MIZUSHIRO Setona - Actualité manga

MIZUSHIRO Setona 水城せとな

Interview de l'auteur


Nous avons eu le plaisir et l'honneur de pouvoir rencontrer Setona Mizushiro, auteure notamment de « l'Infirmerie après les cours », qui a été très sollicitée sur le stand Asuka pour ses dédicaces.

Mangas-News : Bonjour.
Setona Mizushiro : Bonjour, enchantée.

Pouvez-vous nous expliquer comment vous est venu votre passion pour le dessin?

Je ne me rappelle plus très bien mais j'ai toujours aimé dessiner. Le premier dessin que j'ai fait était un Kamishibaï (ndlr : petit théâtre d'image japonais, qui se compose d'une illustration, présentée au spectateur, et d'un texte au verso correspondant à l'image) j'avais quatre ans. Après ça j'ai eu envie de dessiner du mieux possible et donc j'ai continué.


Quels mangas ont le plus marqué votre jeunesse?

Mes parents m'ont offert mon premier manga à l'âge de six ans. Il s'appelait « Faustine » dessiné par Chieko Hara. Quand j'ai grandi, j'ai retrouvé ce titre en bunko et je l'ai racheté.





Vous avez débuté dans le milieu du dôjinshi, en gardez-vous un bon souvenir?

J'ai commencé à faire du dôjinshi pour le plaisir, comme un passe-temps. C'était amusant mais je préfère dessiner en tant que professionnelle, car c'est un travail plus contraignant et plus sévère, qui s'avère plus motivant pour moi.


Justement, comment se sont passés vos débuts en tant que mangaka professionnelle?

J'ai une amie qui était déjà devenue mangaka à l'époque où je dessinais encore des dôjinshi. C'était à la fin de mes études et je cherchais un travail.
Mon amie m'a encouragé à présenter ma candidature à un concours de manga. J'ai envoyé mes planches. J'ai été reçue et après avoir signé mon contrat j'ai fait mes premiers travaux en tant que professionnelle.


Travailler dans le milieu professionnel a sans doute changé votre mode de vie. Est-ce que ça a été difficile?

Je ne pense pas que ce soit dur de travailler comme mangaka professionnelle. Surtout par rapport à mes amis qui sont employés dans des sociétés, qui doivent se lever tôt tous les matins, prendre le train, alors que moi je peux me lever tard (rires) et dessiner jusqu'au petit matin si j'en ai envie. Non, ce n'est pas très dur.


Comment organisez-vous votre journée de travail?

Je me lève en fin de matinée, vers midi. Après avoir pris un petit déjeuner, je commence à travailler avec mes assistant(e)s jusqu'à 20 heures environ. On fait une coupure repas puis on reprend jusqu'aux alentours de 5 heures du matin. Puis on va dormir (rires).


Combien d'assistants avez-vous? Quels travaux leur confiez-vous?

J'ai trois assistant(e)s mais qui ne travaillent pas forcément en même temps. Parfois je ne travaille qu'avec un seul d'entre eux. Cela dépend des jours.
Je m'occupe de dessiner tous les personnages et certains éléments du décor comme les fleurs. Les assistant(e)s dessinent les bâtiments, le reste des décors, et elles collent les trames selon mes indications.


Vos histoires ont souvent pour décor le milieu scolaire. Quels autres univers aimeriez-vous explorer?

Mes anciens titres se déroulaient à l'école mais maintenant je réalise deux nouveaux projets. Le premier raconte l'histoire d'un chocolatier à Paris. Le second est une histoire de vampires qui se déroule dans un hôtel isolé dans le tokyo actuel. Je suis passé à un autre stade.


Est-ce que c'est parce que vous avez vieilli?

Aujourd'hui je travaille pour un magazine qui ne s'adresse pas vraiment aux lycéennes et aux collégiennes. Pour « l'Infirmerie après les cours », je travaillais pour un magazine de shôjo mangas. L'école était un décor qui s'imposait naturellement. Pour l'histoire du jeune chocolatier, la cible est différente, plus âgée. Pour mon projet avec les vampires, j'ai proposé l'idée à mon éditeur après avoir terminé « l'Infirmerie après les cours » et ça s'est fait tout simplement.


L'adolescence de vos héros que ce soit dans « l'Infirmerie après les cours », « Diamond Head » ou « X-day » est assez perturbée. Est-ce pour vous une caractéristique des jeunes  japonais d'aujourd'hui?

Je ne crois pas que ce soit réservé aux japonais. L'adolescence est une période difficile, on est toujours un peu perturbé. Quand j'ai réalisé ces oeuvres je ne connaissais que des jeunes japonais mais après qu'elles aient été traduites, en France par exemple, j'ai compris que c'était peut-être un point commun à tous les adolescents.


Pour « l'Infirmerie après les cours », votre éditeur français Asuka a créé une version collector du volume 8, avec un pendentif. Qu'avez-vous pensé de ce projet?

Au départ je ne savais pas que les éditions Asuka étaient en train de réaliser un pendentif. J'ai reçu un mail un jour avec la photo de ce bijou. C'était une belle surprise, ça m'a fait plaisir. J'ai trouvé que c'était une très bonne idée, je l'ai beaucoup dessiné mais là j'avais l'occasion de le voir en vrai. Et j'ai voulu qu'il ressemble encore plus à mon travail donc j'ai donné quelques indications pour le modifier un peu. J'ai aussi trouvé le coffret qui accompagnait ce volume très joli.

Maintenant que cette série est sortie dans plusieurs pays, c'est le travail d'Asuka qui a toujours été le plus beau à mes yeux. On retrouve bien le raffinement de la culture française.





Est-ce que votre éditeur japonais a pensé à réutiliser ce pendentif pour une réédition au Japon?

Le prix des mangas au Japon est différent de celui de la France. Les mangas coûtent moins cher, il faut en publier le plus possible pour gagner suffisamment. Réaliser un tel pendentif coûterait trop cher pour un manga. Pour un animé diffusé dans tout le Japon, cela aurait été possible. Pour une cible plus restreinte, c'est difficile et c'est dommage. Et puis « l'Infirmerie » étant terminée, ce ne serait pas possible.
Mais j'ai adoré ce pendentif, j'en ai un et je le garde précieusement.


Le « Jeu du chat et de la souris » est un titre qui a relancé le genre Yaoï en France. Il a rencontré un vif succès et il vient même d'obtenir un prix. Pouvez-vous nous raconter comment est née cette histoire?

Cette histoire était destinée à un magazine pour des femmes d'une trentaine d'années et je voulais dessiner une histoire plus adulte. Mon éditeur m'a dit qu'il valait mieux choisir un thème différent des histoires d'amour banales. Il m'a proposé une histoire d'amour entre homosexuels ou une histoire d'amour SM. C'est l'histoire homosexuelle qui me convenait le mieux.

Envisagez-vous de replonger dans ce genre?
Je ne travaille plus pour des magazines Yaoï, donc je n'ai pas l'intention de m'y remettre. Si l'idée d'une histoire d'amour entre garçons me vient, je la dessinerai peut-être. Mais en ce qui concerne le « Jeu du chat et de la souris », je suis en train de travailler sur la suite.

Merci beaucoup.
Merci, a vous.


Interview réalisée par Blacksheep (Juillet 2008)