JI Di - Actualité manga

Interview de l'auteur

Pour la sortie du troisième tome de sa série My Way, la jeune auteure chinoise Ji Di était disponible sur la stand Xiao Pan pour des dédicaces lors du Salon du Livre de Paris 2009. Nous avons également eu le plaisir de l'interviewer.

MN : Bonjour Jidi.
Ji Di : Hi !

MN : Comment es-tu devenue dessinatrice ?
JD : Depuis que je suis toute petite, j'ai toujours aimé le dessin et surtout la peinture. Pendant mes études aux beaux arts, je me suis mise à dessiner les histoires que j'avais écrites et je les ai mises sur Internet. C'est comme ça que je me suis faite remarquer par un magazine et que mes travaux ont été publiés pour la première fois.

MN : C'est difficile de s'imposer comme artiste quand on est une femme en Chine ?
JD : Pour moi, ça n'a pas été très difficile. J'ai été très chanceuse. C'est vrai que pour certaines de mes amies, ça a été difficile. En fait mon cas est un peu particulier. Mon travail ne ressemble pas vraiment à une bande dessinée mais plus à un livre d'images, ça touche un plus large public. Mais il y a de plus en plus de femmes artistes en Chine et d'artistes en général.




MN : Dans My Way, même quand l'histoire est triste, difficile, il y a toujours une lueur d'espoir...
JD : Oui, je pense que dans le monde il faut toujours se battre un peu pour tout et il y a toujours des choses désagréables qui nous arrivent. Je crois que quand les gens veulent lire un livre, ils recherchent quelque chose qui puisse leur donner de l'espoir, une vision positive. C'est pourquoi j'essaye de toujours mettre un peu de bonheur dans mes histoires.

MN : Dans la série, il y a une partie « bande-dessinée » et une partie « nouvelle ». Sur quelle partie préfères-tu travailler ?
JD : Oui, c'était surtout dans le tome 1. Sur My Way, je préfère travailler sur le dessin. Et je suis de toute façon obligé de passer par l'écriture pour mes histoires. Je continue aussi à écrire de manière indépendante du dessin. En Chine, je travaille sur un roman. Mais j'aime les deux, dessiner et écrire. C'est un peu la même chose pour moi. Ce sont deux moyens de faire partager sa pensée.

MN : Comment travailles-tu ?
JD : Je travaille seule sur ordinateur. J'ai déjà travaillé en dessinant sur papier et ensuite en colorisant par ordinateur mais maintenant je fais tout sur ordinateur à l'aide d'une tablette graphique et de Photoshop. Ce n'est pas très différent du travail sur papier. Avec l'évolution de la technologie, je pense que dans le futur, la peinture, le dessin, tout le monde travaillera sur ordinateur.

MN : Tes dessins rappellent vraiment la peinture. Quelles sont tes influences ?
JD : J'aime beaucoup la peinture impressionniste et les peintres comme Degas et Monet. Le musée d'Orsay (où ces peintres sont exposés, NDLR) est vraiment mon musée préféré. Chaque fois que je viens à Paris je vais toujours le visiter. Je passe beaucoup de temps à regarder les toiles, il y a vraiment de l'émotion. J'aimerais pouvoir faire la même chose avec mes dessins.

MN : Tu t'es déjà essayée à la peinture ?
JD : Non, je fais mes couleurs seulement sur ordinateur. Peut-être que je tenterai un jour mais ce sera plutôt comme un passe-temps.

MN : Y a-t-il des auteurs qui t'intéressent dans la bande-dessinée ?
JD : Oui j'aime bien Gipi (Notes pour une histoire de guerre – Actes Sud, NDLR), Boucq (Bouncer – les Humanoïdes Associés NDLR), Frezzato (Les gardiens du Maser – éditions USA, NDLR)... Et beaucoup d'autres, la France a un long passé dans la bande-dessinée. Les histoires m'ont l'air très différentes, très imaginatives et j'aimerais pouvoir en lire, mais je ne connais pas le français ! J'aime aussi Astro Boy, Black Jack et surtout Phénix d'Osamu Tezuka.



MN : Combien de temps te faut-il pour réaliser un chapitre de My Way ?
JD : Juste un chapitre, hum... environ un mois. Avant la série était publiée dans un magazine et je devais rendre un épisode chaque mois. Maintenant ce n'est plus le cas et je peux prendre plus de temps pour travailler, modifier mon histoire, ajouter des détails. Parfois ça peut me prendre deux à trois mois !

MN : Pourquoi ce n'est plus publié en magazine ?
JD : Parce que c'était trop de travail pour moi en un mois. Comme My Way marche bien en Chine, ce n'est plus nécessaire d'être prépubliée. Et puis ça me laisse plus de temps pour moi, pour lire, pour apprendre l'anglais et pour trouver de nouvelles sources d'inspirations ou faire des choses différentes.

MN : Aimerais-tu travailler avec d'autres artistes ?
JD : Oh oui ! Je travaille déjà avec quelqu'un d'autre pour mon roman. C'est une dessinatrice chinoise qui s'appelle Agen. Je lui ai fait lire mon histoire en lui proposant de travailler avec moi si ça lui plaisait. Et elle a décidé de l'illustrer.
Je travaille aussi sur des histoires courtes, un livre sur des dessins de paysages

MN : Pourquoi avoir choisi le nom de Ji Di
JD : En chinois, Ji Di signifie « endroit paisible ». J'aime rencontrer des gens et discuter mais parfois j'ai besoin de me retrouver seule avec moi-même... Et c'est aussi à cause d'une auteur, Sanmao ou Echo, son nom anglais (pseudonymes de Cheng Ping, auteur Taïwanaise, NDLR) qui a écrit de très beaux romans qui touchent beaucoup les chinoises comme moi. Dans un de ces romans, il y a un chapitre nommé ji di. Ça m'a plus et j'ai voulu le reprendre.

MN : Merci beaucoup !
JD : Merci !

Interview réalisée par Blacksheep le 15 Mars 2009