ROGALSKI Olga - Actualité manga

Interview de l'auteur

L'éditeur Taïfu a lancé sa collection yaoï au cours du Salon du Livre de Paris 2009 et avait invité pour l'occasion, Olga Rogalski, une jeune auteur allemande. Nous avons eu le plaisir de la rencontrer.




MN : Bonjour Olga.
Olga Rogalski : Bonjour.

MN : Comment es-tu devenue dessinatrice ?
OR : En fait c'est un peu un accident. Je n'ai pas passé mon temps à dessiner comme la plupart des gens qui veulent faire ce métier. Je dessinais un peu quand j'étais enfant. J'ai du arrêter vers mes neuf ans et j'ai recommencé à mes dix-huit ans. Un de mes amis m'a suggéré de devenir professionnelle mais à l'époque c'était hors de question (rires) ! Et puis j'y ai repensé et je suis allée dans une école d'art pendant 3 ans. J'ai décidé de faire de la bande-dessiné mais ça a été difficile au départ. Il m'a fallu 4 ans pour être publiée mais j'y suis arrivée !

MN : Pourquoi as-tu choisi de dessiner du yaoï ?
OR : En fait, au départ j'ai commencé par faire du yaoï mais les éditeurs ne voulaient pas de yaoï allemands. Ils préféraient du shôjo ou des histoires du même genre. Après plusieurs refus, j'ai changé de style d'histoire : comédie, fantasy, romance... et j'ai été publiée. Et puis avec l'engouement pour le yaoï, j'ai pu revenir à mes premiers travaux. Mais j'aime faire de tout, j'aimerais m'essayer aux histoires d'horreur !

MN : Quels auteurs t'influencent ?
J'aime beaucoup le travail de Kouyu Shureï qui a fait Alichino et aussi Kamikazé de Satoshi Shiki. Après, j'adore le trait de Takeshi Obata, c'est mon idole !
Je lis aussi beaucoup de roman mais je ne pense pas être influencée par ça. Ou alors de manière inconsciente.

MN : Suis-tu les nouveautés japonaises en mangas yaoï ?
OR : Ce n'est pas facile. Il y a pas déjà mal de choses en Allemagne car le genre y est à la mode comme ça commence à être le cas en France. J'ai lu tout ceux édités par Tokyopop.

MN : Quels sont les auteurs du genre que tu apprécies ?
OR : Ayano Yamané et sa série Crimson Spell, et Hinako Takanaga. Leurs histoires sont vraiment mignonnes.

MN : As-tu des contraintes spécifiques pour la réalisation de tes histoires ?
OR : En Allemagne, tout est débattu avec l'éditeur, un peu comme au Japon. Je propose mes idées et elles sont soit acceptées, soit rejetées ou retravaillées. Par exemple, avant de faire les Larmes d'Anges, j'ai demandé à mon éditeur de me laisser faire un Boy's Love. Il m'a dit « tu peux vraiment le faire ? ». Et j'ai du lui prouver que j'en étais capable. J'ai alors écrit sept histoires, je lui en ai envoyé quatre et il en a choisi deux. Ensuite on a développé ces histoires et on est arrivé à celle-là. Les Larmes d'Anges, qui devait être une comédie au départ ! C'est pour ça qu'il y a des yonkoma à la fin, je ne suis pas aussi dépressive que mes personnages (rires) !

MN : Comment organises-tu tes heures de travail ?
OR : Mes heures de travail (rires). Hum, en fait, quand je dessinais cette histoire, c'était la seule chose que je faisais à part manger et dormir. Ça dépend également des deadlines. Quand elles approchent, je peux travailler plusieurs jours sans m'arrêter. Par exemple, pour le dernier chapitre, qui fait trente pages, j'ai posé l'intégralité des trames en deux jours ! Des trames, des trames, des trames (rires) !

MN : Combien de temps as tu mis pour finir les Larmes d'Anges ?
OR : J'ai mis environ 10 mois. Je voulais que ce soit bien, être fière de mon travail donc j'ai pris mon temps.



MN : Tu travailles seule ?
OR : Oui, je fais absolument tout toute seule. J'ai déjà travaillé avec une autre fille, on a gagné un concours ensemble. Mais on n'habitait trop loin l'une de l'autre et, au final, on a continué chacune de notre côté.

MN : As-tu eu recours à un ordinateur pour ton manga ?
OR : Je travaille de manière traditionnelle pour le dessin ou pour les trames. Pour le reste, je mélange un peu les techniques. Pour les couleurs, j'ai travaillé à la main ou avec Photoshop comme pour la couverture. Mais sinon je travaille sur de vraies feuilles de papier, avec de vraies feuilles de trames et mon éditeur scanne les pages et garde les originaux. C'est plus facile aussi pour l'éditer dans d'autres pays quand les formats et la langue changent.

MN : Pour l'instant tu n'as travaillé que sur des séries courtes...
OR : J'aimerais bien travailler sur des titres plus long. Dans un premier temps, j'aimerais pouvoir faire une suite aux Larmes d'Anges parce que la fin est très triste et c'était mon éditeur qui voulait ça. J'aimerais faire un happy end donc j'espère que mon éditeur sera d'accord pour une suite.
Mais c'est difficile de faire des séries longue en Allemagne, il y a beaucoup de choses qui entrent en jeu. Il faut déjà gagner la confiance de l'éditeur.

MN : As-tu voulu briser les stéréotypes du genre yaoï avec ton titre ?
OR : J'ai surtout essayer de ne pas me laisser influencer par d'autres artistes. Ensuite, j'allais faire un one-shot donc je ne voulais pas faire une histoire où le personnage passe son temps à se demander « je suis gay ? Je ne le suis pas ? ». Je voulais avoir un personnage qui n'ai pas à se cacher par rapport à la société.

MN : Tu fais partie des premiers auteurs de la nouvelle collection yaoï de Taï-Fu...
OR : Et j'en suis très fière. Quand j'ai su que j'allais être publiée à l'étranger, j'étais vraiment très contente. C'est la première fois que je suis publiée à l'étranger et c'est la France !

MN : Que penses-tu des autres titres de ce label ?
OR : Je ne connais que Kazusa Takashima. C'est vraiment un très bon auteur. Wild Rock a été un de ses premiers titres et... Waoh, c'est génial ! Stupid story d'Anna Hollmann est aussi un titre allemand mais c'est plus du shonen-aï. C'est plus gentil, plus innocent que mon titre.

MN : Quel a été l'accueil pour ton manga durant le salon ?
OR : C'était génial, il y a eu beaucoup de monde pendant mes séances de dédicaces. J'ai été très surprise, tout ces gens qui veulent une dédicace (rires) !

MN : Et si ton manga était publié au Japon ?
OR : Un rêve devenu réalité ! Je cours partout en hurlant (rires) ! Ce serait un peu comme quand j'ai gagné mon premier concours : waoh, incroyable !

MN : Merci !
OR : Arigato Gozaïmashita.

Interview réalisée par Blacksheep le 15 Mars 2009