NIE Jun - Actualité manga

Interview de l'auteur

A l'occasion de sa venue en France, nous avons eu le privilège de rencontrer Nie Jun, le créateur de Diu Diu, My Street ou plus récemment Zobo et les fleurs de la vie aux éditions Bao. L'entretien s'est terminé sur la classique séance de dédicace filmée et visible plus bas!
    

  
 
Manga-news: Bonjour M. Jun! Pourriez vous vous présenter en quelques mots?
Nie Jun: Bonjour! Mon nom est Nie Jun et je vis à Pékin. L'essentiel de mon activité se situe autour de la bande dessinée: en plus de mon travail d'auteur, j'enseigne le dessin à l'université.
 
 
Pourriez vous nous parler de la bande dessinée en Chine?
De nos jours beaucoup de chinois lisent des bandes dessinées, même si la plupart des lecteurs préfèrent lire du manga. Moi-même, j'ai grandi avec le manga et je tire beaucoup d'inspiration de ce genre.
Concernant le marché chinois de la bande dessinée, on peut dire que ce dernier est assez monolithique: il n'y a pas beaucoup de styles différents, les histoires sont globalement semblables et relativement simples.
 
 
Que lisiez vous comme manga quand vous étiez enfant?
En manga, je lisais avec beaucoup de plaisir les œuvres de Katsuhiro Otomo (Akira) et Osamu Tezuka (Bouddha, Ayako...). Du côté de l'occident, j'appréciais beaucoup les aventures de Tintin, réalisées par Hergé.
    

   
  
Quels artistes vous ont influencé, en général et plus particulièrement pour Zobo?
C'est très difficile de dire quels artistes m'ont influencé car je lis tous les genres de la bande dessinée. D'autant plus dans le cadre de Zobo et les fleurs de la vie, qui mélange plusieurs  genres.
Je peux néanmoins citer Moebius. Même si je ne lis pas le français, j’ai beaucoup appris en observant son travail, notamment sur la couleur et la mise en page.
Concernant Zobo et les fleurs de la vie, les influences sont diverses: films, opéra , drama, romans...
   
 
Deux ou trois films qui vous ont marqués?
J’ai vu trop de films pour en citer juste deux ou trois. Je suis passionné par le cinéma, et j'ai regardé beaucoup de films japonais, français et hollywoodiens. Récemment j ai bien aimé «Le parfum»
   

Pourriez vous nous parler de votre premier livre, Diu Diu?
J’ai fait cette histoire il y a 10 ans. Diu Diu est mon premier projet professionnel, et incarne ma vision de la bande dessinée à cette époque. Je pense qu'il y a de bonnes choses graphiquement, mais que l'histoire pourrait être améliorée.
   

   
  
Est-ce que Diu Diu a bien été accueilli en Chine?
Pour Diu Diu, j’ai commencé par réaliser des épisodes pour un journal national nommé Beijin Cartoon. A cette époque je ne croyais pas à une publication en format relié, je pensais juste à gagner un peu d’argent...
Mais grâce au magazine j’ai commencé à être connu des lecteurs, et après plusieurs années un éditeur chinois m’a demandé si je voulais réaliser un volume relié...
  
   
Avec My street votre style est complètement différent, pourriez-vous nous en dire plus?
Au moment de My street, je n’avais pas de petite amie et donc mon imagination était très fertile. Comme j’aimais beaucoup le Rock, je voulais publier une bande dessinée dans cette veine, avec une histoire très cool et punchy, qui plairaient autant aux filles qu'aux garçons.
En fait, avec My street, j'ai voulu avant tout me faire plaisir... Fort heureusement, mon histoire a plu également à mes lecteurs! (rires)
   

  
  
La série est toujours en cours de parution?
Oui, My street continue car cette série fait partie de moi. J'ai commencé ce titre dans ma chambre d’université et il m'a suivi jusqu'à mon mariage. Vous l'aurez compris, My street compte beaucoup pour moi. Je veux poursuivre ce titre en continuité de ma propre existence. C'est en quelque sorte le travail de ma vie!
  
  
Quel message cherchez-vous à transmettre dans Zobo?
Comme Zobo et les fleurs de la vie n'est pas un volume unique mais une série, je veux transmettre un message différent dans chaque volume.
Dans le premier, le message véhiculé est l'amour et le sacrifice. Dans le deuxième opus il sera question de jalousie.
    

    
  
Justement, dans Zobo l'amour et l'abnégation vont de pair. Ne trouvez-vous pas ce point de vue pessimiste?
Peut être... Mais j'ai réalisé Zobo pour donner du bonheur à mes lecteurs. Même si les personnages de mon histoire souffrent, tous finissent par trouver une voie qu'ils ont eux-mêmes choisie.
Il ne faut pas se focaliser sur le sacrifice de Zobo, mais plutôt sur la fleur qui est dans son cœur et qui lui donne la vie: c'est ça le vrai amour!
  
 
La méduse est un symbole très présent dans le récit. Pourquoi le choix de cet animal, et que représente-t-il exactement?
La méduse représente l’image de l'enfant qu'on retrouve dans Zobo. Elle est solitaire, dangereuse et même méchante.
 
 
Vous travaillez aussi bien dans le n&b que dans la couleur... mais que préférez-vous?
Ces deux styles ont leurs qualités! Le n&b donne une impression plus directe et percutante au lecteur, tandis que la couleur donne l'impression de regarder un film.
Impossible de choisir: j’aime beaucoup les deux! (rires)
      
 
 
 
Est-ce que vous savez avant d'écrire une histoire si elle sera en n&b ou en couleur?
Bien sûr j'y pense avant! Par exemple pour Zobo et les fleurs de la vie, je trouvais que la colorisation servait plus le scénario, même si elle demande plus d'efforts et de temps. Il était impensable de mettre autant en avant les cerisiers en fleurs sans être épaulé par la couleur.
  
 
Pour Zobo, comment avez-vous travaillé?
Principalement à l'aquarelle. Je n'utilise pas l'ordinateur.
 
 
Combien de temps vous a-t-il fallu pour faire Zobo?
Environ huit mois.

 
Merci pour cette interview!


Remerciements à Nie Jun, à la traductrice Li Cui et à Jean-Paul Moulin, responsable du label Bao pour les éditions Paquet.

Nous vous rappelons qu'un extrait de Zobo et les fleurs de la vie est disponible dans notre rubrique Manga en ligne.