JEON Geuk-jin / Keuk -Jin - Actualité manga

JEON Geuk-jin / Keuk -Jin 전극진

Interview de l'auteur

Pour leur première Japan Expo, les éditions Booken Manga eurent la chance de pouvoir compter sur les auteurs de leur premier titre, The Breaker. En effet, le scénariste Jeon Geuk-Jin et le dessinateur Park Jin-Hwan figuraient dans la liste des invités du stand Kocca, dédié aux œuvres coréennes. Multipliant les séances de dédicaces, les deux artistes ont néanmoins bien voulu prendre le temps de répondre à nos questions !
   
 

 
 
Manga-News : Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour les lecteurs de Manga-News ?
Jeon Geuk-Jin : Bonjour, nous sommes les auteurs de The Breaker, très contents d'être ici aujourd'hui à Paris. Nous espérons vivement que les visiteurs de Manga-News puissent découvrir notre série grâce à cet entretien !


Comment est né le projet The Breaker ? Est-ce votre première collaboration commune ?
J G-J :  Effectivement, c'est la toute première œuvre que nous faisons ensemble. En 1999, j'avais déjà préparé une première version du scénario, mais malheureusement le projet fut rapidement avorté. J'ai donc laissé en suspens cette histoire pendant un certain temps, jusqu'en 2007. M. Park, qui avait été assistant sur le premier essai, a voulu ressortir cette série et la publier, en repartant de zéro. C'est ainsi que cette nouvelle histoire a commencé...
 



A votre avis, qu'est-ce qui manquait dans la première version de l'histoire et qui a fait le succès de la nouvelle série ?
J G-J :  En fait, le récit a quand même beaucoup changé, je considère la seconde histoire comme un véritable remake. Sur cette nouvelle version, j'ai insisté sur le fait qu'il s'agit d'une alternative au monde réel, basée sur la fantasy orientale. Cela permet notamment de rendre les scènes d'action encore plus efficaces. Je pense aussi avoir d'avantage insisté sur les valeurs de la relation maitre-apprenti, qui font vraiment la force de ce manga !


M. Park, nous vous connaissons en France pour Archlord, un titre dans un univers d'heroic fantasy. Avec The Breaker, on vous retrouve dans un monde urbain. Quel univers est pour vous le plus simple à représenter ?
Park Jin-Hwan : Je pense que je m'amuse tout autant sur les deux univers, je n'ai pas vraiment de préférence. C'est à chaque fois un nouveau défi de travailler sur ces mondes très différents, notamment dans les décors, où je dois adapter des palettes de couleurs et de tons selon le contexte. Chaque ambiance est donc toujours intéressante.


 
 
La série évoque souvent de grands standards du manga ou des films d'action. Avez-vous des sources d'inspiration particulières pour ce manhwa ?
J G-J :  Je puise en effet beaucoup d'influences dans le cinéma ou le manga. Par exemple, pour les scènes d'action, j'ai souvent en tête le film 300 J'ai notamment été marqué par la variation de ton entre les temps morts et les moments forts, dans leur intensité, leur puissance émotionnelle et graphique. Ainsi, je voulais que dans The Breaker on puisse aussi ressentir ces changements d'ambiance, pour mettre en avant la force des affrontements.
 
  
 
 
Plus généralement, quelles sont vos séries préférées ?
J G-J : Cette question est assez difficile... A dire vrai, j'ai énormément de références et d'œuvres qui m'ont touché, à tel point que je ne pourrais mettre en avant un seul titre. Ce serait un affront pour tous les autres !


The Breaker est un titre assez drôle, mais il traite aussi de sujets plus graves, comme la maltraitance à l'école. Quel message voulez-vous laisser dans la série ?
P J-H :  Sur la série, nous voulions surtout soulever un des problèmes qui touche le système scolaire coréen : l'absence de communication entre les enseignants et leurs élèves. Cela crée une véritable rupture entre ces deux générations. En Asie, nous avions traditionnellement un lien très respectueux entre les professeurs et leurs étudiants, proche d'une relation entre parents et enfants, mais cette notion se perd de plus en plus à l'heure actuelle. Voilà pourquoi nous insistons tant sur la relation entre Chonwoo et Shinwoo !


La série The Breaker est le premier titre de l'éditeur Booken Manga. Etes-vous fiers d'être les ambassadeurs d'un nouvel éditeur français ?
J G-J : Nous sommes vraiment honorés de représenter une partie de la culture coréenne en France ! Nous nous rendons bien compte que le Japon et ses mangas se sont déjà considérablement imposés en Occident... mais nous sommes très heureux et fiers d'être les précurseurs d'une nouvelle vague de séries venant de Corée !
 

 
 
Vous êtes justement en dédicace à la Japan Expo. Avez-vous déjà recueilli quelques réactions des premiers lecteurs francophones de la série ?
J G-J : Nous avons été surtout étonnés de voir que, parmi les lecteurs venus sur notre stand, certains connaissent déjà bien la série, notamment grâce aux sites web. Cela m'a donné l'impression que le monde est vraiment petit ! Nous sommes vraiment contents de savoir qu'il existe déjà un petit groupe de fans de The Breaker en France !


M. Park, c'est déjà votre deuxième passage en France pour rencontrer vos fans. Que pensez-vous de l'effervescence de cette Japan Expo ? M. Jeon, votre première visite n'est pas trop difficile ?
P J-H :  En effet, j'étais déjà venu ici en 2007. Je suis heureux de voir que le phénomène continue de grandir, et que l'ambiance est toujours aussi bonne. Je conseille vivement aux auteurs de manga et de manhwa de faire le déplacement !
J G-J :  C'est bien ma première visite en France, et avant le festival j'ai d'abord été impressionné par la ville de Paris en elle-même ! J'ai eu l'occasion de faire un tour sur les champs Élysées, et l'architecture est vraiment surprenante !
 
 
 
 
Revenons sur The Breaker. La série est terminée en Corée, mais continue avec une nouvelle série : The Breaker New Waves. Comment avez-vous décidé de faire ce spin-off ? Etait-ce prévu depuis le début ainsi ?
J G-J :  En fait, nous voyons plutôt The Breaker comme une grande série découpée en "saisons". La première, terminée en 10 tomes, est celle que vous découvrez en France. Pour la New Waves, encore en cours, la principale différence est que nous ne passons plus par un magazine de prépublication, mais directement sur Internet, sur le site Daum. Nous espérons bientôt passer à la publication en tomes reliés. Enfin, nous avons déjà en tête le projet d'écrire la troisième et dernière partie, prévue elle aussi depuis le début !


Avez-vous d'autres projets ensemble, ou chacun de votre côté ?
J G-J :  En plus de The Breaker, je travaille également sur mon autre série, Sabre et Dragon (ndlr: dont la commercialisation en France fut stoppée au bout de 11 tomes chez Tokebi). Je me concentre avant tout sur la conclusion de ces deux œuvres avant de m'attaquer à une nouvelle histoire...
P J-H :  Pour ma part, je ne travaille actuellement que sur notre série commune.
 



M. Park, vous tenez un blog consacré à votre travail. Les commentaires des visiteurs ont-ils déjà pu avoir une influence sur la série ? Quels sont les personnages favoris de vos lecteurs ?
P J-H :  En fait, les commentateurs de mon blog sont avant tout des fans, très satisfaits de la série. Je n'ai donc pour l'instant pas eu de demande particulière, il s'agit surtout de retours positifs et d'encouragements ! Concernant leurs personnages favoris, Si-Ho l'infirmière remporte évidemment tous les suffrages ! (rires)


Et vous, quels sont vos protagonistes préférés ?
P J-H :  Si-Ho aussi ! (rires)
J G-J :  J'ai une petite préférence pour So-Seol, qui apparait à la fin du troisième volume et est en couverture du tome 4.
 



Dans vos préfaces, vous avouez prendre souvent du retard sur les délais de publication. Comment s'organisent vos journées ? Suivez-vous un emploi du temps précis ? Le fait de passer à une prépublication numérique a-t-elle changé vos méthodes de travail ?
P J-H :  Depuis que nous sommes passés à la publication sur Internet à un rythme hebdomadaire, j'ai quelques journées vraiment infernales ! Il m'arrive de commencer à dessiner à 10h du matin pour finir à... 4h du matin ! Je me repose essentiellement pendant les jours fériés... Heureusement, le manga en version numérique me permet un gain de temps non négligeable, par exemple pour partager les planches avec mes assistants. Je pense même que mon dessin s'est amélioré depuis que je travaille uniquement sur tablette graphique.


Quels sont les avantages qui vous ont poussés, vous et votre éditeur, à aller vers cette voie-là ?
J G-J :  En Corée, la tendance est vraiment allée vers le manhwa en version digitale, au point même qu'il devient difficile de trouver des outils de dessinateur plus traditionnels ! Cependant, l'apprentissage est quand même très rapide. Le gain est aussi économique qu'écologique, d'autant que les locaux de notre éditeur sont situés très loin et qu'il était difficile d'y faire parvenir rapidement nos planches autrement que via le web. C'est devenu indispensable.
D'ailleurs, depuis que nous avons basculé dans ce mode de travail, nous-mêmes communiquons essentiellement par mail et chat pour travailler sur la série, et nous ne nous rencontrons quasiment plus !


Merci beaucoup !



Remerciements aux auteurs, à l'équipe du stand Kocca ainsi qu'à l'éditeur Booken pour l'organisation de cet entretien.