KURI Ippei - Actualité manga

KURI Ippei 九里一平

Interview de l'auteur

Publiée le Vendredi, 15 Mai 2015

Parmi ses nombreux invités, la quinzième édition de Japan Expo recevait l'illustre Ippei Kuri, le co-fondateur du célèbre studio d'animation Tatsunoko Productions, à l'origine de nombreuses séries comme Gatchaman - La bataille des planètes, Casshern, mais aussi des dessins animés pour les plus jeunes comme Pinocchio, Demetan ou Micky l'abeille. Egalement mangaka, Ippei Kuri est notamment l'auteur de Kurenai Sanshiro (connu en France par sa version animée Judo Boy), titre arrivant justement en version papier au même moment chez Isan Manga. Nous sommes allés à la rencontre de cette illustre figure du monde de l'animation et du manga, acteur d'une époque où tout était possible...
   
    
   
    
Bonjour M. Kuri, et merci de nous accorder cet entretien. Pour commencer, pouvez-vous nous parler de vos débuts ? Vous vous destiniez une carrière d'artiste d'ukiyo-e, comment vous êtes-vous tourné vers le manga ? 
Bonjour à vous. Plus précisément, je me suis lancé dans le sashi-e, des dessins venant illustrer des romans. J'ai suivi la lancée de mon frère aîné, Tatsuo Yoshida, qui officiait déjà dans le genre et qui m'inspirait une grande fierté. Cependant, cela reste un art un peu statique, et au même moment, le manga moderne commençait à percer, sous l'influence d'Osamu Tezuka. J'y ai découvert une toute nouvelle manière de raconter les histoires, plus dynamique, qui m'a bien plus inspiré.
  
D'ailleurs, si j'avais suivi mon frère Tatsuo dans l'art du sashi-e, quand je me suis lancé seul vers le monde du manga, c'est lui qui m'a suivi !
   
   
En 1962, vous fondez avec vos frères le célèbre studio Tatsunoko. Qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans le monde de l'animation ? 
A l'époque, notre seul contact avec l'animation nous provenait des Etats-Unis, des productions du studio Disney. Le pays était en pleine reconstruction, et nous osions à peine imaginer combien pourrait coûter la production d'une série animée au Japon. Mais, une fois encore, l'impulsion est venue d'Osamu Tezuka, qui s'est lancé dans l'animation avec de nombreux succès. Avec mes frères, nous avons à notre tour voulu partir dans cette aventure, et c'est ainsi que Tatsunoko est devenu, deux ans après sa fondation, un studio d'animation.
   
   
L'exposition consacrée à Ippei Kuri durant Japan Expo 2014.
    
   
Quels avantages (et inconvénients) apportaient le fait de travailler en famille ? Quels étaient vos méthodes de travail ? La taille de l'équipe
Pour rebondir sur la question précédente, nous avons dû mettre nos trois revenus en commun pour pouvoir essayer de concurrencer Osamu Tezuka. Ses méthodes ont permis de grandement réduire les coûts de production, en allant à l'essentiel en peu de dessins. 
  
Très rapidement, nous avons passé une annonce dans le journal Asahi pour recruter des animateurs. Nous avons eu beaucoup de réponses, de la part d'illustrateurs de différents horizons. La plupart ignoraient en quoi consistait le métier, certains ne savaient même pas dessiner, mais en ces temps-là, le monde de l'animation était une porte vers l'avenir, un domaine en pleine éclosion. Ainsi, nous avons accueilli plus de cinq cents candidats ! 
 
Nous avons commencé avec une équipe de cinquante personnes, mais nous sommes très vite monté à deux cents pour pouvoir réaliser plusieurs séries en parallèle. Bien sur, cela fait beaucoup de monde à payer, et toutes les recettes que nous réalisions partaient dans leurs salaires, en plus de nos gains sur nos mangas. Les premiers mois ont ainsi été très difficiles, nous nous sommes serrés la ceinture... jusqu'à ce qu'une grande firme de télévision japonaise nous apporte un financement supplémentaire, ce qui nous a grandement soulagés.
      
    
Alors que vous avez connu les débuts de l'animation japonaise, quel regard portez-vous sur son évolution ? 
Aujourd'hui, vu mon âge avancé, je ne regarde plus beaucoup d'animes. Je pense bien sur que la plus grosse révolution de l'animation a été son passage à l'informatique. En revanche, les scénarios sont malheureusement de moins en moins originaux, on retrouve surtout des adaptations de romans ou de mangas existants et peu d'histoires inédites. Le tout est devenu trop commercial, trop formaté.
   
    
  
   
Remerciements à Ippei Kuri, à son interprète ainsi qu'à l'équipe de Japan Expo.

Mise en ligne le 15/05/2015.