? Est-ce qu'on se dirige vers un grand duel père VS fils en guise de conclusion à la série ?
Votre interprétation consistant à faire combattre Kiichi contre son père en point d'orgue de la série est une bonne interprétation ! (rires)


Le jour où Free Fight se terminera, devra-t-on considérer la fin comme une fin de saison ou une fin de série?
Quand Free Fight se terminera, il n'y aura probablement pas de troisième saison. Si jamais je redessinais une œuvre en rapport avec Free Fight, cela serait très sûrement un spin-off mettant en scène Kiryu Miyazawa (cette information a été confirmée quelques jours plus tard, ndlr).
 

Revenons sur Seiko et Kiryu. Ces deux personnages ont une approche très différente de la pratique des arts martiaux. Des deux frères, quel est celui qui est pour vous l'artiste martial le plus accompli ?
Pour moi, c'est Seiko qui est l'artiste martial le plus accompli. Mais le personnage que je préfère est Kiryu !

 
Dans la plupart de vos illustrations, et notamment celles de l'artbook, on note un réel souci du détail, notamment dans la gestion de l'ombre et des muscles. Combien de temps vous faut-il pour réaliser une telle illustration ?
Il me faut en moyenne une journée !
 
TOUGH © 2003 by Tetsuya Saruwatari/SHUEISHA Inc.

 
Parlons maintenant de combat libre, votre autre passion. Est-ce que vous avez déjà pratiqué un sport de combat ?
Non, jamais !
 
 
Alors comment est née cette passion pour les sports de combat ?
En fait, c'est en regardant ces sports à la TV, ou en assistant à des rencontres sportives, que je suis devenu un grand fan. Aujourd'hui, j'ai un peu moins de temps qu'avant mais autant que possible j'essaie d'assister à des matches. Du temps où le Pride existait encore au japon, j'assistais à toutes les éditions. J'ai également vu une dizaine d'évènements UFC aux États-Unis.


Actuellement, quels sont vos combattants favoris ?
En ce moment, j'aime beaucoup Riki Fukuda, qui a malheureusement perdu son combat hier contre Constantinos Philippou (Le 148ème UFC, durant lequel Fukuda a livré son match, s'est déroulé le 07 juillet 2012, soit la veille de l'interview, ndlr). C'est vraiment dommage mais je continue de soutenir ce combattant !
 
Riki Fukuda
 
 
Concernant l'UFC, comment expliquez-vous qu'il y ait si peu de japonais qui arrivent à percer dans cette organisation ?
Quand le MMA a commencé à se développer, plusieurs combattants japonais se faisaient remarquer. Je pense notamment à Kazushi Sakuraba, qui fut très performant à une époque. Aujourd'hui, le MMA a beaucoup évolué par rapport à ses débuts, il n'y a plus de techniques inattendues, et les rencontres sont plus basées sur un rapport physique: c'est le combattant qui a le physique le plus solide, le plus imposant et résistant, qui gagne. Sur ce point, les japonais sont peut-être désavantagés.


Comment se passe l'intégration d'un combattant dans la série Free Fight ? Pourquoi certains personnages, comme Sanae Kikuta, possèdent le nom de leur modèle, tandis que d'autres apparaissent avec des identités secrètes, tel que Wanderlei Silva qui apparait sous le nom du « Dark Monkey » ?
Le premier personnage réel à apparaître dans la série est un ami, Yoshiki Takahashi. Il est intervenu dans la série Tough où il était décrit comme le "mangeur d'hommes". Après un combat difficile, Yoshiki Takahashi s'est cassé la jambe et ne pouvait plus combattre. Pour ne pas tomber dans l'oubli, il m'a demandé s'il pouvait être intégré dans le manga.
Concernant Sanae Kikuta, le nom est apparu sans changement suite à la demande du combattant qui souhait voir son nom dans la série. D'ailleurs, Sanae Kikuta m'a demandé de ne pas faire mourir tout de suite son personnage dans la série !
 

Est-ce que c'est la première fois que vous venez en France ? Comment avez-vous trouvé l'accueil de vos fans ?
Je suis déjà venu trois fois en France, mais c'est ma première en tant qu'invité sur un salon. J'adore la France, donc je profite toujours au maximum de mes séjours dans votre pays. Concernant l'accueil de mes lecteurs français, je suis très touché et je tiens à les remercier !


Le message est passé, merci beaucoup Monsieur Saruwatari !
Merci !


A l'issue de l'interview, nous avons reçu un magnifique dessin de l'auteur, que nous vous proposons d'admirer:
 

 
 
Remerciements à Monsieur Saruwatari, à Laurent Latrille, ainsi qu'aux éditions Tonkam & Shueisha !