HATSUKI Kyô - Actualité manga

HATSUKI Kyô 葉月京

Interview de l'auteur

Voici le compte-rendu de notre interview de Kyo Hatsuki, la créatrice de Love Junkies. L'entretien a été réalisé à l'occasion de la venue de l'auteure à la troisième édition de Chibi Japan Expo.
 
 
Manga-news: Pouvez-vous nous raconter votre parcours? Qu'est-ce qui vous a amenée à dessiner des mangas?
Kyo Hatsuki: En fait, je me destinais à devenir chanteuse. Il y a quelques années, je faisais partie d'un groupe tout en faisant du mannequinat. J'ai également été chauffeur poids lourds... je faisais beaucoup de choses! (rires) Lorsque je suis tombée enceinte, je me suis mariée et j'ai arrêté la musique pour devenir femme au foyer et me consacrer ainsi à l'éducation de mes enfants. A cette époque, il m'arrivait de travailler en tant que story boarder pour des émissions TV...
Un jour, un ami m'a proposé de dessiner en guest dans son fanzine. J'ai accepté et réalisé une histoire dérivée de Ranma ½. A ce moment là un éditeur est tombé sur cette nouvelle, mon style lui a plus et il m'a demandé de dessiner des mangas pour une revue érotique.
  

    
  
Le monde du manga érotique est plutôt masculin au Japon. Évoluer dans ce milieu n'a pas été difficile pour vous?
Il faut savoir qu'il est plus facile pour un mangaka de débuter dans le manga érotique, car c'est ce dernier qui offre le plus de travail. Aujourd'hui, beaucoup de femmes dessinent des manga érotiques, cela peut d'ailleurs être un bon tremplin pour ensuite se lancer dans le manga conventionnel. Ce qui intéressant, c'est que dans le milieu du manga érotique, on ne fait pas de distinction entre les mangaka hommes et femmes: il n'y a pas de sexisme dans ce milieu.
 
 
Vous écrivez des histoires qui intéressent aussi bien les garçons que les femmes. Votre côté féminin ressort-il lors de l'écriture de vos séries?
Quand je dessine des mangas érotiques, j'utilise des aspects masculins, que je récupère en discutant avec des collègues du sexe opposé, et notamment en les écoutant me raconter ce qu'ils aiment et ce qu'ils n'aiment pas dans leur propre conception du manga érotique. J'apprends beaucoup de ces discussions. En tout cas, il peut être vrai que lorsque je dessine, j'essaie de me mettre en tête l'idée que je suis un homme qui dessine pour des hommes.
     


Avez-vous des sources d'inspirations particulières, autres que le fait de discuter avec des collègues masculins?
Ma première source d'inspiration, c'est ma propre imagination. On va dire que 80% de mon inspiration vient de mon imagination, 15% de mes discussions avec des collègues masculins, les 5% restants viennent quant à eux de ma modeste expérience! (rires)


Quand vous débutez une nouvelle histoire, avez-vous imaginé le scénario du début jusqu'à la fin?
Lorsque je dessine un manga, c'est comme si je faisais du surf. S'il y a une bonne «vague», alors je sais à peu près ce que je vais dessiner: je monte sur la vague et je me laisse porter par mon idée. Mais si cette dernière est mauvaise, il suffit d'attendre qu'une nouvelle vague arrive!
Plus sérieusement, je ne réfléchis pas à l'intégralité d'une histoire que je commence, j'y pense au fur et à mesure...


Comment vous est venue l'idée du projet Love Junkies?
A l'initiale, c'est l'éditeur Akita Shoten qui cherchait à créer un manga amoureux et érotique qui mettrait en scène deux personnes qui discuteraient à travers un ordinateur... Il ne faut pas oublier que lorsque Love Junkies a commencé, les rencontres par ordinateur n'étaient pas une chose courante. J'ai dessiné les premiers tomes de la série en fonction de cette idée qui, comme vous l'avez constaté, est vite devenue obsolète! (rires)
En effet Love Junkies, c'est l'histoire réaliste d'un homme qui va croiser de nombreuses jeunes filles dans sa vie, et qui va se construire grâce à toutes ces rencontres.
   


Vous pensez que c'est ce dernier point qui a occasionné le succès de la série?
Je pense que oui! Au début, Love Junkies ne devait faire que trois ou quatre tomes. Mais au bout de quelques semaines de publication, la série était toujours très appréciée par les lecteurs du magazine dans lequel elle était prépubliée. C'est ainsi que l'éditeur a souhaité poursuivre la série.


Ça n'a pas été lassant pour vous de travailler plus de 10 ans sur une même série? Avez-vous eu l'occasion de travailler sur d'autres séries en parallèle?
La réalisation de Love Junkies a toujours été très amusante et j'y ai toujours pris beaucoup de plaisir... il n'y a donc pas eu de lassitude. En même temps, j'ai eu l'occasion de réaliser d'autres projets pendant la parution de la série.


Alors que la série est terminée, pensez-vous avoir fait le tour complet d'Eitarô, le personnage central de la série?
Je suis plutôt contente du résultat! J'aurais peut être pu préciser quelques petites choses pour ce personnage, mais au bout de 10 ans de publication, je pense qu'il était temps que la série s'arrête.
     

     
 
Eitarô est un personnage un peu gaffeur qui va se bonifier au fil du temps pour devenir très attachant. Incarne-t-il d'une certaine manière votre idéal masculin, au contraire pas du tout?
Il manque encore quelques petites choses à Eitarô pour qu'il devienne mon idéal masculin! (rires) Mais ce qui est intéressant, c'est que ce personnage a grandi en même temps que moi... S'il a mûri tout au long de la série, c'est parce que j'ai mûri également!
En fait, c'est plus une relation filiale qui pourrait m'unir à Eitarô.


Vous seriez fière d'avoir un fils comme lui?
Oui! Après tout, Eitarô n'est pas un homme méchant, et c'est le principal. En tout ca, je suis déjà très fière de mes deux filles!


Actuellement en France, on découvre un Eitarô hésitant entre deux femmes: Miho et Shinako. De laquelle de ces deux personnages vous sentez-vous le plus proche?
Je me sens plus proche de Shinako. J'apprécie le côté maladroit et garçon manqué du personnage. Qui plus est, elle est dessinatrice et peut se négliger lorsqu'elle ne bouge pas de chez elle... un peu comme moi! (rires)
    

    
  
Comment s'organise une journée de travail type pour vous?
Je me lève à 07h00 et je prépare le petit déjeuner des enfants puis je les emmène à l'école. Je commence à travailler à 10h00 pour finir à 20h00. Ensuite, je me détends un peu en sortant ou en allant sur internet... Je me couche vers 01h00.


Quels sont vos principaux défauts et qualités?
Ma première qualité est mon altruisme. Mon défaut est de vivre un peu au jour le jour.
 
 
Pouvez-vous nous parler de votre implication au sein de l'association Be Smile?
Cette association a été par un collectif de mangaka afin de lutter contre la maltraitance envers les enfants. Grâce à divers évènements, nous essayons de rendre le sourire à ces enfants et de rétablir la confiance qu'ils devraient avoir dans les adultes.
Nous pouvons réaliser des dessins que nous allons mettre aux enchères afin de récolter des fonds qui serviront à l'association.


Merci beaucoup!
Merci!
 

  
 
Remerciements à Kyo Hatsuki.