Table ronde avec Izumi Matsumoto- Actus manga
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Manga Table ronde avec Izumi Matsumoto

Mercredi, 29 Avril 2015 à 19h00

Invité d'honneur dans la catégorie manga de la quinzième édition de Japan Expo, Izumi Matsumoto, le créateur de Kimagure Orange Road (Max et Compagnie, pour les nostalgiques) a été très actif lors du salon malgré sa timidité et sa modestie. Conférence publique, atelier de dessin, dédicaces,... l'artiste a donné de sa personne et a aussi trouvé le temps de répondre à un panel de journalistes spécialisés, réunis lors d'une table ronde. Ce fut l'occasion d'en savoir plus sur sa série phare, et sur les secrets de création de la belle Madoka...
   
  
   
     
Nous avons découvert que vous avez subi quelques soucis de santé ces dernières années. Pour commencer, nous aimerions vous demander simplement : comment allez-vous aujourd'hui ?
Ma maladie s'est révélée en 1999, aujourd'hui ça va plutôt bien : je suis venu en France en bonne forme, bien qu'un peu fatigué. J'ai cependant subi de nombreuses opérations et reste en suivi médical, en prenant régulièrement des médicaments. Mais je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui, et vous remercie pour cet accueil !
   
  
Kimagure Orange Road a fait partie des séries pionnières de l'intégration du manga et de l'animation japonaise en France. Le saviez-vous, et qu'en pensez-vous ?
A vrai dire, je ne savais pas qu'elle était aussi importante dans l'histoire du manga en France, je vous remercie de la considérer ainsi. Je commence seulement à le réaliser, je suis très heureux de rencontrer les fans français de la série, de voir à quel point ils l'aiment !
   
   
Dans la série, on ressent un paradoxe entre le personnage de Kyosuke, qui souhaite devenir un adulte au plus vite, et le regard mélancolique du lecteur, qui voit l'adolescence filer à toute vitesse. Est-ce intentionnel ? Avez-vous intégré une part de votre propre adolescence dans cette histoire ?
Orange Road est avant tout une comédie romantique, et il y a une part autobiographique sur cet aspect-là. Quant aux aspirations de Kyosuke, je pense qu'elles sont universelles : tout le monde devient adulte, qu'on le veuille ou non. Au Japon, l'adolescence est un passage très fugace, car on rentre dans la vie active rapidement. J'ai décidé de rendre Madoka plus âgée, plus mature que Kyosuke, pour représenter les différentes étapes de cette période de la vie.
   
    
     
     
Justement, le fait que Kyosuke devienne un adulte, n'est-ce pas ce que Madoka attend ?
Oui, elle a sans doute cette idée dans un coin de sa tête. Mais là encore, je pense que ce sont des sentiments assez universels : les filles sont souvent plus matures que les garçons à cet âge-là ! (rires)
     
    
Le personnage de Madoka sort d'ailleurs des archétypes du reste de la production du manga, au point que l'on puisse la considérer aujourd'hui comme une figure féministe. Partagez vous cette impression ? Comment l'avez-vous imaginée ?
A l'époque, les héroïnes de manga partageaient souvent le même caractère de fille parfaite : jolie, sérieuse, responsable,... des délégués de classe que tout le monde est censé admirer. Dans les années 1980, la mode était aux yankees, aux délinquants, mais il s'agissait souvent de personnages masculins. C'était notamment la spécialité de Fusako Kuramochi (Simple comme l'amour), qui racontait souvent des romances entre yankees et héroïnes pures et innocentes. Pour ma part, j'ai tout simplement voulu inverser la situation, en faisant de Madoka une fille aux allures de délinquante (mais résolument gentille dans le fond) et de Kyosuke un héros droit et altruiste. Cela m'a permis de développer une histoire assez inédite pour un shônen, et d'intégrer un aspect sexy jusqu'alors absent. Les autres personnages féminins de l'époque étant seulement mignonnes, seule Madoka avait un tel sex-appeal !
    
   
   
  
  
Parlons de l'aspect fantastique de la série. L'intégration des pouvoirs de la famille Kasuga se fait de manière subtile, et passe souvent au second plan. Était-ce une volonté de votre part de limiter l'étendue de leurs pouvoirs ?
Comme je le disais précédemment, le registre de la comédie romantique était encore assez peu exploité dans le Shonen Jump à l'époque. Il y avait surtout des histoires de combats, comme dans Hokuto no Ken
J'ai souhaité intégrer une part de science-fiction après avoir découvert un comics, où le fragment d'une planète ayant explosé s'écrase sur Terre, en compagnie d'une poignée d'extraterrestres qui se réfugient dans notre monde en vivant cachés. A la fin du manga, j'ai d'ailleurs proposé un début d'explication sur les origines de la famille Kasuga, en faisant un clin d’œil à cette référence. 
 
Cependant, j'ai souhaité que cet aspect reste au second plan, car je n'avais pas envie que ma série se rapproche des autres titres du Jump en rentrant dans le trop-plein d'extraordinaire. L'aspect sentimental devait rester prédominant, et je pense avoir trouvé le bon équilibre.
   
   
En France, nous avons tout d'abord découvert Kimagure Orange Road par le biais de sa série animée. Quel a été votre degré de participation sur cette adaptation ? Qu'en avez-vous pensé ? Et quel est votre regard sur le dernier film de la série, où l'on retrouve les héros un peu plus adultes ?
J'ai été très satisfait par le travail réalisé par le staff de l'époque, avec des personnes comme Tomomi Mochizuki et Akemi Takada qui ont fait des merveilles. Je l'ai souvent regardé à la télé, quand j'en avais l'occasion ! Etant débordé de travail, je n'ai participé aux projets d'adaptations qu'après avoir conclu le manga et sa suite en roman, Shin Kimagure Orange Road. J'ai ainsi supervisé le second film, où l'on découvre les personnages plus âgés. Mais je ne le perçois pas comme une suite à part entière, car c'est un Kyosuke du passé qui se téléporte dans le futur, faisant renaître le triangle amoureux pendant quelques jours. On peut donc imaginer qu'une fois rentré dans son époque, il pourra créer une suite totalement différente... Certains reprochent au film de ne pas intégrer beaucoup de surnaturel, mais le voyage dans le temps était déjà pour moi un élément suffisamment important pour ne pas avoir à en rajouter.
    
   
   
   
   
Pour terminer, pouvez-vous nous révéler un secret au sujet de Madoka ?
Une poignée de fans le savent déjà : à l'origine, je pensais proposer un grand frère au personnage de Hikaru, qui devait être un bosozoku, un leader d'une bande de motards. Ce devait être un personnage très cool, très attirant,... et, au passage, le petit ami de Madoka également ! Elle aurait ainsi été en couple au moment de sa rencontre avec Kyosuke, et nous n'aurions pas eu un triangle mais un carré amoureux. Mais mon responsable éditorial m'a dit que ça allait devenir trop complexe, et nous avons décidé de supprimer ce personnage. Cependant, au début de la série, on voit souvent Madoka dans sa classe, regarder par la fenêtre en rêvassant... Pour moi, c'est vers ce personnage disparu que ses pensées se tournent !
   
   
Remerciements à Izumi Matsumoto, à son interprète, ainsi qu'à l'équipe de Japan Expo.

commentaires

tsubasadow

De tsubasadow [4300 Pts], le 03 Mai 2015 à 15h50

Interview sympa :) Quel dommage qu'aucun éditeur veulent resortir l'anime en vostfr avec les films aussi au passage. Peut être Black Box un jour qui sait :)

Minkunette

De Minkunette [6811 Pts], le 30 Avril 2015 à 10h07

Merci pour l'interview.

Ogui

De Ogui [2445 Pts], le 30 Avril 2015 à 01h13

Bonne interview. Dommage que cet auteur n'est fait qu'Orange Road.

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