MURAKAMI Maki - Actualité manga

MURAKAMI Maki 村上真紀

Interview de l'auteur

Maki Murakami, invitée d'honneur de cette édition 2010 de Chibi Japan Expo, était heureuse de rencontrer pour les première fois ses fans français durant le festival. Elle a aussi accepté de répondre à quelques unes de nos questions. Voici le compte-rendu de notre rencontre avec cette sympathique mangaka!


Bonjour! Qu'est-ce qui vous a amenée à devenir mangaka ?
Lorsque j'étais au collège, une de mes camarades de classe avait sa sœur qui était mangaka. Un jour, elle m'a demandé si je ne pouvais pas devenir assistante pour l'aider à travailler et c'est comme ça que je suis entrée dans le milieu du manga et que j'ai eu envie de devenir mangaka.


Quel est le premier titre que vous avez fait ?
Il s'agit de Narushisuto no Higeki. En fait, je suis vraiment devenue mangaka un an après être devenue assistante en réalisant cette histoire courte.


Quels sont les mangas qui ont marqué votre jeunesse?
En fait, je ne lisais pas trop de mangas lorsque j'étais enfant, mais si je devais citer ceux que je lisais, il s'agirait de Banana Fish, Trigun, et des mangas plutôt de style shônen.
 
 
 
 
Y a-t-il des mangakas qui vous ont influencée ?
A vrai dire, j'ai vraiment commencé à lire des mangas une fois que j'étais moi-même dans le milieu. J'ai donc lu beaucoup de mangas par la suite, mais peu m'ont influencée.


Dans ce cas, y a-t-il d'autres choses qui vous ont influencée ?
Au départ, je pensais que ce que je voulais lire en manga n'existait pas, et je me suis donc dit que j'allais créer ce dont j'avais envie. J'ai donc commencé à dessiner sans trop me poser de questions, je me basais sur l'histoire, et j'ai commencé à développer mon style de cette manière. Par la suite, je me suis rendue compte qu'il existait déjà beaucoup de mangas du genre de celui que je dessinais (rires).


Justement, pouvez-vous nous parler de ce style de manga ?
A l'époque, ce genre de mangas étaient vendus sous le manteau, ce n'était pas comme aujourd'hui où l'on peut avoir des rayons boy's love en magasin. C'était un peu comme les produits érotiques, on ne les montrait pas. Moi, je ne savais pas qu'il y en avait. J'avais entendu dire que ce style existait, mais comme je n'arrivais pas à en trouver, je me les suis développés toute seule, comme une grande (rires). Et c'est seulement après que j'ai eu accès aux mangas de ce style.


A votre avis, quelles sont les grandes différences entre ce que vous faites et le reste de la production de ce genre ?
En fait, ce serait plutôt aux lecteurs de répondre à cette question (rires). Moi, n'ayant pas lu ce type de mangas à l'époque et en en ayant écrits un peu comme je le sentais, je ne sais pas si j'étais dans la mouvance du boy's love, ou si je créais quelque chose de totalement différent des boy's love existant à cette époque. Même aujourd'hui je ne peux pas vraiment répondre.


Il y a des boy's love très explicites. Vous sentez-vous capable de créer des titres de cette veine-là ?
J'ai essayé, non pas en tant que dessinatrice de manga, mais en tant que dessinatrice de doujinshi, et j'allais jusqu'au maximum de ce que la loi permettait (rires).


La musique est un sujet important dans Gravitation, notamment parce que Shuichi, le héros, joue dans un groupe influencé par la musique techno. Quels ont été vos influences pour cet aspect de la série ?
Quand j'ai développé mes personnages, j'étais fan du groupe de musique B'z, et il est vrai que je me suis basé sur ce groupe pour développer mon personnage. Pour moi, la musique était un peu cet univers que représentait B'z.
 
   
 
 
Gravitation a connu une adaptation animée, connue notamment pour sa bande son. Avez-vous participé à la création des 3 CDs qui ont été faits pour la version animée de Gravitation ?
Quand les CDs ont été faits, je n'ai pas participé et ai laissé faire les gens plus au courant que moi dans ce domaine, comme le directeur de la musique. Evidemment, ils avaient enquêté auprès des fans pour connaîtres leurs styles musicaux préférés, pour ensuite adapter des musiques; Ils ont demandé à des musiciens, par exemple Daisuke Asakura, de participer aux musiques, et au final ça a apparemment plu au public. Pour moi, c'était parfait. Qu'ils aiment mon oeuvre et la musique qu'il y a autour, c'était très bien.
 



Avez-vous besoin d'écouter de la musique quand vous travaillez, ou pas du tout ?
Quand je dessine, je dois également mettre le scénario dans les bulles, et pour ne pas être déconcentrée, j'écoute uniquement des musiques, pas de chansons.


Et quel est votre avis sur le résultat final de la série animée ?
A vrai dire, mon histoire part un peu dans tous les sens, et quand j'ai vu la version animée, j'ai trouvé que le staff avait très bien tout rassemblé, tout remis correctement (rires).


Justement, Gravitation est une série très humoristique et déjantée. Cela vous semblait important d'intégrer cet aspect dans votre série ?
J'avais entendu dire que dans les boy's love l'humour n'était pas forcément très présent, et je voulais que mon œuvre soit un peu plus accessible dans le genre. Je voulais donc que les personnages aient une vie plus déjantée, plus optimiste, et pas uniquement ciblée sur la relation entre les deux héros.


A présent, vous avez débuté Gravitation EX, la suite de Gravitation. Selon vous, quels éléments ont changé dans cette suite par rapport à la série initiale ?
Quand on m'a demandé de faire Gravitation EX, je pensais avoir dit tout ce que je voulais dans Gravitation. De ce fait, je me suis mise sur une autre piste, plus cool. Je n'avais plus cette pression qui pesait sur moi, mais j'ai continué à aborder des choses que je n'avais peut-être pas développées précédemment. J'ai fait Gravitation EX pour plusieurs raisons, principalement parce que mon éditeur me l'a demandé, et j'ai accepté parce que les perosnnages de Gravitation me plaisent beaucoup. Du côté du scénario, il n'y a pas tant de changements que cela, c'est juste que je fais cette suite plus tranquillement.




Comptez-vous continuer Gravitation EX pendant encore un petit moment ?
Oui, je continue la série.


Cette suite est publiée sur Internet. Est-ce important pour vous que la série soit publiée ainsi ?
Tout d'abord, je pense qu'Internet est un média très important. Je pense que le livre lui-même, que le papier ne mourra pas de sitôt, mais mon avis est qu'en tant que média de diffusion, de distribution, Internet est en effet très important.


A votre avis, parmi tous les personnages que vous avez créés, quel est celui qui est le plus proche de vous ?
Sans hésitation, Yuki ! (rires)


Il y a une partie de vous dans ce personnage ?
Oui, on peut dire ça comme ça, notamment en ce qui concerne la partie un peu sombre de Yuki (rires).


En ce qui concerne les relations entre garçons, sont-elles tabou au Japon ?
Je ne suis pas au courant de tout, mais par rapport à il y a quelques années, il ne fait aucun doute que ces relations sont devenues plus ouvertes, moins cachées. Maintenant, en ce qui concerne la perception de l'homosexualité au Japon, je pense vraiment que ça dépend des régions, et également des milieux dans lesquels cette homosexualité évolue.



Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Je continue Gravitation EX, bien sûr, mais j'ai également un autre projet. Je ne peux pas encore vous en dire beaucoup plus, mais ce ne sera pas du boy's love, même si certains personnages pourraient aller dans ce sens.
 

Savez-vous déjà chez quel éditeur cette nouvelle série sera publiée ?
L'éditeur Gentosha, qui a déjà publié mes autres œuvres, m'a dit que dès que ce nouveau titre serait prêt il fallait le leur amener (rires).


Vous avez déjà donné une séance de dédicaces ce matin dans le cadre de cette Chibi Japan Expo.  Comment avez-vous été accueillie par le public français ? Quelles ont été vos impressions ? Est-ce la première fois que vous venez en France ?
Il s'agit de ma première visite en France. Ce matin j'ai pu voir mon premier public, et jusqu'à présent, comme partout où j'ai fait des dédicaces, j'ai remarqué que les garçons étaient plus timides, plus réservés que les filles.
 

 
 
Seriez-vous prête à revenir une prochaine fois ?
Si on fait appel à moi, bien sûr!
 
 
Remerciements à Maki Murakami et à SEFA.