Bilan de l'ACBD 2009- Actus manga
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Manga Bilan de l'ACBD 2009

Mardi, 29 Décembre 2009 à 09h30 - Source :ACBD

Comme chaque année l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) vous propose un bilan de l'année BD écoulée en voici des extrait les plus pertinents sur le milieu du manga :

I- PRODUCTION

Décélération (2,4% au lieu de 10,04% en 2008) de la progression de la production : 4863 livres de bande dessinée ont été publiés en 2009, dont 3599 strictes nouveautés. Parmi elles, 1460 nouveaux mangas, manhwas, manhuas et assimilés sont parus en 2009, soit 40,57% des nouveautés, contre 1453 et 40,45% en 2008)

II- ÉDITION

9 groupes dominent toujours le secteur en produisant 60% de la production, alors que pas moins de 288 éditeurs ont publié des bandes dessinées en 2009.

Comme l'an passé, le plus gros producteur de 2009 est le groupe Média-Participations avec 586 titres publiés sous ses filiales Dargaud, Dargaud Benelux, Kana, Le Lombard, Dupuis, Blake et Mortimer, Lucky Comics et Fleurus/Édifa - soit 12,05% de la production (pour 627 et 13,21% en 2008). Toujours à la 5e place du marché du livre tous genres confondus, Média-Participations a réalisé, en 2008, 32,7% des ventes d'albums en France (en nombre d'exemplaires), ceci d'après des données Ipsos et Livres Hebdo (voir les annexes).

Le groupe Glénat (qui a célébré cette année ses 40 ans d'existence) est, quant à lui, le 2e plus important éditeur du secteur : sa part des ventes d'albums en France est de 16%, (...), et il est à la 3e place sur le plan de la production avec 413 titres sous son propre label ou sous ses filiales Glénat Manga, Vents d'Ouest et Caravelle, mais aussi Drugstore (l'ancien catalogue Albin Michel) et Treize Étrange acquises récemment - soit 8,49% (contre 380 et 8,01% en 2008).

Les éditions Delcourt (qui représentaient déjà 10% des ventes d'albums en 2008) sont désormais en 3e position. La maison mère (dont le catalogue est l'un des plus diversifiés, ayant même racheté, en 2009, celui des éditions Robert Laffont BD), son département manga (via Akata) et sa filiale Tonkam ont publié toujours autant de titres : 482, soit 9,91%, contre 479 et 10,09% l'an passé.

Le groupe Flammarion (qui dépend du groupe de communication italien RCS) est encore dans le quintet de tête, à la 4e place (ayant réalisé 7,7% des ventes en nombre d'exemplaires) : même si ses filiales Casterman, KSTR, Fluide Glacial, Jungle et Librio, n'ont publié que 271 titres en 2009 - soit 5,57% (contre 323 et 6,8% en 2008).

Juste derrière (avec 7,4% des ventes en nombre d'exemplaires), on trouve le groupe MC Productions. Ce dernier a, quant à lui, augmenté sa production : totalisant 380 titres sous ses filiales Soleil, Soleil Manga, Quadrants et Fusion Comics (label de comics créé, à parts égales, par Soleil et Panini) - soit 7,81% de la production (contre 347 et 7,31% en 2008).

Un peu plus loin, en 6e position (5,8% des ventes en nombre d'exemplaires), la partie bande dessinée du groupe leader de l'édition française Hachette Livres, qui comporte désormais les éditions Albert-René (dont la principale activité est l'exploitation d'Astérix) en plus de ses autres filiales que sont Pika, Lambert et Disney Hachette, a publié 204 titres - soit 4,19% (contre 172 et 3,62% en 2008).

Ensuite, nous trouvons 3 groupes en pleine croissance, tant au niveau économique que de l'activité :

Bamboo avec 136 titres - soit 2,8% (contre 129 et 2,72% en 2008) - et 3% des exemplaires vendus, propriétaire du label Doki-Doki.
Panini qui a publié 310 titres sous ses labels Manga et Comics - soit 6,37% (contre 279 et 5,88% en 2007) - et qui devient le 5e plus gros producteur de l'année tout en représentant 2,7% des ventes en nombre d'exemplaires.
Kurokawa, la filiale manga du groupe Editis, avec 76 titres - soit 1,56% (68 et 1,43% en 2008) - et 2,6% d'exemplaires vendus.

Loin derrière ces 9 ténors du marché, notons toutefois quelques outsiders comme les éditeurs de mangas Asuka, Taïfu, Samji et Ki-oon, mais aussi le groupe Gallimard (avec ses filiales Denoël Graphic, Hoëbeke et Futuropolis détenue à 50% avec Soleil), Clair de Lune, Les Humanoïdes associés, le groupe Tournon (Carabas, Semic et Kami), 12 bis, Paquet, EP, Ankama, Joker, Hugo BD, Marsu, Graton, Lécureux, Maghen, Zéphyr...

III- MUTATION ?

La stratégie du « média-mix » se renforce, le marché balbutiant du numérique prend forme et le 9e art est toujours source d'inspiration pour les autres moyens d'expression.

L'édition numérique est une de ces évolutions non négligeables que les éditeurs traditionnels commencent à prendre en compte sérieusement : même s'il est loin d'être le seul, la bande dessinée est l'un des secteurs qui est très avancé sur le numérique. Mais nous en sommes encore à un stade balbutiant et nous n'avons pas de données précises pour juger de l'importance du chiffre d'affaires de cette forme virtuelle de l'édition, même si l'on sait qu'il est actuellement minuscule : les acteurs les plus avisés estiment, qu'aujourd'hui, il n'y aurait que 0,1% des livres (tous genres confondus) qui se vendraient en fichier numérique, en Europe francophone. On ne sait pas ce qu'il en sera demain, mais ce qui est sûr, c'est que les éditeurs se préparent à un éventuel virage numérique, ne tenant pas à réitérer les erreurs de l'industrie musicale et cinématographique. (...)

Et comme les titres qui marchent le mieux sont ceux qui sont développés sur plusieurs médias, les éditeurs se mettent au tempo du « média-mix » en proposant des multi-supports : livres accompagnés de DVD, jeux vidéo, figurines ou CD. Pour ce faire, ils passent par des filiales spécialisées (telles celles de Média-Participations avec Anuman Interactive et Citel Vidéo), ouvrent carrément de nouveaux départements (l'éditeur de jeux vidéo Ubisoft se lançant avec la maison d'édition Les Deux royaumes) ou s'associent avec diverses sociétés multimédias à l'instar d'Ankama (société qui a explosé grâce à Dofus, son jeu vidéo massivement multijoueurs en ligne, et qui se diversifie avec différents labels et filiales inventives comme CFSL Ink).

Arrivant sur le marché français en acquérant 2 éditeurs d'animation asiatique (Kaze et Anime Virtual), les géants japonais du manga ShoPro, Shogakukan et Shueisha font même du « média-mix » le cœur de leur stratégie en prenant le contrôle d'Asuka et s'apprêtant à lancer des nouveaux ouvrages en français, exploités sous différents supports, par l'intermédiaire de Viz Media Europe.

IV- TRADUCTION

1891 bandes dessinées étrangères (1429 viennent d'Asie et 312 des USA) ont été traduites : une progression de 0,5% par rapport aux nouveautés (pour 3,86%, en 2008).

Dans le secteur de plus en plus concurrentiel du manga, la nouvelle du rachat de l'éditeur vidéo de dessins animés japonais Kaze par Viz Media Europe, la filiale commune des groupes japonais Shogakukan et Shueisha (détenteurs des droits de 2/3 des « best-sellers » nippons) a inquiété les responsables francophones qui leur achetaient ces licences : Kaze possédant aussi l'éditeur de mangas « papier » Asuka, ils avaient peur qu'ils disposent ainsi d'un camp de base pour se dispenser de leurs actuels partenaires français. Essayant d'être rassurants, les responsables de Viz ont déclaré à la revue professionnelle Livres Hebdo qu'ils n'étaient pas là pour récupérer les licences mais pour développer l'offre avec le « média-mix », en liant la gamme du manga à celle des dessins animés, et en rebaptisant Asuka (qui a traduit 128 volumes en 2009) du nom de Kaze Manga. Évidemment, l'enjeu est de taille, car la bande dessinée asiatique représente, désormais, plus d'1/4 du chiffre d'affaires du secteur et 39,7% de la production du 9e art due à 41 éditeurs différents (au lieu de 36 en 2008).

En effet, malgré la difficulté qu'ont les manhwas coréens (107 en 2009 pour 98 en 2008) et les manhuas chinois (23, comme en 2008) à s'imposer sur le marché - sans parler de la diminution de la création de mangas européens (33 contre 42 l'an passé) -, il y a eu 1429 albums d'origine asiatique parus en 2009 (contre 1411 en 2008), ce qui correspond à 538 séries différentes (contre 479 en 2008) ; et les 1297 mangas japonais traduits en français (contre 1288 en 2008) ont toujours la faveur d'un fidèle lectorat, plus jeune et plus féminin que celui de la bande dessinée franco-belge, appréciant leur moindre coût, la succession des nouveaux tomes dans des délais très rapprochés et un contenu proche de leurs préoccupations.

Comme seuls 10 shônen (séries pour jeunes garçons) ou shôjo (pour les filles) assurent 50% des ventes du secteur, cette progression ne gêne pas les autres segments du marché. D'ailleurs (en comptant Asuka), il n'y a que 9 éditeurs qui tiennent, à eux seuls, l'essentiel de l'économie des mangas traduits en français : Kana en tête avec 30% des exemplaires du secteur vendus en 2008, 136 volumes publiés en 2009 et une reconnaissance critique de son catalogue (le Prix Asie-ACBD a été décerné, cette année, à Undercurrent de Tetsuya Toyoda, pendant le festival Japan Expo). Le 2e est Glénat Mangas (23,9% en exemplaires vendus et 148 volumes parus) suivi, assez loin derrière, par Delcourt (96 volumes via Akata et 155 volumes par sa filiale Tonkam) avec 11,9% et par Pika (10,9% et 188 volumes) ; ensuite, le secteur est détenu, dans une moindre mesure, par Kurokawa (7,1% et 76 volumes), Panini Manga (4,7% et 117 albums), Soleil Mangas (103 volumes) et Ki-oon (54 albums).

Citons aussi les autres éditeurs francophones publiant des bandes dessinées asiatiques et qui représentent, à eux tous, à peine 10% du marché du manga en nombre d'exemplaires vendus (d'après Ipsos) : Bamboo (Doki-Doki), BFL, Carabas (Kami), Casterman (Sakka), Clair de Lune (Gakko), 12 bis, H, Imho, Le Lézard noir, Matière, Milan (Kankô et Dragons) et Taïfu, ou encore Paquet, Samji et Toucan (pour la bande dessinée coréenne) et Toki, Xiao Pan et You-Feng pour la chinoise. Sans oublier certains généralistes plutôt axés seinen (bande dessinée pour jeunes adultes) à l'instar d'Atrabile, Cambourakis, Cornélius, Flblb, Les Humanoïdes associés, Vertige Graphic...

Il semblerait qu'il y ait encore un potentiel d'élargissement de ce public vu l'intérêt provoqué par les 6 essais sur les mangas publiés en 2009 et l'audience grandissante des principaux sites du Web sur ce sujet : manga-news.com (^^) et manga-sanctuary.com ou encore animeland.com, animint.com, mangagate.com, mangaverse.net, mangavore.net, mata-web.com, total-manga.com, webotaku.com... D'ailleurs, grâce aux mangas, le japonais est désormais la langue la plus traduite de l'édition française !

(...)

VII- PRÉPUBLICATION

Il n'y a plus que 64 revues spécialisées en bande dessinée (71 en 2008) : un déclin qui traduit les difficultés à se réformer pour ce secteur bien embouteillé.

Selon les résultats de l'enquête du ministère de la Culture et de la Communication sur Les Pratiques culturelles des Français à l'ère numérique dirigée par Olivier Donnat (ouvrage aux éditions La Découverte, en 2009), on n'aurait jamais autant lu qu'aujourd'hui... Mais l'ordinateur s'est substitué aux supports de connaissances et de loisirs traditionnels, au point que le sociologue parle désormais de « culture d'écran », ceci au détriment de la lecture sur papier et, particulièrement, de celle de la presse : d'où la nécessité, pour les éditeurs de magazines de prolonger leur lectorat sur le numérique et Internet en appliquant, eux aussi, le « média-mix » !

(...)

Comme les autres années, les revues sur les mangas (AnimeLand, Coyote, Dofus Mag, Hard Manga, Japan Life style, Made in Japan, Manga Kids, MK+, Maniak !, Planet Manga...) ont parfois des tirages bien plus importants, mais ces magazines se consacrent bien plus souvent à l'anime et aux jeux qu'à la bande dessinée.

(...)

Quant aux 12 revues publiant des bandes dessinées et qui sont diffusées partiellement en librairies (Be-Boy Magazine, revue de manga yaoi éditée par Asuka, Blam !, Choco Creed, Chroma, Clafoutis, Dame Pipi Comix, Gorgonzola, In 8, Jade, Lapin, Patate douce ou Turkey Comix), elles dépassent rarement les 1000 exemplaires.

(...)

Aujourd'hui, c'est sur Internet que les amateurs vont chercher l'information souhaitée ! 

Quant à la création, elle est aussi bien présente dans le monde du Web et des réseaux sociaux (même si elle n'est pas encore toujours très bien rémunérée) grâce à la vivacité des auteurs : il existerait, aujourd'hui, près de 15.000 blogs ou webcomics de bande dessinée sur Internet.

VIII - OPTIMISATION

99 séries (4 de plus qu'en 2008) ont bénéficié d'énormes mises en place et ont continué à se placer parmi les meilleures ventes, tous genres de livres confondus. (...)

Du côté des mangas, il n'y a que 10 séries (publiées chez 5 éditeurs) qui assurent plus de 50% des ventes dans leur globalité : et c'est encore Naruto qui bat tous les records avec un tirage qui est monté à 250.000 ex. pour chaque nouveau tome (il y en a eu 6 en 2009) ! Heureusement, les autres leaders du secteur semblent se renouveler avec le 1er tome de Soul Eater tiré à 80.000 ex. (mais les 5 suivants ne l'ont été, pour l'instant, qu'entre 61.000 et 65.000 ex.), 5 volumes de One Piece (à 80.000 ex. chacun), 3 de Fullmetal Alchemist (76.000 ex.), 6 de Fairy Tail (70.000 ex.), l'ultime Death Note (un guide tiré à 65.000 ex.), 2 Gunnm Last Order (à 60.000 ex.), 2 Nana (à 55.000 ex.), 5 Bleach et 2 Hunter x Hunter (à 50.000 ex. chacun) ; sans parler du manga français Dofus (3 titres à 60.000 ex.) ou du fonds Dragon Ball qui cartonne toujours !

Afin de ne pas trop subir les conséquences du taux des retours (leur impact est important du fait de l'investissement initial plus élevé qu'en littérature générale) qui continuent d'augmenter, les éditeurs ajustent au mieux leurs frais, baissant les chiffres de tirages initiaux, quitte à réimprimer : les métiers de l'impression étant devenus particulièrement concurrentiels sur le plan international, cela coûte beaucoup moins cher qu'autrefois. Il en découle que le tirage moyen baisse donc une fois encore, l'écart n'en finissant pas de se creuser entre les « best-sellers » et le peloton des ventes moyennes !

Lire le bilan complet >>


© Gilles Ratier, secrétaire général de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée).

commentaires

Rody

De Rody, le 30 Décembre 2009 à 18h11

Attention, il n'est nullement question d'exemplaires vendus, mais "simplement" imprimés (les tirages, quoi). Le nombre vendu est bien évidemment (bien) inférieur.

Doumy

De Doumy [1368 Pts], le 30 Décembre 2009 à 06h35

Impréssionnant. On voit quand même que les mangas, manhwas et manhuas prennent une part assez importante dans l'industrie du livre et de la bande dessinée. :)

Merci Beaucoup pour ce Bilan (quand j'ai cliqué sur "Lire le bilan complet" ... je me suis dit "OMG" ... J'ai pas eut le courage de le lire xD)

Notons quand même la performance de Naruto .. plus de 250 000 exemplaires cette année PAR TOME, il y en a eut 6 cette année, donc cela revient à 1 500 000 de tomes de Naruto vendus ... (sans compter les tomes précedents je pense ... ). Impréssionnant =O.

sugarmilk

De sugarmilk [684 Pts], le 29 Décembre 2009 à 21h08

sacrer bilan

BakaSaru

De BakaSaru [144 Pts], le 29 Décembre 2009 à 17h42

J'ai appris plein de choses! Merci pour ce bilan ^o^

Rody

De Rody, le 29 Décembre 2009 à 17h38

Non, le bilan n'a strictement rien de positif pour l'industrie du livre. La crise commencée il y a 10 ans est toujours belle et bien là et les éditeurs sont moribonds. Preuve en est la foultitude abérrante de sorties.

dodo

De dodo [229 Pts], le 29 Décembre 2009 à 14h04

Très intéressant ce bilan ce fin d'année qui est d'ailleurs plutot positif !

MihaRu

De MihaRu [624 Pts], le 29 Décembre 2009 à 10h27

Intéressant ce bilan !

C'est sympa qu'ils citent les sites sur les mangas ! ^^

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