Chronique animation - Lupin III - Une femme nommée Fujiko Mine- Actus manga
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Dvd Chronique animation - Lupin III - Une femme nommée Fujiko Mine

Jeudi, 30 Juin 2016 à 11h00

Fujiko Mine... Au fil des décennies, des différentes séries, films et OAV, celle qui est aussi connue sous le nom de Magali en France a fait rêver nombre de spectateurs de Lupin III/Edgar de la cambriole, mais aussi de lecteurs du manga original de Monkey Punch (malheureusement inédit chez nous). Cambrioleuse insaisissable et difficile à cerner, n'hésitant jamais à user de ses charmes et à manipuler son entourage (ce cher Lupin en tête) pour arriver à ses fins, et faisant partie de ces caractères ayant révolutionné la figure féminine d'alors, la belle fait partie de ces personnages tellement populaires et ancrés dans le média manga/animation que près de 50 ans après la naissance du manga de Monkey Punch (créé en 1967), elle conserve encore et toujours une aura, notamment via des déclinaisons en figurines encore régulières.



Mais tout aussi marquante soit la sublime Fujiko, elle n'avait jamais été le personnage phare de sa propre série, jusqu'en 2012, année où la TMS, afin de commémorer les 40 ans de la saga en anime, lui offre le premier rôle dans une série de 13 épisodes. Supervisée en personne par Kazuhiko Katô alias Monkey Punch, Lupin III - Une femme nommée Fujiko Mine possède notamment une structure scénaristique assurée par la très prolifique Mari Okada (un nom vu aussi sur AnoHana, Kiznaiver, Wixoss, Mobile Suit Gundam Iron Blooded Orphans, Black Rock Shooter...), un chara design signé Takeshi Koike (le réalisateur du génial Redline), une réalisation de Sayo Yamamoto (Michiko & Hatchin)... Sans oublier, à la direction musicale, le maître Shinichiro Watanabe, réalisateur de Cowboy bebop, Samurai Champloo, Kids on the Slope, Space Dandy et Terror in Resonance, ayant déjà travaillé à ce poster avec Yamamoto sur Michiko & Hatchin.



Au moment de sa sortie au Japon, la série était notamment présentée comme porteuse de révélations sur certaines facettes de Fujiko et des autres personnages importants de la saga Lupin, à savoir Lupin bien sûr, mais aussi ses acolytes Daisuke Jigen et Goemon Ishikawa XIII, et leur adversaire de toujours l'inspecteur Zenigata. Et dès le premier épisode la série, suffisamment d'indices nous sont laissés pour comprendre que Lupin III - Une femme nommée Fujiko Mine est une préquelle de la première série animée de 1971. Ne serait-ce que via la couleur verte de la veste de Lupin qui est celle qu'il porte pendant la première série (celle-ci deviendra rouge puis rose sur les deuxième et troisième séries), mais surtout parce que ce nouvel anime s'ouvre sur une aventure marquant sa rencontre avec Lupin, qui s'avérera dès lors captivé par la belle cambrioleuse et jurera de la faire sienne un jour ou l'autre.
Dans la suite de la série, ce sera évidemment autour de Jigen et de Goemon de faire leur apparition, pour un résultat offrant une certaine vision des premières rencontres et premiers heurts de ces 4 personnages qui deviendront par la suite des complices permanents (pour le duo Lupin/Jigen) ou récurrents. Mais tout cela ne se fera que dans la série de 1971, Lupin III - Une femme nommée Fujiko Mine se contentant vraiment de poser les esquisses de ces relations. Quoi qu'il en soit, on retient notamment le travail agréable effectué sur Jigen dans un épisode précis lui offrant un passif d'ancien mercenaire devenu voleur, avant sa rencontre et son alliance avec Lupin.



A cela, il faut ajouter un Inspecteur Zenigata qui se voit sublimé dans cette nouvelle série. Souvent relégué à un rôle comique de poursuivant de Lupin un peu bouffon et à la ramasse dans les précédentes séries, le personnage retrouve ici ses lettres de noblesse en étant plus sérieux et plus mâture. Cela passe notamment par ses quelques alliances avec Fujiko et par certaines scènes très sulfureuses entre les deux personnages (l'épisode où tous deux ont un rapport sexuel pourrait décontenancer les fans qui étaient restés sur une tout autre image de lui), mais surtout par l'apparition d'un personnage inédit : Oscar. Jeune garçon faisant office de second de Zenigata, celui-ci possède son propre passé ainsi qu'une admiration 100% ambiguë envers son supérieur qui s'explique par la manière dont il a été recueilli par ce dernier. Dès lors, on découvre à travers Oscar un Zenigata plus charismatique, voire digne et fort de convictions.



Reste que Zenigata, Oscar, Jigen et Goemon ne sont bien ici que des personnages secondaires, ayant un rôle plus ou moins fort et mis en avant selon les épisodes. Et que Lupin, bien que très présent, et lui aussi beaucoup moins mis en avant qu'une Fujiko qui est bel et bien la vedette de ce spin-off. Au fil des épisodes, on voit l'équipe de la série capter avec brio tout ce qui fait le charme et l'ambivalence de cette insaisissable femme, tour à tour voleuse habile, fine manipulatrice usant de la parole ou de ses charmes fous pour arriver à ses fins, femme forte capable de se sortir de bien des situations, personnage aux multiples facettes capable de prendre bien des visages et de duper quiconque lui ferait trop confiance... et, surtout, figure fascinante de femme forte, prenant un plaisir fou dans ses ébats, dans ses vols audacieux, dans sa soif jouissive de se mettre en danger pour se sentir vivre... On devine chez la Fujiko de cette série une certaine fuite vers l'autodestruction,comme si elle voulait fuir quelque chose... chose que l'on cerne petit à petit à travers, ça et là, des indices sur son passé traumatisant, passé qui se concrétise petit à petit pour finalement occuper l'essentiel des deux derniers épisodes. Des traumatismes d'enfance qui expliquent assez facilement la soif de liberté et la libération sexuelle qu'affiche la belle. Et pourtant, il ne faut pas forcément attendre grand-chose de tout ce travail autour de Fujiko, car après nous avoir laissé au fil des épisodes nombre d'indices, de brefs flashbacks glauques expliquant sans jamais trop en dire les traumatismes ayant forgé la Fujiko adulte, l'épisode final choisit d'être beaucoup plus explicite, quitte à déconstruire une partie de ce que les épisodes précédents nous laissaient voir. Comme si Fujiko, éternellement, devait rester une femme impossible à cerner entièrement... Après tout, cette part de mystère, ce côté insaisissable, c'est aussi ce qui en a fait une figure inoubliable.



S'il ne faut pas attendre de la série quelque chose de réellement fou au niveau du background de Fujiko, c'est également parce qu'en dehors des deux derniers épisodes et malgré quelques raccroche entre le début et la fin de la série, chaque épisode reste dans une optique assez indépendante en présentant une affaire à chaque fois différente. Ces différentes affaires, par ailleurs, ne s'avèrent donc pas extrêmement poussées, du fait de leur brièveté. Néanmoins, chacune d'elle est un régal pour plusieurs raisons.
Il y a, d'abord, le plaisir de voir les visages que l'on connaît bien se rencontrer, s'allier, s'opposer ou se manipuler selon les épisodes. Il y a, également, une variété de lieux très plaisante, les différentes affaires pouvant nous amener dans divers coins du monde, allant du Japon à l'Italie en passant par l'Amérique latine, l'Egypte ou la France. Il est aussi agréable de voir les récits varier beaucoup au niveau des ambiances. Ainsi, certains épisodes, à commencer par le premier, ont quelque chose de très psychédélique, alors que d'autres passages vont faire dans l'aventure/action un peu too much typique de la saga Lupin (on pense, par exemple, à l'épisode où Goemon se retrouve à batailler sur l'aile d'un avion en plein vol, ou au passage en Egypte avec les pièges du tombeau), dans un certain romantisme, dans le drame presque fataliste, dans l'humour là aussi assez typique de la saga... sans oublier le glauque total des scènes de flashback sur l'enfance de Fujiko. Le résultat est là : chaque épisode se renouvelle et parvient à avoir sa propre identité et à plaire.



Mais tout cela ne serait rien sans une réalisation à la hauteur, et c'est sans doute sur ce point que la série bluffe le plus, tant Lupin III - Une femme nommée Fujiko Mine est une série ancrée dans un fort degré artistique.
A la fois acéré et fidèle au design original de la saga, le character design élaboré par Takeshi Koike dégage un charme rétro voire parfois un effet esquisse/crayonné délicieux (notamment avec ces effets d'ombre à base de traits épais), ce qui ne l'empêche pas de bénéficier des techniques d'aujourd'hui. Il s'inscrit parfaitement dans un travail sur les décors souvent prodigieux, où l'on ressent un grand soin et une variété de chaque instant. Très souvent nourris d'un travail de composition très soigné, alternant à merveille les ambiances (psychédélique, sombre, réaliste, malsain, archéologique, exotique, érotique, traditionnel...), les différents tableaux servant de cadre s'apparentent plus d'une fois à des oeuvres d'art, où l'on a presque envie de faire pause pour apprécier plus longtemps le souci sur les détails, sur les couleurs, sur les angles de vue, sur la position des personnages... Et alors que l'un des éléments qui pourraient le plus rebuter concerne l'aspect parfois très statique des images, on apprend à apprécier ce côté figé pour mieux apprécier ce travail de composition, et cela permet aussi de mieux accentuer certains excellents effets de caméra.



Enfin, difficile de ne pas évoquer l'ambiance sonore, impeccable. Avec ses séries Kids on the Slope, Cowboy bebop ou Samurai Champloo, et ses travaux de producteur musical sur Michiko & Hatchin ou Mindgame, on connaît déjà la passion de Shinichiro Watanabe pour la musique, et l'artiste ne cache d'ailleurs pas qu'il s'agit sûrement là du poste sur lequel il prend le plus de plaisir, tant il adore déterminer les types de morceaux adéquats pour chaque scène, les coller comme il se doit pour souligner chaque élément de mise en scène et chaque rebondissement, les alterner pour ne pas lasser et nous les ancrer en tête pour nous rappeler certaines scènes précises, et dénicher le talent qui saura sublimer tout ça. C'est à Naruyoshi Kikuchi qu'a été confiée la bande-son, et celle-ci est impeccable. Il y a toujours ces petites sonorités jazzy qu'adore l'artiste, mais aussi de très belles utilisations de certains instruments (la basse et l'orgue, entre autres), des variations efficaces selon le contexte (par exemple, un peu latines pour des passages plus exotiques et psychédéliques, lourdes - avec l'orgue par exemple - pour les moments plus graves... sans oublier les bruits bizarres et durs à identifier se faisant entendre lors des flashbacks glauques et malsains sur l'enfance de Fujiko), pour un résultat où rien n'est laissé au hasard. Loin de se contenter de souligner efficacement les événements de la série, la bande-son fait partie intégrante de l'oeuvre.



Soulignons que l'aspect plus mature de la série se ressent aussi à travers la nudité très régulière de Fujiko, pour un érotisme omniprésent, mais jamais trop envahissant, faisant simplement partie des nombreuses facettes de l'héroïne.
Enfin, mention spéciale à la comédienne de doublage Miyuki Sawashiro : celle qui a notamment doublé Suruga dans Bakemonogatari, Celty dans Durarara!! ou Yomi dans Black Rock Shooter campe ici une Fujiko merveilleuse de force, de faiblesse à certains moments, et de sensualité. L'ensemble du casting de voix japonaises est par ailleurs très convaincant, la plupart des noms se retrouvant par ailleurs sur les autres adaptations plus récentes de la saga Lupin III.

Difficile, donc, de bouder son plaisir face à une série qui parvient à sublimer la figure de Fujiko, cambrioleuse toujours aussi séduisante et insaisissable au fil des décennies. L'oeuvre se veut plus mature que les autres animes de Lupin III, et bénéficie d'un très beau travail artistique (autant visuel que musical) qui finit de nous conquérir.



Bien que la série date de 2012, c'est en février 2016 que nous avons pu la découvrir en France, grâce à Black Box et à un coffret collector d'excellente facture.
En attendant de futures éditions DVD et Blu-ray dans les collections Gold et Saphir, l'éditeur livre ici une belle intégrale combo 3 DVD/2 Blu-ray, auxquels s'ajoutent une sixième galette : le CD de la bande originale. Et quand on voit la qualité de cette dernière, ce bonus est loin d'être négligeable. Ces 6 disques sont regroupés dans un digipack 3 plateaux très joliment illustrés aux couleurs de la série.
A cela s'ajoutent quelques autres bonus : 5 cartes (pas ce qu'il y a de plus utile, mais elles sont d'excellente qualité, et les illustrations sont bien choisies en mettant tour à tour en avant le design des personnages, la beauté et les différentes facettes de Fujiko, le travail sur les couleurs, les décors et la composition...), un livret de 28 pages offrant des infos basiques sur la saga Lupin, et surtout un mini-artbook. Ce dernier, doté d'une couverture rigide, propose 64 pages d'illustrations couleurs et n&b, de settei, et d'images issues des génériques.
Le fourreau, lui, est conçu dans un carton rigide de bonne qualité.
Enfin, pas de gros couacs à signaler concernant la qualité d'images et les pistes audio en 2.0. Pour les allergiques à la vo, soulignons la présence d'une version française qui, globalement, s'en tire bien, malgré certaines voix secondaires peu naturelles.
A un prix conseillé de 49,99€, il n'y a vraiment pas de quoi bouder son plaisir face à ce collector assez riche.
  

L'avis du chroniqueur
Koiwai

Jeudi, 30 Juin 2016
17 20

commentaires

GFK

De GFK, le 01 Février 2017 à 01h07

''soulignons la présence d'une version française qui, globalement, s'en tire bien, malgré certaines voix secondaires peu naturelles.'' On se demande si les types écoutent vraiment ce qu'ils testent...

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