Rencontre avec Kenji Kamiyama et Yoshiki Sakurai- Actus manga
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Dvd Rencontre avec Kenji Kamiyama et Yoshiki Sakurai

Jeudi, 13 Juillet 2017 à 18h00 - Source :Rubrique Interviews

Japan Expo accueillait cette année Kenji Kamiyama, un nom bien connu pour la réalisation de Ghost in the Shell: Stand Alone Complex, d'Eden of the East ou encore, plus récemment, du film Hirune Hime qui vient de sortir au cinéma en France. Invité par @Anime, M. Kamiyama était accompagné de Yoshiki Sakurai, qui a travaillé avec lui sur GITS: SAC et Seirei no Moribito en tant que scénariste, et qui a produit Hirune Hime. C'est à l'occasion d'une table ronde que nous avons pu nous entretenir avec les deux hommes.



Kenji Kamiyama, En 2002 vous réalisez la série Ghost in the Shell: Stand Alone Complex. Des années après, la saga reste très présente, avec de nouveaux projets comme Arise ou le film live. De votre côté, avez-vous toujours eu envie de faire une 3ème saison, ou pour vous la boucle a-t-elle été bouclée avec Solid State Society ?

Kenji Kamiyama : Juste après avoir terminé Solid State Society, j'ai eu le sentiment d'avoir fait le tour et que tout était terminé. Mais un petit peu plus tard j'ai commencé à avoir de nouvelles idées pour des épisodes et c'est là que je me suis rendu compte combien cette oeuvre originale est très riche et offre des possibilité infinies. Donc au final oui, ça m'intéresserait de faire la suite.


Avec Ghost in the Shell: Stand Alone Complex, votre collaboration avec Yoko Kanno aux musiques a impressionné les fans. Quel est votre ressenti face aux compositions de Mme Kanno ?

Kenji Kamiyama : C'est une musicienne que je considère comme un génie. Elle est capable de composer des musiques au-delà de ce que j'attendais, et elle a toujours de très bonnes idées musicales.


La France est actuellement le seul pays où les deux saisons de GITS: SAC ont été réunies en un seul coffret. Qu'est-ce que vous pensez de cette édition proposée par @Anime ?

Yoshiki Sakurai : Quand j'ai appris ce projet ça m'a fait très plaisir. Ces deux séries sont indépendantes et peuvent exister séparément, mais il y a des choses qu'on peut comprendre à travers l'ensemble des deux séries. Ca a donc un sens de les sortir ainsi en les réunissant en un seul coffret.



L'un des thèmes principaux de GITS: SAC concerne des choses qui ont trouvé un écho dans la réalité par la suite avec des affaires comme celles de Julian Assange ou d'Edward Snowden. Vous avez un peu vu le futur ! Que pouvez-vous nous dire là-dessus ?

Kenji Kamiyama : Quand nous avons réalisé cette série ce n'était pas vraiment pour prévoir le futur de notre société, mais au final on s'est ensuite rendu compte que c'est ce qu'on a fait sans le vouloir. Les réseaux se sont beaucoup développés. A l'époque on s'est posé beaucoup de questions et on a beaucoup étudié le milieu des informations et des réseaux. Et malgré nous, on a donc créé une oeuvre qui a vu l'avenir.


On dit que vous vous êtes un peu inspiré de l'affaire Glico-Morinaga, mais finalement ça ressemble beaucoup plus à l'affaire Wikileaks.

Kenji Kamiyama : Lorsqu'on a réalisé cette série, l'histoire de Wikileaks n'était pas aussi connue qu'aujourd'hui. C'était un sentiment très étrange quand on l'a vue éclater.


Et que pensez-vous de l'affaire Wikileaks ? Savez-vous si des gens comme Snowden ou Assange l'ont vue ? En tout cas, certains de leurs supporters reprennent des motifs de votre série.

Kenji Kamiyama : Je ne suis pas directement concerné par Wikileaks, mais je trouve cela très intéressant.



Quelle est votre relation avec Mamoru Oshii ? Peut-on dire qu'il vous a beaucoup appris ? Dans quelle mesure pensez-vous qu'il a influencé votre méthode de travail ?

Kenji Kamiyama : Finalement je n'ai jamais travaillé avec lui, donc je ne peux pas dire que j'ai appris des choses techniquement auprès de lui. Mais j'ai toujours eu énormément de respect pour lui, même avant de le rencontrer. J'étudiais et décryptais moi-même ses oeuvres, et un jour il a organisé une sorte d'atelier apprenant certaines ficelles du métier aux jeunes. J'y ai participé et chaque participant devait proposer un projet. Dans le mien j'ai inséré un peu ce que je pensais de ses films. Quand il l'a lu, Mamoru Oshii a bien vu que ce n'était pas un simple projet et qu'il y avait autre chose, et finalement ce projet nous a permis de discuter ensemble. Ces discussions m'ont beaucoup appris sur la dramaturgie et sur la manière d'insérer de la philosophie dans les oeuvres.


Pouvez-vous nous parler plus en détails de cet atelier ?

Kenji Kamiyama : Ce n'était pas du tout un atelier pour enseigner la mise en scène, mais plutôt pour apprendre aux jeunes la production s'ils n'avaient pas le temps au quotidien. Comment monter un projet, comment le présenter... C'était plutôt ce genre de choses que l'on voyait. C'était un petit atelier avec même pas 10 participants.

Il y avait des règles assez strictes. Par exemple, il fallait absolument travailler en dehors des heures de travail. Ensuite, il n'y avait aucun budget, donc si on voulait demander à un illustrateur de faire des dessins chacun devait le payer lui-même. Enfin, si on ne respecter pas le sujet ou qu'on était en retard dans le rendu, dès la semaine suivante on ne pouvait plus participer.

L'atelier a duré un mois. Chaque semaine M. Oshii nous proposait un sujet, et au bout du mois il n'y avait plus que quatre participants.


Pouvez-vous nous parler des "survivants" de cet atelier ?

Kenji Kamiyama : Il y avait moi, Jun'ichi Fujisaku qui a notamment réalisé Blood+, Masatsugu Arakawa qui fait des designs très originaux, et j'ai oublié le dernier. De mon côté j'avais proposé le projet Blood the last vampire, qui a été réalisé. A ce moment-là, M. Kitakubo s'est chargé de la mise en scène, mais est arrivé après l'atelier. Moi je me suis occupé du scénario.



M.Kamiyama, on vous connaît aussi pour le génial Eden of the East, dont vous êtes le créateur original, le scénariste, le réalisateur... Ce qui se présente d'abord comme un jeu mortel basé sur les téléphones portables offre ensuite un portrait d'une société nippone pourrie, de plus en plus exigeante et impitoyable envers ceux qui ne rentrent pas dans son moule, à commencer par les hikikomori et surtout les NEET. Que pensez-vous de ce Japon actuel, et du fait de ne pas rentrer dans ses cases ?

Kenji Kamiyama : J'ai décrit les jeunes de l'époque. Aujourd'hui je pense qu'ils ont entre 25 et 30 ans. Mais aujourd'hui il y a une nouvelle génération de personnes de ce type qui, en réalité, ne se sentent plus forcément exclues de la société ou marginalisées. Ces gens ne sentent pas minoritaires, alors qu'à l'époque d'Eden of the East c'était le cas. Cette nouvelle génération s'est créée sa communauté. Chacun a l'impression d'y appartenir, et du coup ils ne se sentent pas enfermés. Dans un sens, je pense que les jeunes ont évolué.


Comment est née et s'est déroulée la collaboration avec la mangaka Chica Umino pour l'élaboration du chara design original ? Pourquoi cette artiste et pas une autre ?

Kenji Kamiyama : Il y a plusieurs raisons.

Premièrement, la série a été diffusée sur une chaine de télévision qui avait une case horaire nommée "noitaminA", entièrement consacrée aux animés. Il y avait des concepts communs entre les séries, mais le vrai principe était de proposer des séries pouvant être vues aussi par des personnes n'ayant pas forcément l'habitude de regarder des animés. La toute première série ayant été diffusée dans cette tranche horaire est Honey & Clover, l'adaptation du manga de Chica Umino. Ensuite il y a eu plusieurs séries, mais Eden of the East a été la première série originale dans ce programme. C'est un peu pour commémorer cette "première" que j'ai voulu avoir un lien avec la première série diffusée dans la case noitaminA, et c'est pour ça que j'ai fait appel à Chica Umino, la mangaka originale de Honey & Clover.

Deuxièmement, Chica Umino et moi, nous nous connaissons vraiment personnellement. C'est sûr que ce n'est pas évident de demander à une artiste ayant ses propres oeuvres de travailler sur une autre série, mais grâce à notre relation un peu privilégiée j'ai pu lui demander cette faveur directement.



Pour votre nouvelle oeuvre Hirune Hime, vous avez travaillé avec le français Christophe Ferreira, qui est un artiste exceptionnel avec une animation digne des plus grands. Comment l'avez-vous rencontré, comment s'est passé votre collaboration, et comptez-vous encore travailler à l'avenir avec lui ?

Kenji Kamiyama : c'est le producteur M. Sakurai qui le connaissait, donc je vais lui laisser la parole.

Yoshiki Sakurai : Hirune Hime est le premier film original de M. Kamiyama, et quand on a commencé à travailler il n'y avait pas encore de designer arrêté. Je voulais absolument laisser le maximum de possibilités pour la création, donc au début on ne choisissait pas encore de designer. On a ensuite fait venir 7 designers qui ont proposé des concepts visuels.

J'ai connu Christophe via facebook en voyant ses dessins, et sans le connaître j'ai trouvé qu'il avait un univers très différent de celui de M. Kamiyama, donc j'ai trouvé intéressant de faire appel à lui. J'ai montré ses dessins à M. Kamiyama en lui expliquant qu'il allait vivre au Japon. C'est comme ça qu'on lui a proposé de nous rejoindre.

La façon de travailler de M. Kamiyama est assez libre, il ne commande pas et veut toujours travailler en équipe et réfléchir ensemble. Il faut que l'équipe ait envie de travailler de cette manière en plus d'être compétente.


Propos recueillis par Koiwai. Remerciements à Kenji Kamiyama, à Yoshiki Sakurai, à leur interprète, à l'équipe de Gamesofcom pour la mise en place de cette rencontre, et à Japan Expo.
  

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