RAF - Actualité manga

Interview de l'auteur




Manga-News: Bonjour Raf! Debaser est votre premier projet professionnel. Qu'est-ce que ça vous fait d'être publiée?

RAF: C'est "que du bonheur"! En fait, c'est au moment de signer mon contrat avec les éditions Ankama que j'ai ressenti la plus vive émotion. Ensuite, le fait de découvrir mon histoire entre mes mains, sous forme de volume relié, fut vraiment impressionnant!

Pouvez-vous nous parler de votre parcours? Comment êtes-vous arrivée à publier Debaser chez Ankama?

Lorsque j'étais plus jeune, je participais à de nombreux fanzines avec des amis. Il y a deux ans, lors d'une convention, j'ai rencontré un responsable des éditions Ankama et lui ai fait découvrir mon travail... C'est après avoir terminé mes études que je l'ai recontacté pour lui présenter mon projet sur Debaser... C'est ainsi que j'ai signé chez les éditions Ankama!

Comment est né votre projet sur Debaser?

J'ai imaginé les prémices de l'histoire de Debaser alors que j'étais encore au lycée. Je réfléchissais au scénario au lieu d'écouter mes professeurs! (rires). Avec le temps et l'âge, j'ai reformulé le scénario, qui n'était peut être pas suffisamment mature à l'époque, pour qu'il devienne ce qu'il est aujourd'hui.

Votre style graphique est assez atypique. Quelles sont les influences qui vous permis d'acquérir ce style si particulier?

Je suis de la génération du Club Dorothée, donc j'ai toujours été inspirée par certains dessins animés japonais comme Sailor Moon ou Ranma 1/2. Plus récemment, j'ai été beaucoup influencée par les productions du studio Gainax.

Pas d'inspirations issues de l'école franco-belge?

Pas vraiment... En fait je suis plus attirée par les mangas et certains comics underground, au style très urbain.

Debaser est parfois très satirique et se plaît à mettre en avant certains travers de la société française... Jusqu'à quel point le monde de 2008 vous a inspiré dans la création de votre série? (l'histoire de Debaser se déroule en 2020, ndlr)

J'ai essayé d'imaginer pour Debaser une caricature de notre propre société, même si j'espère que nous n'arriverons jamais à l'univers que le lecteur pourra découvrir dans ma série! En fait, je suis parfois révoltée quand je regarde certaines émissions ou le journal télévisé, trouvant que notre monde part à la dérive... Au lieu de râler devant ma télé, j'ai décidé de parler de mon ressentiment en créant une bande-dessinée. Je dénonce notamment dans Debaser les travers du système éducatif français, ou encore notre système culturel qui s'appauvrit.

Vous critiquez également beaucoup l'inégalité entre les hommes et les femmes...

Je n'ai pas vécu personnellement cette inégalité que je dénonce... mais je trouve qu'il persiste encore de nos jours une sorte de pensée latente assez misogyne en France... Mai 68 a beaucoup libéré la condition féminine, cependant je trouve que depuis quelques temps, nous assistons à une résurgence d'une certaine forme de pensée patriarcale... Je trouve ceci très inquiétant!

Est-ce que vous avez déjà imaginé la fin de votre série?

Je sais effectivement comment se déroulera la fin de Debaser. Par contre je n'ai que des idées non arrêtées en ce qui concerne le cheminement de l'histoire. Ce dernier sera déterminé par divers facteurs, notamment l'actualité. Par exemple, j'ai pu lire il y a peu que le gouvernement comptait faire passer une loi douteuse contre le téléchargement illégal. Je vais surveiller ce sujet de près pour éventuellement en parler dans un prochain volume de Debaser.

Votre manière de procéder à la création de votre manga est vraiment moderne...

Oui. J'ai vraiment envie d'ancrer le scénario de Debaser dans la réalité de notre société.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre rythme de travail au quotidien?

Il faut savoir que je n'ai pas d'assistant, donc mes journées sont assez chargées... Je travaille de 09h30 à 19h00 environ. Le week-end également, sauf que je m'accorde une grasse matinée! (rires)

Quel sera le rythme de parution de Debaser?

Deux volumes par an. Je suis capable de réaliser 30 à 40 pages par mois.

Si le succès est au rendez-vous, sera-t-il possible pour vous d'embaucher un assistant?

Il faut savoir que le fait d'avoir un assistant ne dépend pas vraiment de ma rémunération. Le souci principal est de trouver quelqu'un capable de réaliser des tâches assez ingrates, comme par exemple coloriser en noir certaines zones de mes dessins... J'ai demandé autour de moi: personne ne semblait intéressé.

On en arrive à la dernière question... Avez-vous une révélation fracassante à nous faire sur le contenu du scénario du second volume de Debaser?

Ah non! Je préfère ménager le suspense! (rires)

Merci beaucoup pour cette interview!

Merci à vous!


Entretien réalisé par Crack et shinob.(juillet 2008)





Bonjour Raf et merci de nous accorder ce second entretien.
Bonjour!
               
Comment vas-tu depuis notre dernière rencontre? Comment se porte ta série Debaser?
Je vais très bien, merci! Par contre j'ai pris un peu de retard sur le deuxième tome de Debaser... Actuellement je travaille douze heures par jour, sept jours sur sept! Le rythme est un peu difficile à tenir! D'après ce que je sais, les ventes de Debaser sont bonnes, donc je suis très contente!

Le tome 2 de Debaser est prévu pour quand?
La sortie est prévue pour le 18 Mars. Je tiens à préciser que malgré le retard que j'ai pris, je ne bâclerai pas la fin de ce volume! (rires)

Peux-tu nous faire une révélation sur ce tome?
Dans ce tome, Joshua se retrouve en prison et Anna va faire une émission de relooking à la télévision. Les personnages vont évoluer et mûrir, notamment en apprenant à mettre des mots sur les problèmes qu'ils ont avec la société...

Le héros de Debaser, Joshua, est musicien. Quel est ton rapport avec la musique? Es-tu une simple mélomane ou une musicienne chevronnée?
Je suis juste mélomane. Mon père écoutait beaucoup de Rock, j'ai donc été bercée par cette musique dans ma jeunesse. A un moment, j'ai hésité entre la musique et le dessin, mais comme je ne suis pas très douée en musique, le choix a été vite fait! (rires) Étant donné que la musique et le dessin sont des domaines très difficiles à maîtriser, je ne me suis jamais sentie capable d'apprendre les deux en même temps. Aujourd'hui, je me consacre donc uniquement au dessin, mais je me console en jouant à Guitar Hero! (rires)

Lors de notre dernier entretien, tu m'avais révélé que certains évènements de l'actualité te donnaient beaucoup d'inspiration. L'actualité de ces derniers mois a été très riche... T'en es-tu servie dans le volume 2?
L'actualité de ces derniers mois a été très choquante... Le problème, c'est qu'un nouvel événement en chasse très vite un autre... Tout s'enchaîne très vite! Par contre, un bande dessinée s'écrit sur plusieurs mois, c'est donc très difficile de coller à l'actualité. Je cherche donc prioritairement à aborder des problèmes de société récurrents. C'est pourquoi dans le tome deux, je me suis un peu inspirée du milieu carcéral et de loi visant à mettre en prison des mineurs de 12 ans.
                              
Si l'action se passe en milieu carcéral, vas-tu maintenir la musique comme thème principal et fédérateur de Debaser?
Sans en révéler trop, la musique va rester le fil conducteur de la série, même si l'action se passe en prison.

Peux-tu nous dire quel est ton personnage préféré dans Debaser et pourquoi?
Mon personnage préféré est Nathan, le frère de Joshua qui apparaît à la fin du premier volume. C'est un électron libre, je trouve qu'il me ressemble assez d'ailleurs. J'apprécie son humour graveleux! Comme Nathan n'est pas le personnage principal, je peux vraiment me lâcher dessus et lui faire faire n'importe quoi!

Que va-t-il se passer pour Nathan dans ce deuxième volume?
Nathan sera plutôt en arrière plan, car il arrive des choses très importantes à Joshua et Anna. On va donc le voir évoluer de manière sporadique. C'est un personnage qui va servir de soupape, en apparaissant dans des petites scènes humoristiques. Par contre, il va réapparaître de manière régulière dans le troisième volume.

De nouveaux personnages récurrents vont-ils faire leur apparition dans le deuxième tome?
Oui, des personnages secondaires récurrents vont faire leur apparition. Je compte bien mettre, en scène, dans un avenir proche, une bande de cinq ou six potes, Joshua et Anna inclus, qui vont finir par former un groupe.

Comment est l'accueil des fans en cette troisième édition de l'Ankama convention?
L'accueil est plutôt bon! Je parle souvent de musique avec les lecteurs de Debaser que je rencontre... mais beaucoup sont timides! (rires)

Utilises-tu l'informatique dans la réalisation de ta série?
Je travaille beaucoup à la main, notamment pour la création des story boards ou des onomatopées. Je dessine ma planche entière sur papier, puis je fais l'encrage, toujours manuellement. J'utilise l'informatique pour réaliser les scans et pour faire les niveaux de gris.

Pour conclure, as-tu un message à faire passer à tes lecteurs?
Continuez à vous cultiver et gardez toujours un esprit critique sur ce qui vous entoure!

Merci beaucoup!
Merci!

Entretien réalisé par shinob.(décembre 2008)