MOLAS Frédéric (Joueur du Grenier) - Actualité manga

MOLAS Frédéric (Joueur du Grenier)

Interview de l'auteur

Devenu en quelques mois une idole du web grâce à ses vidéos décortiquant  de manière franche et humoristiques les jeux vidéos d'antan, Le Joueur du Grenier est devenu un invité récurrent des nombreux salons français, créant l'évènement à chacun de ses déplacements. L'un de ses derniers déplacements en date fut à la treizième édition de la Japan Touch de Lyon en décembre 2011, où son arrivée fut à l'origine d'un véritable mouvement de foule ! Malgré le temps qu'il tient à passer à la rencontre de ses fans, le célèbre testeur répondant dans le civil au nom de Frédéric Molas nous a fait le plaisir de répondre à nos questions, accompagné de Sébastien Rassiat, son acolyte de toujours. 

 
   
    
Manga-News : Salut Frédéric et Sébastien. Ces derniers temps, vous avez fait la tournée des salons de France ! N'êtes-vous pas trop fatigués de tous ces déplacements ? 
Frédéric Molas : A partir de l'an prochain, on va se limiter à un seul évènement par mois maximum ! Là, avec l'enchainement du TGS et de Japan Touch, on est un peu sur les rotules... En plus, avec tous ces salons en fin d'année, ça retarde la parution de nouvelles vidéos. D'ailleurs, pour décembre, on n'aura pas le temps de faire une vraie vidéo de test, on va plutôt faire une vidéo un peu différente qui devrait nous prendre moins de temps (ndlr: que vous pouvez retrouver à la fin de cette interview). Mais à partir de l'an prochain, on va essayer d'être régulier pour garder le rythme dans la sortie de nos tests.
  
  
Votre popularité est vraiment grandissante. A partir de quel moment, de quelle vidéo, vous êtes-vous rendus compte de votre popularité ?
Frédéric Molas : (sans hésiter) Dragon Ball ! 
Sébastien Rassiat : Oui, oui, désolé si la réponse n'est pas très originale. Mais c'est la première vidéo où on s'est donné les moyens de faire quelque chose de spectaculaire. Et comme c'est une série qui parle à tout le monde, le succès a été immédiat sur celle-ci..
   
   
Revenons aux origines de la rubrique. Pourquoi avoir fait le choix de la nostalgie ? Est-ce pour rendre hommage à cette époque bénie, ou bien un manière d'exorciser les cauchemars de votre jeunesse ?
Sébastien Rassiat : Il y a un petit peu des deux... Ce sont avant tout des choses qui nous ont marqués, que ce soit dans le bon ou dans le mauvais sens. C'est ce qui nous permet de développer plus naturellement les tests et à créer de l'humour, des gags... Après, ça dépend des jeux, mais par exemple, pour Tortues Ninjas (NES), c'est du  "je t'aime moi non plus" : c'est un jeu détesté par tout le monde mais qui rappelle aussi une certaine enfance, avec le dessin animé et tous les produits dérivés sortis en même temps..
   
    
Avant de vous lancer dans l'émission, aviez-vous déjà des expériences dans le domaine du jeu vidéo, en tant que testeur ou programmeur, par exemple ?
Frédéric Molas : Ah non, carrément pas ! On est juste de simples joueurs, des passionnés avant tout ! D'ailleurs, c'est finalement un peu ça qui manque dans certains tests de jeux vidéo, où on te fait toute une analyse très pointue, où on te dit "y a ça, ça et ça...", mais ça manque de ressenti au final. "Le Joueur du Grenier", c'est justement axé beaucoup plus sur le ressenti !
Sébastien Rassiat : Oui, on se place beaucoup plus du point de vue du joueur, avec les parts de rage qu'on peut ressentir parfois devant la console... Tout le monde peut se reconnaître là-dedans !
  
  
Justement, en parlant de rage, quelle est la part de vérité dans les énervements devant la caméra, alors que vous faites touts les tests avant le tournage ?
Frédéric Molas : Ils sont bien vrais, même s'ils sont reproduits par la suite : si le test a lieu la première semaine sans la caméra, on note les moments qui nous ont vraiment énervés. Il y a deux variantes : soit on pète un plomb et on dit au jeu d'aller de se faire foutre, soit on en a marre et on abandonne. Ensuite, quand on écrit le script de la vidéo, on se rappelle de ces moments là pour les reproduire au mieux.
   
  
     
En quelques mots, pouvez-vous résumer le processus de création d'une vidéo ? 
Frédéric Molas : La progression de la création de chaque test est visible sur le site. Généralement, on bosse l'après-midi, car arriver à être créatif et drôle le matin, généralement, c'est pas possible ! Y en a qui arrivent, mais pour moi, c'est définitivement non !
En première semaine, c'est le choix du jeu sur un ou deux jours, puis le test : c'est là qu'on note les défauts, qu'on commence à noter les idées de gags qui nous viennent. En deuxième semaine on fait le script, puis on attaque le tournage à la fin de cette semaine ou au début de la suivante. La dernière est consacré au montage, et sur les deux derniers jours du  "re-"tournage, quand on est pas satisfait du résultat, qu'on a oublié des trucs, ou que ce n'est tout simplement pas drôle,... et le dernier jour : panique ! C'est là qu'on retarde la vidéo en mettant un message d'excuse en inventant n'importe quoi pour se justifier, et enfin, dernier jour + 2, sortie de la vidéo ! (rires)
  
  
Vous est-il arrivé de tester des jeux et que cela n'ait pas abouti à une vidéo ?
Sébastien Rassiat : La première semaine, on a une liste de titres proposés par les fans et on l'épure le plus possible. D'abord on brasse large puis pour chaque jeu, on se demande si on peut tenir 15 minutes dessus. Si c'est trop court, on peut aussi le garder pour une compilation... Mais maintenant, on commence à être habitué pour trouver les jeux qui ont vraiment du potentiel.
Frédéric Molas : Quand on est face à un jeu "merdique" mais qui n'a pas assez de contenu, on a deux solutions  : soit on ne le fait pas du tout, soit on le met dans une compil, comme par exemple avec la vidéo des "jeux en vracs".
  
  
Vous avez évoqué sur le site votre envie de faire évoluer la rubrique, notamment pour pouvoir en vivre financièrement. Quelles sont les pistes envisagées ?
Frédéric Molas : Depuis quelques vidéos, on demande à mettre de la publicité via YouTube, mais ça nous a été refusé pour certaines. Après, on a plusieurs pistes, mais on y réfléchira sans doute plus en détail l'année prochaine. On a commencé à vendre des tee-shirts, mais ça ne rapporte pas non plus énormément...
  
  
Et pourquoi pas vos célèbres chemises ?
Frédéric Molas : Ah, c'est vrai qu'on me le demande très souvent, mais le problème, c'est que les gens ne se rendent pas compte à quel point c'est cher à fabriquer ! C'est du coton, il faut faire les poches, le col, les boutons,... ça demande beaucoup plus de travail de fabrication qu'un tee-shirt, et le prix s'en ressentirait ! Moi par exemple, ma chemise m'a coûté 45 euros : à ce prix là, tout le monde trouverait ça trop cher et personne n'en voudrait !
Sinon, on a aussi réfléchi sur un dvd, qui devrait sortir en 2012. Une compil avec de vrais bonus et un contenu assez inédit. Il y a aussi un projet de bande-dessinée en préparation. Pirate Sourcil est en train de travailler dessus, avec de l'humour façon Kid Paddle... mais bon, ce n'est pas non plus pour tout de suite !
  
  
Plus globalement, comment voyez-vous évoluer l'émission dans quelques mois ou années ? Pensez-vous aller vers d'autres rubriques, vers d'autres sujets comme les dessins animés par exemple ?
Sébastien Rassiat : On n'a pas vraiment de fréquences établies pour les épisodes hors-sujets, généralement on en fait lorsqu'on commence à être soulés par les tests de jeux et que l'on veut s'offrir une petite respiration ! C'est aussi en fonction de notre inspiration du moment, si on a envie de retourner vers des séries nostalgiques... et puis aussi pour varier un peu ce qu'on propose aux spectateurs, pour ne pas trop les lasser et parfois pour leur faire découvrir des choses qu'ils n'ont pas connus.
Après, créer de nouveaux segments, je ne sais pas... Déjà, la vidéo de décembre qui ne contient pas de test nous permettra de voir comment les gens apprécient ce genre de hors-sujets. On espère que les gens vont bien la recevoir...
Frédéric Molas : Oui, ce sera une vidéo du Joueur du Grenier mais sans les jeux et en ne gardant que les gags. Mais c'était surtout pour éviter de bâcler un test dans le peu de temps qui nous reste avant la fin de l'année. On préfère revenir avec un vrai test en janvier. Ce sera sans doute marrant, mais peut-être que le fait qu'il n'y ait pas de test va peut-être choquer les gens. Mais pour l'instant, ce genre de hors-séries va rester très ponctuel.
  
  
Et le Joueur du Grenier à la télévision, c'est pour quand ? 
Frédéric Molas : On commence à avoir des propositions, mais pour l'instant, il n'y a vraiment rien de fait. De toute façon, si l'émission doit évoluer vers la télé, on tient à ce que ça reste gratuit. Être sur une chaîne payante, ça me saoulerait très vite ! Quoiqu'il arrive, la première chose que je ferais serait de prévenir les fans. 
  
  
Il y a tout de même eu une première apparition à la télévision, avec l'émission Plus ou moins geek. Que retiens-tu de cette expérience ? Quelles difficultés ont été au rendez-vous ? 
Frédéric Molas : La difficulté principale, c'est que ne suis pas chroniqueur... et ça s'entend, c'est clair ! (rires) Chroniqueur, c'est un vrai métier, et certains arrivent à rendre des choses intéressantes même s'ils ne comprennent rien au sujet. Moi, c'est le contraire : je m'y intéresse, mais j'ai beaucoup de mal à le rendre passionnant. Je pense quand même que ça s'améliore au fur et à mesure des émissions. On peut s'en rendre compte, même si elles sont diffusées dans le désordre. Par contre, on en a enregistré dix d'un seul coup avant d'avoir les premiers retours, et c'est vrai que la plupart des avis ont raison : ça manque d'ambiance, il n'y a pas assez d'échanges entre les chroniqueurs,... C'est ce que l'on va essayer d'améliorer en priorité pour les prochaines fois. On manque de métier, mais ça va venir...
Après, quand on parle d'un sujet comme les jeux vidéos, il y a vraiment beaucoup de choses à dire, beaucoup de détails à placer. Par exemple, sur la vidéo de Call of Duty. même si j'ai joué aux trois premiers, j'ai eu du mal à savoir ce que je devais dire en premier, ce que je ne devais pas oublier, ce que j'aurais du dire avant... c'est très difficile à construire dans sa tête.
   
      
Avant de conclure, je vous propose un petit questionnaire sur vos meilleurs souvenirs de jeu vidéo :
- Le premier jeu qui vous a laissé votre premier souvenir vidéoludique, bon comme mauvais ? 
Frédéric Molas : Rygar sur Linx Atari.
Sébastien Rassiat : Moi c'était un Pong sur Bi.Bip 4. Le nom de la console était tellement con que ça m'a marqué !
   
  
    
- Le premier jeu que vous avez terminé ?
Frédéric Molas : Euuuh... je ne sais plus. Pour le coup je ne vois pas du tout...
Sébastien Rassiat : Je ne vais pas faire original, mais ça doit être Super Mario Bros. En trichant avec les warp zones..
Frédéric Molas : En fait pour moi ça doit être un Sonic sur Master System, un truc comme ça...
  
- Le premier jeu que vous avez abandonné ?
Frédéric Molas : Rygar ! (rires)
Sébastien Rassiat : Pour moi, Les Chevaliers du Zodiaque !
  
- Le premier jeu qui vous a fait lâché votre premier "putain" ?
Frédéric Molas : Je ne me souviens plus... mais j'ai pêté ma Lynx Atari sur Rygar, toujours lui ! Donc je pense que j'ai déjà du lâcher quelques insultes à ce moment là, même si j'étais tout petit... 
Sébastien Rassiat : Moi, je suis presque sur que ça doit être sur Les Tortues Ninja.
    
  
    
- Le premier jeu sur lequel vous avez passé tellement de temps de jeu que vous en rêviez encore la nuit ?  
Sébastien Rassiat : Peut-être The Legend of Zelda 2... Je me faisais tellement chier à traduire l'anglais à l'époque pour comprendre, et je me suis battu avec mes parents pour rester longtemps devant la télé.
Frédéric Molas : Je crois que c'est Wonder Boy... 
  
- Le premier jeu qui vous a valu une engueulade des parents, par exemple parce que vous ne lâchiez pas la manette pour aller à table ?
Frédéric Molas : Rygar !!! (rires)
    
Décidément il revient souvent !
Frédéric Molas : Ouais, mais quand on commence à s'énerver tout seul dans la chambre à balancer des jurons et en frappant sur la console fraichement offerte, forcément... (rires)
Sébastien Rassiat : Moi c'est Street Fighter II ! J'étais arrivé à Bison, j'arrivais pas à le battre, ça me rendait fou, et je voulais pas lâcher l'affaire même si on me hurlait dessus "Descends, viens manger !!". Hors de question de mettre le jeu en pause, je voulais finir à tout prix !!
  
  
    
- Le premier jeu pour lequel vous avez consulté une soluce ? 
Frédéric Molas : Hum, ça remonte à trop loin pour que je me souvienne de ça... Par contre, un jeu que j'ai fait quasi-intégralement avec une soluce, c'est le premier Discworld sur PSOne. Les énigmes étaient tellement farfelues.. j'ai rapidement abandonné !
Sébastien Rassiat : Pour moi Castlevania 2, car il y avait un passage vraiment infranchissable... et la solution était tellement tordue que je n'aurais jamais trouvé tout seul !
   
- Le premier jeu qui vous a laissé béat d'admiration, parce que les graphismes déchiraient ?
Frédéric Molas : Je dirais... Legend of Thor, sur Megadrive
Sébastien Rassiat : Moi je trouvais Kirby Adventure sur NES super beau ! Les musiques étaient superbes, mais c'est surtout graphiquement qu'il m'a marqué. Il est arrivé assez tardivement sur la console, c'est sans doute pour ça qu'il était aussi abouti.
   
- A l'inverse, le premier jeu qui vous a fait pleurer des larmes de sang tellement les graphismes déchiraient... dans le mauvais sens du terme ? 
Frédéric Molas : Moi c'est un jeu de bagnole dont j'ai complètement oublié le nom, qui était un de mes premiers jeux sur Lynx Atari. C'était moche, et la voiture avait l'air de faire du deux à l'heure... Je me souviens juste d'une voiture rouge, naviguant dans une route pêtée, avec un décor vide et un bruit de moteur abominable... (ndlr: nous l'avons retrouvé pour lui, il devrait s'agir de S.T.U.N. Runner !)
    
  
     
- Le premier jeu qui vous a laissé sa musique en tête pendant des heures ?
Sébastien Rassiat : Une musique qui m'a rendu fou, c'est celle de Bubble Bobble, car il n'y en a qu'une qui se répète pendant tout le jeu, et elle se mettait parfois à accélerer quand il y avait "Hurry Up!" affiché à l'écran... Je la connais encore par coeur et je pourrais la fredonner toute la nuit, même si je n'en ai clairement pas envie !
Frédéric Molas : Je pense à celle de Dragon Ball, mais je pense qu'avant, il y a du y avoir Tetris, tout simplement
    
- Le premier jeu qui vous a coupé de toute vie sociale pendant quelques temps ?
Frédéric Molas : Très tardivement, ça doit être Final Fantasy VII. Sinon, j'ai été un joueur assez lambda avant ça.
Sébastien Rassiat : Plutôt Neverwinter Nights : c'est sans le doute le seul où je suis resté le plus d'heures d'affilée devant mon écran, à voir le jour passer, sans sortir...
Frédéric Molas : Pareil, mes potes me disaient : "Viens, on va jouer au foot" et je leur répondais "Naaaaan ! FFVII !!"  (rires) J'ai du y passer plus de quatre-vingt heures..
   
  
    
- Le premier jeu dans votre top personnel, s'il ne fallait en garder qu'un seul ?
Frédéric Molas : Suikoden... j'hésite entre le 1 et le 2, mais avec une petite préférence pour le second. A moins que ce soit le premier... Rah non, je ne peux pas choisir !!
Sébastien Rassiat : Je vais pas être très original, mais ça va être Zelda : Ocarina of Time. Le virage vers la 3D est tellement bien abordé, et pour moi la série est vraiment rentré dans la légende à partir de là, tant il a fondé les bases que ses successeurs ont suivi... c'est vraiment le plus marquant ! 
  
- Le premier jeu dans votre flop personnel, s'il ne fallait un brûler qu'un seul ?
Frédéric Molas : ça dépend. Si on parle de plus mauvais jeu, j'ai envie de dire Les Tortues Ninjas, car c'est celui qui m'a laissé le plus mauvais souvenir. Mais si on parle du plus mal foutu, j'irais plutôt vers Sword of Sodan, car pour le coup, c'est vraiment de la merde..
Sébastien Rassiat : J'ai aussi Les Tortues Ninja en tête, vu tous les mauvais souvenirs liés à ce jeu-là... Mais sinon, y avait Top Gun qui était aussi assez emmerdant.. à cette époque, beaucoup de jeux avaient des petits défauts très irritants.. mais bon, je reste sur Les Tortues Ninja.
    
  
    
Pour finir : les jeux vidéos, c'était mieux avant ? 
Frédéric Molas : C'était pas pareil... On a surtout tendance à oublier des choses qui étaient essentielles à l'époque. Notamment, on a aujourd'hui tendance à prendre les joueurs pour des cons, incapables de se débrouiller tout seul, en disant : "si c'est plus facile c'est forcément meilleur", ce qui n'est absolument pas vrai ! 
Sébastien Rassiat : C'est vrai qu'au niveau de la difficulté, lorsqu'on se remet à jouer à des vieux jeux, il y avait vraiment du challenge à l'époque. Aujourd'hui le joueur est tiré vers le bas, c'est de l'assistanat à outrance ! Bon, quand c'est trop dur, au bout d'un moment ça dégoute, mais qu'il y ait du challenge et du défi, c'est quand même très gratifiant. Mais il y a aussi un retour à cet esprit avec des titres comme Super Meat Boy ou Rayman Origins
  
  
Remerciements à Frédéric Molas et à Sébastien Rassiat pour cet entretien, ainsi qu'à l'équipe d'Asiexpo.