BOUTADJINE Abdesselam - Actualité manga

BOUTADJINE Abdesselam

Interview de l'auteur

Publiée le Samedi, 30 Mai 2015

Il y a quelques jours, nous avons rencontré Abdesselam Boutadjine, dit Abdess, auteur français à qui nous devons le global manga Team Handball, série en trois tomes publiée chez l'éditeur Kotoji. Ce jeune dessinateur est revenu sur son début de carrière, des dessins de Dragon Ball à l'école primaire jusqu'au fanzinat et se professionnalisation, en évoquant ce que lui a apporté cette première expérience.

  
Bonjour Abdess ! Pour commencer, peux-tu nous dire ce qui t'a poussé à devenir dessinateur de BD et de Manga ?
Abdess : Depuis tout petit, j'ai été bercé par le Club Dorothée, en particulier par Dragon Ball. Je me suis pris de passion pour le dessin dès l'école primaire, et en particulier pour le style manga, qui m'a tout de suite plus parlé que la bd traditionnelle. J'étais porté par le charisme de ses personnages, leurs expressions, leurs coupes de cheveux extravagantes... Son Goku reste aujourd'hui le héros que je trouve encore le plus charismatique. 
   
Au collège, j'ai rencontre des amis avec qui je pouvais partager cette passion, et nous avons réalisé ensemble nos premières planches de BD. Par la suite, nous avons participé à plusieurs évènements manga, notamment en passant par le fanzinat. C'est à ce moment-là que j'ai rencontré Pierre Sery, le futur fondateur des éditions Kotoji, qui à l'époque m'a intégré à son fanzine Kuwabara Manga, avec la série JIN. J'ai alors expérimentés les prémices du métier d'auteur, en parallèle à mes études.
  
J'ai compris que je voulais vraiment en faire mon métier lors d'un festival de BD à Vitry-le-François, où j'ai commencé à signer mes premières dédicaces. J'ai du faire un gros travail sur ma timidité, pour arriver à m'adresser à chacun de mes lecteurs ! C'est aussi cet événement qui a poussé Pierre à fonder sa propre maison d'édition, Kotoji. Pierre s'était toujours dit que s'il devenait éditeur, l'une de ses premières publications traiterait du handball. Il m'a donc proposé ce projet et c'est ainsi qu'est né Team Handball.

      
Il s'agissait donc d'un travail de commande ?
Un peu, j'étais la personne la plus proche de lui qui correspondait à ses attentes, en offrant le style manga qu'il recherchait pour ce titre.
   
  
Combien de temps t'a-t-il fallu pour réaliser le premier tome ?
Je dirais environ six ou sept mois. A cette époque, j'apprenais toutes les ficelles du métier en même temps. J'avais plutôt peur du fait qu'il ne s'agissait plus de fanzinat mais d'un vrai projet professionnel. Je me suis mis la pression pour que le premier volume soit bon et accroche les lecteurs.
   
  
Quel était ton rôle sur la série ? As-tu participé au scénario ?
Oui, j'étais dessinateur et co-scénariste. Pierre Sery m'a assisté en travaillant sur les trames.
 
L'idée de Team Handball, c'était de reprendre les bases des mangas de sport de référence (Captain Tsubasa, Slam Dunk) qui m'ont d'ailleurs fortement influencé, dans la pratique des sports comme dans celle du dessin. Il y avait un créneau à prendre sur le handball, qui n'a jamais été porté en BD alors qu'il s'agit d'un des sports les plus populaires en France, avec un équipe nationale qui a été 5 fois championne du monde. 
 
Pour mes protagonistes, je me suis notamment inspiré de mes personnages favoris, Oliver Atton et Mark Landers, ou plutôt Tsubasa Ohzora et Kojiro Hyuga en version originale ! (protagonistes de Olive et Tom/Captain Tsubasa, ndlr)  

  
Maintenant que la série est terminée, quel regard portes-tu sur cette expérience ?
Après avoir achevé le premier volume, je me suis procuré du nouveau matériel et essayé à de nouvelles techniques. Par exemple, à mes débuts, j'utilisais du papier d'imprimante relativement basique, mais je me suis vite rendu compte que cela donnait un mauvais résultat au moment de l'encrage ! (rires) Je me suis ensuite tourné vers le bristol, qui rendait beaucoup mieux. Sur le tome 2, je me suis essayé aux outils utilisés par les mangakas japonais, comme le dessin à la plume. C'était un presque un nouveau métier qui commençait, mais le rendu était d'une toute autre qualité. Pour les trames, se procurer le matériel est plutôt délicat, nous sommes donc passés au format numérique, ce qui permet aussi d'appliquer certaines retouches. 
  
Pour les couvertures, j'ai réalisé la colorisation de la première à la main, au feutre, le fond ayant été réalisé sur ordinateur. Pour les suivantes, nous avons délégué la colorisation à des spécialistes !
   
  
Aujourd'hui, quels sont tes nouveaux projets ?
J'ai plusieurs projets, le principal étant celui réalisé en collaboration avec l'ARTC, Association pour la Recherche des Tumeurs Cérébrales. Ce projet est destiné à la sensibilisation sur cette maladie, par le biais de planches de BD de vulgarisation. Pour le reste, j'ai dans la tête une histoire de fantasy, mais je prends mon temps pour préparer un scénario et un univers assez conséquents. En effet, j'aime beaucoup dessiner des dragons et des chevaliers, et j'espère pouvoir mettre tout cela en scène un jour. Sans compter que je suis un grand amateur de RPG, mais aussi de jeux de combat ! J'ai d'ailleurs aussi un projet de BD sur le jeu de combat, en collaboration avec une association basée sur Nancy. Enfin, je travaille actuellement avec un auteur espagnol sur une histoire basée sur l'athlétisme.

   
C'est un panel de projets très large ! (rires)
Oui, c'est un peu tout ce qui m'intéresse dans ma vie, et le style manga permet de tout mettre en scène très efficacement. Il faut cependant adapter son style selon l'histoire traitée.
  
  
Parviens-tu déjà à vivre de tes travaux de dessinateur ?
Non, c'est encore assez difficile. Cependant, grâce aux associations auxquelles j'ai participé, j'ai pu réaliser des cours et des ateliers de manga, notamment dans des bibliothèques. Cette expérience m'a servi, car aujourd'hui j'enseigne le dessin dans quelques écoles, j'anime des conférences,...
   
 
As-tu essayé de participer à des concours, comme le Tremplin Ki-oon par exemple ?
Malheureusement non, je n'ai pas participé à ce concours par manque de temps, et globalement mes projets en cours occupent déjà tout mon temps.

Merci pour cette entrevu Abdess et au plaisir de te revoir bientôt chez nous ....
   
Merci à vous