Chronique ciné asie - Contes des Chrysanthèmes Tardifs- Actus manga
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Ciné-Asie Chronique ciné asie - Contes des Chrysanthèmes Tardifs

Samedi, 04 Juillet 2015 à 14h00

A la veille de l'entrée en guerre du Japon et afin de contourner la censure, Kenji Mizoguchi se réfugie dans le monde complexe de l'Art en s'intéressant au métier d'acteur de kabuki. Produit par les studios de la Shôchiku, Contes des Chrysanthèmes Tardifs, évocation directe d'un film d'Ozu, constitue le premier volet d'un triptyque clôturé par le définitivement perdu La Vie d'un Acteur (1941).


Deux ans avant l’échec de sa fresque de quatre heures Les 47 Ronins (1941), Kenji Mizoguchi s'excluait définitivement du patriotisme ambiant pour mettre en images le destin d’un homme issu d’une prestigieuse lignée d’acteurs de kabuki, régie par des critères d’excellence et de discipline.


Épaulé par le fidèle scénariste Yoshi Katayoda et par des effets de mise en scène 'en trompe-l'œil' (Utilisation magistrale de la profondeur de champ, multiples perspectives d'une même scène réglée par les déplacements des personnages), Mizoguchi narre le chemin de croix du jeune Kikunosuke unanimement méprisé, passant par toutes les étapes de métamorphose et nourri par le sacrifice de la jeune nourrice de basse classe Otoku, muse diaphane à la voix enfantine priant dans l'obscurité, interprétée par la somptueuse Kakuko Mori. Les rapprochements et échanges entament un ballet tragique rappelant la peinture sur rouleaux, élément certifiant le réel. Kenji Mizoguchi balaie toute possibilité d’hérédité bénéfique, place le patriarche comme figure d’autorité suprême. Tout doit passer par l’exercice, l’effort et les coups du destin. L’empirisme alimente l'artiste.


L’errance dans des gares réceptacles aux solitudes et autres destinées avortées montre un Kikonusuke livré à lui-même, à l'instar de la jeune Ayako renaissant par le sexe de L’Elégie de Naniwa (1936). Le vagabondage est un calvaire christique jusqu'à la résurrection par la sainte vierge Otoku, agissant en maîtresse méprisée du destin. L’honneur familial et le rang social sont sauvés. Kikunosuke a achevé sa mutation, Otoku est portée au sacrifice. Dernier souffle. L'épilogue est dicté par l’amour de la jeune nourrice. Kikunosuke n’a plus qu’à s’envoler.


S’inscrivant dans la tradition shimpa, le long métrage de Mizoguchi reste inaltéré soixante ans après son élaboration. Avec ce Contes des Chrysanthèmes Tardifs, le cinéma de Kenji Mizoguchi n'a jamais été si transcendant.

The duke

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