KAWAHARA Reki - Actualité manga

KAWAHARA Reki 川原礫

Interview de l'auteur

Publiée le Mercredi, 05 Août 2015

Conférence publique

Sword Art Online, en plus d’être l’un des plus importants phénomènes de ces dernières années, est l’une des licences majeures des éditeurs Ototo/Ofelbe qui ont enrichi le paysage français des différentes adaptations manga et surtout du light novel à l’origine de l’engouement. Japan Expo 2015 fut ainsi l’opportunité pour inviter Reki Kawahara, auteur du roman et présent sur la photographie ci-dessous, ainsi qu’abec qui se charge de l’aspect graphique des différents volumes. Accompagnés par leur éditeur, Miki Kazumi, ainsi que Guillaume Kapp, représentant des éditions Taifu, Ototo et Ofelbe, les deux artistes ont rencontré leurs fans à travers une conférence à l’allure d’immense interview. L’enthousiasme des fans était palpable et ces derniers n’attendaient qu’une chose : découvrir de fond en comble l’univers Sword Art Online à travers les mots des trois invités.


Merci d’être avec nous pour parler du phénomène Sword Art Online. Pour commencer, pouvez-vous nous parler de la naissance du projet ?

Reki Kawahara : Tout a débuté en 2002 lorsque j’ai décidé de participé au grand prix d’un éditeur japonais. C’est à ce moment que j’ai écrit Sword Art Online.


Remontons encore plus loin dans le temps : Comment êtes-vous devenu professionnel ?

Reki Kawahara : C’est justement ce concours qui m’a lancé. Je n’ai cependant pas réussi à finaliser mon roman qui est resté sur internet pendant sept ans avant que je fasse mes véritables débuts en tant qu’écrivain professionnel.



Pouvez-vous nous parler de la création d’un light novel du point de vue d’auteur, dessinateur et éditeur ?

Reki Kawahara : C’est l’auteur qui commence par écrire un manuscrit qu’il transmet à l’éditeur Dans mon cas, c’est M. Miki qui le reçoit et le lit.

M. Nuki : Après la première lecture de l’éditeur, les deux intervenants se rencontrent pour parler du manuscrit. Ils vérifient les passages à modifier en fonction du lectorat japonais, notamment sur la question des personnages. Par exemple, pour Sword Art Online, il s’agissait de rendre Asuna un peu plus « cool ».
Après plusieurs rencontres et une fois que le manuscrit est finalisé, on le soumet à l’illustrateur, Monsieur abec, qui réalisera les dessins à partir de sa propre lecture.

abec : Dans mon travail, je dessine plusieurs esquisses que je soumets à la fois à M. Kawahara et à M. Miki. Après finalisation des discussions, je réalise les véritables illustrations, celles qui apparaitront à l’intérieur des ouvrages.


Au Japon, de nombreux light novel sont adaptés en mangas et en anime. Pourquoi choisir de les adapter ?

Miki Kazuma : D’après moi, le Japon est un pays où l’animation est un marché porteur, plus que dans n’importe quel autre pays. Beaucoup d’éditeurs et de studios ont eu l’idée d’adapter des mangas et des jeux-vidéo mais il ne reste plus grand-chose à puiser. C’est pourquoi ils ont eu l’idée de se diriger vers les light novel pour les différentes adaptations.

Reki Kawahara : Les light novel reprennent souvent les mêmes codes et les mêmes idées. Du coup, dans leurs adaptations anime, on retrouve souvent des histoires similaires.


Une question pour Monsieur Kawahara. Quel fut votre rôle dans l’adaptation de Sword Art Online en manga ? Avez-vous des anecdotes à ce sujet ?

Reki Kawahara : Je participe à l’élaboration du scénario de l’anime de A à Z, jusqu’à ce que le script soit terminé. Il arrive aussi que je réponde aux éventuelles questions des seiyuu lors du doublage.
Pour le manga, je ne fais que vérifier les premières esquisses mais ça ne va pas plus loin.


S’en suit un petit intermède où Guillaume Kapp propose un vote de popularité du public entre Kirito et Asuna. Difficile alors d’établir le vainqueur tant le résultat est serré.


Messieurs Kawahara et Abec, quels sont vos personnages favoris et ceux que vous n’aimez pas trop ?

Reki Kawahara : J’aime beaucoup Asuna mais il n’y en a pas que je déteste particulièrement. En revanche, il y en a un que je n’arrive pas à comprendre, c’est Kirito. Je ne sais jamais comment il pense.

Abec : Dans le roman, je préfère Klein et Agil mais dans l’anime c’est Suguha et Yûki car elles sont très mignonnes.


Monsieur Kawahara, d’où vous vient l’inspiration pour écrire Sword Art Online ?

Reki Kawahara : J’ai l’habitude de jouer à un jeu-vidéo américain, Ultima Online. J’y jouais énormément, c’est probablement de là que me vient l’inspiration. Mais depuis que j’ai connu le succès avec mes romans, j’ai beaucoup moins de temps à passer dessus, et ça m’attriste énormément. *rires*


En 2012, vous avez commencé à écrire le chapitre Sword Art Online Progressive. D’où vous vient le titre, et pourquoi avoir choisi de créer ce nouvel opus ?

Reki Kawahara : Comme son l’indique, « Progressive » devait marquer l’évolution du récit. J’ai choisi d’écrire ce chapitre en même temps que l’anime, en 2012. Dans le roman de base, on passe rapidement sur les deux premières années du jeu mais il me semblait bon de revenir sur ce qui s’est passé durant ce laps de temps.
     


Monsieur Kawahara, comment se déroule votre collaboration avec M. abec et ASCII Mediaworks ? Vous ne rencontrez aucune difficulté à travailler ensemble ?

Miki Kazuma : Tout d’abord, ce qui distingue la création d’un manga de celle du light novel est que sur ce dernier support, deux artistes travaillent : l’écrivain et l’illustrateur. Lorsque vous travaillez seul avec un éditeur, le résultat est rapide car le travail est beaucoup plus souple. Dans mon cas, j’essaie de faire la balance entre deux avis, ce qui prend plus de temps. C’est ma principale difficulté.
Je pense que le travail sur un light novel est beaucoup plus riche car il y a principalement deux créateurs donc deux créativités différentes qui se traduisent par une alchimie qui aboutit à une « explosion » finale. C’est donc très intense.


Pensiez-vous que Sword Art Online aurait un aussi grand succès au Japon et dans le monde entier ?

Reki Kawahara : Le thème de la série est le mmorpg, ce n’est pas un sujet très porteur. Je pensais que ce sujet concernait un nombre très limité de lecteurs, j’ai été surpris de voir Sword Art Online prendre des proportions aussi grandes. J’en suis vraiment heureux.

abec : Au départ, on m’a dit que le projet ne marcherait pas en tant que light novel fantastique. Je m’étais ainsi résigné, et j’ai naturellement été surpris par la suite.
Quand Monsieur Miki m’a proposé de faire les illustrations pour la série, j’étais occupé et je pensais refuser. Mais il a insisté sur l’intérêt du projet et j’ai finalement lu le manuscrit. L’histoire m’a beaucoup plu et même si on disait autour de moi que les light novel fantastiques ne marchaient pas, j’ai tenté l’aventure. Maintenant, on en parle même en France, je suis forcément content.

Miki Kazuma : Maintenant, je leur dis que j’avais tout prévu. Je savais que ça marcherait. *rires*
Monsieur Kawahara, vous avez dit que le thème des mmorpg était peu porteur au moment où vous avez eu cette idée. Maintenant, et même depuis Sword Art Online, il y a eu beaucoup d’anime, de light novel et de mangas sur le sujet.


Pensez-vous avoir lancé une mode ?

Reki Kawahara : Avant même Sword Art Online, beaucoup d’œuvre traitaient ce sujet. Je ne peux pas dire que SAO a lancé la mode mais il y a fortement contribué.



En France, on connaît très peu les light novel. Pouvez-vous nous expliquer la frontière entre roman et light novel ?

Miki Kazuma : Au Japon, la différence est que le light novel comprend différentes illustrations. C’est le principal critère de différenciation. On peut aussi mettre l’accent sur la profusion de personnages et la longueur de la série. Mais pour moi, il est important que le light novel donne du rêve aux jeunes garçons et aux jeunes filles. Pour une vraie définition, le mieux est de vous faire votre propre idée avec le light novel Sword Art Online. *rires*


Avez-vous un mot à adresser à vos fans français, notamment par rapport au devenir des light novel en France ?

Reki Kawahara : Tout d’abord, j’aimerais tous vous remercier d’être aussi nombreux à suivre les aventures de SAO. En ce qui concerne les light novel en France, j’aime particulièrement le vélo. J’aimerais bien écrire quelque chose sur le Tour de France, je compte sur vous pour être au rendez-vous. *rires* J’ai d’ailleurs écrit une nouvelle qui parle de Kirito qui fait du vélo et Yui lui sert de GPS. Peut-être qu’elle sera un jour traduite en France.

abec : La France est un pays important dans le monde, je suis content que les light novel commencent à y être publiés. Mon travail est de dessiner des illustrations pour que les gens les voient, je vais continuer et compte sur vous pour suivre mon travail.


Quelle est la suite des aventures de Sword Art Online ? Un film ? Une adaptation live ?

Miki Kazuma : Ce n’est pas quelque chose qui est prévu mais quelque chose que je souhaite : Vu qu’au Japon nous sommes fortement inspirés par la France d’un point de vue artistique et que nos deux pays s’influencent mutuellement, il serait bien que Sword Art Online intéresse le cinéma français, je le souhaite de tout mon cœur.


La conférence s’est ainsi terminée par des tonnerres d’applaudissements à Reki Kawahara, abec et Miki Kazuma mais surtout par une annonce détonante : la confirmation de la parution française du troisième volume du light novel qui se concentrera sur l’arc Phantom Bullet, avec visuel de couverture à l’appui.
  
Mise en ligne le 05/08/2015.