ANDO Masahiro - Actualité manga

ANDO Masahiro 安藤 真裕

Interview de l'auteur

C'est à l'occasion de sa venue en France pour la présentation à la presse de son long métrage Sword of the stranger, qui sortira le 27 mai prochain en salle, que nous avons eu le plaisir de rencontrer le sympathique Masahiro Andô, réalisateur du film.




Manga-news: Pouvez-vous nous raconter votre parcours?
Je suis arrivé dans le milieu de l'animation à dix-huit ans. Ça fait vingt ans que je travaille dans ce domaine. Durant dix ans, j'ai été animateur. Les dix autres années, je me suis occupé de la mise en scène de diverses séries animées, comme Full Metal Alchemist.

Sword of the Stranger est votre premier long métrage en tant que réalisateur, pouvez-vous nous raconter la genèse du projet?
A l'initiale, je connaissais le producteur Minami du studio d'animation Bones. Nous souhaitions tous les deux réaliser un film d'animation original. J'ai toujours souhaité réaliser un métrage d'animation 2D qui s'inscrirait dans le genre Shambara. C'est ainsi que j'ai proposé mon projet à Monsieur Minami. Lui seul était capable de produire ce film, car c'est quelqu'un de très actif et de très audacieux.



Il vous aura fallu presque 5 ans pour mener à bien ce projet, qu’est-ce qui a été le plus difficile?
Pour moi qui suis réalisateur, il n'y avait pas énormément de difficultés une fois le projet commencé. C'est pour Monsieur Minami que le travail fut plus délicat, car le producteur doit trouver des financements pour le projet, alors que le contexte est assez difficile: lorsqu'il s'agit d'un film d'animation, la plupart des japonais ne se déplacent dans les salles que pour voir un métrage du studio Ghibli ou un film Pokemon...

Vous avez travaillé sur de nombreuses séries a succès avec plusieurs studios et équipes différentes,  et ce dans divers postes. Quel est le poste dans lequel vous vous sentiez le plus à l’aise et pourquoi?
C'est en tant qu'animateur que je me suis senti le plus à l'aise, tout simplement parce que j'adore dessiner. Je prends un réel plaisir à voir bouger les images! Même si je suis réalisateur aujourd'hui, je continue de dessiner lorsque j'ai le temps.

Ça ne vous gênerait pas de redevenir animateur?
Je me pose parfois cette question... Étant donné que j'adore ce travail, je n'exclus pas de reprendre cette activité dans cinq ou dix ans. Personne ne sait comment l'avenir sera fait! Néanmoins, grâce aux retours positifs des spectateurs de Sword of Stranger, je me sens à l'aise en tant que réalisateur! Et puis ce métier offre un plus indéniable: il permet de suivre toutes les étapes constituantes d'un projet, du début jusqu'à sa fin. Cela procure une émotion très particulière, que n'offre pas le travail d'animateur... Quoi qu'il en soit, je continuerai de dessiner toute ma vie, même si je ne redeviens pas animateur.


Était-il nécessaire selon vous de passer par différents postes au sein de la chaine de l’animation avant de devenir réalisateur?
Oui car pour être un bon réalisateur, il faut se nourrir de toutes les expériences passées. Même si j'ai appris beaucoup de choses tout au long de ma carrière dans l'animation, je considère que ce n'est  jamais suffisant!




Selon vous qu’elles sont les qualités d’un bon réalisateur?
Pour être un bon réalisateur de films d'animation, il est nécessaire avant toute chose d'avoir une vision très claire de son projet, et d'être capable de transmettre et faire clairement comprendre ses objectifs à l'ensemble de son équipe. Le réalisateur est aussi quelqu'un qui doit savoir juger le travail des autres... Il ne faut pas avoir peur de dire «non», même si c'est parfois délicat.

Quelles sont les personnes qui ont influencé votre carrière?
J'ai été beaucoup influencé par des réalisateurs qui n'ont jamais travaillé dans le milieu de l'animation, comme Sergio Leone. Globalement, ce sont les films vus avant mes vingt ans qui exercent le plus d'influence sur mes créations aujourd'hui.

Quelles sont les plus grandes différences dans l'organisation du travail entre un long métrage et une série d’animation?
La plus grande différence entre un film de cinéma et une série, c'est la durée. Un film dure environ 90 minutes, ce qui est court et nécessite en conséquence un travail important et continu sur toutes les séquences du métrage... Tout doit être parfait! Pour une série, le travail se fait au fur et à mesure de son avancement, tant et si bien que la fin des travaux peut être relativement différente de ce que l'on avait imaginé au départ. On peut y répéter des essais ou des erreurs pour arriver au meilleur résultat possible.



Vous avez choisi de travailler avec le scénariste Fumihiko Takayama. Pouvez-vous nous en donner les raisons?
J'ai regardé des films écrits par Monsieur Takayama et j'ai trouvé que son style correspondait bien à ce que je voulais pour Sword of Stranger. En effet, il arrive à trouver un bon équilibre entre les différentes facettes constituantes du film et a une véritable technique pour montrer des personnages intéressants sans que l'on sache grand chose sur eux.

Pourquoi avoir choisi de ne pas dévoiler les origines des personnages principaux dans le film?
Le côté «action» étant prédominant dans Sword of the Stranger, je n'avais pas beaucoup de temps pour présenter les différents personnages... J'avais donc décidé dès le départ de ne pas dévoiler leurs origines.

Le fait de ne pas donner de nom au héros de Sword of the Stranger s'inscrit également dans cette optique?
Oui.

Pourquoi avoir fait un film de samouraï? Cela vous tenait à cœur?
Étant donné que j'ai une passion pour les films de samouraï, j'ai souhaité tout naturellement réaliser un film de ce genre. J'apprécie également beaucoup le concept de vie et de mort, que l'on retrouve très clairement dans le style Shambara.





Pourquoi avoir choisi la fin de l'époque Muromachi comme cadre du film? Était-ce important pour vous?
Deux raisons ont motivé ce choix. Tout d'abord, de nombreux mystères historiques demeurent concernant l'époque Muromachi, ce qui me plaisait beaucoup. Si le cadre de mon film avait été l'époque Meiji, très connue des historiens et pour laquelle il existe de nombreux documents d'archive, j'aurai eu plus de contraintes scénaristiques à respecter. Enfin la notion de vie et de mort, qui me tient à cœur, se retrouve clairement durant cette époque, troublée par des guerres.

Que diriez-vous vous a une personne qui hésiterait encore à voir ce film pour la convaincre?
Bien qu'appartenant à un genre classique, mon film est très intéressant et meilleur que Transformers ou Matrix! (rires) Il serait dommage de ne pas aller le voir!

Pouvez vous nous dire sur quoi vous travaillez actuellement?
Actuellement, je travaille en tant que réalisateur sur une série intitulée CANAAN qui sera diffusée à la télévision à partir de Juillet.

Envisagez-vous de refaire un long métrage?
Pour l'instant je n'ai pas de projet concret. Mais j'ai une affection particulière pour le cinéma et compte bien y retravailler prochainement! Comme je vous l'ai dit, la réalisation d'un film ne permet aucune erreur, et ce défi m'attire beaucoup!

Merci beaucoup!
Merci!


Remerciement à l'équipe de Beez Entertainement et à la Traductrice pour leur gentillesse et leur disponibilité.