INUDOH Chie - Actualité manga

INUDOH Chie 犬童千絵 / いぬどうちえ

Interview de l'auteur

Publiée le Dimanche, 28 Mai 2017

Du côté du manga, l'attraction-phare au salon Livre Paris fut la venue de Chie Inudoh, l'autrice de Reine d'Egypte, invitée par les éditions Ki-oon. Entre séances de dédicaces et interviews, la mangaka donna également une conférence publique le dimanche 26 mars après-midi, où elle répondit à de nombreuses questions de l'animateur (Flavien Appavou de Manga.tv) puis du public. En attendant notre interview, nous vous proposons aujourd'hui de revenir sur cette conférence !


Pouvez-vous vous présenter ?

Chie Inudoh : Bonjour, enchantée ! (en Français pendant la conférence)

Je suis Chie Inudoh. Je suis très contente d'être ici au Salon Live Paris. Je suis un peu stressée, mais je suis heureuse de votre accueil.



Qu'est-ce qui vous a plus dans le destin de Hatchepsout, au point de faire un manga sur elle ?

J'avais déjà décidé, à la base, de faire un manga historique avec un personnage principal féminin. Pendant mes recherches, je suis tombée sur Hatchepsout, qui est la première grande reine de l'humanité, ce qui m'a fasciné. En plus au Japon on la décrit comme étant la reine avec des attributs masculins, ce que je trouve intéressant et m'a fait m'attacher au personnage.


Quel genre de personnage coulez-vous décrire dans cette histoire ?

C'est une femme avec une très forte volonté, mais c'est aussi une femme comme les autres, avec ses forces et faiblesses, et donc très humaine par nature. Au départ, c'est une femme très gentille, mais au fil du temps doit apprendre à devenir forte, ce qui la poussera à perdre des choses mais aussi à en gagner.


Quels sont ses points forts et ses points faibles ?

Sa force principale est sa volonté. Elle s'est fixé un but et ne va jamais l'abandonner. Elle ne cédera jamais, même face aux pressions de l'époque.

Quant à ses faiblesses, elles viennent de son statut. Vu qu'elle devient une leader, elle va devoir prendre des décisions difficiles, ce qui la fera hésiter.


Est-ce qu'elle pourrait être un modèle ?

J'espère qu'elle peut être un modèle pour les femmes qui veulent se lancer dans le travail et se faire une place dans la société.



Comment avez-vous fait le travail de recherche ?

C'est vrai qu'au Japon c'est une reine très peu connue, donc j'avais peu d 'infos disponibles dans ma langue. Il y avait quelques magazines spécialisés, mais globalement ce n'était pas facile, et j'ai aussi utilisé plusieurs livres étrangers.


Quelles libertés avez-vous prises sur le plan historique ?

Comme il y avait peu de documentation sur elle, il reste pas mal de zones d'ombre, ce qui me permet de compléter comme je le souhaite. Il y a donc une grosse part de fiction dans mon manga. En dehors des éléments formels comme ce qu'elle a fait, il y a des nombreuses thèses qui s'affrontent sur sa vie, et pour moi ça fait une partie de son charme.


Au début du récit, elle est appelée Chepsout...

Il y a 2 raisons. D'abord, c'est une fiction, et je voulais mettre son changement de nom en valeur. Ensuite, en Japonais, on ne peut pas se permettre de faire des textes à rallonge dans les bulles.


Comment exprimez-vous le caractère royal de votre héroïne ?

Par exemple, je suis allée voir des bijoux dans des expositions au Japon, mais n'ai pas fait de la simple copie. J'ai inclus des éléments de design contemporain pour que ça touche plus facilement les lecteurs. Ensuite, j'ai aussi parcouru des livres d'illustrations et de photos.



A quoi faites-vous attention quand vous dessinez vêtements et bijoux ?

Je fais attention à ce que ça se remarque et que ça reste plausible en même temps.


Comment se passe une journée-type dans votre peau ?

Généralement je me lève vers 5h30 du matin, je commence la matinée en attendant que mon mari parte au travail pour faire les tâches ménagères, et ensuite je commence mon travail de mangaka vers 10h du matin. Régulièrement mes assistants viennent travailler avec moi, et on travaille ainsi jusque 21h environ. Après, j'essaie d'avoir un nombre d'heures de sommeil suffisant, donc je me couche aux alentours de minuit. Je fais aussi des siestes.


Rencontrez-vous des difficultés particulières en travaillant sur ce manga ?

Le plus dur est de recréer l'Egypte ancienne, car il reste difficile de la retranscrire fidèlement, même avec de la documentation.


Du coup, vous documentez-vous tous les jours ?

Je me crée des plages spécifiques à la recherche, donc c'est plutôt par périodes.



Qu'est-ce qui est le plus agréable à travailler ?

J'aime vraiment dessiner les personnages, surtout les courbes de corps nus. Pour ça l'Egypte ancienne est très bien.


Quel serait votre idéal féminin, et votre idéal masculin ?

Ce que je trouve intéressant c'est le processus d'acceptation de soi et de sa sexualité, et ça, ça concerne autant les femmes que les hommes. Le jour où on arrive à s'accepter tel qu'on est né, on devient plus libre.


Quelles sont vos passions ?

J'aime beaucoup les films et les séries TV, plutôt américaines. J'adore Breaking Bad, car le personnage principal ressemble à mon père (rires). J'aime aussi Game of Thrones par exemple, Glee, et Orange is the new black. Dans ce dernier j'adore l'humour noir, c'est libérateur et jouissif. J'aime mettre Glee en fond pendant mon travail.


Quel est votre rêve ultime ?

Là je suis en train de réaliser un de mes rêves d'enfant : devenir mangaka, donc il faut que j'en trouve un autre. J'aimerais avoir une machine à remonter le temps. Ca me permettrait d'aller dans l'Egypte ancienne (rires).



Quel est votre dernier voyage ?

L'an dernier en automne, je suis allée à Londres pour voir le British Museum. Il y a une grosse section sur l'Egypte, mais aussi sur divers peuples. Dans Londres j'ai aimé regarder le look des Londoniens. Le sens de la mode y est différent de celui des Japonais, d'ailleurs c'est pareil en France. Chez vous il y a une grande diversité des types physiques.


Qu'est-ce que ça vous fait de voir votre œuvre arriver en France ?

J'étais d'abord très heureuse. Mais comme je sais que la France a pas mal de connaissances de l'Egypte, j'avais un peu peur. Je souhaite surtout que les lecteurs suivent mon œuvre comme un divertissement. Mais j'ai été surprise par le très bon accueil et les compliments.


Que souhaitez-vous surtout voir et manger en France ?

Demain je vais aller au Louvre, à la section égyptienne mais aussi dans d'autres sections. Concernant la nourriture, tout est bon : le pain, la viande, le vin... Ensuite, j'ai adoré le fromage.


Auriez-vous un dernier mot à dire avant de passer aux questions du public ?

J'ai rencontré plein de gens et de lecteurs français. Ca m'a rendu très heureuse de voir mon œuvre dépasser les frontières.



Après une salve d'applaudissements, ce fut l'heure des questions du public.


Reine d'Egypte a une approche assez proche de Bride Stories, dans l'utilisation du personnage principal et dans l'exigence graphique. L'autrice de Bride Stories est-elle un modèle ?

Vous avez raison. Nous sommes publiées dans le même magazine, j'ai été assistante pour Kaori Mori, et j'ai beaucoup de respect pour elle.


Pour la représentation des hiéroglyphes, ça ne doit pas être facile de trouver des sources. Vous basez-vous sur des photos ? Inventez-vous cette partie ?

Quand c'est des décors je les écrits au pif, donc j'espère que les gens ne vont pas essayer de les déchiffrer.


Vous abordez le thème de l'égalité des genres. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet, par rapport au métier de mangaka ?

Ma série est publiée dans un magazine seinen ayant une majorité de lecteurs masculins, mais pas mal des mangakas publiés dans ses pages sont des femmes, dont certaines proviennent du shôjo. Je pense que ça montre un certain changement dans l'ère du temps, et que les frontières se brouillent. Je crois que le métier de mangaka est un travail où il y a peu de différences de statut entre femmes et hommes.



Quelles sont vos influences ? Quels mangas lisez-vous ?

Je lis des mangas depuis que je suis toute petite, donc beaucoup m'ont peut-être influencée. J'ai été très marquée par Clamp, Kenshin le Vagabond, Yasuhiro Nightow... Actuellement j'aime beaucoup Vinland Saga.


Comment mêlez-vous la part fictive de votre manga à l'aspect historique d'événements que l'on ne peut pas modifier ?

Les grandes étapes de la vie de Hatchepsout sont réelles, et c'est entre ces grandes étapes que je développe la part fictive. Je trouve le processus intéressant.


Après Reine d'Egypte, aimeriez-vous rester dans le manga historique ?

C'est la 1ère fois que je fais un manga historique, je trouve ça très intéressant car la réalité dépasse la fiction, et j'aimerais continuer.


Qu'est-ce qui vous motive le plus pour dessiner tous les jours ?

Le lien avec mes lecteurs. Je pense que le manga est un vrai moyen de communication pour moi.



Les personnages secondaires comme Tabia font beaucoup évoluer la Reine. Comment voyez-vous ce personnage, et quelle place souhaitez-vous lui faire occuper dans la série ?

C'est la plus proche amie de Hatchepsout . Je pense qu'elle sera toujours à ses côtés.


Y a-t-il des écrivains hors manga et des réalisateurs qui vous ont influencée ?

Il y a beaucoup de choses. Notamment des dramas japonais comme Ikebukuro West Gate Park, qui met les relations humaines au premier plan, ce que j'aimerais faire aussi dans mes mangas.


Y a-t-il un autre personnage historique ou une période qui vous intéresserait déjà pour un autre manga futur ? Et aimeriez-vous adapter un roman ?

Si je restais sur l'Egypte, ce serait Néfertiti, Ramsès II ou Cléopâtre. Concernant le Japon, il y a l'époque des guerres intestines qui a donné beaucoup de personnages intéressants.

Et si je devais adapter un roman, j'aimerais bien faire Millénium !


La conférence s'acheva ensuite après 50 minutes, sous les applaudissements.
  
Mise en ligne le 28 mai 2017.


Interview n°2 de l'auteur

Publiée le Jeudi, 08 Juin 2017

Du 24 au 27 mars dernier s'est tenu Livre Paris, plus grand salon du livre français, en parallèle à Paris Manga. C'est cet événement que Ki-oon a choisi pour s'illustrer, l'éditeur ayant marqué sa présence en invitant Chie Inudoh, autrice du leur nouveauté "Reine d’Égypte". La venue de la mangaka fut triomphal, marqué par la foule qui s'accumulait à chacune des séances de dédicace et un grand espace d'exposition mettant l’Égypte ancienne à l'honneur.

Ainsi, Chie Inudoh nous a fait l'honneur d'un entretien, une interview où elle s'est livrée sur sa série et sa vision du la légende de Hatchepsout...



Bonjour Mme Inudoh, merci de nous accorder cette rencontre. Dans un premier temps, pouvez-vous nous dire comment vous en êtes venue au métier de mangaka ? Quel parcourt avez-vous suivi ?

Chie Inudoh : J'ai commencé à dessiner lorsque j'étais toute petite, je devais avoir trois ou quatre ans. Le déclic est venu quand mes parents m'ont offert un manga pour mon anniversaire, je n'ai jamais arrêté depuis, je montrais même mes mangas à mes amis, à l'école. A l'université, je publiais mes œuvres sur internet et je dessinais des doujinshi pour un magazine amateur. Mon éditrice, Mme Morioka, les a vus et m'a proposé une rencontre.
En ce qui concerne la formation, j'ai appris à dessiner du manga toute seule. J'ai néanmoins étudié la peinture à l'huile à partir du lycée.




L'Histoire a connu de nombreux personnages féminins forts. Votre choix s'est pourtant porté sur la reine Hatchepsout. Pourquoi elle plutôt qu'une autre ?


Chie Inudoh : J'avais dans l'idée de faire une série historique dont l'héroïne serait une femme. J'ai découvert Hatchepsout lors de mes recherches, c'était la première reine de l'humanité et le personnage m'a fasciné. C'est pourquoi j'ai voulu faire une série autour d'elle.


Dans les récits historiques, il y a ceux qui inventent de nouveaux personnages et ceux qui s'articulent sur des figures qui ont vraiment existé. Pourquoi avoir privilégié une figure ayant existé plutôt que créer un nouveau personnage au sein d'un contexte historique ?

Chie Inudoh : La série est prépubliée dans le magazine Arta. C'est une revue qui a déjà publié des mangas historiques qui se basent sur des personnages ayant existé, ça m'a donc influencé. Mais le plus important est que j'ai été de plus en plus fascinée par Hatchepsout au fil de mes recherches. A mes yeux, la réalité dépassait la fiction et il paraissait plus intéressant de parler d'une personnalité qui a existé plutôt que d'en créer une de toutes pièces.


Reine d’Égypte est un manga historique très documenté. Quelle part du travail représente la phase de documentation ? Et quelles sont vos références essentielles qui vous permettent de rester fidèle à l'Histoire et de recréer décors et costumes ?

Chie Inudoh : Au Japon, il n'existe pas d'ouvrage de référence sur la reine Hatchepsout. J'ai donc consulté différents ouvrages qui parlaient d'elle et rassemblé les éléments de sources diverses. En ce qui concerne les visuels, plutôt que regarder des photos de vestiges qui auraient été peu instructifs, j'ai consulté des livres qui offraient des représentations 3D de ce que pouvaient être les architectures d'époque. J'ai aussi utilisé de nombreux livres d'illustrations et des livres pour enfants qui parlent de l’Égypte ancienne.




Votre éditrice vous accompagne énormément sur la série, notamment sur la documentation. Quel est son rôle global sur Reine d’Égypte ?

Chie Inudoh : Depuis le début, mon éditrice m'aide et m'a beaucoup épaulé sur la préparation de la série. A chaque numéro du magazine et donc à chaque chapitre, nous devons veiller à ce que l'intérêt du lecteur soit conservé, voire ce qu'il pourrait être intéressant d'inclure dans le récit. Elle m'a aussi beaucoup aidé sur la documentation, elle m'a notamment accompagné durant mes voyages de recherche. C'est un partenaire précieux dans la construction de l'histoire.


En dessinant Reine d’Égypte, est-ce que certains aspects de la reine Hatchepsout ressortent à vos yeux ? Des traits de caractère, par exemple...

Chie Inudoh : Hatchepsout est un personnage très fort mais, en même temps, qui a les mêmes faiblesses que n'importe qui. Elle garde aussi une part de douceur. Mais en se rapprochant du trône, et donc du titre de Pharaon, elle doit effacer certaines caractéristiques de sa personne, notamment son côté doux.


Malgré ces faiblesses et cette douceur, la reine Hatchepsout, elle apparaît assez idéale : Elle est belle, déterminée, diplomate et à l'écoute du peuple... Pourtant, historiquement, il existe des éléments qui pourraient ternir son mage comme des traces d'elle qui ont été effacées. Certaines légendes lui prêtent aussi une relation adultère avec Senmout. Ainsi, comptez-vous nuancer davantage le personnage ou rester sur un registre qui "l'idéaliserait" ?

Chie Inudoh : Depuis le début et grâce à mes recherches, je sais que Hatchepsout est un personnage aux différentes facettes. Mon but est de toute montrer à travers son évolution, donc ses facettes plus sombres dans la suite de l'histoire. Je vous encourage donc à la suivre.





Les traces de la reine Hatchepsout sont peut-être délicates à trouver car peu nombreuses, et parfois effacées. Cela vous oblige à inventer beaucoup d'éléments scénaristiques. Ainsi, quelle est la frontière entre réalité et fiction ?

Chie Inudoh : Il faut bien comprendre que Reine d’Égypte est un manga. Ainsi, s'il est historique, 80% de l'intrigue résulte de la fiction. Il y a énormément de part d'ombre dans l'Histoire mais cela donne aussi beaucoup de liberté dans l'écriture du personnage. Il n'y a pas de réponse absolue sur le passé d'un personnage comme Hatchepsout, il faut donc considérer Reine d’Égypte comme ma propre interprétation de cette figure historique.


A l'inverse de Hatchepsout, on distingue des personnages "mauvais". On pense notamment à Sethi qui accumule de nombreuses tares : arrogance, violence, cruauté... Pourquoi avoir choisi d'opposer de façon aussi marquée Hatchepsout et Sethi ?


Chie Inudoh : C'est d'abord pour donner un côté divertissant à ma série que j'ai créé un personnage aussi marqué que Sethi. Il était aussi intéressant de montrer ce qui se passe quand un humain qui a autant de faiblesses que Sethi devient roi. Il est en opposition à Hatchepsout mais il a sa propre histoire et son propre intérêt en tant que personnage.




Même si la période historique dépeinte par Reine d’Égypte est ancienne, son contexte sociétal a beaucoup de points communs avec le notre. La série appuie parle notamment de la Femme dans la société, par rapport à l'Homme. Est-ce un message que vous cherchiez à développer dans la série ?


Chie Inudoh : En effet, le thème de la position sociale de la Femme est très important dans la série mais il n'est pas le seul. Une caractéristique importante de Hatchepsout est d'avoir cherché à tout prix à éviter la guerre comme moyen politique. Elle a privilégié la paix, et c'est un aspect qui me semble aussi important et je vais beaucoup le développer par la suite. Mais elle n'était pas pour autant une pacifiste complète, et elle a aussi utilisé tous les moyens à sa portée pour arriver à ses fins... C'est aussi un aspect de Hatchepsout qui m'intéresse.


Dans le premier tome, les décors sont particulièrement soignés et participent à l'immersion du lecteur. Comment concevez-vous vos décors ? A partir de quels outils de dessin ?


Chie Inudoh : En dehors des ouvrages dont j'ai parlé tout à l'heure, je me base aussi sur les mangas sur l’Égypte ancienne qui existent, mais s'il y en a assez peu. Je regarde aussi les films et dessins-animés qui prennent place à cette époque.

En ce qui concerne le dessin, j'ai des assistants mais ils se chargent plutôt des éléments graphiques comme les trames. Pour le reste, je fais tout toute seule, personnages et décors.




Créer une série historique en ajoutant de nombreux éléments de fiction peut permettre à l’œuvre de se développer sur de nombreux tomes. Avez-vous une idée du déroulement de l’œuvre, ainsi que sa durée ?

Chie Inudoh : Pour l'instant, je dirais que la série fera environ cinq ou six tomes. En ce moment, je m'attaque au début du quatrième volume.


Interview réalisée par Takato et Koiwai. Remerciements à Chie Inudoh, à son éditrice Natsuyo Morioka, et à Ki-oon pour l'organisation de la rencontre.

Mise en ligne le 8 juin 2017.