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Culture Interview d'aAlex et Delfine

Mercredi, 30 Octobre 2013 à 14h17 - Source :Issekinicho

Alexandre Bonnefoy et Delfine Vaufrey sont les créateurs du blog Issekinicho, via lequel ils nous racontent diverses expériences vécues lors de leur long séjour au Japon. Mais ce n'est pas tout. En 2012, le couple s'est lancé dans l'auto-édition en commercialisant à compte d'auteurs deux livres de photographies passionnants : Neko Land et Tokyo Ohanami.

Alors qu'ils travaillent actuellement sur le lancement d'un nouvel ouvrage intitulé Nippon no Haikyo et sur la réédition de Neko Land (sortie des deux albums prévue le 07 novembre), Alexandre et Delfine ont accepté de nous rencontrer pour nous parler d'eux-mêmes leurs projets... Portrait !
  
  
   
Manga-News : Alexandre et Delfine, merci de nous avoir accordé cette interview ! Pour commencer, pourriez-vous vous présenter pour les lecteurs de Manga-News qui ne vous connaitraient pas encore ?
aAlex : Nous sommes un couple d’illustrateurs français et nous sommes partis vivre au Japon pendant 2 ans ( en 2011 et 2012 ). Pendant ces 2 années nous avons publié sur notre blog, issekinicho.fr, des petites histoires en BD et des photos pour partager nos découvertes, nos ressentis, nos moments de joie, nos galères, nos balades, nos plats préférés… bref, notre quotidien japonais.


Comment est né votre intérêt pour le Japon ? Pourquoi avoir choisi d'y vivre pendant 2 ans ?
aAlex : Notre intérêt pour le Japon est assez ancien, il s’est développé pendant nos études à travers les arts graphiques japonais… et une curiosité pour la culture nipponne en général.
Après un premier voyage en « touristes » en 2009, on a eu très envie d’y retourner et de prendre un peu plus de temps pour découvrir ce pays et ses habitants qui nous intriguaient. Partir et s’immerger dans une culture aussi différente nous semblait un très bon moyen de renouveler notre regard d’illustrateurs et de photographes.


Pouvez-vous nous en dire plus sur la création de votre blog, issekinicho ?
Delfine : Avant de partir au Japon, nous avions chacun des blogs BD. Alors quand la décision de partir s’est confirmée, nous les avons réunis en un seul : Issekinicho ! ( qui signifie en japonais « d’une pierre deux coups » )
L’idée était de continuer à faire un blog BD, mais assez rapidement Alex s'est mis à la photographie et a commencé à en publier régulièrement : ça marchait finalement pas mal en alternance avec les notes dessinées, en apportant un réalisme supplémentaire.


Pouvez-vous nous raconter l'anecdote la plus amusante que vous avez vécue durant votre séjour ?
aAlex : Au Japon, on peut assez facilement se retrouver dans des situations improbables, comme par exemple à Osaka, je me suis retrouvé dans un sento à prendre un bain avec des yakusas et des travestis (Pour lire l'anecdote, cliquez ICI)...
 
Delfine : Et on fait parfois des rencontres du troisième type assez surréaliste (Pour lire l'anecdote, cliquez ICI)...

  
  
 
Depuis votre retour en France, quelle est la chose typiquement nippone qui vous manque le plus ?
aAlex :  Les onsen me manquent, mais niveau nourriture je suis content de revenir en France, pas parce que je suis nostalgique des plats bien de chez nous, mais surtout parce que les légumes sont plus abordables. D’une manière générale quand on a un budget serré on tourne vite en rond au Japon et c’est difficile d’avoir une alimentation équilibrée.

Delfine : Les tatamis me manquent ! C’est tellement pratique de rouler les futons et de pouvoir inviter 10 personnes pour manger assis sur les tatamis, autour de la table basse alors qu’on a un appart de seulement 30 m2 ! Quand on a vécu dans un appart japonais, petit mais très fonctionnel, c’est difficile de revenir en France et de se sentir à l’étroit dans des apparts qui font pourtant le double de superficie !


Alexandre, durant votre séjour au Japon, vous avez pris des milliers de clichés. Votre passion pour la photo est-elle née au Japon ou datait-elle d'avant cette époque ?
aAlex : Ça date de mes études en graphisme, j’avais eu quelques cours pour apprendre le développement photo, j’avais le droit de rester jusqu’à 23h au labo photo du lycée pour mes projets perso, j’ai passé un sacré nombre de soirées en chambre noire. Étudiant fauché, j’ai laissé de côté la photo par manque de moyens.
Bien longtemps après, on a fait notre premier voyage au Japon avec un petit appareil photo en poche et à mon retour j’ai eu envie d’aller plus loin, le Japon m’avait donné envie de m’y remettre plus sérieusement. J’ai donc investi dans du matériel de qualité avant notre visa vacances-travail.


Pouvez-vous nous en dire plus sur le matériel que vous utilisez pour la photo ?
aAlex : Je travaille avec un reflex capteur plein format, j’ai 5 objectifs de 12mm à 300mm ce qui me permet de m’adapter à pas mal de situations.  J’ai acheté tout mes objectifs d’occasion au Japon ce qui m’a permis d’avoir des prix très intéressants, quasiment à 50% du prix du neuf.
Pour développer mes fichiers photo j’utilise lightroom, qui est très puissant et permet d’exploiter ses fichiers photo au maximum de leur potentiel. Il ne faut pas négliger le développement, l’appareil ne fait pas tout.


Après votre retour au Japon, vous vous êtes lancés dans l'auto-édition en publiant deux ouvrages : Neko land et Tokyo Ohanami. Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce projet ? Pourquoi avoir choisi comme thèmes les chats et la floraison des cerisiers ?
Delfine : Dès la fin de notre première année au Japon on avait constitué un grand catalogue photo que l’on publiait sur le blog. On a commencé à chercher des thématiques intéressantes pour un livre.
Faire un livre prend au minimum 6 mois donc il faut vraiment un sujet fort qui nous donne envie d’aller au bout.
Il n’était pas question de faire des livres généralistes, mais de trouver des thèmes qui permettent une approche originale sans non plus faire de livres élitistes ou uniquement destinés aux fans purs et durs du Japon. Le but c’est aussi d’intéresser les gens qui ne connaissent pas ce pays et même les personnes qui ont des préjugés négatifs ou des idées préconçues.


Pourquoi Nekoland ?
aAlex : C’est un hasard. Partis en voyage dans le sud du Japon, nous avions croisé beaucoup de chats. Une fois rentrés, j’avais posté une note photo sur le blog. Ma démarche photo a pour objectif de montrer le Japon d’une façon naturelle sans artifice et à travers les photos de chats j’ai trouvé un fil conducteur intéressant pour faire voyager les gens dans des lieux pas forcement touristiques du pays. Quand j’ai commencé à réfléchir à un livre pour parler du Japon, c’est devenu une évidence de traiter le thème des chats. J’ai aussi continué à prendre des photos de chats car il y avait du défi, beaucoup de chats errants ne se laissent pas approcher. Il faut les « pister », reconnaître les indices qui trahissent leur présence et être patient pour obtenir LE cliché. J’ai donc pris beaucoup de plaisir dans cet exercice.
    
  
   
 
Et pour Tokyo Ohanami ?
aAlex : Tokyo Ohanami présente la floraison des cerisiers. C’est une période très populaire mais aussi un moment très symbolique qui marque la fin de l’hiver. Toujours dans le but de montrer le Japon du quotidien, le Ohanami est l’occasion de montrer la ville de Tokyo de façon très esthétique. Beaucoup des lieux que je présente dans le livre ne sont pas dans les guides touristiques, mais restent très populaires auprès des tokyoïtes. En plus d’être un livre photo, c’est un guide avec plein d’infos très utiles pour les personnes qui aimeraient préparer un voyage à Tokyo spécialement lors de la floraison des cerisiers.

 
   
 
Avez-vous rencontré des difficultés particulières durant la création des livres ?

aAlex : Étant donné que nous éditons, il y a 3 étapes dans le travail :
- la conception graphique ( photos, illustrations, mise en page )
- la fabrication ( devis imprimeur, calcul de budget, impression )
- la vente ( réception des livres, envois, salon, convention )

Disons que la partie conception graphique n’a pas été compliquée. C’est très long, mais on n’a pas eu de surprise. Les illustrations de Tokyo ohanami sont très détaillées et m’ont demandé quand même une bonne vingtaine de jours. Les difficultés sont plutôt arrivées ensuite à la fabrication surtout pour trouver un imprimeur motivé car on imprime des petites quantités. À partir de là ce n’est plus trop de la création mais de la fabrication pure et dure, des trucs pas forcement très marrants mais c’est la clé pour faire un beau livre.
 
  
  
 
Aujourd'hui, quel bilan tirez-vous sur la vente de ces deux livres ?
Delfine : D’abord que le public est demandeur de nouveautés et exigeant, mais prêt à soutenir les projets dans lesquels il croit. Que les livres photos sont très peu considérés en France. Il n’y a aucun salon du livre photo, donc c’est très difficile d’aller à la rencontre du public en dehors des salons ou des conventions Japon. On est refusé dans les salons du livre classique car "il y a trop d’images". L’auto-édition a une image très négative, synonyme de livres qui n’ont pas trouvé d’éditeur et donc que les livres sont bricolés et n’ont pas de qualité.

aAlex : Il faut également avoir un bon sens de la vente, mettre en place un réseau et une stratégie sinon les livres, même s’ils sont d’une qualité incroyable, ne trouveront pas leur public. Sinon c’est une super aventure qui nous a demandé beaucoup d’énergie mais nous a permis de rencontrer plein de monde dans les salons. Que l’on a envie d’aller plus loin, c’était une première étape, et maintenant on veut mettre la barre un peu plus haut.


En parlant "d'aller plus haut", vous songez sans doute à la sortie le 07 novembre de deux nouveaux ouvrages... Pour commencer, pouvez-vous nous en dire sur la réédition de Neko Land ?
aAlex : Ce projet marque une nouvelle étape, car à partir de cette réédition nous serons distribués en librairie. Ce qui a demandé un travail assez long pour mettre en place un partenariat avec un diffuseur et un distributeur national.
Cette seconde édition nous permet de remettre le projet à plat et d’améliorer les points faibles du livre.
Delphine avait envie de reprendre les illustrations et d’enrichir le livre. C’est vrai qu’en relançant une réédition on pourrait se dire «  on va pas se prendre la tête, ça a bien marché, on ne change rien c’est bien comme ça. » Mais bon, on aime bien améliorer les choses.
Au final, il y a le même nombres de pages mais il y a des nouvelles images, on a tenu compte des remarques des lecteurs sur certains petits détails.Toutes les illustrations du livres sont nouvelles et on a choisi un nouveau papier, du Munken lynx ( un papier haut de gamme ).
 
 
 
 
En parallèle à la réédition de Neko land, vous proposez un ouvrage totalement inédit réalisé par un autre photographe, Jordy Meow, qui s'intitule Nippon no Haikyo – Vestiges d'un Japon oublié. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce livre ?
aAlex : À la base, je suis fan du travail photo de Jordy. Il tient les blogs Totorotimes.com et haikyo.org. Sa spécialité c’est le haikyo (l’exploration de lieux abandonnés, ndlr). Le livre revient sur 38 lieux abandonnés qu’il a exploré et photographié : hôtels, hôpitaux, écoles, maisons, parc d’attraction. Il va jusqu’à explorer l’île de Gunkanjima.
C’est un livre photo, mais chaque lieu est introduit par un texte qui retrace son histoire, on apprend énormément de choses sur la "petite histoire du Japon". Un chapitre est consacré à une maison assez étrange au milieu d’un bois. Jordy a fait une enquête assez poussée pour savoir qui a habité la maison, toute l’enquête est à lire dans le livre. C’est un livre de 260 pages vraiment riche, avec en bonus des mini interviews de 40 autres explorateurs japonais et les adresses de leurs sites internet pour aller encore plus loin dans la découverte des haikyo.




Comment est née votre collaboration avec Jordy ?
aAlex : Jordy c’est d’abord une rencontre au Japon, des balades photos ensemble, des discussions sur la photo, une vraie amitié. Jordy m’avait déjà parlé de son envie de faire un livre. Quand on a commencé à réfléchir à des nouveaux projets, je l’ai recontacté pour savoir où il en était et on lui a proposé de l’accompagner dans l’élaboration du livre et de prendre en charge l’édition.


Envisagez-vous de travailler avec d'autres photographes ?
Je rêverais d’éditer des photographes japonais que j’adore et qui sont inconnus en France mais ça reste encore du niveau du rêve. Sinon je suis en contact avec des photographes au Japon et je suis leur travail régulièrement.


La photographie restera-t-elle le thème principal des éditions issekinicho, ou comptez-vous vous intéresser à d'autres thèmes, par exemple en éditant des guides de voyage atypiques ou des recueils d'illustrations ayant pour thème le Japon, dans la même veine que Tokyo Sanpo et Manabé Shima de Florent Chavouet ou Voyage au Japon de Rémi Maynègre et Sandrine Garcia ?
aAlex : On restera petit avec un ou deux titres par an. Je pense que l’on restera plus dans la photo et l’illustration, avec toujours comme objectif de proposer des livres originaux qui apportent une vision forte et personnelle du Japon... un sacré challenge !
Et sinon, Florent et Rémi sont des amis, ils font des trucs super, achetez leurs livres ! Je profite de cette interview pour faire de la pub pour Rémi qui vient de sortir le deuxième tome de Voyage au Japon, consacré au Koya San, un très beau livre qui mérite le coup d’œil !
 
  
   
  
Entre vos activités d'illustrateurs et d'éditeurs, trouvez-vous le temps de travailler sur un nouveau projet inédit ? Une petite idée du thème ?
aAlex : Il faudrait des journées de 45 heures ! Vu que l’on gère tout de A à Z, on a pas pris de vacances depuis notre retour du Japon, et le peu de week-ends où on ne travaille pas, on va en salon ! Mais sinon je fais des tests en ce moment sur un projet en illustration sur le Japon et Delphine réfléchit aussi de son côté. Mais rien pour tout de suite, si les tests donnent quelque chose, ça demandera un certain nombre de mois d’élaboration !


Un grand merci pour cet entretien !



Pour aller plus loin

Le blog Issekinicho : www.issekinicho.fr
Le site d'Alexandre Bonnefoy : aalex.ultra-book.com
Le site de Delfine : delfine.ultra-book.com
Les blogs de Jordy Meow : www.totorotimes.fr // www.haikyo.org
Le site de VPC d'issekinicho avec des extraits en ligne de leurs albums : www.issekinicho.fr/editions


Remerciements à Alexandre et Delfine pour leur gentillesse et leur disponibilité !
   

commentaires

shinob

De shinob [127 Pts], le 16 Novembre 2013 à 15h52

Longue vie à ce jeune éditeur qui nous propose des ouvrages passionnants !

soulevans

De soulevans [829 Pts], le 31 Octobre 2013 à 13h44

moi je suis le blog il est génial! j'ai acheté tokyo ohanami qui plutot sympa est neko land est génial!! celui-là il est a prendre les  yeux fermés!!! Et j'ai aussi commandé celui de jordy meow qu'il me tarde trop de recevoir =D

koba_999

De koba_999, le 30 Octobre 2013 à 21h09

J'ai rencontrer Delphine et Alex l'année dernière lors du TGS (Toulouse game show) et on a parler du Japon..c'était sympa, j'ai acheté Neko Land un très beau livre avec de très belles photos, bravo et bonne continuation à vous deux.:)

akiko

De akiko [5480 Pts], le 30 Octobre 2013 à 17h53

Super cette interview merci^^

Je vais me procurer le nouveau livre =) 

 

Sandrine Garcia de Voyage au Japon

De Sandrine Garcia de Voyage au Japon, le 30 Octobre 2013 à 16h55

Merci pour la petite pub ! Allez hop on retourne la politesse, et paf un post sur notre page Facebook ! :)

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