KUORI Chimaki - Actualité manga

KUORI Chimaki 久織ちまき

Interview de l'auteur

Publiée le Lundi, 17 Octobre 2016

Conférence publique à Japan Expo 2016



Cette année ce n'est pas un mais deux auteurs reliés à l'univers de Saint Seiya qui ont fait le déplacement à la Japan Expo. Si ce n'était pas la première fois que Shiori Teshirogi venait en France pour une convention, c'était la première de Chimaki Kuori, auteure du spin-off Saintia Shô. Cette dernière a pu donner une conférence publique où elle jouait au jeu des questions/réponses avec ses fans tout en dessinant de magnifiques portraits des héroïnes de sa série.



Quel a été votre premier contact avec Saint Seiya, que ce soit en manga ou en animé ?

Chimaki Kuori : C'est quand j'étais à l'école primaire, j'ai vu le dessin animé pour la première fois a la télévision, je trouvais les personnages vraiment très beaux et l'univers magnifique. C'est comme ça que je suis devenue fan de Saint Seiya.


Dans le dernier volume paru en France il était censé y avoir une bataille que les Saintia devaient faire en parallèle à la montée des marches mais finalement on ne la voit pas. Qui a décidé de ne pas montrer cette bataille ?

Concernant la scène à laquelle vous faites référence, il s'agissait d'un rôle assez particulier pour les Saintia vu qu'elles étaient chargées de protéger la bataille du Sanctuaire pendant que les chevaliers de bronze montaient les maisons. Les Saintia, elles, s'assuraient que personne ne vienne déranger le cours de la bataille, ce n'était pas forcément très pertinent à montrer puisque c'était surtout de la défense et de la protection. Par contre à partir du tome 6 il va se passer quelque chose juste après la bataille du Sanctuaire qui va être un évènement très important et qui va concerner uniquement les Saintia.



Saintia Shô se passe en parallèle de Saint Seiya, n'est-ce pas compliqué de créer à partir de quelque chose déjà établi, n'est-ce pas trop frustrant ?

Je vais reprendre les mots de maitre Kurumada lorsque je lui ai fait part de la même inquiétude que vous, il m'a dit "vous savez tant que l'histoire est bien on peut sauter deux ou trois trucs, ce n'est pas gênant, le plaisir avant tout". Effectivement on essaye de faire très attention à la cohérence de l'univers mais la priorité est de faire un récit passionnant et rythmé.


Comment se passe votre relation avec Kurumada ? Est-ce qu'il commence à vous laisser aller toute seule, est-ce qu'il vous dirige encore ?

Il y a plusieurs années de ça, Kurumada est tombé malade et a été hospitalisé. Il a eu l'idée de faire une histoire qui se concentrerait sur les femmes au service d'Athéna. Il en a parlé à son éditeur qui a trouvé l'idée intéressante et c'est une idée qui a muri au fil du temps, Kurumada voulait féminiser l'univers de Saint Seiya. Le projet s'est concrétisé récemment et c'est comme ça qu'ils m'ont contacté et qu'on s'est rencontré. Kurumada m'a briefé, m'a remis un scénario avec des lignes directrices, une idée générale dans laquelle devait évoluer la série puis m'a laissé faire plus librement. Bien sûr à chaque début d'arc narratif je fais un résumé que je vais transmettre à mon éditeur qui lui va le transmettre à Kurumada, et il va faire des annotions, des commentaires. Il vérifie tout, à priori Kurumada est quelqu'un qui vérifie beaucoup les choses, il me laisse une certaine liberté mais il reste quand même derrière pour s'assurer que ça reste du Saint Seiya.


On a vu dans les derniers tomes sortis que vous avez voulu faire un peu apparaitre les chevaliers d'or, est ce que dans les tomes à venir vous comptez faire jouer un rôle à ceux qui ne sont pas encore apparus ?

A la base du projet il n'était pas forcément prévu que les chevaliers d'or apparaissent de manière aussi récurrente, cependant les éditeurs devant la nouveauté qu'était Saintia Shô, c'est-à-dire un manga avec des héros exclusivement féminins, étaient un petit peu anxieux et avaient peur que cela ne plaise pas au public. Ils avaient décidé ainsi que dès le départ il y aurait un chevalier d'or dans l'histoire qui apparaitrait dès le début pour aider les personnages et rassurer les lecteurs, mais il s'est avéré que cette apparition a été très plébiscité par les fans japonais, du coup d'autres chevaliers d'or sont apparus dans la série. Si on parvient à faire continuer le manga assez longtemps, il y a de fortes chances que d'autres chevaliers d'or apparaissent. Au moment où on en est dans la chronologie du manga actuellement la plupart sont morts, mais cela ne nous empêche pas d'en faire revenir certains notamment par des flash back ou des chose comme ça. Moi personnellement ça me plairait bien de dessiner ce genre de chose.


Quel est votre personnage préféré de la série originale ? Et comment vous est venu l'idée de devenir mangaka ? Cela n'a pas posé de problèmes au sein de votre famille ?

Comme vous pouvez le voir j'ai un tee-shirt de Camus et son nom est un hommage à l'auteur français, vu que j'ai été invitée en France j'ai pris celui-ci et ça tombe bien car c'est justement mon personnage préféré !
Je n'ai jamais vraiment voulu être mangaka dans ma jeunesse, on me disait que j'étais douée mais ce n'était pas spécialement mon ambition, d'ailleurs j'ai fait des études supérieures qui n'avaient rien à voir avec le dessin. Puis pendant l'université je me suis dis "tiens c'est vrai que je pourrai me lancer dans le dessin" et au final j'ai commencé une carrière d'illustratrice. Au début mes parents ne comprenaient pas, ils me reprochaient d'arrêter mes études donc oui effectivement il a fallu que j'impose mon choix.



Question inversée : tous séries et films Saint Seiya confondus, quel est le personnage que vous aimez le moins et pourquoi ?

Depuis que je travaille sur Saint Seiya mon rapport avec les personnages est différent, mais quand je regardais le dessin animé étant enfant, c'était un personnage d'Asgard, Alberich, je le détestais beaucoup. Mais c'est marrant car depuis que je suis adulte c'est devenu un personnage que j'aime beaucoup. Si vous me suivez sur Tweeter vous avez d'ailleurs peut être vu que j'ai fait des illustrations de ce personnage !


Est-ce que vous préférez dessiner les histoires de Gundam ou celles de Saint Seiya ? Qu'est-ce qui est plus difficile à dessiner pour vous ?

C'est à peu près pareil, les deux mangas sont intéressants à dessiner et ont leurs difficultés. Pour Gundam il y a beaucoup de robots à dessiner, il faut qu'ils soient parfaitement identiques aux originaux donc ça peut être compliqué mais dans Saint Seiya c'est la même histoire avec les armures, c'est souvent long à dessiner donc je dirai que les deux mangas sont de difficultés égales.


Quel est votre parcours dans le manga avant Saintia Shô et avez vous des projets pour après ?

Comme dit plus tôt je n'avais pas spécialement prévu de faire carrière dans le manga, lors de mes premiers travaux j'ai illustré un roman de science fiction qui était un spin-off des Héros de la Galaxie, grande saga de SF japonaise, et après ça je me suis un peu spécialisée dans le romain SF pour les couvertures notamment. Plus tard j'ai été contactée pour une adaptation manga de Gundam et ensuite même histoire pour adapter le jeu vidéo Sengoku Basara et pendant que je dessinais ça j'ai été contactée à nouveau par un éditeur de la maison Akita Shoten pour un tout autre travail. Pendant qu'on discutait on en est venus à parler de Saint Seiya et c'est là que j'ai dit que j'étais fan de la série. Cet éditeur en a parlé au responsable éditorial qui a géré Lost Canvas, Episode G et Next Dimension, il a dit qu'il aurait du coup quelque chose pour moi et c'est comme ça que je suis arrivée sur Saintia Shô.


Sachant que la série se passe en même temps que la série originale, est ce que vous vous basez plus sur le manga ou la version animée qui contient plus d'éléments ?

Comme vous dites l'animé est plus riche, mais j'ai beau être une fan de l'animé nous nous basons sur le manga, cela fait moins de trous à combler et plus de place pour les Saintia, c'est plus simple pour nous de développer une histoire parallèle.



Avec combien d'assistants travaillez-vous et comment gérez vous les nouvelles armures ? Vous faites ça toute seule ou avec Kurumada ?

J'ai quatre assistantes et quand ça va vraiment mal nous en avons une cinquième qui vient donner un coup de main. Pour les armures c'est essentiellement moi avec notamment les commentaires de mes assistantes, mais ce n'est pas Kurumada qui s'en charge, je suis plutôt libre sur cet aspect là.


Pour Saintia Shô y a-t-il une longueur de manga programmée ou cela sera selon votre inspiration ?

Je ne peux pas vous répondre car nous n'avons pas encore prévu de fin ou de tels nombre de tomes prévus, mais si je pouvais finir l'histoire à laquelle je suis en train de penser et que je réalise en ce moment, ça serait déjà bien !


Si vous n'avez pas travaillé sur Saint Seiya, y a-t-il un autre manga sur lequel vous aurez travaillé en tant que spin-off ?

C'est assez difficile de vous répondre car justement avant que je commence Saint Seiya, j'avais déjà un projet de série originale chez un autre éditeur dans un autre magazine, il a fallu que je fasse le choix de faire mon propre manga ou de dessiner du Saint Seiya car il m'était impossible de faire les deux en même temps. Etant donné que je me suis vouée à l'univers de Saint Seiya, je ne saurai pas trop quoi vous dire d'autre.


Vous parliez de Sengoku Basara, avez vous joué au jeu ?

En fait j'ai beaucoup joué au 1 et 2 et aujourd'hui il y en a 4, ce sont des jeux que j'aimais beaucoup et j'ai eu de la chance car au moment où j'y jouais on m'a proposé d'en faire une adaptation, j'y ai donc pris beaucoup de plaisir.



Parmi les personnages que vous avez créés, lequel vous a posé le plus de difficulté et de simplicité pour la création graphique ?

Mayura du paon est particulièrement difficile à dessiner. Choko, qui est d'apparence plutôt standard est elle très facile à faire, tout comme Shaolin que je trouve très agréable de dessiner.


Quels sont vos mangas favoris hors Saint Seiya ?

En ce moment je n'ai plus vraiment le temps de lire mais quand j'étais enfant j'aimais autant Dragon Ball que Saint Seiya.


Quel est votre journée typique en tant que mangaka, vos horaires et hobbies ?

Plutôt que de parler de journée de mangaka mieux vaut parler de période, ça dépend des artistes je pense mais moi je travaille dans un mensuel et mon rythme de travail est différent. Tout d'abord à chaque début de chapitre on va penser à l'histoire, c'est le moment où on est le plus détendu. Dans ces moments là je me promène beaucoup, j'essaye de me détendre pour laisser mon esprit vagabonder. Une fois que j'ai décidé de la tournure du chapitre, je vais discuter avec mon responsable éditorial pour affiner la chose, on fait des prototypes de planches et une fois que j'ai son accord pour aller sur cette direction, j'appelle mes assistantes et là le gros du travail commence car il faut dessiner et encrer les pages. On se lève, on dessine, et on va se coucher, c'est assez difficile car le rythme est intense, à part dormir et manger on ne fait que travailler et parfois vers la fin du mois on ne dort même plus tant il nous reste du travail.


Votre chapitre parait tous les mois, pourriez vous envisager de passer à une parution hebdomadaire, pour ce manga ou un autre ?

Pour une parution hebdomadaire je ne pense pas être capable, d'abord sur Saintia Shô je pense que j'ai atteint mes limites parce que cette année c'est les 30 ans de la série, je suis très sollicitée pour des projets collaboratifs autour de la licence, des pages couleurs, etc.. Personnellement j'aimerai avoir le temps de dessiner plus que ce que je fais, on va dire que passer à l'hebdomadaire c'est quelque chose que j'aimerai faire un jour mais je ne m'en sens pas capable dans l'immédiat.



Quel a été votre épisode ou film préféré dans Saint Seiya ?

Je dirai que ma scène et mon épisode préféré c'est le combat entre Yoga et Camus. C'est vraiment la relation maître et élève qui m'a plu, on ne les imagine pas se combattre et au final c'est leur destin, je pourrais revoir cette scène sans jamais m'en lasser. Le fait qu'ils opposent leur opinion de cette manière est une scène qui m'a toujours touchée, c'est vraiment ma partie préférée du dessin animé.


Au Japon est il difficile d'être mangaka en tant que femme ?

Non absolument pas, il n'y a aucun problème pour être femme et mangaka à la fois. Cela arrive souvent que des shonen soient justement dessinés par des femmes. Au contraire elles sont très bien représentées dans la profession.


Quelle est l'influence des fans et leur retour sur le manga ?

De base on va plutôt suivre la direction de l'histoire qu'on s'était donné en début d'arc, sans compter que bien sur Masami Kurumada supervise tout et a donné une ligne principale. Mais au Japon les magazines organisent souvent des enquêtes où les lecteurs donnent leur opinion et si les lecteurs disent "oh ça c'était génial, on veut que tel personnage revienne", mon responsable éditorial va en tenir compte pour voir si l'on peut faire quelque chose d'intéressant.


Chimaki Kuori a fini sa conférence en faisant deux très beaux portraits de personnages qui ont été dévoilés une fois les dernières questions posées.